IZIS

LA PHOTOGRAPHIE de A à Z,  LES GRANDS PHOTOGRAPHES
I comme IZIS

 Izis, photographe rêveur et mélancolique

"On me dit souvent que mes photos ne sont pas réalistes.
Elles ne sont peut être pas réalistes, mais c'est ma réalité" Izis
 
 

“J’appuie sur le déclic quand je suis à l’unisson avec ce que je vois.” Izis

 « C’est toujours « mon » Paris que je photographie. Je vais souvent dans les mêmes lieux. Ce n’est ni le Paris moderne, ni le Paris ancien. »
« La Seine m’attire toujours. J’ai rendez-vous là-bas avec mes personnages. »

.Émigré sans le sou à Paris, exploité comme travailleur clandestin dans des laboratoires photographiques qui le laissent parfois dormir sur place, survivant en zone libre au moment où sa famille lituanienne est assassinée par les nazis, Izis est un héros triste à la Dickens.

 L’artiste, discret, garde une "petit musique personnelle". "Il n’a pas l’espièglerie d’un Doisneau, il n'a pas l'engagement politique d'un Ronis, il n'a pas l'intellectualisme d’un Cartier-Bresson, confirme Armelle Canitrot. Izis, lui, est dans le rêve."

Né à Marijampole en Lituanie en 1911, Izis, de son vrai nom, Israëlis Bidermanas est un photographe français. Il est mort à Paris en 1980.
Immigré à Paris en 1930, dans le but de fuir les persécutions antisémites et avec le désir de devenir peintre, il est à partir de 1933, responsable d’un studio de photographie traditionnelle dans le 13e arrondissement. Réfugié à Ambazac dans le Limousin pendant la guerre, arrêté et torturé par les nazis, libéré par la Résistance, il prend les armes et photographie ses compagnons du maquis, dont le colonel Georges Guingouin. Le poète résistant et journaliste Robert Giraud sera le premier a parler d’Izis dans l’hebdomadaire Unir, issu de la Résistance.




Izis fréquentait Jacques Prévert qui l’a décrit comme un “colporteur d’images”, Aragon, Vercors, et de nombreux artistes. Comme Marc Chagall. Ses photographies ont fait l’objet d’expositions : au Museum of Modern Art (Musée d’Art moderne de New-York), le MOMA en 1951 par exemple.


Appartenant au courant humaniste, il photographie cependant une réalité moins enjôleuse que ses contemporains,  Ronis, Doisneau, Boubat ou Cartier Bresson. Il sera exposé avec certain d'entre eux au MoMA (museum of modern art) de New York en 1951, privilège relativement rare pour des photographes français et signe d'un qualitatif irréprochable, le mettant au rang des photographes de référence de cette époque.
Amoureux de Paris, il y fera toute sa carrière jusqu'à sa mort en 1980.

C’est entre la fin de la Seconde Guerre mondiale et les années soixante que la photographie humaniste connaît son apogée. Elle est ainsi nommée parce qu’elle inscrit la personne humaine au centre de son propos, dans son cadre professionnel aussi bien qu’affectif. On y retrouve des noms célèbres comme :  Henri Cartier-Bresson, Robert Doisneau, Willy Ronis, Brassaï ou Boubat, mais aussi des photographes moins connus comme  Izis, Sabine Weiss,  Georges Viollon, Édith Gérin ou Pierre Belzeaux. Tous partagent une vision essentialiste et lyrique de l’homme et s’appuient sur l’idée d’une nature humaine universelle. Leur courant, né dans les années trente, en liaison étroite avec l’essor de la presse illustrée et le perfectionnement des appareils portatifs, se répand à travers l’Europe et jusqu’aux États-Unis. Ce qu’il évoque aujourd’hui, c’est d’abord une image mythique de la France et notamment de Paris. Pourtant ces photographies constituent aussi de précieux témoignages sur cette période de la reconstruction et de la modernisation de la France après la guerre. Avec une grande diversité de regards que souligne bien l’exposition que leur consacre la BNF, elles contribuent, entre autres, à la construction d’une imagerie nationale, ou de ce que Régis Debray, dans L’Œil naïf, a nommé un « musée des nostalgies urbaines ». contenu de l'extrait ; rich text (RTF)




