RENE BURRI


HOMMAGE




MORT DE RENÉ BURRI



à travers la presse



  
 
   
   

Le Mois de photographie est dédié, cette année, au fameux photographe suisse de Magnum René Burri, qui vient de décéder


Photographie
René Burri: «Quand j’ai pu, j’ai frappé»
Par Boris Senff. Mis à jour le 20.10.2014

   

En juillet 2013, le Suisse René Burri revenait sur son riche parcours. Leçon de choses.
René Burri venait de poser sa fondation à Lausanne en juillet 2013. Il évoquait une carrière tumultueuse où son Leica lui a servi de «pistolet».

René Burri venait de poser sa fondation à Lausanne en juillet 2013. Il évoquait une carrière tumultueuse où son Leica lui a servi de «pistolet».


   



Au moment de se faire tirer le portrait, René Burri ne peut s’empêcher d’intervenir. «On ne va pas faire de pub pour les minérales, lance-t-il en écartant quelques bouteilles du champ. Bon, à Magnum on n’a jamais arrangé les choses, on les a toujours prises au naturel. »

Outre son Leica – ce «3e œil» qu’il ne quitte presque jamais –, le photographe de 80 ans qui vient enfin de créer sa fondation au Musée de l’Elysée, à Lausanne, porte aussi toujours son humour en bandoulière. «Quand je montre ma photo de la guerre des Six-Jours en Egypte avec une quinzaine d’hélicoptères, je précise souvent qu’il n’y en avait que deux dans le ciel. Les autres, je les ai ajoutés grâce à Photoshop. » Ne comptez pas sur lui pour se dédire, le mensonge lui paraît bien trop gros pour être avalé.

Sous le blagueur invétéré, qui cherche constamment à établir le contact avec son interlocuteur en papillonnant d’une anecdote sur Le Corbusier à un souvenir sur la rencontre Reagan-Gorbatchev, le photographe de Che Guevara porte aussi une haute exigence, autant éthique qu’esthétique, de son métier. «Je le dis souvent à mon dernier-né, qui a 19 ans et qui veut devenir comédien: comme papa, tu commenceras et tu ne seras personne. Un jour, tu es avec un roi et le lendemain… tu ne sais pas. J’ai croisé des despotes, des riches et des puissants, mais, quand j’ai pu, j’ai frappé. Il faut trouver son chemin, établir sa moralité parce que l’on peut tricher. Avec Photoshop par exemple, nous avons perdu beaucoup de crédibilité. »

Des meubles à Churchill

René Burri se souvient très bien de ses jeunes années. Même s’il réalise à 6 ans sa première photo «historique» de Churchill à Zurich (son père amateur lui avait prêté un appareil), le gamin rêvait plutôt de devenir «transporteur de meubles». «Je les voyais transporter des buffets entiers à la force de leurs muscles. » Indécis aux Beaux-Arts sur la suite à donner à sa carrière, il finit par se laisser emporter par la visite d’un studio photo, proche dans son imaginaire de l’univers du cinéma. «A 17 ans, je mettais des pantalons longs pour entrer dans les salles interdites aux moins de 18 ans. J’ai vu ces films d’amour où Jean Gabin disait: «Chérie, je reviens!» Mais Hollywood était loin et Boulogne-Billancourt peu accessible…»

Longtemps, il hésitera entre cinéma, peinture, collages et photo. «En 1956, ils m’ont jeté comme un bébé dans le canal de Suez. Je suis devenu journaliste sans savoir ce que c’était et c’est devenu une drogue pendant cinquante ans. » Dès la fin des années 1950, impressionné par le bleu du ciel et le vert de la pampa d’Argentine, il se met à la couleur. Le jeune homme trouve sa vocation alors que la photographie de presse connaît un âge d’or. «Mais à Magnum, nous étions un peu des lonely cow-boys. A part quelques rares commandes, personne ne te finançait. Il fallait prendre des risques. En face, il y avait des journaux qui avaient 30, 40 photographes. Sur le terrain, je me sentais comme un don Quichotte devant ses moulins, mais avec un cure-dent! Une photo un peu différente permettait de se maintenir dans la course. »

Formé à viser l’essentiel selon les préceptes du Bauhaus, René Burri aimait aussi l’idée de pouvoir arrêter le temps. «Duchamp a dit que la seule chose qui existe est le mouvement. Mon appareil est une épée pour lutter contre le temps. »

Une photo résistera-t-elle à l’épreuve des ans?

