DENIS ROUVRE


FUKUSHIMA :  2 ANS DÉJA

LE CHAOS JAPONAIS SOUS L’OBJECTIF DE DENIS ROUVRE


DERNIERS JOURS
Jusqu'au 17 mars 2013

Pinacothèque 2
8, rue Vignon
, Paris 9





Sachiko ADACHI photo Denis ROUVRE


LOW TIDE – LE JAPON DU CHAOS par Denis Rouvre

Entrée libre



« Conscient de faire irruption dans l’intimité de ces gens, mais animé du désir de les photographier et de recueillir leurs paroles, j’ai frappé aux portes des logements jusqu’à ce que certaines s’ouvrent. Tous n’ont pas souhaité m’accueillir. Les hommes et les femmes qui ont accepté de me suivre au studio photo que j’avais aménagé dans la maison commune sont sûrement ceux dont l’envie de vivre était la plus forte. Pourtant, sur leur visage, j’ai lu l’implacable réalité, traversée d’autant de nuances qu’il y a de vies. Ces visages faisaient écho aux sites dévastés. »

Dans le cadre du Mois de la Photographie, la Pinacothèque de Paris présente en entrée libre Low Tide, la troublante exposition de Denis Rouvre. Le photographe a capturé le Japon post-tsunami — chaotique, hors du temps. Deux séjours en novembre 2011 et février 2012 lui ont permis de réaliser deux séries de photos, mêlant de puissants portraits de rescapés à des paysages silencieux, résignés.

Au cœur du chaos.
Le 11 mars 2011, un tremblement de terre de magnitude 9 survenait au large des côtes de l’île de Honshu au Japon. Le tsunami qui s’ensuivit dévasta près de 600 kilomètres de côtes de la région de Tohoku, faisant 21 000 victimes et disparus.
La catastrophe naturelle enclencha une série d’accidents majeurs dans les centrales nucléaires de Fukushima. Le jour même, environ deux cent quinze mille personnes habitant au plus près de la zone sinistrée furent évacuées puis, par centaines de milliers, celles résidant dans un rayon de trente kilomètres durent également partir.

En novembre 2011 ainsi qu'en février 2012, le photographe Denis Rouvre s'est rendu sur place, sans idée préconçue de ce qu'il y ferait. Conscient de faire irruption dans l’intimité de ces gens qui ont souffert, mais animé du désir de les photographier et de recueillir leurs paroles, il a frappé aux portes des logements jusqu’à ce que certaines s’ouvrent.



En novembre 2011, puis en février 2012, j'ai décidé de me rendre sur place. Je n'avais aucune idée de ce que j’y ferais. Mon voyage était mu par la nécessité de me confronter à une réalité qui m'échappait en tous points et que mon imagination rejetait. J’ai parcouru 300 kilomètres de côtes, les plus touchées par le tsunami. Une désolation extrême y régnait. La vague n’y avait rien épargné. J'ai photographié ces paysages sans réfléchir, persuadé qu'il me fallait du temps pour appréhender le cataclysme.
Sur ces lieux ravagés, aucun habitant pour témoigner. Dans ce désert, les sons humains s’étaient tus. J'ai alors cherché à rencontrer les gens qui habitaient ces lieux avant l’événement. Je les ai trouvés dans des quartiers de logements temporaires construits après la catastrophe. Les « kasetsu jutaku » sont des maisons préfabriquées, organisées en petits villages et posés sur des terrains vagues




.On March 11, 2011, a magnitude 9.3 earthquake occurred off the coast of Honshu, Japan. The tsunami that followed devastated the region of Tokohu over a span of 600 kilometers, claiming 21,000 victims and missing persons, and completely or partially destroying many cities and ports. The natural disaster led to a series of major accidents in the reactors of the Fukushima nuclear plant. The same day, nearly 215,000 people living near the disaster area were evacuated. Later, the region was evacuated by the hundreds of thousands, as anyone living within 30km of the site was forced to leave.
In November 2011 and February 2012, I visited the site, without any idea of what I would do there. I was above all driven by the necessity to face a reality that escaped me and that my imagination rejected. I traveled along 300 kilometers of coastline that was most affected. An extreme desolation reigned. The giant wave had spared nothing. I photographed the landscapes without thinking, convinced that I would need time to understand this cataclysm. There was no one left to bear witness to what had happened. It was a desert, without eyes or voice.