Le regard d’Izis est tendre, mélancolique aussi, onirique souvent. Ses photos sont rythmées, plastiques. Mystérieuses. Sensibles comme l’étaient celles de Boubat. Les cheminées regardent le ciel comme les guetteurs de l’île de Pâques, les volets sont des visages fermés, les draps qui sèchent des fantômes, les pavés un miroir où semblent se refléter trois pigeons. Izis convoque les ombres, formes insolites et parfois inquiétantes qui surgissent entre chien et loup. Sur la zone, là où désormais circule le périphérique, deux biffins plantés-là comme des épouvantails, exposent leurs trouvailles qu’ils espèrent sans doute revendre contre la promesse d’un litre de rouge.



Paris des rêves, Izis

Una de las expos que he visto en París estos últimos días es "Paris des rêves", donde se exponen obras del fotografo de origen lituano Izraëlis Bidermanas, mas conocido como Izis, emigrado a París en 1930. La exposición rinde un bonito homenaje a la obra de este fotógrafo, bastante menos conocido por el gran público que sus compañeros Brassaï, Doisneau, Ronis o Cartier-Bresson. No me pude resistir a tomar algunas fotos para mostraros algo más de su fotografía, catalogada como "realismo poético".

L'une des expos que j'ai vu récemment, le "Paris des rêves" de Izis, photographe lituanien emigré à Paris en 1930. Moins connu que ses collègues Brassaï, Doisneau, Ronis et Cartier-Bresson, l'expo rend un bel hommage à ce représentant du réalisme poétique.





En 1930, à l'âge de dix-neuf ans, le jeune Lituanien s'expatrie pour fuir la misère et l'oppression russe et prend Paris pour terre d'asile.
"Pourquoi Paris? Parce que Paris excitait mon imagination. C'était la Ville Lumière...On lisait des romans français, on apprenait avec intérêt l'histoire de la France. Pour nous, dans notre imagination, c'était le paradis européen, comme pour d'autres l'Amérique...Nous étions attirés par la France comme pays de l'Esprit. La Liberté, l'Egalité de l'homme et la Culture, c'est ça qui nous faisait rêver."
 Sa rencontre avec Brassaï fut décisive pour sa carrière. Le photographe-poète fut  aussi l'ami de Colette et de Prévert avec lequel il collabora pour ses livres consacrés à Paris. Il fut aussi celui de Chagall  qui lui donna l'exclusivité du travail sur le plafond de l'Opéra Garnier.













IZIS, PARIS DES RÊVES 
À l'hôtel de ville de Paris
A quoi rêvent tous ces dormeurs photographiés par Izis ? Dans quel pays lointain, quel ailleurs fabuleux se sont-ils évadés, ces vagabonds couchés sur le pavé, avec pour tout manteau un lit de feuilles mortes ? Nul ne sait.
Mais les photos sont là pour nous entraîner dans ce monde, au-delà du réel. Chez Izis, chaque image recèle un petit brin de mystère : un détail, une anomalie, parfois cocasse, parfois tragique, un instant de poésie capté par cet oeil hors pair, comme une grâce venue transcender la noirceur quotidienne.
La vie précaire fut longtemps le lot de cet exilé lituanien, à l'image de ce pinson photographié dans une minuscule cage, accrochée en déséquilibre à une fenêtre, dans un surplomb vertigineux. Arrivé à Paris en 1930, à 19 ans à peine, avec son édredon en plumes, 7 francs en poche, cet apprenti photographe connaît l'asile de nuit et la galère du travail au noir, payé au lance-pierres.





Après le cauchemar de la guerre, c’est un Paris de rêverie, de repos bien mérité (on y voit beaucoup d’hommes et de femmes de peine récupérer après la tâche). C’est un Paris qui retrouve sa joie de vivre enfantine (avec les ouvriers, les enfants sont les personnages principaux de ce recueil). C’est un Paris hivernal encore, mais l’on entend déjà le vacarme des auto-tamponneuses et le long des Tuileries une beauté parisienne de 20 ans marche fièrement.







