YUTAKA TAKANASHI


Yutaka Takanashi
JUSQU'AU 29 JUILLET

Pour la première fois à Paris, la Fondation Henri Cartier-Bresson consacre une exposition au photographe japonais Yutaka Takanashi. A travers des séries en noir et blanc et en couleur, le co-fondateur du magazine Provoke nous donne à voir la ville de près comme de loin.

Fondation Henri Cartier-Bresson
2 Impasse Lebouis – 75014 PARIS
01 56 80 27 00
Heures d’ouverture au public
Du mardi au dimanche de 13h00 à 18h30,  le samedi de 11h00 à 18h45, nocturne le mercredi jusqu’à 20h30. Dernière entrée 30 mn avant la fermeture.
Fermé le lundi et entre les expositions.




«J’aimerais bien mourir poète», lance Yutaka Takanashi, 77 ans, qui revendique l’instantanéité du haïku, la photographie comme un coup de foudre. 


Yutaka Takanashi est né en 1935. Il est de ces photographes qui, discrètement, marquèrent l’histoire de la photographie. Yutaka, dans les années 1960, proposa une nouvelle vision, un nouvel esthétisme de la photographie au Japon. En 1968, il est co-fondateur avec NAKAHIRA Takuma, TAKI Koji et OKADA Takahiko du magazine de photographie d’avant-garde culte : Provoke, dont la visée principale était contestataire: pointer du doigt la scène politique nipponne et la société des années 1960, par le bais de la photographie et la critique.
Clichés noir et blanc, utilisation du flou et des contrastes, ce magazine influença durablement la scène artistique japonaise. 


Depuis toujours, Yutaka Takanashi photographie la ville de près, de loin, voire de très loin depuis une voiture en mouvement ; tantôt « à l’affut » d’une image chargée de poésie, tantôt « ramasseur » d’un morceau de réel, il l’a souvent répété, ces deux tendances s’affrontent constamment en lui : poésie / réalisme, miroir / fenêtre, visible / invisible.
Né en 1935 à Tokyo, Takanashi a travaillé dans la publicité avant de devenir enseignant à l’université Zokei. Il est membre fondateur en 1968 du fameux mouvement Provoke qui publia brièvement la revue éponyme. L’aspect provocateur de ce court phénomène cachait une réaction profonde à l’establishment photographique.
Toshi-e (vers la ville), son premier livre en noir et blanc à la maquette sophistiquée, marque la distance du photographe, qui a su affirmer son style en ne cédant pas aux sirènes du moment. Avec ces images, Takanashi cherche l’invisible, une poétique différente dans des espaces urbains improbables en pleine mutation. Il refuse la narration, s’insurge contre l’aspect tautologique de la photographie qui l’ennuie, mais, lassé par cette traque de l’invisible, décide finalement de lâcher son Leica pour une chambre technique grand format.
Machi (la ville), son deuxième ouvrage, est tout le contraire de Toshi-e : avec Machi, j’ai tenté de me débarrasser du poétique, explique le photographe, qui a su trouver une modernité dans cette approche calme et pensée de la ville de l’intérieur, en couleur.
Le sens du détail, de la vie juste arrêtée, est aussi très présent avec la série Golden-gai Bars dans le quartier de Shinjuku au moment de leur fermeture. Le temps y est suspendu, à l’inverse des images « mobiles » le long des routes durant les années soixante.
Exposer pour la première fois à Paris l’ensemble de ces travaux est un privilège dont nous sommes fiers. Cela aurait été impossible sans la Galerie Priska Pasquer, qui défend depuis longtemps la photographie japonaise. Nous sommes également très reconnaissants aux éditions Toluca, pour leur engagement passionné dans la réalisation de l’exposition et du catalogue.

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LU DANS LA PRESSE
Trois séries phares du photographe emblématique japonais Yutaka Takanashi sont exposées à la fondation HCB jusqu'au 29 juillet 2012 : Toshi-e (vers la ville), Machi (la ville) et Golden-gai Bars.

Yutaka Takanashi est né en 1935. Il est de ces photographes qui, discrètement, marquèrent l’histoire de la photographie. Yutaka, dans les années 1960, proposa une nouvelle vision, un nouvel esthétisme de la photographie au Japon. En 1968, il est co-fondateur avec NAKAHIRA Takuma, TAKI Koji et OKADA Takahiko du magazine de photographie d’avant-garde culte : Provoke, dont la visée principale était contestataire: pointer du doigt la scène politique nipponne et la société des années 1960, par le bais de la photographie et la critique.
Clichés noir et blanc, utilisation du flou et des contrastes, ce magazine influença durablement la scène artistique japonaise.
Moriyama Daido se joignit au groupe au deuxième numéro, et Araki fut refusé pour son approche jugée alors trop commerciale. Bref, l’histoire de Provoke s’arrêta en 1970 avec la dissolution du groupe.

