LAURENT BIANCANI
Laurent BIANCANI
HOMMAGE
par André Jouanjan
"Je préfère ce qui m'émeut à ce qui me surprend.
LES ANNEES 70 - 80
20 ans déja que Laurent Biancani nous a quitté
Laurent Biancani, mort créateur-photographe et pédagogue français.
J 'ai rencontré Laurent BIANCANI en 1972 au Club Photo du Val de Bièvre , Club qui avait et a toujours ses locaux rue Cassendi dans Paris 14em, Laurent BIANCANI en était le vice-Président et Jean FAGE le Président.
J’étais à la recherche d’informations pour pratiquer la photographie en amateur et animer un club récemment créé à Massy au sein du personnel des Industries Electriques et Gazières - I E G ,
J'ai été séduit par la clarté des propos de Laurent BIANCANI au cours des soirées de critiques sur les photos présentées par les auteurs adhérents au club de Bièvre, Laurent organisait pour un petit groupe des séances de prise de vues en studio , il enseignait les éclairages, et les relations entre modèles et photographe.
C'était un privilège que d’être accueilli à son domicile à ses prises de vues photos. En retour Laurent exigeait des participants une discipline stricte ; Chaque mercredi soir, on y montrait les travaux , les tirages de lecture 18X24 (argentiques) faits à partir des prises de vues du mercredi précédent , et les agrandissements format 30x40 demandés , il fallait donc chaque semaines travailler 4 soirées complètes pour y arriver ,
En 1973 Laurent BIANCANI organise un stage de Photo -studio-été, à la station montagne des Alpes "le Corbier, auquel je participe, le programme sur 11 jours intensifs était de 9h / 13h : photo en studio , un groupe en nature morte et un groupe avec modèles et inversement , puis reprise à 16h/18h avec sortie photos en extérieur / nature et modèles en extérieurs , les modèles étaient souvent des danseuses expérimentées et comédiens qui savaient "se placer", après le diner Laurent faisait une analyse critique des photos prisent au cours de la journée et ce jusqu'à tard
De 1973 à 1978 je suis assistant de Laurent BIANCANI à ses stages d'été aux stages des Arcs 1800 et Arcs 2000 , pour recevoir les stagiaires,
Au cours des stages studio-été aux Arcs organisés par Laurent BIANCANI, j'ai découvert une méthode d'enseignement basé sur les règles rigoureuses en photographie, ses conseils m'ont servit dans la réalisation de mes photos lors des prises de vues en studio jusqu'à ce jour .
Aujourd'hui la photo numérique c'est facile , les boitiers en 2023 sont sofistiqués , avec ces boitiers modernes aucune photo ne devrait etre "ratée" pour raisons techniques, et les débats des clubs devraient porter essentiellement sur les contenus des images ,
la pratique intensive de la photo auprès de Laurent avec ses conseils m'ont permis en 1978 d' accéder au monde professionnel
Appeler moi Maitre !...bien sur Laurent !...
Encore je m'en réfère à lui , comme de ces maitres de la peinture italienne auxquels il se référait lui mème souvent
C'est à Laurent Biancani le photographe pédagogue que je rends hommage , pour son enseignement lumineux qu'il m'a transmis, ainsi qu'au photographe pour sa vision moderne et son exigence .
André Jouanjan
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"Je préfère ce qui m'émeut à ce qui me surprend."
par Laurent BIANCANI
Le photographe s'exprime dans PHOTO-REVUE mars 1974
Depuis la nuit des temps, l'image puis l'écriture ont doté les hommes du pouvoir de communication de leur intelligence, de leur savoir, mais aussi de leurs craintes, de leurs peines, de leurs espérances.
L'écriture devint peu à peu l'apanage des clercs et il fallu Gutenberg pour ouvrir la porte à une première universalité de la culture. Il fallu attendre Niépce pour que l'image échappe un peu à ses clercs d'alors, les peintres plagiaires de la réalité, pour ouvrir au monde les portes de cet univers fabuleux, du second langage, du visuel .