Maquisard, Limousin, 1944, Izis

Izraëlis Biderman fut un excellent artisan photographe jusqu’à ce jour d’août 44, où, s’engageant auprès des FFI, il vit les résistants sortant de l’ombre affluer à la caserne de Limoges où il était cantonné. Le choc fut tel qu’il entreprit de les photographier, non pas en groupe comme on l’eut imaginé, mais un par un, dépenaillés, en sueur et mal rasés, tels qu’ils débarquaient du maquis. Faisant fi de la plupart des codes de ses années d’apprentissage en Lituanie et de studio professionnel à Paris, il réalise alors des portraits cadrés serrés, sur fond blanc, bruts et sans retouche. Cette série d’une étonnante modernité exposée dès septembre 44 à Limoges signe l’acte de naissance d’Izis artiste.

Après la guerre, sa rencontre avec Brassaï achèvera de faire tomber les murs du studio. Dès lors, il n’aura de cesse que de pratiquer une photographie à l’air libre, pêchant ses images au cours de longues errances dans ce Paris qu’en 1930 il choisit comme terre d’accueil. Il fréquente surtout les bords de Seine où se réfugient alors tous les dormeurs et flâneurs qui veulent rêver en paix, permettant à ce pudique immigré lituanien de photographier en toute timidité. Car Izis n’est pas Doisneau qui, lui, fraternisait avec ses modèles. Parmi les « Five French Photographers », Brassai, Cartier-Bresson, Doisneau, Ronis, qui représentèrent la France au Moma de New York en 1951, Izis fut sans doute le plus rêveur et le plus poétique, mais aussi le plus tourmenté de ce courant humaniste. On ne cesserait de relever les détails qui trahissent chez lui l’œuvre de cette sournoise intranquillité renforcée par sa façon iconoclaste de cadrer au ras du sol ou en plongée, de recadrer ou de retourner ses images, de brouiller poétiquement les perspectives.
Saisi dans un cadrage paradoxal qui redresse son corps, tel homme paisiblement endormi s’avère au deuxième regard, porteur de deux prothèses en guise de jambes. Pris du dessus, tel groupe de vagabonds étendus sur les quais dépavés évoque plutôt un massacre qu’une sieste réparatrice. Photographiée comme un chef d’œuvre de l’art abstrait, telle façade ruinée sur laquelle Izis s’attarde en 1956, s’avère beaucoup moins muette qu’il n’y paraît. Les différentes affiches qui la recouvrent, Éffigie de Lénine, Croix gammée, Guerre dans le Néguev, Assez de misère et d’angoisse, ne résument-t-elles pas en effet de manière saisissante l’histoire de cet exilé juif lituanien, qui ne revit jamais ses parents massacrés par les nazis, et qui dédia un livre inspiré à la terre d’Israël. Sa fascination récurrente pour la beauté sauvage des vestiges à Paris, à Londres ou au Désert de Retz évoquant la ruine de sa propre vie hantée par la culpabilité du survivant. Avec ses portraits d’animaux en cage, pendants mélancoliques de sa série de Maquisards libres et farouches, Izis utilise le leitmotiv graphique des barreaux et explore le concept très moderne de sérialité repris plus tard par les artistes conceptuels.
Moderne et singulier, Izis le fut dans son choix d’orchestrer un travail personnel délibérément subjectif et poétique en marge de son activité de photoreporter durant vingt ans à Paris-Match. Nombre de jeunes photographes contemporains se reconnaitront aussi dans son obstination à faire résonner son œuvre dans dix livres qu’il réalisa de A jusqu’à Z avec la complicité de ses amis Colette, Prévert, Chagall... Monde du spectacle et du rire, tout autant que de la marginalité et du tragique, l’univers circassien auquel il consacra son meilleur ouvrage, fut pour Izis resté à jamais « inconsolable mais gai », une nouvelle famille et un microcosme où il put observer l’homme en équilibre sur le fil de la vie. 
Armelle Canitrot, Manuel Bidermanas 



il photographie Paris, le Tout-Paris populaire, avec une attirance particulière pour les quais de seine où il y retrouve rêveurs, dormeurs, pêcheurs, enfants, vagabonds et amoureux. Parallèlement à cette quête d’images du Tout-Paris, il deviendra portraitiste et reporter pour Paris Match durant 20 ans. Manuel Bidermanas nous explique qu’ « Izis ne s’est pas adapté à Paris Match mais c’est Paris Match qui a su s’adapter à Izis ». C’est ainsi qu’Izis devient « le photographe de l’anti évènement que l’on envoie où il ne se passe rien ».



