STEPHANIE SAINTCLAIR


Photojournalisme

Too Young To Wed (Mariées trop jeunes).

Jusqu' au 24 septembre

L’Arche du Photojournalisme

La Défense – Puteaux


LE CLUB RECOMMANDE

 L’Arche du Photojournalisme prend place sur le toit de l’Arche de la Défense, aménagé en terrasse et de nouveau ouvert au public. L’espace d’exposition occupe 1200m2, tandis qu’une terrasse, un pont passerelle et une librairie occupent le reste du toit.

Jean-François Leroy, le
directeur de l’Arche du Photojournalisme, a sélectionné 150 photos et six vidéos d’entretiens de l’artiste avec des jeunes filles de différents pays.

 La photographe Stephanie Sinclair inaugure  l’Arche du Photojournalisme avec son exposition

A TRAVERS LA PRESSE

La série Too Young To Wed cherche à comprendre le mariage d’enfants et/ou d’adolescents à un âge où leur libre arbitre n’est pas entier. Le mariage est alors décidé par les familles, pour des raisons économiques, religieuses ou culturelles. La série a reçu trois World Press Photo et trois Visas d’Or. Elle a été exposée au Nations-Unies ainsi qu’à la Biennale du Whitney Museum (New York, 2010).


Stephanie Sinclair est une photographe née à Miami en 1973. Elle a documenté les conflits irakiens et afghans, avant de se consacrer depuis quinze ans à son projet Too Youg To Wed. Ce projet s’est transformé en ONG, ainsi qu’en documentaire pour National Geographic (Child Brides).


Dans l'enfer des mariages forcés avec la photographe Stephanie Sinclair
Photojournalisme
Dans l'enfer des mariages forcés avec la photographe Stephanie Sinclair

    Frédérique Chapuis Publié le 20/07/2017. Mis à jour le 11/08/2017 à 11h34.

Environs de Hajjah, Yémen. « Dès que je le voyais, je courais me cacher. Je le détestais. » Tahani (en rose) se souvient des premiers temps de son mariage avec Majed. Elle avait alors 6 ans et lui 25. Elle en a 8 aujourd’hui, et elle est photographiée ici dans son village avec une autre petite mariée, Ghada, son ancienne camarade de classe.

   




Depuis quinze ans, l'Américaine réalise des reportages sur ces jeunes filles dont la vie bascule en une “cérémonie”. Une exposition en forme d'engagement qui met en lumière ces destins brisés, à voir sur le toit de l'Arche de la Défense.

On ne redescend pas indemne du toit de l'Arche de la Défense après avoir vu l'exposition « Too Young to Wed » (« Mariées trop jeunes »), de l'Américaine Stephanie Sinclair. Apparaissent, sur de grands tirages aux couleurs radieuses, des gamines portant des enfants malingres, des corps mutilés par de l'acide ou encore un visage au nez et aux oreilles coupés, punition pour avoir voulu fuir un mari taliban...
Guatemala. Aracely (15 ans) et son fils. « J’espère aller de l’avant et que mon fils réussisse. Il m’aidera, mais quand il sera grand et qu’il quittera la maison, ce sera difficile pour moi. »

Aracely fait partie des 500 000 jeunes filles guatémaltèques mariées et mères avant même d’être adultes.

Des vies de mômes qui basculent

Plus loin, sur les murs en béton brut de ce nouvel espace consacré au photojournalisme, une série de clichés montre des petits visages en larmes d'adolescentes indonésiennes ayant subi des mutilations sexuelles. Sur une autre photo, dans un intérieur chichement décoré, Faiz, 40 ans, barbe grisonnante, vêtements souillés, regarde la photographe droit dans les yeux. Mais à côté de lui, Ghulam, 11 ans, une petite beauté au teint clair, observe, inquiète, une scène qui se déroule hors champ : leur mariage va être célébré ! Sa vie de môme va basculer. Comme celle des quelque cent quarante millions de petites filles, qui seront mariées contre leur gré dans le monde, lors des dix prochaines années. « J'ai commencé ce travail lors d'un reportage en Afghanistan, après avoir rencontré des adolescentes de 9-11 ans, qui avaient tenté de s'immoler par désespoir, raconte Stephanie Sinclair. J'ai voulu en savoir plus. »
Inde du Nord. Maya (8 ans) et Kishore (11 ans) posent pour leur photo de mariage dans leur nouvelle maison.




    “Le mariage forcé n'est pas tabou dans ces communautés”

Voici donc quinze ans que, grâce à des commandes de presse, elle réalise des reportages sur le phénomène et ses conséquences. Elle entre en contact avec ses sujets grâce à des ONG et se fait accompagner par des locaux, expliquant toujours l'objet de son reportage. « Le mariage forcé n'est pas tabou dans ces communautés. Lorsqu'on ne peut pas financièrement élever ses enfants, il est plus simple d'en confier la responsabilité à une autre famille, rappelle Stephanie Sinclair. Mais la situation dramatique de ces jeunes filles, déscolarisées, victimes d'abus sexuels, de traumatismes physiques et psychologiques, ne fait qu'aggraver leur pauvreté. »
Réduite à l'état de bêtes sauvages

La plus horrible des situations pour la photographe, reste celle rencontrée au Nigeria, avec les rapts de Boko Haram. Ici, l'union forcée n'est qu'un alibi pour des actes de barbarie : des parents brûlés vifs devant leurs filles, des prisonnières qui ont tenté de fuir, tuées devant leurs camarades. Réduites à l'état de bêtes sauvages, enfermées nues dans des cages, elles sont à la merci des désirs sexuels des combattants. Comme en ont témoigné Yagana, Yakaka, Fatimata, trois sœurs qui ont réussi à s'évader.
Yagana, Yakaka et Fatimata, trois soeurs étudiantes enlevées au Nigeria par Boko Haram et depuis échappées de l'enfer.

Aujourd'hui, elles vivent dans un centre d'accueil, car, dans beaucoup de familles, on les rejette, craignant qu'elles ne soient devenues terroristes et donc de potentielles bombes humaines. L'imposante image les réunissant est sobre, harmonieuse, baignée dans une lumière douce... au point qu'on ne peut deviner le cauchemar de ces jeunes filles, que Stephanie Sinclair (qui a créé l'association Too Young to Wed pour les aider à se reconstruire) appelle des héroïnes.

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