Au cours de deux voyages au Japon, Denis Rouvre réalise une série de photographies de paysages qui rendent compte de la transformation de la région du Tohoku, où le tsunami du 11 mars 2011 a dévasté 600 kilomètres de côtes. Il en rapporte des images aux gris de cendre, où l'on ressent le poids du silence qui hante les lieux marqués par les drames. Le photographe rend également visite aux habitants, reccueille des témoignages. « J'habitais à 4 kilomètres de la mer. Après le tremblement de terre, je suis resté chez moi une nuit sans lumière, raconte ainsi M. Yasushi Watanabe, photographié ici. Puis j'ai été évacué dans une école primaire. Je suis revenu chercher des affaires, elles tenaient dans un sac, avec lequel je me déplace toujours. Mon immeuble a été détruit. Aujourd'hui, je suis dans une maison provisoire. Comme j'habitais dans un appartement, je ne suis pas très attaché à l'endroit où je vis. Etant donné mon âge, j'aimerais passer une vie t



Frédérique Chapuis


photos  Denis  ROUVRE





Dans un après moins immédiat que le constat du désastre dans le cadre de l’information un photographe, français, est venu à deux reprises dans la région de Tohoku, là où le tsunami avait dévasté 600 kilomètres de côtes et où les habitants avaient tout perdus. Il est venu voir. Simplement. Photographier ce qu’il voyait. Sans exercice, sans but précis, juste pour avoir le sentiment, à défaut de comprendre, de savoir un peu plus. De là ces deux séries, des paysages, des portraits, carrés et en couleurs. Une attitude photographique aussi. Mais sans manière, sans démonstration, sans aucune de ces tentatives vaines de démontrer quoi que ce soit. Existe une situation, celle entre autres des milliers de déplacés relogés dans des préfabriqués. La voir en face, la montrer, faire savoir.



















Le 11 mars prochain sera le deuxième anniversaire du tremblement de terre ayant entraîné le tsunami dévastateur de la région de Tokohu et la catastrophe nucléaire de Fukushima. À deux reprises, le photographe Denis Rouvre s’est rendu sur place pour se confronter à une réalité qui lui échappait et que son imagination rejetait. Il y trouve « un désert mort, sans visages et sans voix » et part à la recherche des habitants dont la vie a basculé ce jour-là. Dans les kasetsu jutaku, ces logements temporaires construits après la catastrophe pour abriter les sans-abri, il découvre des hommes et des femmes dont les visages font écho aux sites dévastés. Un témoignage fort et des portraits pénétrants. Low Tide - Le Japon du chaos, jusqu’au 17 mars, Pinacothèque de Paris - Entrée gratuite.
© Denis Rouvre






Après chaque photographie, il y a un silence. Un autre temps s’installe, dont on connaît mal la nature, qui peut sembler verser l’instant à l’éternité, qui peut nous donner l’illusion du prélèvement de l’infime dans le flux qui s’écoule. Un temps qui nous dit simplement qu’il y eut un avant et que nous sommes après. Que l’avant, définitivement, a disparu. Que nous n’y aurons plus accès. Que restera l’image. Seulement l’image.








Ici, nous sommes après. Dans l’après immédiat, il y eut le tumulte, le chaos. Y compris dans ces images prises d’hélicoptère qui suivaient l’avancement irrémédiable de la vague noire emportant tout sur son passage, broyant, mêlant, projetant les véhicules sur les murs qu’ils défonçaient et transportant comme fétus de paille les grands bateaux à la cime des arbres. Ces images sont devenues des archives. Un jour, peut-être, elles reprendront vie lorsqu’elles seront devenues documents pour l’Histoire. Plus tard, après l’après.