Quelques années plus tard, Izis rencontre Jacques Prévert et ont tous les deux le coup de foudre artistique.
Fait pour travailler ensemble et ayant des visions proche d’une certaine réalité, ces deux amis arpentent les rues de Londres, avec toujours le même esprit, de réunir la réalité à la beauté esthétique. En 1953, Izis, envoyé par Paris Match pour le couronnement de la reine Elisabeth II, nous fait part d’un nouvel aspect de sa personnalité ; l’humour et la dérision.











Izis
NAISSANCE EN 1911 (MARIJAMPOLE (LITUANIE))
MORT EN 1980 (PARIS)

 il a néanmoins marqué l'histoire de la photographie par ses visions oniriques des rues de Paris.
Né dans une modeste famille juive, il quitte la Lituanie à l'âge de 19 ans pour rejoindre Paris, se rêvant peintre dans la ville des lumières. Il ne connaît alors pas un mot de français, mais s'est déjà essayé au portrait et à la retouche photographique dans son pays natal. Il décroche un premier emploi chez le célèbre portraitiste Arnal, avant de se lancer en 1933 dans la gérance d'un studio de quartier du XXIIIe arrondissement. Il considère alors la photographie comme un gagne-pain.
Pendant la Seconde guerre mondiale, sa famille est assassinée en Lituanie par les commandos de la mort nazis. Lui-même torturé alors qu'il s'était réfugié dans le Limousin, il s'engage dans la Résistance. En août 1944, Limoges est libérée et Izis entreprend de photographier les maquisards qui viennent de libérer la ville. Réalisée avec un vieil appareil à plaques, sans atours et sur fond blanc, cette série de portraits est exposée sous le titre Ceux de Grammont et lance sa carrière de photographe.
De retour à Paris en 1945, il installe rue Vouillé son studio photographique. Il fait des portraits, mais aussi des vues idylliques et rêveuses de la capitale, qu'il expose à la galerie La Boëtie. Les sujets ont souvent le regard vague, pris de dos ou parfois endormis. Sa vision de Paris est un fantasme lointain, empreint de spleen.
Il fréquente alors de nombreux artistes, dont Emmanuel Sougez, Paul Éluard, Albert Camus, Calder... Il se lie d'amitié avec Marc Chagall.
En 1949 il est sollicité par Philippe Boegner pour participer au premier numéro de Paris Match. C'est le début d'une collaboration de plus de 20 ans, dont l'histoire retient ce surnom relevé par ses collègues : il est « le spécialiste de l'endroit où il ne se passe rien ». Izis réalise pour le magazine de nombreux reportages sur le monde artistique et culturel. Il obtient notamment l'exclusivité photographique de Chagall peignant le plafond de l'opéra Garnier en 1964.
En 1950 il publie son premier livre, Paris des rêves, avec une préface de Jean Cocteau. Quarante-cinq écrivains, dont André Breton ou Jean Cocteau, ont pour l'occasion écrit un poème autographe, en regard d'une de ses photographies. Le succès du livre en librairie (170 000 exemplaires vendus pour seize réimpressions) dément l'avis des éditeurs moribonds de l'époque qui s'intéressaient alors aux seuls clichés touristiques classiques de la capitale.
Avec son ami Jacques Prévert il publie deux livres : Grand Bal de Printemps en 1951, et Charmes de Londres l'année suivante. Avec Colette, il publie Paradis terrestre en 1953. Puis un voyage en Israël lui donne matière à un livre éponyme, préfacé par André Malraux.
Fasciné par le monde du cirque, les baraques foraines et ses figures pathétiques, il publie en 1965 Le Cirque, son chef-d'œuvre, préfacé par Jacques Prévert et avec une couverture de Marc Chagall.



