OPÉRA BASTILLE TROISIÈME SYMPHONIE DE GUSTAV MALHER



DANSE
IL N'Y A PAS QUE LA PHOTO DANS LA VIE..



Troisième Symphonie de Gustav Mahler
En tournée
Dates : du 9 Avril 2013 au 12 Mai 2013
Opéra Bastille - Paris (75012)

Ballet de l'Opéra national de Paris : John Neumeier - Troisième symphonie de Gustav Mahler
Le Corps de Ballet de l'Opéra national de Paris présente la « Troisième Symphonie » du compositeur Gustave Mahler, dirigée par John Neumeier
Du mardi 09 avril au dimanche 12 mai 2013
Opéra-Bastille
BALLET DE L'OPÉRA
« Une musique doit toujours ouvrir sur une vision, une vision qui est au-dessus des choses de ce monde. »






John Neumeier se laisse porter par les émotions que lui inspire l’œuvre monumentale du compositeur viennois. Osmose parfaite entre musique et danse, le ballet est traversé d’une palette d’émotions et sculpte des images d’un lyrisme puissant, dévoilant la richesse d’inspiration du chorégraphe.

CE QUE ME CONTE L'HOMME

" Les titres du programme élaboré pour ma symphonie vous donneront une indication sur la manière dont j'ai imaginé l'articulation des émotions autour d'une progression constante, partant de l'essence primaire, confuse et figée (de forces naturelles) pour s'élever jusqu'à la forme douce et accomplie du coeur humain, qui tend à son tour vers un niveau supérieur (vers Dieu) et s'élève vers lui. " Gustav Mahler

" Ô homme prends garde !
Que dit minuit profond ?
J'ai dormi, j'ai dormi
D'un rêve profond je me suis éveillé :
Le monde est profond,
Et plus profond que ne pensait le jour !
Profonde est sa douleur
La joie est plus profonde que la peine.
La douleur dit : Passe et finis !
Mais toute joie veut - l'éternité
Veut la profonde éternité !" *


* Friedrich Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra
Première partie " Le Chant de l'ivresse " 1892


« Une musique doit toujours ouvrir sur une vision, une vision qui est au-dessus des choses de ce monde. »

Avec Dark Elegies, chorégraphie de 1937 sur les Kindertotenlieder de Gustav Mahler, le britannique Antony Tudor fut le premier à briser le tabou qui a longtemps régné dans le monde de la danse sur une œuvre musicale jugée par trop symphonique et tragique. C’est seulement à partir des années 1960, parallèlement à la redécouverte par le grand public de la musique de Mahler, que les chorégraphes s’empareront de ses partitions, tels que Kenneth MacMillan, Maurice Béjart, Pina Bausch, ou encore Jiřί Kylian et Maguy Marin. Mais le créateur mahlérien par excellence sera incontestablement John Neumeier, qui réalisera de grands ballets sur la plupart des symphonies de Mahler. La musique de ce compositeur, héritier du romantisme et précurseur de la modernité, lui parle au cœur. Dans ses visions, véritables univers cosmiques, John Neumeier trouve un miroir pour sa quête jamais assouvie de la condition humaine. La Troisième Symphonie de Gustav Mahler constitue sans nul doute l’un des projets les plus ambitieux du chorégraphe.

Composée par Mahler entre 1895 et 1896, elle est la plus longue de ses neuf symphonies, durant près de cent cinquante minutes. John Neumeier la chorégraphie dans son entier, puisant à même la matière musicale la nourriture d’un ballet spirituel sur le thème de la rédemption et du salut.

.OPERA DE PARIS - GUSTAV MAHLER´S THIRD SYMPHONY
06.05.2013 - 12.05.2013 | OPéRA NATIONAL DE PARIS - OPéRA BASTILLE










Osmose entre la musique et la danse, le ballet de John Neumeier sculpte des images d’un lyrisme puissant et profond. Pour composer sa danse, le chorégraphe se laisse porter par les émotions que lui inspire la symphonie monumentale de Gustav Mahler, sensée refléter « la création toute entière ».