Yutaka Takanashi suivit sa route photographique et proposa son "Toshi-e" ("Vers la ville"), qui fut publié en 1974. "Toshi-e" s’inscrit dans la continuité du mouvement Provoke. On y retrouve cette même dialectique du noir et blanc à l’expressivité brute, associée à une spontanéité du réel, au style flou et surexposé. Mais fatigué, lassé de cette folle course à l’invisible, il s’approprie une autre écriture et s’attaque à la couleur. Saisissant des portraits en intérieur et extérieur, sans humain, il rompt avec la musicalité poétique et s’intéresse au monde contemporain. Et en particulier un des quartiers les plus anciens de Tokyo, Shitamachi, qui voit son aspect traditionnel disparaître au profit de l’extension inéluctable de la technopole.
Ces photos seront rassemblées, en 1977 dans un livre, "Machi" (la ville).
Enfin, la troisième série présentée, "Golden-gai Bars", regroupe des photos prises dans le quartier de Shinjuku, au moment où ces bars ont dû être fermés.

Tout ça pour dire que ceux qui ne connaissent pas la scène photographique japonaise devrait aller faire une tour à la fondation Henri Cartier-Bresson pour découvrir le travail d’Yutaka Takanashi. Quant aux initiés, qui découvrirent l’an passé la série Machi au Bal, ils se régaleront de cette nouvelle exposition qui présente pour la première fois, à Paris, l’ensemble de son œuvre.

Yutaka Takanashi
 AGATHE MALYE juin 24th, 2012 
Tokyo instantané.
Lunettes rondes et regard perçant, Yutaka Takanashi promenait sa silhouette fluette au BAL l’année dernière, lors de l’exposition consacrée à la photographie japonaise. Le jeune homme de soixante-dix sept ans est de retour à Paris. Il a investi la Fondation Henri-Cartier- Bresson pour l’occasion. Son nom ne vous parle peut-être pas ou peu mais Yutaka Takanashi fut l’un des fondateurs, dans les années 70, de la revue Provoke qui allait révolutionner l’esthétique photographique au Japon et par delà ses frontières. « Capturer des fragments de réalité que le langage en tant que tel n’est pas capable d’exprimer ». Photographier l’atmosphère plutôt que d’apporter des explications. Toshi-e, premier livre photo de l’artiste est considéré comme la référence du genre et illustre à lui seul l’apogée des années Provoke. Un Tokyo sombre, symbole de la collision entre modernité et tradition après le traumatisme de la seconde guerre mondiale. Pour Yutaka Takanashi, la métropole et ses habitants constituent le thème central de son travail.
Des clichés de Tokyo-jin, sa première série importante  sur Tokyo, sont présentés à l’exposition. Qu’ils soient dans la rue, dans le métro ou en train de faire leurs courses, les gens que photographie Yutaka Takanashi ont un point en commun: être en âge de travailler. Il est frappant de constater que les enfants et les personnes âgés sont les absents de ces fragments de réel, témoins du profond bouleversement que connaît le Japon d’alors. Entre les parois de béton et de verre des nouveaux gratte-ciel de la ville, les êtres passent, isolés et semblent coupés de tout contact avec le monde extérieur. À l’image de ces grandes étendues de mer, de terre ou de sable hostiles que le photographe capture au volant de sa voiture, qui  donnent l’impression d’appartenir à un espace temps indéfini. A la suite de Toshi-e, Yutaka Takanashi continue d’explorer son thème de prédilection, Tokyo. Mais cette fois-ci, il se tourne vers le Japon traditionnel, celui des « shitamachi », les plus anciens quartiers tokyoïtes que les politiques d’assainissement et de démolition n’ont pas encore défigurés. Reproduire l’existant, les vieux quartiers que la modernité n’a pas encore bannis, le faire avec le plus de précision possible, c’est l’objectif que s’est  fixé le photographe avec sa série Machi. Une précision qui implique un changement de style. Le passage de l’appareil petit format à la chambre photographique s’impose afin d’être au plus proche de son sujet, les « shitamachi » et  d’« enregistrer le réel. » Yutaka Takanashi dépeint un paysage urbain aux images chaudes, à l’opposé des clichés bruts et de la froideur de  Toshi-e. Une différence de forme mais pas de fond. Ce glaneur d’images continue son insatiable exploration du réel « en traçant une ligne infinie et ce sera tout ».

Yutaka Takanashi, l’esprit haïku
Par BRIGITTE OLLIER

Boulevard périphérique n°7, quartier de Suginami, 1965 - Yutaka Takanashi, Courtesy Galerie Priska Pasquer, Cologne

«J’aimerais bien mourir poète», lance Yutaka Takanashi, 77 ans, qui revendique l’instantanéité du haïku, la photographie comme un coup de foudre. Il y a beaucoup d’énergie chez ce Japonais, ex-figure de Provoke, magazine éphémère, et qui n’a cessé d’enregistrer les mouvements de sa ville natale, Tokyo. Du Boulevard périphérique n°7 , pris en 1965 (photo) aux gargotes embuées, de la gare de Shibuya aux intérieurs tatamisés, Takanashi a su se glisser dans le temps, enregistrant aussi bien l’américanisation de la vie quotidienne que la survie des traditions locales. Signe de son appartenance à l’urbanité, ces flots de couleurs qui se déversent sous forme de néons dans la plus captivante de ses séries, Machi, réalisée en 1975-1977. B.O.photo Y. Takanashi. galerie Priska Pasquer. Cologne
Fondation Henri Cartier-Bresson, 2, imp. Lebouis, 75014. Jusqu’au 29 juillet.








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