STEPHANE HESSEL


HOMMAGE

 "CRÉER C'EST RÉSISTER "
Stéphane HESSEL



Décès de l’intellectuel Stéphane Hessel, auteur d'«Indignez-vous !»Par AFP
Le Français Stéphane Hessel, auteur du best-seller «Indignez-Vous» vendu à des millions d’exemplaires et qui a inspiré dans le monde ces dernières années plusieurs mouvements de protestation, est mort dans la nuit de mardi à mercredi à 95 ans.
Ancien résistant sous l’occupation allemande et diplomate à la carrière atypique, homme de gauche et européen convaincu, Stéphane Hessel était connu pour ses prises de position engagées.
«Sa capacité d’indignation était sans limite, sauf celle de sa propre vie. Au moment où celle-ci s’achève, il nous laisse une leçon, celle de ne se résigner à aucune injustice», a souligné le président François Hollande dans un communiqué.
A la retraite depuis 1983, Stéphane Hessel avait poursuivi son combat contre les injustices par des publications de manifestes et appels, à commencer par le célèbre «Indignez-vous!» en octobre 2010.
Cet opuscule de 32 pages, appelant à une «insurrection pacifique», a été vendu à quelque 4,5 millions d’exemplaires dans 35 pays. Il a accompagné les soulèvements populaires contre les régimes dictatoriaux arabes. En Occident, le terme d'«indignés» a été repris par des manifestants en France, Espagne, Grèce, et jusqu’à New York où il a inspiré le mouvement «Occupy Wall Street».
Interrogé en mars 2012 par l’AFP, Stéphane Hessel disait «s’étonner» encore de ce succès en ajoutant: «Cela s’explique par un moment historique. Les sociétés sont perdues, se demandent comment faire pour s’en sortir et cherchent un sens à l’aventure humaine».
En 2011, l’intellectuel avait récidivé en publiant «Engagez-vous!» un livre d’entretiens ainsi qu’un appel contre l’arme atomique dans «Exigez! Un désarmement nucléaire total». Et l’an dernier, il avait sorti en France «Déclarons la Paix! Pour un progrès de l’esprit», reprenant des entretiens avec le dalaï lama.
Il s’apprêtait à publier la semaine prochaine «A nous de jouer!», un livre d’entretiens dans lequel il exhorte les «indignés de cette Terre» à agir avec compassion en faveur d’un «monde social».
De Berlin à Paris en passant par Buchenwald
Né le 20 octobre 1917 à Berlin, arrivé en France à 7 ans, Stéphane Hessel était le fils de Franz et Helen Hessel, née Grund, qui inspireront, avec l’écrivain Henri-Pierre Roché, le trio «Jules et Jim» porté à l’écran par le cinéaste français François Truffaut.
Naturalisé en 1937, reçu à l’école d’élite française Normale Sup en 1939, Stéphane Hessel, qui parlait allemand, français et anglais, était l’incarnation de l’intellectuel européen.
Mobilisé en 1939, fait prisonnier, il s’était évadé et avait rejoint le général De Gaulle à Londres. Envoyé en France en 1944, il avait été arrêté et déporté à Buchenwald, où il avait maquillé son identité pour échapper à la mort. Après une nouvelle évasion, il avait réussi à rallier les troupes américaines pour arriver à Paris en mai 1945.
A la Libération, il avait rejoint le secrétariat général de l’ONU, participé en tant que secrétaire à la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l’Homme et avait entamé une carrière de diplomate qui allait le conduire au Vietnam et à Alger.
Elevé à la dignité d’ambassadeur de France par François Mitterrand en 1981, Stéphane Hessel avait alors milité pour les immigrés sans-papiers et pour les Palestiniens.
Seule dissonance dans le concert d’hommages mercredi, le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), Richard Prasquier, a dénoncé sa «volonté obsessionnelle» de faire de Gaza «l’épicentre de l’injustice» dans le monde.
L’intellectuel avait rédigé la préface de «Justice pour la Palestine», à paraître le 20 mars aux éditions de L’Herne, qui présente les conclusions des différentes sessions du «Tribunal Russell sur la Palestine».
Stéphane Hessel était président d’honneur de ce tribunal des peuples autoproclamé, créé en 2009 sur le modèle de celui qui jugea les crimes de guerre américains au Vietnam dans les années 1960.

Posts les plus consultés de ce blog

JANE EVELYN ATWOOD

BRASSAÏ