Toute l’œuvre de John Neumeier repose sur une profonde sensibilité musicale mais c’est probablement chez Gustav Mahler, dont il a chorégraphié plusieurs symphonies, que le chorégraphe, en perpétuel questionnement sur la condition humaine, trouve les correspondances à ses propres préoccupations humanistes. Il se laisse porter par les émotions que lui inspire la monumentale Troisième Symphonie, sensée refléter « la création toute entière », et pénètre dans l’univers tourmenté et contrasté du compositeur pour sculpter des images d’un lyrisme puissant et profond. Osmose entre la musique et la danse, la pièce est traversée d’une palette d’émotions, de l’angoisse existentielle à l’espérance mystique. Les chœurs et la soliste accompagnent les danseurs dans leur gestuelle élégante, aux lignes déviées et aux portés vertigineux, dévoilant de nouveau la richesse d’inspiration du chorégraphe.
Ballet présenté par Brigitte Lefèvre Directrice de la Danse de l’Opéra national de Paris



The principal dancers, principal character artists and corps de ballet members of the Opéra national de Paris appear on stage presenting the monumental work of the Viennese composer, Gustav Mahler.
Accompanied by the Maîtrise des Hauts-de-Seine, the Children's choir and the Orchestra of the Opéra de Paris, dancers hypnotize the audience for 1hr 54mins with no intermission.
American choreographer John Neumeier lets himself be swept away by the emotions that Gustav Mahler’s work of inspires in him. Perfect harmony between music and dance, the ballet showcases a wide range of emotions and creates images of a powerful lyricism, revealing the choreographer’s wealth of inspiration. The musical direction has been entrusted to Simon Hewett and Alessandro Di Stefano leads the choir.
« Chorégraphie de John Neumeier »
PRESENTATION

John Neumeier explore avec délicatesse l'univers tourmenté du compositeur pour traduire en mouvement la condition de l'homme, son lien inextricable à la Nature et à la Terre, l'exaltation qu'inspirent l'amour et la conscience simultanée de sa fragilité, la solitude, la nostalgie, et cependant, l'espoir.
Chorégraphie de John Neumeier
Musique de Gustav Mahler
Avec les Etoiles, les premiers danseurs et le corps de ballet de l'Opéra national de Paris
















Lundi 01 avril 2013


Troisième Symphonie de Mahler par le Ballet de l'Opéra


Alors que le Ballet de l'Opéra reprend La Troisième Symphonie de Gustav Mahler, à l'affiche de l'Opéra Bastille du 9 avril au 12 mai 2013, John Neumeier revient sur ce que cette " musique animée " lui a inspiré : un drame chorégraphique, une histoire poétique née des images et des émotions que le compositeur laisse percevoir à travers une œuvre monumentale et d'une profondeur déchirante. Entretien. 

Vous avez chorégraphié la plupart des symphonies de Mahler. Comment expliquez-vous votre lien avec cette musique ? Qu'est-ce qui vous touche le plus en elle ?
John Neumeier : Ce qui me fascine, c’est quand la musique représente notre époque. Mes chorégraphies ont toujours un point de départ émotionnel. Elles émanent d’abord d’un sentiment qui conduit à la description de quelques scènes et qui prend progressivement corps pour constituer une histoire. Dans la musique de Mahler, j’entends très distinctement une situation contemporaine précise, par exemple quand il compose un ländler, une valse ou une marche. Cela me permet de me rattacher à une « vraie réalité ». Et soudain, il prête à ce passage une élévation nouvelle, une forme qui m’emporte irrésistiblement et suscite un mouvement dans ma sensibilité, sans réflexion de ma part. On ne peut pas parler de musique abstraite chez Mahler. Il la désigne lui-même comme une « musique animée ». Par sa musique, il nous entraîne dans des domaines qui plongent au plus profond de nous-mêmes. Il lui arrive de commencer par nous séduire par des banalités (valses, ländler, marches, etc.) qui nous plaisent, mais il en fait des ponts permettant d’accéder à un niveau métaphysique. Voilà ce qui me fascine chez Mahler.

