MARC RIBOUD



LA PHOTOGRAPHIE de A à Z,  LES GRANDS PHOTOGRAPHES 

 Marc Riboud, 

figure de la photographie humaniste








 A TRAVERS LA PRESSE

telerama
     Yasmine Youssi Publié le 31/08/2016. Mis à jour le 31/08/2016 à 12h46.

Zazou, l’aérien peintre de la Tour Eiffel, en 1953

Photographe épris de liberté, Marc Riboud est décédé mardi 30 août 2016 à l'âge de 93 ans, des suites d'une longue maladie. Nous l'avions rencontré à plusieurs reprises au cours des quinze dernières années.

Il est toujours parti. De son milieu, de son métier d'origine, du giron de son mentor Henri Cartier-Bresson, de l'agence Magnum, de son pays. Sa vie durant, Marc Riboud, décédé ce mardi 30 août 2016 à l'âge de 93 ans, et auquel le festival Visa pour l'image de Perpignan rend aujourd'hui hommage, n'a gardé qu'un seul point d'ancrage, la photographie. Son lien le plus tenace avec les siens, avec son temps, avec la vie. D'autant que la photo lui a permis, à lui, le vilain petit canard de la famille, de se faire un prénom quand Jean, son aîné, accédait à la tête de la banque Schlumberger et que son autre frère, Antoine, transformait une petite entreprise nommée Danone en une puissante multinationale. Face à eux, Marc Riboud a su s'imposer dès les années 1950 comme l'une des figures les plus marquantes de cette photographie humaniste née après guerre.

C'est son père qui lui a offert son premier appareil photo, en 1936. Un Vest-Pocket utilisé dans les tranchées de la Grande Guerre. Marc a alors 13 ans. « Je ne sais pas pourquoi c'est moi qui en ai hérité, se demandait-il lorsque nous l'avions rencontré il y a quelques années. Peut-être parce que j'étais le plus timide de ses six enfants. Mon père était un banquier lyonnais atypique, anglophile quand l'anglophobie était de mise dans son milieu, souscrivant à l'emprunt Léon Blum alors que ses collègues s'effrayaient de l'arrivée au pouvoir du Front populaire. »

    “Henri (Cartier-Bresson) a été un tyran bienvenu. Il me disait quoi penser, quoi dire, quoi lire, quoi voir, quoi faire et comment le faire.”

De ce père qui aurait rêvé de consacrer sa vie à l'écriture, Marc Riboud disait avoir gardé une passion pour la culture. Mais aussi ce sens moral qui l'a conduit à rejoindre le maquis du Vercors en 1943, où il est laissé pour mort après l'attaque des nazis en juillet de l'année suivante. La Libération le ramène à un quotidien qu'il exècre. Il intègre Centrale en 1945, en sort bon dernier trois ans plus tard. On le croise ensuite dans une usine où il s'endort sur ses machines. Un cabinet d'études l'embauche pour dessiner des plans qui se révèlent au final totalement inadaptés. Après huit jours de vacances, en cette année 1951, sa décision est prise : l'usine, le bureau, c'est terminé. Lui reste la photo. Son frère Jean, alors banquier à New York, appelle en désespoir de cause son ami Henri Cartier-Bresson pour s'occuper du « petit ».

« Henri a été un tyran bienvenu. Il me disait quoi penser, quoi dire, quoi lire, quoi voir, quoi faire et comment le faire. » Grâce à lui, il rejoint l'agence Magnum, qui parvient à placer dans Life Magazine sa désormais célèbre photo de Zazou, peintre de la tour Eiffel en équilibre au-dessus de Paris, son pinceau à la main. Un sens inné de la composition, des lignes claires, une grâce aérienne, beaucoup de malice... Le portrait de Zazou porte déjà la patte du jeune photographe.

L'influence du maître n'en est pas moins forte dans ces années-là. Comme dans cette série réalisée en Grande-Bretagne où le jeune photographe est envoyé en 1954 par Robert Capa - cofondateur de Magnum avec Henri Cartier-Bresson, David Seymour et George Rodger - « pour apprendre l'anglais et rencontrer des filles ». Ses photos de la foule de Liverpool rappellent celles du couronnement de George VI saisies en 1937 par Cartier-Bresson. Marc Riboud traque aussi l'« instant décisif » si cher à ce dernier. Ce moment rare, court et précis qu'il faut savoir saisir au vol parce que la forme se combine au fond, concentrant ainsi l'essence d'une situation. Il surprend, par exemple, une bonne soeur se mirant dans un rétroviseur du côté de Notre-Dame de Paris... Certaines vues urbaines de Leeds, enfin, témoignent de la rigueur géométrique aux lignes coupantes érigée par son mentor en dogme absolu de la photographie.

    En 1962, il est aux premières loges de l'indépendance algérienne pour cueillir la joie éclatante des Algérois.

Mais Riboud étouffe en Europe. « J'avais l'impression de me noyer dans le bouillon de culture dans lequel je baignais. Et j'avais envie de voyager, ce qui nous avait été interdit pendant la guerre. » Alors, en 1955, il met le cap sur la Chine, où il arrive deux ans plus tard, après être passé par la Turquie, l'Iran, l'Afghanistan et l'Inde.

Plus le photographe avance dans son périple, plus il se libère des préceptes de Cartier-Bresson, perfectionnant au fil des kilomètres cette écriture si particulière qui est la sienne. Ses lignes se font plus souples, plus sensuelles. Les accents surréalistes des débuts laissent place à une poésie du quotidien. Comme pour ce paon dédaigneux, rivalisant d'élégance avec deux habitantes de Jaipur (1956) qui ne lui prêtent pas un regard. Ses « instants décisifs » sont presque toujours drôles. « Henri vivait dans un monde imaginaire, disait la photographe Martine Franck (1938-2012), l'épouse de ce dernier. Il cherchait la photo unique. Marc est plus dans la réalité. Il raconte une histoire. »

La photo devient surtout pour lui une façon de communiquer avec les peuples qu'il rencontre, de transmettre son amour des autres, un sentiment de fraternité. Il est sensible à la marche des hommes et témoigne vite d'un vrai sens de l'Histoire. « Parfois même avec un déclic d'avance », souligne Jean-Luc Monterosso, le directeur de la Maison européenne de la photographie à Paris, qui l'a plusieurs fois exposé. Il est ainsi le premier photographe occidental à pénétrer en Chine après l'avènement de Mao. Henri Cartier-Bresson avait laissé le pays en plein chaos en 1949. Riboud en montre les nouveaux héros, ouvriers et paysans. Et les enfants qu'il photographie ne sont finalement pas si différents de ceux croisés en Europe.