La question revient souvent dans le discours de celui qui effectuait jusqu’à deux fois le tour du globe en une année. «Lorsque je réalisais de la photographie industrielle pour de grands groupes, je finissais parfois épuisé, je n’avais plus envie, même si cela me permettait de nourrir ma famille. Dans ces cas, je me retirais dans ma cabane au Tessin pour couper des arbres. » La première fois qu’il reçoit un gros chèque, il s’interroge. «J’avais reçu 1000 dollars pour une seule photo. A l’époque, le dollar valait quatre fois le franc suisse! Je me suis dit que, si je n’étais pas prêt à vivre ce déséquilibre, il fallait devenir employé de banque. » Le courage, la curiosité sont des valeurs qui tiennent à cœur au vétéran que les défaites ont aussi construit. La rencontre, l’approche en confiance, aussi. «Très jeune, j’ai contacté des géants du XXe siècle: Picasso, Giacometti, Tinguely, Le Corbusier. » Piégé comme en prière par un Burri qui chasse la belle image, l’architecte lui fera une remontrance: «Vous auriez pu vous passer de ce faux témoignage. » «J’étais à la limite», se rappelle le Zurichois.

Un jour, il s’est réveillé et «M. Kodak avait mis la clef sous le paillasson». Place au numérique. «On effectue parfois deux pas en avant pour un pas en arrière. Aujourd’hui, on voit tout, mais on ne sait parfois plus de quoi il s’agit. Il faut toujours se relever. » (24 heures)

Créé: 20.10.2014, 19h07

-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
 Culture
Le célèbre photographe René Burri est mort à l’âge de 81 ans

  

   
.

Texte par FRANCE 24

Dernière modification : 20/10/2014
Le photographe suisse René Burri, célèbre pour son portrait de Che Guevera fumant le cigare, est décédé lundi 20 octobre à Zurich, en Suisse, à l’âge de 81 ans, des suites d’une longue maladie.

René Burri, le célèbre photographe suisse membre de l’agence Magnum, est décédé des suites d’une longue maladie, lundi 20 octobre, à Zurich, sa ville natale. Il vivait entre Paris et la Suisse.

Le photographe aux airs de dandy a réalisé nombre de portraits de célébrités. Che Guevara et Fidel Castro, notamment, sont passés devant son objectif. Autre portrait célébrissime du photographe : celui du peintre espagnol Pablo Picasso. Selon ses proches, il a mis quatre ans pour décrocher un rendez-vous avec l'artiste.

"Il ne faut pas venir comme un bulldozer" quand on veut photographier une célébrité, avait coutume de dire René Burri. Parmi ses œuvres majeures, les portraits de Le Corbusier, Giacometti, Tinguely et Klein.

Une approche à long terme

Entré à l’agence Magnum en 1959, le photographe a fait le tour du monde, couvrant les principaux événements politiques de son époque. " Il n’était pas seulement l’un des meilleurs photographes d’après-guerre mais aussi l’une des personnes les plus généreuses que j’ai eu le privilège de rencontrer ", a déclaré Martin Parr, le président de l’agence Magnum photos, à son sujet.

René Burri, qui considérait Henri Cartier-Bresson comme son mentor, refusait de photographier des cadavres sur les zones de conflits où il se trouvait. Il choisit pour ses photos une approche axée sur le long terme. L’artiste a toujours conservé dans son bureau sa toute première photo. Prise en 1946 à Zurich, elle représente l’ancien Premier ministre britannique, Winston Churchill, de profil, dans une voiture décapotable.

En 2011, René Burri a reçu le Reinhardt von Graffenried Lifetime Achievement Award, un prix suisse qui récompense l’ensemble de son œuvre.



Posts les plus consultés de ce blog

JANE EVELYN ATWOOD

BRASSAÏ