ENTRETIEN AVEC DENIS ROUVRE  www.rouvre.com







Le 11 mars 2011, un tremblement de terre de magnitude 9 survenait au large des côtes de l’île de Honshu au Japon. Le tsunami qui s’ensuivit dévasta près de 600 kilomètres de côtes de la région de Tohoku, faisant 21 000 victimes et disparus et détruisant totalement ou partiellement de nombreuses villes et zones portuaires. La catastrophe naturelle enclencha une série d’accidents majeurs dans les centrales nucléaires de Fukushima. Le jour même, environ deux cent quinze mille personnes habitant au plus près de la zone sinistrée furent évacuées puis, par centaines de milliers, celles résidant dans un rayon de trente kilomètres durent également partir.
En novembre 2011 ainsi qu'en février 2012, je me suis rendu sur place, sans idée préconçue de ce que j’y ferais. J'étais mû avant tout par la nécessité de me confronter à une réalité qui m'échappait et que mon imagination rejetait.
J’ai parcouru 300 kilomètres de côtes, celles qui avaient été le plus touchées. Une désolation extrême y régnait. La vague géante n’ avait rien épargné. J'ai photographié ces paysages sans réfléchir, persuadé qu'il me fallait du temps pour appréhender le cataclysme. Sur ces lieux ravagés, il n’y avait personne pour témoigner de ce qui s’était passé. C’était un désert mort, sans visages et sans voix.
J'ai alors voulu retrouver les gens qui vivaient là avant. Je suis allé dans les quartiers de logements temporaires - les kasetsu jūtaku —, construits après la catastrophe pour reloger ces sans-abris. Ce sont des maisons préfabriquées, organisées en petits villages et comme posées en retrait de la côte sur ce qui n’est plus que terrains vagues. Leurs occupants, surtout des personnes âgées, tentent vaille que vaille d’y subsister. La plupart ont tout perdu, famille, amis, maison, animaux, et souvent jusqu'au moindre souvenir propre à forger une histoire personnelle. Leur vie a basculé en quelques secondes.
Conscient de faire irruption dans l’intimité de ces gens, mais animé du désir de les photographier et de recueillir leurs paroles, j’ai frappé aux portes des logements jusqu’à ce que certaines s’ouvrent. Tous n’ont pas souhaité m’accueillir. Les hommes et les femmes qui ont accepté de me suivre au studio photo que j’avais aménagé dans la maison commune sont sûrement ceux dont l’envie de vivre était la plus forte. Pourtant, sur leur visage, j’ai lu l’implacable réalité, traversée d’autant de nuances qu'il y a de vies. Ces visages faisaient écho aux sites dévastés. Comme un puzzle à deux pièces dont chaque élément n'a d'autre choix que de correspondre à l’autre. Mais ils étaient debout ; eux, que les épreuves passées n’avaient pas détruits, étaient encore prêts à affronter celles à venir.
Quant à leurs témoignages, ils ont fini par devenir pour moi aussi essentiels que les portraits ou que les lieux du chaos, ajoutant leur motif à la trame d’un destin collectif où s’entrecroisent les fils d’histoires singulières. Dans ces fragments de vie se côtoient la détresse ou la résignation, la douleur ou l’inquiétude, mais aussi une demande à vivre, une formidable dignité. Capter ce subtil et poignant mélange de faiblesse et de force m’a fait tout autant m'interroger sur le devenir de l'homme au milieu d’un monde sans plus de repères que comprendre l’étendue des ressources qu’il peut déployer face à l’adversité. C’est le cheminement de ces survivants en quête de reconnaissance et de renaissance que j’ai tenu à partager et auquel j’ai souhaité rendre hommage.
Denis Rouvre



Denis Rouvre is a French photographer, born in 1967. Lives and works in Paris.

Denis Rouvre’s portraits are published in the national and international media. A portfolio of his work on those who survived the tsunami of March 11,  2011 in  Japan was published in the  New-York Times Magazine. One of the portraits of that series earned him a  3d prize from World Press Photo 2012, Portraits isolés. He was rewarded by prestigious prizes: 2d prize from World Press Photo 2010 for his series  Lamb, 2d prize from SONY World Photography Award 2011 for his series  After Meeting and was awarded a  Hasselblad Masters Portrait.

His latest personal series, seeking out man’s power and frailty, were exhibited in France and abroad. He has also published several books, including  Sortie de match in the Éditions de la Martinière.
In October, 2012 he will publish two new books with the Somogy Éditions d’art : Low Tide, on the survivors of the tsunami in March  2011 in  Japan and  Lamb, on the Senegalese fighters.

Denis Rouvre is represented in Paris by the Hélène Bailly gallery, in The Hague by the Project 2.0 gallery and in Antwerp by the  Axel Pairon gallery.