On le retrouve plus tard dans des pays en plein conflit. L'homme refuse cependant de monter au front pour photographier les horreurs d'une guerre qu'il a vue de trop près dans le Vercors. Mais jamais l'esprit de la Résistance ne le quitte. En 1962, il est aux premières loges de l'indépendance algérienne pour cueillir la joie éclatante des Algérois. Sept ans plus tard, lui, jadis qualifié de terroriste par les nazis et Vichy, s'en va à la rencontre des habitants du Nord-Vietnam, alors considérés comme l'incarnation du mal par les Américains. Pratiquement aucun photo­reporter ne s'y était aventuré avant lui. Et ses photos, loin de diaboliser l'ennemi, témoignent de la dignité et de la force tranquille du peuple vietnamien.

« Les images de Marc Riboud, beaucoup moins cérébrales que celles, virtuoses, d'Henri, sont en prise directe avec l'inconscient collectif, résume Jean-Luc Monterosso. Ce qui explique que plusieurs d'entre elles soient devenues des icônes. Le portrait de cette fille offrant une fleur à des soldats en armes à Washington (1967) symbolise le désir de paix de toute société. Zazou, qui danse du haut de la tour Eiffel au-dessus des abîmes, est une métaphore de la condition humaine. »

« J'écris ton nom, liberté », signait Paul Eluard. Au fond, Marc Riboud n'a pas fait autre chose de sa vie, de ses photographies. S'en allant exercer son art au bout du monde alors qu'il commençait à peine à se faire un nom, s'affranchissant des dogmes de Cartier-Bresson pour décorseter le photojournalisme des règles établies, quittant en 1979 l'aristocratique agence Magnum après en avoir été le président, épousant en premières noces - lui, le fils de bonne ­famille lyonnaise - une Afro-Amé­ricaine, témoignant du besoin d'indépendance des peuples du monde. « J'ai horreur de l'embourgeoisement », soufflait-il en guise d'explication.






Washington ,
21 octobre 1967. Devant le Pentagone, lors d'une marche pour la paix au Vietnam, Jane Rose Kasmir, donne un beau visage à la jeunesse américaine.

"J'ai toujours été sensible à la beauté du monde plutôt qu'à la violence et aux monstres. 
Découvrir des rimes et des rythmes dans mon viseur est encore un immense plaisir. Mes planches contact révèlent aussi des passions pour de nombreuses causes. Je ne le regrette pas. La vie serait si triste si nous ne rêvions pas de la changer !

Il y a différentes façons de voir. J'ai la mienne. Pour moi, regarder et photographier une scène de rue ou un paysage de brume est un peu comme écouter de la musique. Cela m'aide à vivre. Après cinquante ans, ai-je changé ma façon de voir ? Je ne le crois pas. On change rarement. Je photographie des choses différentes de la même façon. Quand on me demande quelle est ma meilleure photo, je réponds : J'espère la faire demain, et j'essaierai de changer ma façon de voir. En vain. Les jeunes photographes innovent, je les admire.



MARC RIBOUD

Marc Riboud est né en 1923 à Lyon. A l'Exposition Universelle de Paris en 1937, il prend ses premières photographies avec le petit Vest-Pocket offert par son père pour ses 14 ans. En 1944, il participe aux combats dans le Vercors. De 1945 à 1948, il fait des études d'ingénieur à l'Ecole Centrale de Lyon et travaille en usine. A l'issue d'une semaine de vacances prise pour photographier le Festival de Lyon, il oublie de retourner à l'usine et décide de se consacrer à la photographie.







  1. Marc Riboud - Vidéo Dailymotion

    www.dailymotion.com/.../x9m8ir_marc-riboud_creati...12 févr. 2011 - 7 min
    A lire sur artnetfr, l'article L'instinct photographique Cliiquez sur http://www.artnet. fr/magazine_fr/expositions ...


    1. Marc Riboud face à ses photos - Vidéo Dailymotion

      www.dailymotion.com/.../xhicbn_marc-riboud-face-a-...10 mars 2011 - 4 min
      Nous sommes gâtés Marc Riboud nous régale de « ses femmes » avec l' exposition « Liberté. Egalité. Feminité » à ...

En 1953, il obtient une publication dans le magazine Life pour une photo d'un peintre de la Tour Eiffel. Sur l’invitation d’Henri Cartier-Bresson et de Robert Capa, il rentre à Magnum. Ce dernier l'envoie à Londres “pour voir les filles et apprendre l'anglais”. Il n'apprend pas l'anglais mais photographie intensément.

En 1955, via le Moyen-Orient et l'Afghanistan, il se rend par la route en Inde, où il reste un an et d'où il gagne la Chine pour un premier séjour en 1957. Après un séjour de trois mois en URSS en 1960, il couvre les indépendances en Algérie et en Afrique noire. Entre 1968 et 1969, il effectue des reportages au Sud ainsi qu’au Nord Vietnam, où il est l’un des rares photographes à pouvoir entrer.

