Spasibo : Davide Monteleone
Paris (France) - École nationale supérieure des beaux-arts
08 novembre 2013 - 04 décembre 2013

29, rue Jean-Jacques Rousseau - 75001 PARIS | + 33 (0) 1 44 61 76 76

 

Spasibo : la Tchétchénie dans l’objectif de Davide Monteleone

Italien. Né en 1974. Vit et travaille entre l'Italie et la Russie.

 Davide Monteleone a commencé sa carrière de photographe en 2000 alors qu’il devient photojournaliste pour l’agence Contrasto. L’année suivante il déménage à Moscou où il y travaille en tant que correspondant.

 On se rappelle tous la deuxième guerre de Tchétchénie (1999-2000),  À quoi ressemble aujourd'hui la république rebelle, 12 ans après la fin officielle du conflit ? Davide Monteleone a passé, cette année, quatre mois en Tchétchénie en compagnie de ceux qui ont refusé de s'exiler et qui font preuve d'une certaine résignation. Son objectif était d'explorer la vraie identité d'un peuple,  membre de l'agence VII Photo, Davide Monteleone connaît bien ce territoire situé sur le versant nord des montagnes du Caucase, entre de le Daguestan et l'Ingouchie et d'Ossétie du Nord.Il vit depuis dix ans entre Rome et Moscou

 






 









 










 





A TRAVERS  LA PRESSE

 
Publié le 12 novembre 2013 | Par Axelle Simon

Le regard sur la Tchétchénie de Davide Monteleone, lauréat 2012 du Prix Carmignac Gestion pour le photojournalisme est à découvrir à la Chapelle des Petits-Augustins, à l’Ecole nationale des Beaux-Arts de Paris. L’exposition s’appelle ‘Spasibo‘. Comme un remerciement appuyé et bien senti, peut-être, aux tchétchènes qui s’exposent dans ses clichés, et qui ont accepté de se laisser capter par son objectif.

 le photographe nous livre une vision de l’intérieur de ce pays, avec un oeil extérieur propre au photo-journaliste. Mieux que personne, il connaît la situation de cette petite république du Caucase, dirigée d’une main de fer par l’autocrate Ramzan Kadyrov et sa garde rapprochée, à la botte du Kremlin.

Il y perçoit les méthodes employées et la peur qui y règne. En fait, Davide Monteleone voit l’invisible en Tchétchénie. Et nous le présente en une trentaine de clichés en noir et blanc.

Ses photos montrent aussi Grozny la mutante, Grozny la ville fantôme, parfois qualifiée de "Dubai du Caucase". La ville a été détruite par deux guerres. Elle renaît de ses cendres, et se veut la vitrine d’une réussite, affichée aux yeux de tous, et payée au prix fort par ses habitants. Aujourd’hui, Davide Monteleone nous présente les façades flambant neuves des gratte-ciels. Les murs et les lumières de la plus grande mosquée jamais construite en Russie.

Et derrière cela, dans les maisons, on découvre des visages de femmes résignées. Des fêtes familiales à l’atmosphère pesante. Des intérieurs comme figés dans le temps. Des anciens combattants. Des célébrations sportives sous les regards d’un triptyque de portraits: Poutine entouré de Kadyrov père et fils. La Tchétchénie en un seul cliché.

La vie des tchétchènes continue… Ils se marient. Ils prient. Ils font la fête. Ils dinent en famille. Davide Monteleone montre aussi le passage des générations. Et des jeunes qui attendent, et qui résistent à l’oppression.

Grozny la mutante, Grozny la ville fantôme, parfois qualifiée de "Dubai du Caucase". La ville a été détruite par deux guerres. Elle renaît de ses cendres, et se veut la vitrine d’une réussite, affichée aux yeux de tous, et payée au prix fort par ses habitants. Aujourd’hui, Davide Monteleone nous présente les façades flambant neuves des gratte-ciels. Les murs et les lumières de la plus grande mosquée jamais construite en Russie.

Le photographe italien Davide Monteleone, lauréat 2012 du Prix Carmignac Gestion pour le photojournalisme, il a choisi d’illustrer la mise en péril de l’identité tchétchène derrière l’apparence de calme et de prospérité savamment entretenue par le régime autocratique de Ramza Kadyrov.

Davide Monteleone, Spasibo

Nov 08, 2013 — Dec 04, 2013

Davide Monteleone (b. 1974) started his career in 2000, when he became an editorial photographer for the Contrasto agency. The next year he moved to Moscow as a correspondent. This deci- sion determined his ensuing career. Since 2003, Monteleone has lived between Italy and Russia, pursuing long-term personal projects. He published his first book Dusha, Russian Soul in 2007, followed by La Linea Inesistente in 2009, and Red Thistle in 2012.