"Mû par la nécessité de (se) confronter à une réalité qui (lui) échappait", le photographe Denis Rouvre est parti au Japon 9 mois après le tsunami de mars 2011. Il en est revenu avec une série de portraits et de paysages exposés jusqu'à mars à la Pinacothèque de Paris. Captivant.
Ce qui frappe d'abord, c'est leur air paisible et digne. Certains esquissent un sourire, on trouve à d'autres un regard rieur ou bienveillant. Si l'on n'était prévenus que tous sont les rescapés de la catastrophe de Fukushima, des survivants du tsunami du 11 mars 2011 au Japon, on aurait bien du mal à déceler les blessures derrière la force et le calme qui émanent de leurs traits. Car finalement, à bien y regarder, on décèle aussi un menton vengeur pour l'un, une bouche résignée pour une autre, une attitude de défi, une lueur de détresse...
C'est sans doute là que la volonté de Denis Rouvre a joué : par pudeur ou politesse, le photographe -récompensé pour un de  ces portraits par un World Press Photo 2012, le Festival de Cannes de la photographie de presse-, n'est pas allé capturer 9 mois après le tsunami (puis en février 2012) les visages de ces miraculés dans les préfabriqués où ils ont été emmenés après avoir été évacués de la zone sinistrée. Ceux "qui ont accepté de me suivre au studio photo que j'avais aménagé dans la maison commune sont sûrement ceux dont l'envie de vivre était la plus forte. Pourtant, sur leur visage, j'ai lu l'implacable réalité, traversée d'autant de nuances qu'il y a de vies", raconte-t-il dans le préambule de cette exposition fascinante.  
La nature morte au sens premier du terme
Ce sont en effet ces "nuances de vies" que l'on cherche et découvre derrière ces visages d'hommes et de femmes tirés plus grands que nature, pour la plupart âgés, sur fond noir, sous un jet de lumière, laissant apparaître les moindres détails de leurs traits, rides, pupilles, apparaissant en quasi 3D. Saisissant.
La scénographie vient nous rappeler que le chaos n'est pas oublié de la nature non plus. Intercalées avec les portraits, le paysage portant encore les stigmates du drame. Un bateau échoué, des débris entassés au bord de la route, des arbres solitaires... On croirait à du noir et blanc. Et pourtant non : voilà un bout de plastique rouge, des buissons roux, une herbe jaunie. L'exercice de la "nature morte" n'a jamais si bien porté son nom. Rendant les visages plus vivants encore. Un regret : que les récits de ces rescapés n'existent qu'en livre et ne soient pas diffusés là, pendant qu'on les regarde dans les yeux.
Low Tide - The Japan of chaos


Texte de Christian Caujolle





Après chaque photographie, il y a un silence. Un autre temps s’installe, dont on connaît mal la nature, qui peut sembler verser l’instant à l’éternité, qui peut nous donner l’illusion du prélèvement de l’infime dans le flux qui s’écoule. Un temps qui nous dit simplement qu’il y eut un avant et que nous sommes après. Que l’avant, définitivement, a disparu. Que nous n’y aurons plus accès. Que restera l’image. Seulement l’image.



Ici, nous sommes après. Dans l’après immédiat, il y eut le tumulte, le chaos. Y compris dans ces images prises d’hélicoptère qui suivaient l’avancement irrémédiable de la vague noire emportant tout sur son passage, broyant, mêlant, projetant les véhicules sur les murs qu’ils défonçaient et transportant comme fétus de paille les grands bateaux à la cime des arbres. Ces images sont devenues des archives. Un jour, peut-être, elles reprendront vie lorsqu’elles seront devenues documents pour l’Histoire. Plus tard, après l’après.



Dans un après moins immédiat que le constat du désastre dans le cadre de l’information un photographe, français, est venu à deux reprises dans la région de Tohoku, là où le tsunami avait dévasté 600 kilomètres de côtes et où les habitants avaient tout perdus. Il est venu voir. Simplement. Photographier ce qu’il voyait. Sans exercice, sans but précis, juste pour avoir le sentiment, à défaut de comprendre, de savoir un peu plus. De là ces deux séries, des paysages, des portraits, carrés et en couleurs. Une attitude photographique aussi. Mais sans manière, sans démonstration, sans aucune de ces tentatives vaines de démontrer quoi que ce soit. Existe une situation, celle entre autres des milliers de déplacés relogés dans des préfabriqués. La voir en face, la montrer, faire savoir.



S’il n’y avait au départ pas de projet précis, il y a bien, à l’arrivée, deux séries dont la cohérence s’articule. Des portraits proches, toujours sur fond noir – comme le négatif de ces portraits dits d’identité et pour lesquels l’administration exige un fond blanc – sur lesquels se détachent des visages aux traits forts, des personnes âgées souvent, fermes face à l’objectif, sans expression que nous puissions nommer. Elles disent simplement qu’elles sont là et ont, courageusement, accepté de poser pour cet étranger dont elles ne savent vraiment ce qu’il fera de leur image. En écho, des paysages, amples, qui respirent, frontaux, dans lesquels le premier plan occupe une partie essentielle de l’image. Il faut pousser son regard au loin, rechercher les signes, qui sont là dans la précision du cadre. C’est donc là, là où d’infimes traces restent à deviner que se déroula l’effrayant spectacle qui tournait en boucle sur les écrans de télévision ? Nous sommes vraiment après.