Depuis les années 80, il est régulièrement retourné en Orient et en Extrême-Orient et a exposé à Paris, Londres, New York, Beijing, Hong Kong, Bilbao…

Marc Riboud a publié de nombreux livres, dont les plus connus sont “Les trois bannières de la Chine”, ed. Robert Laffont, “Journal”, ed. Denoël, “Huang Shan, Les Montagnes célestes”, ed. Arthaud, “Angkor, Sérénité bouddhique”, ed. Imprimerie Nationale, “ Quarante ans de photographie en Chine”, ed. Nathan, “Demain Shanghai”, ed. Delpire. La rétrospective publiée en 2004 chez Flammarion et, exposée à la Maison Européenne de la Photographie de Paris, accueillit 100 000 visiteurs. De nombreux musées à travers l’Europe mais aussi aux Etats-Unis et au Japon ont exposé son travail. Il a reçu plusieurs récompenses dont deux prix de l’Overseas Press Club, le Time-Life Achievement, Lucie Award ou l’ICP Infinity Award.




site web de Marc Riboud, portfolios et archives



Angleterre, Leeds, 1954.


Iran, 1955. Dans la pauvreté du nord de l'Iran, une mère tente de protéger ses enfants contre le vent. Où est le père ? Que sont devenus les enfants ?
Inde, Lucknow, 1956. De puis la partition en 1947, les musulmans restent nombreux dans le nord de l'Inde. Seule une petite boucle d'oreille signale que ce joli visage au crâne rasé est celui d'une petite fille .

Bangladesh, 1971. Ces femmes biharis viennent de voir leur maris se faire massacrer devant elles par les Bengalis, après l'indépendance du Bangladesh.

Hollande, 1994. Etranges réflexions au bord d'un canal hollandais.

Pontlevoy, 2001. La brume sur une mare pontilivienne.

Val Richer, 1990. En Normandie, les allées et le ruisseau du Val Richer évoquent, au pied des hêtres séculaires, le gout raffiné d'une grande famille protestante.

Ghana, 1961. Accra n'a encore ni port, ni grue. Le déchargement des navires se fait à l'aide de ces barques qui traversent la barre.

Congo, 1960. Une grande famine ravageait alors le Kasaï. Ici, un grand-père et un père veillent, en silence, leur petit-fils et fils qui va mourir.



Inde, 1971. Jeune mère dans un camp de réfugiés à Calcutta.


« Mon début a été lent. J'étais intimidé par le milieu de Magnum et particulièrement par les personnalités de Cartier-Bresson, de Capa et de Chim, qui étaient pour moi lourdes de signification et d'enseignement. J'avais le sentiment d'une grande distance entre eux et moi, je ne savais pas voyager comme eux, je ne connaissais rien du photo-journalisme. Mais j'avais en même temps un fort réflexe d'indépendance. Mon premier acte, dès que j'ai été accueilli à Magnum, a été de quitter Paris et la France pendant deux ans. J'ai eu très peu de contacts avec les autres photographes. Je connaissais un peu leur style, qui n'était pas seulement une façon de photographier, mais une manière de vivre. Comme tu dis, l'idée de chercher à me distinguer d'eux, par ce qu'on appelle aujourd'hui une personnalité photographique, ne me serait pas venue à l'esprit. D'ailleurs personne n'utilisait ce terme. Quand on se rencontrait, on ne parlait pas des "belles photos" qu'on avait faites, mais des pays qu'on avait vus, des personnages rencontrés. On se passait des adresses, des noms de bistrots, on se racontait nos aventures. Il est vrai que Cartier-Bresson et quelques autres avaient de fortes tendances pédagogiques, je dirais même moralisatrices. Ils exerçaient inconsciemment une pression morale, non seulement pour le travail photographique, mais pour tout le reste, jusqu'à la manière de ranger ses appareils dans sa sacoche. Puisque je les respectais, j'ai été amené à être influencé par eux, ce que je ne regrette pas. Mais j'avais aussi le réflexe de ruer dans les brancards, comme je l'avais eu par rapport à ma famille, quand j'étais parti dans le maquis ou quand j'avais quitté le métier d'ingénieur. (…)


Guangzhou, 1957. Même grâce, même souplesse de l'attitude chez cette paysanne chinoise dans un train, cinquante ans auparavant .

Pékin, 1957. J'ai remonté la rue Wangfujing plus souvent que les Champs-Elysées. En 1957, cette rue était fréquentée par les vélopousses et quelques piétons en bleus de travail. Et pourtant, j'y ai fait cette rencontre peu ordinaire : une cape noire couronnée d'un renard blanc et d'un regard hautain sur la foule environnante.

Environs de Shanghaï, 1995. Les mains chinoises sont habiles. Ici, elles dressent une immense glace au pied d'une tour.

Yougoslavie, 1954. A Dubrovnik, ville balnéaire de Dalmatie, le bikini est déja à la mode.

Paris, 1953. Une soeur de Saint-Vincent de Paul drague gentiment un chauffeur de taxi qui, par chance, est libre.

Londres 1954. Devant Marble Arch, dans le Londres pauvre de l'après-guerre, les signes de la dignité british sont là : bowler hat, gourmette, canne cerclée d'argent et pli impeccable du pantalon.



Londres, 1954. Au British Museum, dialogue entre un cheval grec venu du Parthénon et un très digne sujet de sa majesté.



Londres, 1954. Match de football à Wembley.


Pour moi, la photographie n'est pas un processus intellectuel, c'est un processus visuel. L'œil est fait pour voir et non pas pour penser. J'aime la définition que Walker Evans donne du photographe : un joyeux sensuel parce que l'œil manipule les sens et non les idées. Ce que je cherche est dans la vie, dans la réalité. La création pure, je n'y crois pas trop.
Mon obsession: photographier le plus intensément possible la vie la plus intense. C'est une manie, un virus aussi fort pour moi que le réflexe d'indépendance. Et si le goût de la vie diminue, les photos pâlissent parce que photographier, c'est savourer la vie au 1/ 125 de seconde."
Marc Riboud 




Angleterre, Leeds, 1954. Centrale thermique.
New York, 1987. Cette fumée fait peur, une fuite de vapeur du chauffage urbain.

New York, 1981. Ce n'est pas de la fumée polluante, mais la vapeur du chauffage urbain.