His projects have brought him numerous awards, including various World Press Photo prizes and several grants like „Aftermath” and the European Publisher Award. Recently, alongside the projects Monteleone has carried for leading international magazines, foundations, and cultural institutions, he has been involved with exhibiting his work, teaching, and shooting short films. Since 2011 Davide has been a member of VII Photo.



Fermée habituellement au public, l'extraordinaire chapelle de l'Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Paris accueille, cette année encore, le travail du lauréat de la 4e édition du prix Carmignac gestion du photojournalisme. Cette récompense permet à un photographe de réaliser une enquête au long cours, format que n'offre plus la presse. Davide Monteleone brosse un tableau en noir et blanc de la Tchétchénie : la vision contrastée d'un pays construit sur des silences, des mensonges, au-delà de l'apparente modernité. Où est donc aujourd'hui l'identité tchétchène ? Le photographe, avec une grande subtilité, évoque cette histoire, interroge nos yeux par-delà la propagande. Un grand travail de photographie documentaire.

Bénédicte Philippe

 



Chapelle des Beaux-arts de Paris
14 rue de Bonaparte, 75006 Paris

Du 8 Novembre au 4 Decembre, 2013
Mardi au Samedi de 11h00 à 19h00.

Entrée gratuite


Davide Monteleone was born in Potenza in 1974. Photography entered his life in 1998, once he had given up his study of engineering. Since that time he has seen a rising tide of engagements and recognitions: first as correspondent for the Contrasto agency, then as contributor to various Italian and foreign publications and since 2011 as a member of the VII Photo agency. In 2007 he published his first book, Dusha, while in 2009 he brought out Un-Existing Line, on the Iron Curtain that, in Winston Churchill’s famous phrase, separated the East of Europe from the West. In 2012, with Red Thistle, he investigated the Tolstoyan atmospheres of the peoples of the Northern Caucasus, and following the same line of research he won the fourth Carmignac Gestion Photojournalism Award last July with a work on contemporary Chechnya entitled Spasibo. This latest project will soon be published as a book and, from November 8 to December 4, the subject of an exhibition at the Chapelle de l’Ecole des Beaux Arts in Paris. Davide Monteleone has won the World Press Photo award three times: in 2007, 2009 and 2011.



Portrait

Même si le jury s'est réuni il y a plus de dix mois, l'identité du lauréat de la quatrième édition du Prix Carmignac Gestion du Photojournalisme n'a été rendue publique que le 4 juillet dernier, en marge de la semaine professionnelle des Rencontres d'Arles. Et pour cause : le prix doté de 50 000 euros soutient la réalisation d'un reportage dans des régions où les photo-journalistes ne sont pas les bienvenus. Après Gaza, Pakistan et Zimbabwe, le thème choisi cette année était la Tchétchénie (Russie). Le photographe italien Davide Monteleone y a cherché les traces d'une révolte inachevée.



Pour ce nouveau reportage, Davide Monteleone a décidé d'utiliser une approche technique et esthétique différente : il est passé du moyen format au grand format (il est muni d'un Alpa 12 TC), et a préféré le noir et blanc plutôt à la couleur, en référence "aux premiers photo-journalistes et à Stanley Greene qui a fait un travail très important sur la Tchétchénie." Ses photos montrent un pays prospère et moderne, qui semble avoir tourné la page de la guerre.  Mais la stabilité n'est que superficielle, car la Tchétchénie est une version miniature de la Russie. Selon le photographe, la petite république est une sorte de "fief gouverné par un seigneur.

Sous l'impulsion de Ramzan Kadyrov, président de la Tchétchénie depuis 2007, et grâce à l'argent de Moscou, des tours miroitantes ont remplacé les ruines de la guerre, et les infrastructures du pays ont subi un grand lifting. "La Tchétchénie a gagné, la Russie a gagné," aiment dire les autorités. Mais la violence physique a cédé la place à la violence psychologique, affirme Davide Monteleone.

 Davide Monteleone a réussi à photographier l'appareil policier chargé de maintenir l'ordre. L'une de ses images montre les forces spéciales du "Batallion Sever" en train de s'entrainer pour les opérations de sécurité. "Ces soldats ont posé pour moi : il y avait un photographe, il fallait donc montrer qu'on sait gérer les choses." En utilisant l'approche propagandiste des forces de l'ordre, le photographe a souligné l'absurdité et le ridicule de la situation.

Roxana Traista

29/07/2013

Les visiteurs arrivant en voiture sont accueillis par un panneau de 4 mètres de haut posté à flanc de colline sur lequel ils peuvent lire "Ramzan, Merci pour Grozny". Ce Merci ["Spasibo" en russe] adressé à Ramzan Kadyrov, président de la Tchétchénie, Davide Monteleone en a fait le titre de sa série de photographies. Elles sont exposées jusqu’au 4 décembre à la Chapelle des Beaux-Arts de Paris par la fondation Carmignac.