Dans leur frontalité, dans leur unité de couleur subtile mais sans aucune stridence, les deux séries d’images entretiennent des relations profondes. On pourrait presque parler de portraits de paysage quand bien des visages, ridés, évoquent le travail de la terre – ici, il s’agit de celui du temps, de celui du choc aussi, peut-être -, la façon dont l’homme transforme l’environnement. Le calme et l’équilibre que le carré favorise rendent plus perceptibles la tension, jamais explicite, qui baigne un ensemble plus sensible, mais avec retenue, que psychologique. La pratique reste documentaire, même si elle se refuse à la narration comme à la description et trouve un juste équilibre entre le montrer et le ressentir, entre éprouver et donner à voir.

Tous ceux qui sont allés à Tchernobyl, y compris récemment, parlent du silence qu’ils y ont trouvé. C’est là l’expérience immédiate de l’après du désastre et, pour le transmettre, il faut rester ainsi, sur le fil du rasoir, entre deux séries, en pratiquant deux distances, sans jamais rien forcer, en acceptant de recevoir. On pense aux mots de Akira Yoshimura, au Convoi de l’eau, à La guerre des jours lointains. A ces mots qui se sont élevés pour dire l’après Hiroshima. Alors que nous sommes dans cet après tsunami et Fukushima, la plus grande tragédie écologique et humaine qu’ait connue le Japon depuis la seconde guerre mondiale, des images chuchotent le drame. Après, dans le silence, perdure la douleur.




On March 11,  2011, an earthquake of magnitude 9 occurred off the shores of the island of  Honshu, in Japan. The tsunami that followed swept through the coastline of the Tokohu region over nearly six hundred kilometers, making twenty-one thousand victims and disappearances, by obliterating, totally or partially, many cities and port regions. That natural catastrophe led to a series of major accidents in the reactors of the nuclear centre in Fukushima.  The very same day, about two hundred and fifteen thousand people living close to the damaged area were evacuated, then, in hundreds of thousands, those living in a radius of thirty kilometers also had to leave.

In November 2011 as well as in February 2012, I went onsite, without any preconceived ideas as to what I might do there.  I was above all driven the need to confront a reality that escaped me and that my imagination rejected. 

I covered three hundred kilometers along the coastline, those that had been the most damaged.  An extreme desolation reigned there.  The gigantic wave had not spared anything. I photographed landscapes without thinking, convinced that I needed time to grasp the cataclysm. In those ravaged places, there was no-one to recount what had occurred. It was a desert: dead, faceless and voiceless.

Then I wanted to find the people who lived there before. I went into the areas of the temporary dwellings — the  kasetsu jūtaku —, built after the catastrophe to house those homeless people. They are pre-fabricated houses, organized in little villages and look as if they are placed away from the coastline on what are none other than waste lands. Their occupants, mostly old people, attempt by hook and by crook to survive there.  Most of them have lost everything, family, friends, homes, animals, and quite often as much as the slightest souvenir that might help them recreate their personal history. Their life was shattered in a few seconds.



Aware that I was intruding into those people’s intimacy, but filled with the desire to photograph them and to record their words, I knocked on the doors until some of them were opened. All of them did not wish to receive me. The men and women who agreed to follow me to the photo studio that I had set up in the communal house are surely those whose will to live was strongest. However, on their faces, I read the implacable reality, shot through  by as many shadings as there are lives. Those faces were an echo to the destroyed sites.  Like a two-piece puzzle in which each element has no option other than to correspond to the other.  But they were standing ; they, which the past turmoils had not destroyed , were still ready to face up to the coming ones.

As for their testimony, they ended up becoming as essential to me as the portraits or as the places of  chaos, adding their motifs to the pattern of a collective fate in which are interwoven the threads of singular stories. In those fragments of life are found side by side, distress or resignation, sorrow or anxiety, as well as a wish to live, an incredible dignity. To capture that subtle and poignant mixture of weakness and strength led me as much to query man’s future in the midst of a world without any bearings, as to grasp the extent of the resources he can deploy faced with adversity. It is the path followed by these survivors in quest of acknowledgment and of renewal that I wished to share and to whom I wanted to pay homage.


Denis Rouvre





Posts les plus consultés de ce blog

JANE EVELYN ATWOOD

BRASSAÏ