Queens, 2003, Musée d'Art Contemporain. Dans une ancienne école transformée en musée, je vois ce wagon de marchandises sur de courts rails. Intrigué, je tourne autour, je m'approche, je découvre une inscription allemande. L'évocation d'Auschwitz s'impose et, avec elle, le silence poignant des voyages sans retour. Rarement une représentation conceptuelle, digne des installations les plus contemporaines, a pu, autant que celle-ci, évoquer la grande tragédie de notre histoire récente.
Valle de Los Caidos, 1958. Les fascistes espagnols acclament Franco.

Afghanistan, 1956. Fabriques d'armes tribales près de la frontière du Pakistan. Devenu grand ce garçon a-t-il porté les armes, et dans quel combat ?

Liverpool, 1954. Dockers en grève.


Istanbul, 1999. Seuls les hommes bronzent au bord de la mer de Marmara. Au loin un pétrolier.

Afrique du Sud, 1998. Nous ne sommes pas sur la Lune, mais dans le Kwa Zulu, Natal, sur une terre vierge de toute souillure.

Liverpool, 1954. Dockers grévistes cravatés et chapeautés pendant la longue grève de l'hiver 1954.
Paris, 1991. La belle Anouk Grinberg prend la pose pour rimer avec la fameuse photo de Kertez.
Touraine, 2000. Au chateau de Chaumont, en Touraine, une jardin semble inventé par Jacques Tati.

"Images commandées ou photos buissonnières, depuis 50 ans Marc Riboud sillonne la planète comme un reporter, un voyageur, un promeneur qui aime prendre son temps. Les amateurs connaissent son goût pour la surprise, sa sympathie pour les êtres. Rétif à la violence, ses photos révèlent le plaisir de l’œil." 



Ghana, 1961. Le soir, sur la plage d'Accra ces garçons se disputent-ils ou inventent-ils une nouvelle danse ?

Environs de Chartres, 1953. Sommes-nous en Pologne ? Non, mais au pèlerinage de Chartres où les étudiants se confessent sur l'herbe. Le prêtre et la pécheresse respectent la règle.

Saint-Tropez, 1951. Un mariage à Saint-Tropez. De la difficulté d'introduire le voile dans la traction-avant.

Algérie, la Mitidja, 1963. La grande majorité des algériens étaient analphabètes. Ici, pour que les ouvriers d'une entreprise puissent élire leurs représentants, ceux-ci arborent des numéros.


Alger, 1962. Le 2 juillet 1962 au matin, ds jeunes en liesse descendent des collines vers Bab-El-Oued. Sans armes, ils brandissent pour la première fois le drapeau de l'Algérie libre.
Moscou, 1967. Sur la place Rouge, ces deux officiers sont venus célébrer le cinquantième anniversaire de la Révolution. L'un dit "Niet" à la photo, l'autre exhibe ses médailles.

Vietnam, 1969. Femmes catholiques en prière dans la cathédrale de Phat Diem, au nord du Vietnam.

Vietnam, 1976. Au nord du Vietnam, la première aciérie vietnamienne à Bac Tai.


Chine, 2001. La ville de Pingyao, vieille de 2500 ans, a vu naître le premier festival international de photographie en Chine.
Shanghaï 2002. La publicité est aussi omniprésente que la propagande maoïste d'hier.


Bratislava, 1995. Dans la capitale de la République Slovaque, mon oeil est troublé par ce regard sur une affiche où une déchirure ressemble à un éclair qui part étrangement de l'iris même.
Vietnam, 1969. Dans un village perdu au nord du Vietnam, à la sortie d'une classe, ces écoliers me dévisagent, curiosité et crainte mêmées. J'étais sans doute le premier européen qu'ils rencontraient.

Pingyao, 2001. Vieille pierre ronde. Sans doute un cadeau de mariage car le double idéogramme "bonheur" apparaît encore malgré le temps.

Shanghaï, 2002. En Chine, même au coeur d'une grande ville, chaque citadin garde dans sa tête l'amour des plantes.

Silicon Valley, 2000. S'agit-il d'une image de synthèse ? Non, mais d'une filiale d'Alcatel qui expose un agrandissement géant du code binaire, base de la technologie informatique.

Touraine, 2001. Dessins de cailloux et de brindilles sur la neige devant ma porte en Touraine.

Touraine, 2000. Les herbes folles de mon jardin font des arabesques pour le plaisir de l'oeil.

Shanghaï, 2002. Dans le jardin du mandarin Yu, au coeur de la vieille ville de Shanghaï, une élégante a oublié son nécessaire de beauté, que j'appele désormais le petit lapin du Mandarin.

Paris, 1953. Le peintre, surnommé Zazou, est à son aise, j'avais le vertige et je fermais les yeux chaque fois qu'il se penchait pour tremper son pinceau..

Pékin, 1965. Ces fenêtres bien chinoises s'ouvrent sur Liu Li Chang, la rue des antiquaires. Dans ces boutiques, pendant la Révolution culturelle, les Chinois devaient apporter leurs bijoux à l'Etat sans contre partie.

Washington D. C, 21 octobre 1967. Devant le Pentagone, lors d'une marche pour la paix au Vietnam, Jane Rose Kasmir, donne un beau visage à la jeunesse américaine.

Alger, Bouzaréah, 1962. Le 2 juillet 1962, la jeunesse algérienne envahit les rues dans la joie de l'indépendance.

Chine, 1957. Le standard n'existant pas encore, ce fonctionnaire possède autant de téléphones que d'interlocuteurs.

Inde, 1956. Adossé aux montagne de l'Himalaya, Darjeeling est souvent noyé dans la brume et la bruine, toutes deux excellentes pour la culture de son fameux thé.

Nigéria, 1960. Au Nigéria le grand bal de l'indépendance révèle l'ancestrale élégance des femmes africaines.


Paris, 1990. Clémence endormie sur un coussin de fleur.
Iran, 1979. Sur les murs de Téhéran, l'ayatollah Khomeiny et son regard sévère imposent dès son retour un islamisme pur et dur




Chine, 1957. Une ingénieure dans la cafétaria de l'aciérie d'Anshan. Ses lunettes de protection sont attachées au bord de sa casquette.