 
Izraëlis  Bidermanas est né en 1911 à Marjampole, en Lituanie sous occupation russe. Sa famille est très pauvre. En 1924 il devient apprenti photographe. Il est passionné par la peinture.
En 1930, il rejoint le Paris des rêves. Il travaille d’abord comme tireur-retoucheur.
En 1941 avec sa femme et son fils, il se réfugie en zone libre à Ambazac près de Limoges. En Lituanie, ses parents et son frère sont assassinés par les nazis.Il rejoint les FFI en 1944 et photographie les maquisards qui sortent de la clandestinité Ceux de Grammont.
Retour à Paris. Il réalise les portraits de nombreux écrivains et artistes.
Il commence à photographier Paris.
Dès le premier numéro de Paris-Match en 1949  il réalise des reportages pour le magazine où il restera 20 ans.
Il fait partie de l’exposition  Five french photographers au Moma de New-York avec Doisneau, Ronis, Cartier-Bresson et  Brassaï.
En septembre 1964 Paris-Match consacre 20 pages aux photos de Chagall réalisant le plafond de l’Opéra de Paris. Izis a été le seul journaliste admis par le peintre.
Izis meurt le 16 mai 1980 à Paris.

Après la guerre, revenu à Paris, il se lie d’amitié avec Jacques Prévert et les artistes de son époque, peintres ou poètes. Pigiste pour “Regards” hebdomadaire du Parti communiste, il devient reporter pour Paris Match, il donne à cet hebdomadaire de nombreuses images, de Grace Kelly aux mineurs de Montceau-les-Mines, de Roland Petit à la Casbah d’Alger, mais aussi Jean Cocteau, Colette, Gina Lollobrigida, Édith Piaf, Orson Welles, Arman… Il a fait des reportages en Israël, en Angleterre, au Portugal et en Algérie…





Beau visage, profil noble, Izis incarne avec élégance tout le charme de la vieille Europe centrale qui mêle courtoisie, virilité et un certain détachement. Ce photographe discret, caché sous le pseudonyme d'«Izis», qui pourrait évoquer la déesse égyptienne, ou, à défaut, une femme, est un homme posé,
Izis, pseudonyme public comme un slogan et homme méconnu. Izis, dont le livre Le Paris des rêves, publié en 1950, fut réédité seize fois et vendu à 170.000 exemplaires, record qui laisse rêveur. Pourtant, aujourd'hui, qui, dans le monde de la photographie française, citerait Izis avant Doisneau, ­Cartier-Bresson, Lartigue ?


Né Izraël Biderman en 1911 dans une Lituanie misérable sous contrôle russe (le «z» de son prénom est dû à une erreur d'état civil), devenu Izraëlis Bidermanas à l'indépendance, en 1918, il est surnommé le «rêveur» à l'école hébraïque.

C'est ce trait d'enfance qui frappe le plus dans cet accrochage d'un Paris d'adoption et mélancolique, en retrait du monde.

 IZIS pourrait symboliser la génération des photographes des années 1950. Dans les nombreux livres qui jalonnent sa carrière comme dans les reportages destinés aux magazines, il a toujours préféré l'intimisme au sensationnel et la ballade sentimentale aux parcours guerriers. Homme de presse et d'édition, il a été le collaborateur privilégié des poètes et des écrivains. Izis est né à Mariampolé, en Lituanie ; son père le destinait à l'ébénisterie. Le jeune homme ne suivra pas la voie tracée, il restera pourtant un artisan, amoureux des matières polies et de l'ouvrage bien faite. Et il évoquera toujours, dans son travail comme dans ses discussions, ces moments de son enfance où, sur la place d'un village lituanien, dans des lumières d'automne, s'installait un pauvre cirque ambulant, tout chargé de poésie, même si le spectacle était pauvre. Dès l'enfance, le cirque et ses baladins, qu'il a photographiés mieux que tout autre dans leur tristesse, faisaient partie de l'univers d'Izis. Ce n'est pourtant qu'en 1955 qu'il pourra consacrer un ouvrage à ce travail de toute une vie en publiant aux éditions Sauret, avec une Préface de Prévert, un très bel album intitulé Le Cirque d'Izis.
En 1924, il devient apprenti photographe à Mariampolé, où il reste encore quelques années avant de venir s'installer à Paris en 1930, comme d'autres photographes de l'Est qui avaient nom Brassaï ou Kertész. En 1934, il s'installe à son compte et fait des portraits d'enfants, des vues de communions et de mariages– lot commun du photographe au travail – quand la guerre l'oblige à gagner en 1940 le Limousin où il vit en faisant de la retouche pour les photographes locaux, tout en entretenant des liens étroits avec les réseaux de résistants. En août 1944, Limoges est libérée ; Izis s'engage alors dans les F.F.I. qu'il photographiera pour une exposition limougeaude, la première d'une série prestigieuse qui ne cessera qu'à sa mort.
C'est aussi en 1944 qu'il entre à Paris […]