La Troisième Symphonie de Mahler est l'une des plus grandes œuvres, une des plus puissantes aussi. Sa monumentalité vous a-t-elle intéressé ? Était-ce une forme de défi pour la danse ?
John Neumeier : J’ai pris la décision audacieuse de chorégraphier l’intégralité de la symphonie. La nature contrastée de la musique de Mahler a facilité ma décision. Mais c’est l’approche émotionnelle qui est restée déterminante pour moi. Ma chorégraphie est née de mon amour pour cette musique. Elle résulte du désir de traduire en mouvements les émotions et les sentiments du monde sonore intérieur de Mahler. Si le premier mouvement de la Troisième Symphonie a pour thème la libération, les cinq mouvements suivants abordent sa conséquence : la liberté et la réalisation d’une utopie. En l’occurrence, le bond de la libération à la liberté ne représente qu’une expansion au sens large. Pour Mahler, la Troisième Symphonie est « un poème symphonique qui englobe dans une intensification progressive toutes les étapes du développement. » Il écrit ailleurs : « Cela débute par la nature inanimée pour s’intensifier jusqu’à l’amour de Dieu. » Dans le premier mouvement, Mahler évoque « la pierre insensible, immobile, simplement élémentaire (des forces de la nature) », et prête ainsi expression à un matériau certes inanimé, mais pourtant omniprésent. Au bord de l’Attersee dans le Salzkammergut (il composait en quelque sorte entre eau et pierre), Mahler parle des « bruits de la nature », d’un arrachement progressif de la vie, de l’affranchissement de la matière. Personnellement, je désigne ce mouvement par « Hier ». Voici ce qu’on peut lire dans la brochure de programme : « Il se produit des vibrations, éléments de l’agression de cette terre. L’homme ne peut plus se détacher de la terre. » Car c’est bien de cela qu’il s’agit. La chorégraphie du premier mouvement recourt exclusivement à des danseurs hommes, reflets des premiers êtres humains de la terre, les successeurs d’Adam. L’homme est fait de terre, il est formé en quelque sorte d’un bloc, d’une croûte terrestre en explosion et cherche par la suite à se détacher de cet assujettissement. Il est soumis aux vibrations qui l’entraînent vers la guerre et la destruction. Ce qui exige des forces antagonistes que je perçois dans ce qu’on appelle les sons de l’Anima. Ce sont les premiers signes de l’apparition d’une âme émanant des éléments, qui s’amplifie avec une subtilité croissante au fil de l’œuvre.

Le texte de Nietzsche choisi par Mahler a-t-il influencé votre chorégraphie ? Il parle de bonheur, de joie et de souffrance. Avez-vous cherché à retrouver ces deux oppositions de la sensibilité ? Diriez-vous qu'il s'agit d'une danse de l'âme ?
John Neumeier : Il est difficile de dire de quoi il s’agit. C’est tellement personnel. Je compare ça à un sculpteur qui a une pierre et y trouve une telle inspiration qu’il commence à la tailler. Et voilà que subitement, la structure et la qualité de la nature de cette pierre se révèlent à lui et qu’une statue voit le jour - c’est ainsi que cette musique a donné naissance à un drame chorégraphique. Je n’ai jamais eu l’intention d’esquisser une histoire et de la raconter sous forme d’un ballet sur la musique de Mahler. Sa musique nous séduit, elle nousémeut, elle vient tout près de nous, trop près même dans les marches ou les valses et, d’un coup, nous sommes pris et elle nous entraîne dans une tout autre direction. Je trouve cette surprise émotionnelle particulièrement stimulante.

Ce ballet est un ballet abstrait. Avez-vous cherché, à travers lui, à représenter l'éternité dont parle Nietzsche dans son texte ?
John Neumeier : Pour commencer, aucun de mes ballets n’est abstrait. Un ballet ne peut pas être abstrait dans la mesure où il met en scène un ou plusieurs êtres humains. Il en résulte toujours, tout à fait spontanément, une relation entre les êtres. Je ne considère pas mon ballet sur la Troisième Symphonie de Mahler comme une œuvre abstraite. Pour moi, c’est une œuvre qui possède une action impossible à raconter. Elle n’en possède pas moins une action, purement humaine en l’occurrence. Dans un premier temps, j’ai donné des titres aux mouvements – pas ceux de Mahler, à l’exception du dernier mouvement « Ce que l’amour me dit », parce qu’il est impossible d’en trouver de meilleur -, je leur ai au contraire attribué des titres généraux, « Automne » par exemple, au lieu de « Ce que les animaux me disent ». Ensuite, je n’ai plus rien dit. Le programme ne contient que cela : « Mon ballet a pour thème la musique de Gustav Mahler. J’ai traduit en images corporelles les idées subjectives que m’a inspirées l’écoute de la musique. » Voilà tout. Dans un ballet sur une telle musique, le fait que les deux arts – la musique et la danse – soient des arts ouverts est déterminant ; ils autorisent une profusion d’associations. Je porte en moi des histoires poétiques que je ne peux pas raconter par des mots mais uniquement à travers la poésie de la danse. Tant qu’on trouve dans la musique la liberté de se représenter involontairement des images, cette liberté doit également exister au ballet.