Marc Riboud is born in 1923 in Lyon. At the Great Exhibition of Paris in 1937 he takes his first pictures with the small Vest-Pocket camera his father offered him. During the war, he took part in the Vercors fights. From 1945 to 1948 he studies engineering and works in a factory. After a week of holiday, during which he covers the cultural festival of Lyon, he drops his engineering job for photography.

In 1953, he publishes his famous « Eiffel Tower’s painter » photograph in Life magazine and joins Magnum agency after meeting Henri Cartier-Bresson and Robert Capa. Robert Capa later sends him to London to see girls and learn English. He doesn’t learn that much English but photographs intensely.

In 1955, he crosses Middle-East and Afghanistan to reach India, where he remains one year. He then heads toward China for a first stay in 1957. After three months in USSR in 1960, he follows the independances movement in Algeria and Western Africa.

Between 1968 and 1969 he’s one of the few photographers allowed to travel in South and North Vietnam. In 1976 he becomes president of Magnum and resigns three years later ; since the 1980’s he keeps travelling at his own tempo. Marc Riboud published many books, among which the most famous are « The three banners of China », ed. Robert Laffont, « Journal », ed. Denoël, « Huang Shan, Capital of Heaven », ed. Arthaud / Doubleday, « Angkor, the serenity of Buddhism », ed. Imprimerie Nationale / Thames & Hudson, « Marc Riboud in China », ed. Nathan / Harry N. Abrams…

In 2004 his retrospective is exhibited at the Maison Européenne de la Photographie in Paris and visited by 100 000 people. Numerous museums trough Europe, as well as United States, China and Japan regularly show his work. He received many awards, among which two Overseas Press Club, the Time-Life Achievement, the Lucie Award and the ICP Infinity Award.

21 October 1967, at the Pentagon during a march for peace in Vietnam. This image is a new variation.
New York, 2008. Obama election, November 2008.

Leeds, England, 2004.

Leeds, England, 2004.


Beijing, 2005. Red traditional Chinese symbol of fame, glory and happiness, covers one wall of the Forbidden City.
Shanghai, 2005. In summer, life takes back its rights in alleyways.

Beijing, 2005

Beijing, 2005. The linen dries outside, as in Italy. The towels of bath adorn with traditional motives : flower of cherry tree, dragon and peony.

Shanghai, 2005. Following the massive destruction to make room for new towers, many ruins appear in Shanghai and act as decor for the wedding photos.

Helmut Newton and June Brunell, his wife, in Monaco, 1990.



Moscow, 1961. Hard jobs are given of course also to the women.


Nigeria, 1965. In half-light, artisans sieve pigments in their workshop.

Ghana, 1960. North of Ghana, in a village cut of the modern world, the cheerful and bare children run up at the arrival of their first westerner.

Niger, 1960. In the African Sahel, the sun illuminates the dust due to dryness for months.


On 6 March 1960 in Accra, capital of Ghana: Independence Day. The effigy of Kwame N'Krumah is printed on dresses and tunics.
Cuba, 1963.

Paris, 1971. Eugene Ionesco during a repetition of Ô Calcutta.

Paris, 1964. Yves Saint Laurent, 28 years, in his office on the first floor of the hotel, avenue Marceau, where he has just installed his couture house.

Salvador Dali, Sapin, 1964.

Fidel Castro, Cuba, 1963. interviewed by Jean Daniel.


Saint-Tropez, 1957. Pablo Picasso and Lump his dachshund, which had been donated by the photographer David Douglas Duncan.

Tokyo, 1958 .


Wings of a night club, Tokyo, 1958.
Naples, 1976. A mafioso with his mother observes the life of the street.


Cuba, 1963.
Cuba, 1963.

Cuba, 1963. In the suburb of Havana, two engineers repair a car. On the wall, graffiti of unos líderes.

Self-portrait in Touraine, France, 2008.


Californy, 1959
Moscow, 1960. No pedestrian on streets to admire the city under snow.



France, 1962. At the foot of the Pagoda of Chanteloup, near Amboise (valley of the Loire), the photographer and friend William Klein has a rest.

Paris, 1953

Paris, 1953. The Duke of Windsor had established a clinic for cats and dogs.

Vichy, France, 1954. A couple of persons having hydrotherapy in front of the fountain of Thermes.
The director Bob Wilson and the painter Pierre Soulages with actress Isabelle Huppert, 1994

The actress Gong Li, China, 1993.


Funeral of Fernand Léger, 1955.
Dalai Lama, Calcutta, 1956. The fourteenth Dalai Lama, Tenzin Gyatso (born 1935), has to leave his country, Tibet, for the first time.

Churchill last appearance at the conference of conservatives in Blackpool, Lancashire, 1954.





Marc Riboud : Démocratie/s ?
Qui pouvait mieux illustrer la question de la démocratie (et de son usurpation) que Marc Riboud ? Sillonnant le monde depuis les années 50, le photographe de l’agence Magnum fut tour à tour en Chine sous Mao, en Algérie à l’indépendance, en Iran sous Khomeiny. Il propose en exclusivité pour Weimar une sélection emblématique de ses clichés.




Beijing, 1957. I dined with Mao and about two hundred other guests, including Prime Minister of Poland, in a major hotel in Beijing.




Museum of Prado, Madrid, 1988. Which of the two matrons will seduce the beautiful Apollo ?


Museum of Prado, Madrid, 1988. In front of diptych Adam and Eve (1507) of Albrecht Dürer.



Leeds, England, 1954. Even in province, the bowler hat is required to maintain its dignity.

Ghana, 1960. Rowers from the port of Accra crossed the bar with their small boats. After building the new port, they will burn their boats.

Ghana, 1960. The evening, on the beach of Accra, do these boys invent a new dance?


Netherlands, 1994.
Dominique de Ménil, Houston (Menil Foundation), 1991. Dominique de Menil guide hanging a painting by Barnett Newman.

Turkey, 1955.

Bangkok, 1969. The monsoon made go beyond Chao Praya River and the children refresh themselves by jumping into water.



Marc Riboud, voyageur magnifique

par Annick Cojean, journaliste au Monde

Cet homme est libre. Cet homme est passionné. C'est un voyageur magnifique que le monde continue d'étonner.