Grand  bal du printemps, c’est le titre d’un livre que viennent de rééditer les éditions du Cherche Midi. Fruit de la première collaboration entre le poète Jacques Prévert et le photographe Izis, ce superbe ouvrage où dialoguent poèmes et images paraît d’abord en 1951. Depuis, rien. Le Grand bal du printemps était introuvable dans sa version d’origine.


 Films sur Izis[modifier]
    ▪    Izis, réalisation Annie Anzie dans la série La Chambre noire d’Albert Plécy et Michel Tournier,ORTF, 1965, 28’
    ▪    Izis ou le Regard habité, Marc Wilmart et Yves Kovacs, ORTF Limoges, 1975, 30’53’’
Izis enfin délivré de son purgatoire


Après Willy Ronis et Robert Doisneau, la Mairie de Paris expose les œuvres d'un autre photographe français d'après-guerre ayant mis la capitale française à l'honneur. Coup de projecteur sur Izis et son "Paris des rêves" injustement méconnu.

Par Sarah LEDUC

Izis. Le pseudonyme fait son effet et cache aux yeux du grand public un artiste de talent. Derrière le nom de la déesse égyptienne, femme et sœur d’Osiris, se cache Izraelis Bidermanas, un photographe d’origine lituanienne exilé en France, venu chercher refuge dans le Paris de ses rêves, en 1930.
L'artiste s'est fait oublier dans l'Hexagone, disparu derrière les monstres sacrés de la photo que sont devenus Brassaï, Cartier-Bresson, Doisneau ou Ronis, avec qui il partageait pourtant l’affiche au MoMa, en 1951, quand le musée d’art contemporain new-yorkais décida de mettre à l’honneur "Five French photographers".
Ce relatif anonymat, son ami Willy Ronis le qualifiait d'ailleurs d’"injuste mise au purgatoire". Un avis partagé par Armelle Canitrot, critique photographique et co-commissaire de l’exposition "Izis, Paris des rêves", qui a jugé que le temps était venu d'offrir à Bidermanas une place en pleine lumière. Les 250 photos qu'il a signées, actuellement exposées à l’Hotel de Ville de Paris devrait y contribuer...
Plus que foisonnante, l'exposition retrace le parcours photographique d'Izis, de ses premiers portraits de maquisards en 1944 au scoop de l'Opéra de Chagall en 1969. Le visiteur le suit également en Israël, à Londres ou dans le désert de Retz, même si le Paris des années 1930 à 1980 reste le thème central de la rétrospective.
Photographe du hors-champ
IZIS, PARIS DES RÊVES



Sur les quais de la Seine, Petit Pont.Izis Bidermanas
     
Izis partage quelques sujets de prédilection avec ses illustres contemporains : un Paris éternel et atemporel, celui des baisers échangés sur les quais de Seine, des gamins en culottes courtes qui dansent sur les pavés parisiens et des classes populaires dont le portrait a maintes fois été tiré après-guerre.

Mais à la différence d'un Doisneau, le "Paris des rêves" d'Izis ne dresse pas la carte postale d’une capitale pittoresque. L’artiste, discret, garde une "petit musique personnelle". "Il n’a pas l’espièglerie d’un Doisneau, il n'a pas l'engagement politique d'un Ronis, il n'a pas l'intellectualisme d’un Cartier-Bresson, confirme Armelle Canitrot. Izis, lui, est dans le rêve."

Ses vingt ans de reportages photos pour Paris Match ne lui ont pas fait perdre son regard décalé. Ce solitaire atypique, qui détonne parmi les flambeurs de la rédaction, va là où "il ne se passe rien". C'était moins l'événement qui l’intéresse, que le hors-champ qui l’entoure. Du couronnement de la reine d’Angleterre, en 1953, il ne ramène aucune photo de la souveraine... uniquement des clichés de la foule. De même, quand il photographie le cirque, ce n'est pas tant l'arène qu'il passe au crible de son objectif, mais les spectateurs.