La chorégraphie fait alterner soli et ensembles. Cette division vous a-t-elle été imposée par la musique ? Pourriez-vous nous dire quelques mots sur la structure du ballet ?
John Neumeier : Avec la Troisième Symphonie de Gustav Mahler, j’ai cherché à élaborer une nouvelle dramaturgie pour la danse. Cela signifiait, en premier lieu, l’utilisation d’une œuvre symphonique pour la chorégraphie. J’avais l’intention de façonner l’action exclusivement à partir de la musique. Cela s’est évidemment fait de façon subjective, en fonction de la réaction du chorégraphe à la musique et de la nature des conflits, des relations et des figures qu’il entend dans la musique. Je me suis laissé inspirer par la structure musicale. Ce qui ne veut pas dire que je l’ai suivie formellement. Les inventions du chorégraphe ne doivent pas suivre la musique en parallèle, la reproduire note par note. Il existe des chorégraphies dont les mouvements sont complètement différents de ceux qu’établit la musique et le dialogue entre ce qui se passe et ce que j’entends fait naître une tension. De cette tension surgit une chorégraphie qui s’affirmera comme une œuvre nouvelle et qui ne sera pas seulement symphonie, pas seulement danse. C’est ce qui justifie la réalisation d’une chorégraphie sur une symphonie de Mahler. Sa musique à elle seule n’a pas besoin de chorégraphie, mais une symphonie de Mahler plus un partenaire de dialogue intéressant, sous forme d’une chorégraphie, créent quelque chose de neuf. Je ne sais pas moi-même exactement comment je procède car le dernier saut dans la chorégraphie n’est pas rationnel, il est instinctif. Autrement dit, je me prépare, je connais la partition, je sais quand et pour qui Mahler l’a composée, ce qu’il a pensé, quel programme il lui a attribué avant peut-être de le rejeter, et ainsi de suite. Puis j’entre dans la salle de répétition et j’oublie tout. J’entends la musique et je me déplace sur elle. Comment je me déplace, je ne le sais pas à l’avance.


Propos recueillis par Christophe Ghristi
Traduit de l'allemand par Odile Demange 
 Retrouvez l'intégralité de cet entretien dans En scène !
Le journal de l'Opéra national de Paris



À TRAVERS LA PRESSE

La Troisième Symphonie de Mahler est, selon ses termes, « un poème musical englobant toutes les étapes de la Création selon une ascension progressive qui commence par l’univers minéral pour culminer avec l’amour divin ». Dans cette partition séduisante et singulière, le compositeur joue de références bigarrées : de la musique populaire au langage musical religieux, de la musique militaire aux refrains enfantins… De cette musique, John Neumeier a tiré des émotions puissantes, transcrites en un vocabulaire chorégraphique tout aussi intense et contrasté : porters vertigineux, renversements subits. Il a aussi, avec cette première lecture de Mahler, entamé un chemin fécond : ce ballet, créé en 1975, sera pour lui le début d’une longue série de créations sur les œuvres de Mahler, dans lesquelles son style se révélera dans toute sa virtuosité.
Marie Chavanieux

Une "Troisième Symphonie de Gustav Mahler" âpre et lyrique à Bastille
Notre critique de la "Troisième Symphonie de Gustave Mahler", qui commence mardi soir à l'Opéra Bastille.
Mardi soir commence à Bastille la "Troisième Symphonie de Gustave Mahler", mise en chorégraphie par John Neumeier en 1975 à Hambourg. Une œuvre de danse d’une beauté froide, intemporelle et sophistiquée, âpre et lyrique. Le temps de quatre tableaux, on suit les errances d’un homme depuis un passé fait de rivalités machistes vers un futur coloré et féminin, où l’amour, peut-être, peut triompher. Sur la musique d’abord presque guerrière de Mahler, le chorégraphe imagine des groupes aux mouvements militaires et virils. Les danseurs s’enroulent les uns contre les autres, s’imbriquent et s’enjambent dans des pyramides de corps à la géométrie très étudiée. Qui donc exigent un ensemble parfait, une mécanique quasi horlogère.
Malheureusement, elle n’était pas au rendez-vous, lundi soir lors de la répétition générale. D’où une impression parfois de chaos un peu déstabilisante. Pour donner un peu d’âme et de chair à ce voyage initiatique et philosophique, on attendait une belle présence des danseurs. Face à Karl Paquette et Stéphane Bullion aussi beaux plastiquement que vides émotionnellement, Matthias Heymann a, une fois de plus, fait la différence. Habité, enragé, bondissant, les mouvements allongés jusqu’au bout des doigts, son plaisir de danser était visible et communicatif.
Dans les parties titrées "Eté" et "Automne", la musique et l’ambiance se font plus légères. Des couples en tunique colorée s’amusent dans un jeu de l’amour et du hasard. Les pas de deux aériens, où les corps s’enlacent, sont parfois des numéros de voltige. Là encore, pas toujours fluides ni totalement maîtrisés. Nolwenn Daniel et Mélanie Hurel ont fait preuve qu’une belle énergie face à Christophe Duquenne et Allessio Carbone. Tandis que Laura Hecquet et Florian Magnenet ont poussé le romantisme à l’extrême. Puis ce fut comme une apparition. Diaphane mais pleine de tempérament, la nouvelle étoile Eléonora Abbagnato a mis sous son charme Paquette et Bullion le temps d’un pas de trois très dense.
Puis un ange est passé. La Femme. La possibilité d’un espoir. Moulée dans un académique rouge comme la passion, l’incandescente Isabelle Sciaravola vampe Karl Paquette, adoucit les égarements de l’homme. Le temps d’un rêve. Car au final, le corps torturé dans une position qui l’immobilise, il la laissera passer.
La "Troisième symphonie de Gustav Mahler" de John Neumeier, 12 représentations à l’Opéra Bastille.
Loc : 08 92 89 90 90. Celle du 18 avril sera retransmise en direct dans les cinémas UGC et les cinémas indépendants de France et du monde entier.
Barbara Théate - Le Journal du Dimanche