Cet homme est libre. Parce qu'il sait se perdre sur les chemins du monde, sans jamais s'égarer dans les méandres de l'Histoire. Parce qu'il aime l'aventure, adore la fantaisie, recherche l'imprévisible, mais garde ses distances avec les événements, son libre arbitre dans les débats d'idées, une belle indépendance devant les idéologies. Cet homme d'image est un homme de culture qui, dans son sac de photographe, a toujours plusieurs livres. Et sur sa table de travail, à portée de main, quelques belles citations.

Cet homme est libre. Il aime et il photographie intensément la vie. Il ne cherche pas d'effet. Il ne prend pas la pose. Quand on lui demande de commenter l'une de ses photos, le voilà qui hésite, pudique, embarrassé. Ses longs doigts approchent alors l'image, indiquent des lignes, effleurent une courbe, s'attardent sur un détail. Et puis non, décidément, on se passera de mots. Ils seraient malhabiles. L'œil seul fera son chemin.



Huang Shan, 1985. This mountain is called the Three Peaks. Huang Shan means "yellow mountain", and yet it is most often blue.
"Yellow Mountain" comes from the name of the Yellow Emperor, Huangdi (2697-2598 BC.),who wanted to win eternity by climbing this mountain.


Alaska, 1958. The Alcan Highway, or Alaska-Canadian Highway, crosses the north (Delta Junction) to the south (Dawon Creek) U.S. states of Alaska
and Canada's British Columbia. It is open all year.


Alaska, 1958. At - 30 ° F, bystanders are rare ...


The Forbidden City under the snow, Beijing, 1957.
Beijing, 1971. This soldier of the popular army of China keeps the People's Palace, Tian An Men Square.

Shanghai, 1965. Docker.

China, 1965. In a poor farm, the light bulb is the only indication of progress.

Indonesia, 1956. In a tea farm, this worker holds a sieve to gather the leaves of tea.

Prague, 1981. Isabela Farovà, daughter of Anna Farovà, signatory of Charter 77 and member of the big photographic family.

Paris, 1991. The actress Anouk Grinberg takes the pose of the famous photograph of André Kertész of the model Kiki de Montparnasse

Tokyo, 1958
Tokyo, 1958. Paris is during one year in the fashion of restaurants and places of pleasure in Tokyo.
Japanese transform our alphabet into a smart calligraphy
.


Japan, 1958. In a train.

Kali's festival, Calcutta, India, 1956. The cult of Kali solicits all imagination of the Indian sculptors.

Calcutta, India, 1956. The Indian sun will soon remove Kali's statue and the numerous arms.


Peacock of Jaipur, India, 1956
Turkey, 1955

Shanghai, 2002. In the garden of the Mandarin Yu, an elegant woman forgot his need for beauty,
which I call the small rabbit of the Mandarin consequently.


Huang Shan, 1985

Huang Shan, 1985. Here, a sage goes into ecstasies in front of the beauty of these summits, at the heart of Chinese painting from the Song era.
On this shot, he shows of the finger the summit called by the Chineses "I am beginning to believe."


Nepal, 1956. The wild boy taken out from the jungle sees a photographer for the first time.



Paris, 1990. My daughter Clemence put to sleep on a cushion of flowers

Tokyo, 1958. In a department store, the Japanese women, according to japanese tradition, smile by hiding their mouths of the hand and the dummy seems to imitate them


France, 2006. The branches of wisteria in front of my window get married without my permission.
Southend-on-Sea, England, 1955. This very popular seaside station, the closest to London, shelters here the intimacy of a couple.

India, 1971. Young mother in a refugee camp in Calcutta

China, 1957. My first photograph in China in the train driving to the border to Guangzhou.
The face and the attitude of this peasant woman are imprinted of a very upper-class elegance.


Osaka, 1958. Behind the scenes of a theater.

Conakry 1960. In the euphoria of independence, the Guinean young persons dance.
All links were cut with France. How long will last holiday?

Washington, DC, 1967. March for Peace in Vietnam.

Mais on est attiré par le danger, comme on est attiré par les belles femmes. C'est physiologique. Je me trouvais à Hong Kong en 1968, j'étais marié et j'avais deux jeunes enfants, quand les Vietnamiens ont lancé l'offensive du Têt. J'ai tout de suite pris l'avion pour Saigon, et je me suis retrouvé à Hué. Un jour, à l'aéroport militaire de Da Nang, il y a eu un appel pour Khe San, qui était encerclé, tu t'en souviens. Quelle tentation de sauter dans l'avion pour Khe San ! J'avais mes appareils, j'étais en pleine forme, pourquoi ne pas aller à Khe San ? Finalement je n'ai pas pu... » (Marc Riboud, deux extrait d'un long entretien avec Frank Horvat illustré de quelque uns des clichés les plus célèbres du photographe)


The Painter of the Eiffel Tower, Paris, 1953. New variation.






Istanbul, 1955. Through the lace of the Galata bridge, to the Golden Horn, does this poor little boy dream about big trips ?
Istanbul, 1955. In the old Cagaloglu near the Blue Mosque, inside the oldest hammam in Istanbul.

Khyber Pass, Afghanistan, 1955. « When I crossed this pass, I hesitated. As I like to travel slowly, the arrow of right attracted me ».


Afghanistan, 1955. Near Iranian border, two men watch over one close deceased.
Afghanistan, 1955. On the walls of a craft armory, the daily tools form a still life

Istanbul, 1955. The photographer operates with a tripod and will deliver his photographs three days later .



Mai 68 est, cette année, d’actualité. Marc Riboud propose, dans un livre d’auteur, son regard original sur les évènements qui, en France, ont si grandement, sous la poussée de la jeunesse, changé les mœurs. Une jeune fille à la fleur a ouvert la voie. De sages écoliers transformés d’un coup en dangereux excités ? L’œil du photographe a capté le Paris désert qui ne laisse, sur les pavés, que troncs d’arbre, meubles, poteaux et autres projectiles entassés. Il révèle, dans tous les sens du terme, une capitale bloquée. A la Sorbonne, Descartes et Pascal sont pris d’assaut. A l’angle de la rue Monsieur le Prince et du boulevard Saint-Michel, les voitures alignées de chaque côté sont de venues de tristes carcasses incendiées. Sont-ce les désordres que Marc Riboud photographie alors ? Ce sont aussi les promesses contenues dans toutes les manifestations de mai 1968.

