CHECHNYA 2013

Rada, 14 ans (photo), essaie une robe de mariage dessinée par sa soeur à l’intérieur d’un bus durant la répétition du tournée d’un film sur la déportation tchétchéne. Marier des petits filles était chose commune dans la tradition tchétchène comme dans beaucoup d’autres pays musulmans. Ramzan Kadyrov a été récemment forcé par les autorités russes à condamner publiquement le mariage des enfants, illégal dans toute la Russie.

Les fréquentations amoureuses ne font pas généralement parties de la vie sociale. Les parents exercent une forte pression sur leurs enfants pour qu’ils épousent d’autres Tchétchènes, même si de nombreux jeunes gens choisissent qui ils épouseront.

L’Islam joue un rôle fondamental dans la société. Le nouveau code moral encouragé par le président est un mélange de traditions et de règles islamiques et instaure une politique stricte  sur code vestimentaire rigoureux et attitude décente lors de rencontres. Les femmes sont incitées à porter le voile (le hijab) dans la vie quotidienne, une pratique qui diffère fortement des usages traditionnels du pays. Le 25 novembre 2011, une lettre écrite par l’administration à Kadyrov a souligné la nécessité d’une "application stricte" du code vestimentaire pour les fonctionnaires féminins (voile, robe ou jupe sous le genou, manches trois-quarts. L’application de la charia viole pourtant l’article 11 de la Constitution tchétchène qui affirme la laïcité de l’Etat.

Il n’est pas interdit d’écouter et de danser sur de la musique occidentale mais ce comportement est considéré comme inapproprié. Certaines fêtes sont des occasions de déroger à cette rigueur, comme Davide Monteleone le montre au travers d’une image : des femmes portent le foulard avec une robe courte et des talons, "un mélange de femme russe et de femme iranienne".

CHECHNYA 2013

"Toutes les familles ont perdu un parent pendant les deux guerres"

Il y aussi des rebelles dans les montagnes, qui se cachent et se battent contre le pouvoir. "On a fusillé un leader rebelle quand j’étais là, raconte Davide Monteleone. Les rebelles sont un sujet tabou dans le pays. On ne sait pas qui va vraiment bénéficier de cette lutte." Une lutte qui fait des dégâts. "L’homme que l’on voit sur la photo a perdu sa jambe, montre le photographe. Il faisait partie des forces spéciales qui combattaient les terroristes. En Tchétchénie, les tragédies ont lieu des deux côtés". Il n’y a pas une seule famille qui n’ait perdu un parent pendant les deux guerres, pendant ce qu’on a appelé les opérations "de nettoyage".

 village de Kharachoi. Ce village est une sorte de terminus, le dernier village du pays à la frontière du Daghestan. La Tchétchénie a toujours été une zone rurale et les habitants vivaient pour la plupart dans les montagnes. Comme l’explique le photographe, "la principale unité sociale tchétchène est le taïp, qui désigne un groupe de personnes ou de famille coopérant sur le plan économique et liées par le sang. Les Soviétiques ont influencé et affaibli cette institution."

Après 1990, les taïps ont été réunis pour être restructurés car ils sapaient les structures administratives  officielles". Ils existent toujours  mais le pouvoir "vertical a détruit la capacité de la structure sociale d’origine à garantir l’égalité entre les différents groupes familiaux".

Cette zone, vue de Kharachoi et proche du Daghestan, est l’une des plus turbulentes et soupçonnée d’abriter encore des rebelles. Le gouvernement projette pourtant de transformer l’endroit en une destination touristique.
Le livre de photos est également disponible en librairie.

*Les guerres ont eu lieu entre l’armée de la Fédération de Russie et les séparatistes de Tchétchénie. Au 1er février 2000, la seconde guerre s’est terminée par la prise de Grozny par les troupes russes.


« Merci, Ramzan [président de la République de Tchétchénie depuis 2007, soutien de Vladimir Poutine, ndlr], merci pour Grozny », répètent, telle une litanie, la boulangère et les marchands de légumes et martèlent les affiches et les néons des avenues flambant neuves de la ville.

Depuis la fin du conflit en 2000, Grozny a été reconstruite à coup de milliards envoyés par Moscou, faisant de la capitale de la Tchétchénie un hybride entre Dubai et « des villages Potemkine » [un trompe-l'œil, ndlr]. Les palmiers en plastique ont pris racine avenue de la Victoire, renommée avenue Poutine. Mais plus loin, les ruines se voient encore...

« Qui a vraiment gagné la guerre ?", s'est demandé le photographe Davide Monteleone, en rejetant la facilité du point de vue occidental pour qui la réponse ne fait pas de doute.