Spectacle vivant: Les trois soeurs et Troisième symphonie de Gustav Mahler 2

29.04.2013 - 21:00 


Les trois soeurs © COMÉDIE FRANÇAISE
La première mise en scène des "Trois Sœurs" à la Comédie-Française était celle de Jean-Paul Roussillon en 1979. Jean-Paul Roussillon dont le dernier rôle, deux mois avant sa mort, avait été dans "La Cerisaie", du même Tchekhov, monté par Françon en 2009 pour ses adieux au Théâtre de la Colline, qu’il dirigeait depuis 1996.

Alain Françon avait beaucoup aimé la mise en scène de Jean-Paul Roussillon, c’est ce qui l’a poussé, dit-il, à accepter la proposition de l’administrateur du Français, Muriel Mayette, de monter cette pièce. Sans doute aussi parce que "Les Trois Sœurs" fait partie, avec tout de même aussi "Oncle Vania", des rares textes de Tchekhov qu’il n’a pas encore mis en scène, depuis qu’il a monté "La Mouette" en 1995.

Mais plutôt que de proposer une relecture de la pièce, Alain Françon, comme il l’avait d’ailleurs fait pour "La Cerisaie", est retourné aux origines, c’est à dire à la mise en scène de Stanislavski en 1901, qui avait commandé l’œuvre à Tchekhov pour son Théâtre d’Art de Moscou. Il suivait en cela une recommandation de Peter Stein : « Quitte à monter Tchekhov, il faut aller voir ce que Stanislavski a fait : si on peut faire mieux, on le fera, mais si on fait comme lui, ce sera déjà pas mal. » Françon et son scénographe Jacques Gabel se sont donc plongés dans les cahiers de régie de Stanislavski, et ont reproduit notamment les principes de décor et de répartition dans l’espace des comédiens.

De la distribution d’origine lors de la création il y a trois ans, la version proposée ces jours-ci à la Comédie-Française conserve les rôles principaux, à commencer par les trois filles du général Prozorov, Florence Viala en Olga, la formidable Elsa Lepoivre en Macha, et Georgia Scalliet en Irina. On retrouve aussi Michel Vuillermoz dans le rôle du commandant Verchinine, et Coraly Zahonero dans celui de la méchante belle-sœur Natalia, ou encore Eric Ruf en Vassili Vassilievitch. En revanche, Guillaume Gallienne a cédé le rôle du frère, Andreï, à Stéphane Varupenne, Laurent Stocker est remplacé par Eric Génovèse dans celui du baron Touzenbach, et Danièle Lebrun reprend le rôle de la vieille nourrice originellement endossé par Hélène Surgère.