EXPOSITIONS PERSONNELLES récentes
• 2011, « Hommage à Marc Riboud », Maison de la Chine, Paris

• 2011, « Huang Shan », Musée du Septennat, Château-Chinon, France

• 2011, « Paris », Café des fous, Paris

• 2010, « Vers l’Orient de Marc Riboud », Atelier Grognard et Théâtre André Malraux, Rueil-Malmaison

• 2010, « I comme Image – un abécédaire photographique », Maison européenne de la photographie, Paris

• 2010, « Tibet, The land Closest to the Sky », Crow Collection, Dallas, USA

• 2010, « Jardins célestes », Château de Chaumont-sur-Loire, France

• 2010-2011, « The instinctive moment », Musée des Beaux-Arts, Shanghai, CAFA Art Museum, Pékin, Xi’An Art Museum, Xi’An et Hong Kong City Hall, Hong Kong, Museu de Arte de Macau, Macao, Wuhan Art Museum, Wuhan, Chengdu International Photography Centre, Chengdu, Chine

• 2009, « Marc Riboud. L’Instinct de l’instant, Cinquante ans de photographie », Musée de la Vie romantique, Paris

• 2008, « Home on the Road », Howard Greenberg Gallery, New York.

• 2005, « Marc Riboud - Rétrospective », Kahitsukan – Kyoto Museum of Contemporary Art, Kyoto.

• 2004, « Marc Riboud, Cinquante ans de photographie », Maison européenne de la photographie, Paris.

• 2004, « Huang Shan - Montagnes célestes » dans l’exposition « Trésors des musées de Chine », Grand Palais, Paris.

BIBLIOGRAPHIE
• I comme Image, Catherine Chaine et Marc Riboud, ed. Gallimard Jeunesse / Les Trois Ourses, Paris, 2010. 
• Algérie Indépendance, préface de Jean Daniel, textes de Malek Alloula et Seloua Luste-Boulbina, éd. Le Bec en l’air, Manosque, 2009 
• Les Tibétains, préface André Velter, éd. Imprimerie Nationale, Paris, 2009 
• Sous les pavés..., texte de Seloua Luste-Boulbina, éd. La Dispute, Paris, 2008 
• Marc Riboud - 50 ans de photographies, textes de Robert Delpire, Annick Cojean, Catherine Chaine et Marc Riboud, éd. Flammarion, Paris, 2004. 
• Demain Shanghai / Shanghai Tomorrow, texte de Caroline Puel, calligraphies de Feng Xiao-Min, éd. Delpire, Paris, 2003. 
• Marc Riboud – Cent photos pour défendre la liberté de la presse, textes de Noël Copin, Arthur Miller, Annick Cojean, Reporters sans frontières, Paris, 1998 
• 40 ans de photographie en Chine -1956/1996, préface de Jean Daniel, éd. Nathan, Paris, 1996. Ed. américaine : In China : Forty years of photography, éd. Harry N. Abrams, New York, 1996. Ed. anglaise : éd. Thames & Hudson, Londres 
• Angkor, sérénité bouddhique, textes de Jean Lacouture, Jean Boisselier, Madeleine Giteau et Marc Riboud, éd. Imprimerie Nationale, Paris, 1992. Ed. anglaise : Angkor, the Serenity of Buddhism, éd. Thames & Hudson, Londres, 1993
• Marc Riboud. Journal, texte de Claude Roy, éd. Denoël, 93 photographies en noir et blanc, Paris, 1986. Ed. américaine : Marc Riboud : Photographs at Home and Abroad, éd. Harry N. Abrams, New York, 1988
• Marc Riboud, introduction par Marc Riboud, coll. Photo Poche, vol. 37, éd. Centre national de la Photographie / Nathan, Paris, 1989, réed. Actes Sud, 2010

FILMOGRAPHIE
• Marc Riboud : un œil sur Shanghai, de Jean-Yves Huchet, François. Cauwel, Pierre-Yves Lochon et Mathias Lavergne, coproduction Arte / Hikari Films / Sinapse Conseils, 2010
• Instants d’année, film de Philippe Séclier, Riff Production, 2004 • L’homme qui marche, film de Jean-Michel Vecchié, Arte, 2001
• Marc Riboud, Série Contact, coproduction CNP / Arte / Riff Production, réalisation Alain Taïeb, 1989


Marc Riboud pendant le Watergate. Whashington, 1974








Marc Riboud avec Jackie Kennedy


















Mai 68 est, cette année, d’actualité. Marc Riboud propose, dans un livre d’auteur, son regard original sur les évènements qui, en France, ont si grandement, sous la poussée de la jeunesse, changé les mœurs. Une jeune fille à la fleur a ouvert la voie. De sages écoliers transformés d’un coup en dangereux excités ? L’œil du photographe a capté le Paris désert qui ne laisse, sur les pavés, que troncs d’arbre, meubles, poteaux et autres projectiles entassés. Il révèle, dans tous les sens du terme, une capitale bloquée. A la Sorbonne, Descartes et Pascal sont pris d’assaut. A l’angle de la rue Monsieur le Prince et du boulevard Saint-Michel, les voitures alignées de chaque côté sont de venues de tristes carcasses incendiées. Sont-ce les désordres que Marc Riboud photographie alors ? Ce sont aussi les promesses contenues dans toutes les manifestations de mai 1968.
