Sa série au titre volontairement ambigu, Spasibo (« Merci », en russe) cherche à révéler ce qu'est l'identité tchétchène aujourd'hui.

Pour Davide Monteleone, l'année 2000 est « l'an zéro pour la culture et l'identité tchétchène ». La ville est réduite à néant par la seconde guerre de 1999, le réseau social et culturel est détruit, et les enlèvements et tortures quotidiens ont fait de la peur une composante de la psyché tchétchène.

« Trois choses composaient le conflit tchétchène : la demande de l'indépendance, l'islam, le pétrole", résume Davide Monteleone.


Si la Tchétchénie n'a pas acquis l'indépendance, elle jouit aujourd'hui d'une autonomie impensable pour d'autres régions de la Fédération de Russie. L'islam est promu ouvertement (de nouvelles mosquées ont été construites, le port du foulard est obligatoire dans les espaces publics, et l'alcool est difficile à trouver). Et la Russie a conservé le pétrole.

La population quant à elle « a été forcée d'accepter l'identité que les autorités ont construite pour elle, qui est un mélange étrange d'islam, d'un culte de Ramzan Kadyrov, de traditions tchétchènes et d'influences russes ».

Si la violence a fortement diminué, c'est qu'elle n'est plus nécessaire, la population terrorisée s'autocensurant d'elle-même en échange d'un peu de sécurité et de prospérité.

« Il est facile, d'un point de vue occidental, de critiquer la Tchétchénie pour le manque de démocratie et le non respect des droits de l'homme. Mais le fait est que la vie y est devenue meilleure. Les gens doivent penser aux besoins basiques avant de penser à la démocratie », souligne le photographe, dont le reportage relate autant les moments de prière et d'étude que le commerce renaissant et les moments de fête.


 le photographe nous livre une vision de l’intérieur de ce pays, avec un oeil extérieur propre au photo-journaliste. Mieux que personne, il connaît la situation de cette petite république du Caucase, dirigée d’une main de fer par l’autocrate Ramzan Kadyrov et sa garde rapprochée, à la botte du Kremlin.


Ses photos montrent aussi Grozny la mutante, Grozny la ville fantôme, parfois qualifiée de "Dubai du Caucase". La ville a été détruite par deux guerres. Elle renaît de ses cendres, et se veut la vitrine d’une réussite, affichée aux yeux de tous, et payée au prix fort par ses habitants. Aujourd’hui, Davide Monteleone nous présente les façades flambant neuves des gratte-ciels. Les murs et les lumières de la plus grande mosquée jamais construite en Russie.


Et derrière cela, dans les maisons, on découvre des visages de femmes résignées. Des fêtes familiales à l’atmosphère pesante. Des intérieurs comme figés dans le temps. Des anciens combattants. Des célébrations sportives sous les regards d’un triptyque de portraits: Poutine entouré de Kadyrov père et fils. La Tchétchénie en un seul cliché.


La vie des tchétchènes continue… Ils se marient. Ils prient. Ils font la fête. Ils dinent en famille. Davide Monteleone montre aussi le passage des générations. Et des jeunes qui attendent, et qui résistent à l’oppression.


“Grozny is a city of phantoms. Phantoms of those who died or disappeared in the war—every family has brothers, sons, or a father who left the house and never returned,” writes the Moscow-based journalist Masha Gessen, in the opening text of “Spasibo,” a monograph and exhibition by the Italian photojournalist Davide Monteleone, which examines Chechen identity after centuries of violence and conflict between Chechen separatists and Moscow.

Monteleone first travelled to the Caucasus in 2001, as part of a wider investigation of Russia and its citizens’ relationship to power. He returned most recently in January, 2013, well over a decade after the official end of the second Chechen war, which resulted in Chechnya losing its hard-won independence when Vladmir Putin installed the Kremlin-friendly leader Akhmad Kadyrov to power. Akhmad’s son Ramzan, the current leader—whom Monteleone describes as a young, uneducated megalomaniac—rebuilt Grozny and attained relative peace, although sporadic attacks by separatists continued. Though Chechens now speak their once-banned language, practice Islam openly, are permitted to practice Chechen traditions, and enjoy relative freedom from Russia, Chechnya is still a republic within the Russian Federation. As Monteleone says, “Everything is controlled by the authorities that give to the people as they please. A state of comforting stagnation …. The physical violence that was so much part of the post-conflict years … seems to have decreased. The Chechens are so frightened that these acts of violence are almost no longer necessary. The violence is now psychological, a form of brainwashing that starts with the youngest generations.”

“Spasibo” (which means “thank you” in Russian), won the 2012 Carmignac Gestion Photojournalism Award. The exhibition will be on view at Chapelle de l’Ecole des Beaux-Arts, in Paris, from November 8th through December 4th.
Keywords




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