Je rappelle rapidement l’intrigue, chorale et multiple, des "Trois Sœurs" : la pièce commence un an après la mort de leur père, le général Prozorov, qui les a laissées dans une ville de province, elles qui ne rêvent que de retourner à Moscou, où elles sont nées. Leur frère, Andreï, qui rêve de grandes études, s’est entiché d’une fille du coin, Natalia, qu’il ne va pas tarder à épouser, et qui va prendre de plus en plus de place dans la maison. L’ennui est à peine égayé par l’arrivée d’une garnison et de son commandant, Virichine. A la fin du spectacle, quatre ans après, les illusions se sont effondrées, et au « A Moscou ! A Moscou ! » du début ne répond plus que le « Il faut vivre ! Il faut vivre ! » de la fin. Le tout dans une traduction, comme c’est original, d’André Markowicz et Françoise Morvan.

Antoine Guillot



La troisième symphonie de Gustav Mahler © OPÉRA NATIONAL DE PARIS
Le ballet de John Neumeier sur la "Troisième Symphonie" de Mahler est entré au répertoire du Ballet de l’Opéra National de Paris le 13 mars 2009, mais il s’agit en fait d’une pièce qui a presque 40 ans, puisqu’elle a été créée en 1975 par l’Américain qui dirige depuis 1973 le Ballet de Hambourg. Et encore, le quatrième mouvement avait-il été lui créé en 1974 à Stuttgart en hommage au chorégraphe John Cranko, qui venait de décéder.

Cette symphonie est le premier succès comme compositeur de Gustav Mahler, célébré jusque-là pour ses talents de chef d’orchestre. Il l’avait conçue, je le cite, comme « un poème musical englobant toutes les étapes de la Création selon une ascension progressive qui commence par l’univers minéral pour culminer avec l’amour divin. » Mahler avait explicitement sous-titré chacun des six mouvements de sa symphonie, de "Ce que me content les rochers" pour le premier à "Ce que me conte l’amour" pour le dernier, en passant par "Ce que me content les animaux de la forêt" et "Ce que me conte le coucou", dit aussi "Ce que me content les anges".

John Neumeier, grand spécialiste de la mise en danse de Mahler, il en a exploré une dizaine d’œuvres, s’est affranchi des notations du compositeur pour se donner la liberté de retranscrire ce qu’il imagine en écoutant sa musique. On ne passe plus donc du minéral à l’amour divin, mais de la guerre à l’amour tout court, pour un ballet néo-classique à l’effectif pléthorique (dont les étoiles Isabelle Ciaravola, Dorothée Gilbert, Agnès Letestu, Laëtitia Pujol, Stéphane Bullion, Mathieu Ganio, Mathias Heymann, Hervé Moreau et Karl Paquette, en alternance, ce qui fait que je ne suis pas certain qu’on ait tous vu la même distribution autour de la table). Le tout ne m’a guère enthousiasmé, je dois dire, mon impression d’ensemble est celle d’une certaine confusion (y compris dans la direction musicale de Simon Hewett, on y viendra peut-être), d’un manque de précision, notamment dans les ensembles, et d’une trop grande visibilité de l’effort (ça sent, sinon la sueur, en tout cas le travail), qui vient peut-être de la longue durée du spectacle, presque deux heures sans entracte, un vrai marathon dansé.
Antoine Guillot

La Troisième Symphonie de Gustav Mahler, chorégraphiée par John Neumeier, est une grande fresque autour de la création du monde. Découpée en six chapitres, de la création du monde jusqu'à l'amour, en passant par les animaux, cette pièce d'envergure, la plus longue symphonie de Mahler, exige la présence en alternance de toutes les étoiles de la compagnie, ainsi que celle du corps de ballet. Le style néoclassique de Neumeier est ici soumis à l'épreuve d'un scénario ambitieux. Rigoureuse, limpide, très tenue dans son écriture, cette pièce tombe sans un faux pli. 
Rosita Boisseau

Présentation

Toute l’oeuvre de John Neumeier repose sur une profonde sensibilité musicale mais c’est probablement chez Gustav Mahler, dont il a chorégraphié plusieurs symphonies, que le chorégraphe, en perpétuel questionnement sur la condition humaine, trouve les correspondancesà ses propres préoccupations humanistes. Il se laisse porter par les émotions que lui inspire la monumentale Troisième Symphonie, sensée refl éter « la création toute entière », et pénètre dans l’univers tourmenté et contrasté du compositeur pour sculpter des images d’un lyrisme puissant et profond. Osmose entre la musique et la danse, la pièce est traversée d’une palette d’émotions, de l’angoisse existentielleà l’espérance mystique. Les choeurs et la soliste accompagnent les danseurs dans leur gestuelleélégante, aux lignes déviées et aux portés vertigineux, dévoilant de nouveau la richesse d’inspiration du chorégraphe.







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