Marc Riboud se rend en Algérie pour la première fois en 1960 pour couvrir la semaine des barricades érigées par les partisans de l’Algérie française. Il y retourne ensuite régulièrement et va saisir, au cours de l’année 1962, les moments décisifs de l’accession du peuple algérien à l’indépendance. Rarement montrées dans la presse française de l’époque, ces images réapparaissent aujourd’hui avec une force et une émotion incontestables, alors que la « Guerre d’Algérie » – appelée « Guerre de libération nationale » en Algérie – demeure un sujet sensible dans les mémoires collectives. On retrouve dans ce livre toutes les qualités de la photographie de Marc Riboud qui a su garder ses distances avec les événements et capter sans effets, avec le sens de la composition qui le caractérise, le quotidien d’un peuple en marche vers la liberté.
Les textes de Malek Alloua et de Seloua Luste Boulbina replacent les photos dans leur contexte historique et politique et permettent de comprendre la démarche photographique de Marc Riboud. Ce livre est préfacé par le journaliste Jean Daniel.






Avec 1,2,3, image , les enfants apprennent à compter en suivant Marc Riboud sur les routes du monde. Une manière inédite d’associer les joies et les surprises du voyage à la découverte des nombres.
 
Résumé
«Depuis toujours les hommes ont eu besoin de compter : leurs moutons, leurs sacs de blé, les soldats de leur camp. Pendant des milliers d’années, ils se sont servis de leurs doigts, ont taillé des encoches sur des bouts de bois, ont fait des noeuds ou des tas de cailloux mais vous, vous allez apprendre les nombres et les chiffres en voyageant partout dans le monde avec les photographies de Marc Riboud. Vous découvrirez le 1 en Chine, le 2 au Ghana, le 5 au Vietnam, le 10 en Arabie Saoudite, le 12 en Iran, et ainsi de suite… Un, deux, trois, comptez !»
Catherine Chaine

L’auteur
Catherine Chaine, longtemps journaliste au Service Education de Elle , a publié de longs entretiens avec des écrivains dans Le Nouvel Observateur (Jean-Paul Sartre, Albert Cohen... ) et dans Le Monde (Pierre Goldman, Maurice Sendak... ). Egalement auteur, elle a écrit Le voyage sans retour des enfants d'Izieu (Ed. Gallimard Jeunesse) qui a reçu le prix du meilleur livre Jeunesse 1994. Plus récemment, J'aime avoir peur avec toi (Ed. du Seuil), témoignage sur sa fille handicapée, a été salué par la presse comme un récit bouleversant de vérité.
Le photographe 
Invité par Henri Cartier-Bresson et Robert Capa à rejoindre l'agence Magnum dans les années 50, Marc Riboud est l’un des plus grands photographes français. En 1957, après un séjour d’un an en Inde, il fut l’un des premiers à photographier la Chine. Il a également photographié l'Algérie et de nombreux pays d'Afrique au moment où ils accédaient à l'indépendance. On lui doit quelques-unes des icônes du siècle dernier comme le Peintre de la tour Eiffel ou encoreJeune fille à la fleur face aux baïonnettes qu'il a photographiée lors d'une manifestation contre la guerre du Vietnam. Communiqué de presse

Les éditeurs Les Trois Ourses est une association loi 1901 créée à Paris en 1988 par trois bibliothécaires spécialisées dans le livre pour enfants. Elles éditent des livres pour enfants qui sont des oeuvres conçues par des plasticiens, des poètes... et créent également des expositions permettant aux enfants de découvrir des ouvrages d’art moderne et contemporain. Elles organisent la circulation des expositions “I comme Image” et “1, 2, 3 image”.
Les Éditions Gallimard Jeunesse sont l’un des tous premiers éditeurs de livres de jeunesse en France. Présentes dans les domaines de la petite enfance, des documentaires, des livres musiques et audio, de la littérature, de la BD et du multimédia, elles publient près de 350 titres chaque année. 
Par les mêmes auteurs, dans la même collection :
I comme image , paru en novembre 2010



LES TIBÉTAINS
Photographies de Marc Riboud et texte d’André Velter


Qu’y a-t-il de si singulier, d’unique, d’irremplaçable dans ce qui perdure en dépit de tout aux environs de Shigatsé, du Mont Kailash ou des rives du Koukonor ? Sans porter sur le Pays des Neiges un regard de dévôt, on perçoit cependant, comme Marc Riboud au premier coup d’oeil, que cette gigantesque contrée ne s’apparente à aucune autre. Soumise depuis plus de cinquante ans à une colonisation féroce, elle résiste aux tentatives d’assimilation, aux entreprises d’extermination comme à la récente et insidieuse politique de submersion ethnique.

Quelques millions de Tibétains défient, sans arme et sans véritable soutien international, la nation la plus peuplée et désormais la plus industrieuse de la planète. Leur défi tient d’ailleurs à peu de choses et reste incompréhensible à ceux qui les régentent : ils continuent d’exister, ils s’acharnent à être les héritiers d’une autre histoire, d’une autre tradition, d’un autre art de penser, de vivre et de mourir. À l’évidence, ils sont toujours et encore Tibétains et n’entendent pas devenir Chinois. Cette identité irréductible obéit d’abord à la nature du sol et à la topographie des lieux. Ceux qui ont pris pied dans une telle immensité, qu’ils y aient été conduits par transhumances successives ou par exodes obligés, ont dû s’accorder à ces terres extrêmes et s’inventer des coutumes, des croyances, des rites capables de conjurer les peurs, de maîtriser les parages, d’harmoniser les jours et les heures. […]

Quand Marc Riboud parcourt le pays de Guésar, de Padmasambhava, de Milarépa, de Tenzing Gyatso, le quatorzième Dalaï Lama, c’est cette fidélité inentamée qui transparaît dans les images qu’il réalise. L’époque n’est plus à la répression aveugle et pas encore au déferlement par millions de civils chinois. La suite de ses photos compose, délicatement et hors de tout pathos, le portrait sensible d’un peuple. Portrait pris et offert en ce moment indécis, alerté, fragile de l’Histoire, en ce suspens d’après la grande terreur, d’avant la grande invasion. Portrait aux cent portraits, avec rues, sentiers, paysages, bivouacs, horizons, mais toujours d’aimantation proche, d’humanité respectée, de vie recueillie, dévoilée, célébrée.

André Velter








21 avril 2010




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