"Inconsolable mais gai"

Celui qui se voyait peintre préfère, dans ses œuvres, recomposer un monde poétique plutôt que de sombrer dans un réalisme pur. Ses clichés mettent en scène un univers aux accents mélancoliques peuplé de dormeurs, de vagabonds, de pêcheurs à la ligne ou d'âmes solitaires… Autant de doubles - un peu tourmentés - de l'artiste, qui font écho à son spleen.

D’aucuns y verront un reflet de sa propre histoire. Juif lituanien né en 1911 à Marijampolé, Izraelis Bidermanas a perdu ses parents, son frère et toute sa famille pendant la Shoah. Après avoir lui-même échappé de peu aux nazis, il débarque à Paris à 19 ans sans un sou, où, travailleur clandestin, il est exploité dans des laboratoires photographiques.

"Inconsolable mais gai", c’est à "L’Hurluberlu" d’Anouilh que Manuel Bidermanas, fils du photographe et co-commissaire de l’exposition, emprunte l’expression avec laquelle il décrit son père. "Izis était un homme angoissé, hanté par son passé […]. On peut dire qu’il était désespéré, même s'il restait capable de voir la beauté", ajoute-t-il.

Une beauté qu'Izis a toujours recherché dans le quotidien, comme dans les moments magiques de la création. Portraitiste des écrivains et des artistes de son époque, il s'est lié d’amitié avec Colette et Chagall, dont il a essayé de capturer le souffle d’inspiration. Fasciné par le monde du cirque, il a également capturé les clowns tristes et esseulés de cette tragi-comédie sous chapiteau. Autant de clichés qui constituent, aujourd’hui, son autobiographie.


lisabeth Couturier - Paris Match      
       
 L
es portraits de Français vus par Izis magnifient le Paris populaire d’après-guerre et captent ce je-ne-sais-quoi qui participe de l’esprit du lieu. Sous l’œil de ce poète du macadam, forains, balayeurs, marchandes des quatre saisons, mais aussi dormeurs, vagabonds ou pêcheurs à la ligne des bords de Seine se trouvaient auréolés d’une douceur particulière. Une attitude étrange, un instant singulier, un 
moment de grâce retenaient soudain l’attention de celui qui déclarait : « J’appuie sur le déclic quand je suis à l’unisson avec ce que je vois. »
IZIS A DONNÉ SES LETTRES DE NOBLESSE
AU RÉALISME POÉTIQUE MADE IN FRANCE
Reconnu comme un des grands de la photographie humaniste, Izis a participé, en 1951, à la fameuse exposition du MoMa à New York intitulée « Five French Photographers », aux côtés de Brassaï, Cartier-Bresson, Doisneau et Ronis. Mais ce Juif lituanien, réfugié en 1930 à Paris sans un sou, reste le plus mal connu de ce fameux quintette qui a donné ses lettres de noblesse au réalisme poétique made in France. Et son ami Willy Ronis parlait, à son propos, de « mise au purgatoire ».
Régulièrement cité comme référence, mais ­rarement montré, son travail dévoile, pourtant, la formidable capacité qu’avait Izis (de son vrai nom Israëlis Bidermanas) à saisir tous les visages de sa terre d’accueil. Et l’exposition proposée aujourd’hui à l’Hôtel de Ville de Paris dévoile les différentes étapes de son œuvre. Notamment sa série déclic : celle qu’il réalisa, en 1944, avec les moyens du bord, sur ses compagnons de la Résistance à Limoges. De même que les nombreux portraits d’artistes qu’il signa pour Paris Match entre 1949 et 1969. Car, à la chasse aux scoops, ce rêveur préférait les hors champ, les 
à-côtés de l’événement.
«IZIS LA FOULE» A NOURRI LA
LÉGENDE DE LA VILLE LUMIÈRE
Alors, la rédaction l’envoyait « faire la foule », d’où son surnom : « Izis la foule ». L’homme aimait, en effet, flâner dans les rues, humer l’air du temps, trouver la pépite au cœur du quotidien. Ses amis s’appelaient Prévert, Chagall, Colette. Avec eux, il a nourri la légende de la Ville lumière. Celle qui l’attira depuis toujours. Et celle qu’il adopta comme une seconde patrie. Pourquoi avait-il choisi la France pour immigrer et non l’Amérique ? « Pour moi, disait-il, tout se passait à Paris... C’était le pays de l’esprit, la liberté, l’égalité de l’homme et la culture, c’est ça qui nous faisait rêver. »

"Izis, Paris des rêves"
20 janvier - 29 mai 2010
 Les mots d’Izis
« C’est toujours « mon » Paris que je photographie. Je vais souvent dans les mêmes lieux. Ce n’est ni le Paris moderne, ni le Paris ancien. »
« La Seine m’attire toujours. J’ai rendez-vous là-bas avec mes personnages. »
« On me dit souvent que mes photos ne sont pas réalistes. Elles ne sont peut-être pas réalistes mais c’est ma réalité ».
Ses ouvrages
-  Les yeux de l’âme.
-  Paris des rêves. 
- Grand bal du printemps avec Jacques Prévert.
-  Les charmes de Londres  avec Prévert.
-  Paradis terrestre  avec des textes de Colette.
-  The Queen’s people. 
-  Israël  préfacé par André Malraux.
-  Le cirque d’Izis. 
-  Le monde de Chagall. 
-  Paris des poètes.



 Livres et catalogues d'exposition[modifier]
    ▪    Paris des rêves, Lausanne, Éditions Clairfontaine ; Paris, Éditions Mermoud, 1950. Nouvelle version à paraître en novembre 2009, chez Flammarion.
    ▪    Grand Bal du printemps, Lausanne, Éditions Clairfontaine, 1951 (textes de Jacques Prévert). Réédition : Paris, Le Cherche midi, 2008. (ISBN 9782749111346)
    ▪    Charmes de Londres, Lausanne, Éditions Clairfontaine, 1952. Réédition : Éditions de Monza, 1999. Textes de Jacques Prévert.
    ▪    Gala Day London, Harvill Press, 1953. Texte de John Betjeman.
    ▪    The Queen's People, [London], Harvill Press, [1953]. Texte de John Pudney.
    ▪    Paradis terrestre, Lausanne, Éditions Clairfontaine, 1953. Texte de Colette.
    ▪    Izis, Chicago, Art Institute of Chicago, 1955.
    ▪    Israël, Lausanne, Éditions Clairfontaine, 1955. Préface d'André Malraux.
    ▪    Israel, New York, Orion Press, 1958.
    ▪    Le Cirque d'Izis, Monte Carlo, André Sauret, 1965. Texte de Jacques Prévert ; illustrations deMarc Chagall.
    ▪    The World of Marc Chagall, London, Aldus, 1968 (ISBN 0490001009). Garden City, N.Y., Doubleday, 1968.
    ▪    Le Monde de Chagall, Paris, Gallimard, 1969.
    ▪    Izis (Israel Biderman), octobre-décembre 1972, [Tel Aviv], Musée de Tel-Aviv, 1972.
    ▪    Paris des poètes. Paris, Nathan, 1977.
    ▪    Izis, Toulouse, Galerie municipale du Château d'eau, 1978.
    ▪    Rétrospective Izis: 14 octobre-8 janvier, Hôtel de Sully, Paris, Caisse nationale des monuments historiques et des sites, 1988 (ISBN 2858220794)
    ▪    Izis, photographies, Paris, Éditions du Désastre, 1988 (ISBN 2877700003)
    ▪    Les Amoureux du temps retrouvé, Treville, 1989.
    ▪    Les Enfants du temps perdu, Treville, 1989.
    ▪    Izis: photos 1944-1980, Paris, Éditions de la Martinière, 1993 (ISBN 2732420166)
    ▪    Izis, Captive Dreams: Photographs 1944–1980, Londres, Thames & Hudson, 1993 (ISBN 0-500-54185-X)
    ▪    IZIS, Paris des rêves Catalogue de l'exposition à l'Hôtel de Ville de Paris, janvier-mai 2010, publié par Flammarion, et l'exposition en ligne sur Paris.fr avec images hautes définitions et vidéos
















































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