La photographie ouvrait-elle pour autant les portes du réel, je suis convaincu du contraire. Entre les fantômes pâlissants des daguerréotypes ou des images sur bitume de Judée et nos belles images pimpantes de clic -clac, une très grande marque fait le reste, il ne me semble pas discerner de différences stupéfiantes. La photographie fixe un aspect de la réalité, aspect fugitif et incertain comme chacune de nos impressions rétiniennes vis à vis d'un monde extérieur qui ne se livre à nous que par une suite de mirages. il appartient au photographe d'imposer à ses machines et à ses alchimies sa vision ou si l'on préfère une volonté de vision qui est la sienne.
J'aime fortement la photographie parce qu'elle me permet une sorte d'empoignade avec un certain réel, mon réel, une certaine sensation de prise directe sur la vie. J'aime fortement la photographie car elle me permet de me fabriquer les images dont j'ai envies.
Faire de la photographie en studio est ce que j'ai envie de faire (-) Il est certain que le studio répond totalement à mon besoin de fabriquer des images entièrement à ma guise.
Le reporter est un chasseur qui lève le lièvre et l'estoque, le paysagiste est le chasseur qui sait rester à l'affût. L'un et l'autre éprouvent une émotion devant un phénomène extérieur. L'un et l'autre choisissent le bref instant transcendantal où leur vérité coïncide avec les lois de leur mécanisme photographique. Ils sont impressionnistes, je les admire; j'aime leurs bonnes photographies.
Le photographe de studio que je suis, pour mon plaisir, invente le soleil là où il veut, impose les réverbérations qui lui conviennent et donne au rectangle photographique le contenu qu'il désire. Ce contenu, pour moi est fait de corps féminin, dépouillé de toute littérature vestimentaire temporelle ou d'accessoires plus ou moins vulgaires et anecdotiques. Du corps humain malléable à l'extrême peuvent jaillir les formes les plus étranges, les plus fantastiques pour peu que l'on éclaire et que l'on tire les photos convenablement . Le corps féminin tel qu'il a été conçu par le créateur résume toutes mes convictions de la beauté et mon admiration pour cette merveille première qu'est le phénomène de la vie.
Des jeux de gris, de blanc de noir, d'ocre, de rose, de bleu...peuvent se former en une vaste ronde dont le photographe de studio devient une sorte de maître de ballet. La chose est-elle intellectuelle ou émotionnelle ? L'art est "cosa mentale" , disait Léonard de Vinci. L'émotion peut faire bon ménage avec l'imagination , chose de l'esprit pour peu que l'on sache éviter le système et matérialiser ses angoisses dans une démarche où l'obsession le dispute à l'intellectualisme à l'état pur.
Le nu
il a fait partie de toute mythologie s'associant même sous la forme quasi métaphysique aux choses divines, ce dans l'Antiquité et dans certaine civilisation de l'Orient. Gageons que les années à venir lui redonneront sa vraie place ni hypocrite, ni insolente; ceci dans un langage moderne dépassant les vieux clichés issus de la nuit des temps.
(...).
Je travaille toujours avec les mèmes modèles qui doivent pour moi être essentiellement des collaboratrices. Elles interviennent hautement dans le contenu de l'image par leur intelligence du geste.
extraits interview: Laurent BIANCANI dans PHOTO-REVUE mars 1974
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Laurent Biancani
Biographie
Biancani a enseigné de nombreuses années la photographie à l’École des Beaux-Arts de Troye invité à celle de Paris. Conférencier, souvent invité à la FNAC de l'Avenue des Ternes à Paris (17e arrondissement), Il était un ami personnel de Willy Ronis, son domicile de la Rue de Prony (75017 Paris) était un haut lieu de rencontres des amis des arts et des lettres.
Sa formation de base a été la communication : il a organisé des manifestations telles que des forums, stages d’été, podiums…
Il a créé notamment dans les années 1970 le stage studio-été aux Arcs et a animé pendant de longues années les podiums à la Foire à la Photo de Bièvres
Début des années 1990 créationde "Troyes pixels" manifestation consacrée à l'art numérique (3 éditions, 93, 94 et 95).
Décoré de lOrdre national du Mérite
Directeur de Marisy Communication de 1989 à 1999.
Donation à la bibliothèque nationale de France ainsi qu'à la M.E.P. en 2003 peu de temps avant sa mort.
À cela il faut ajouter plus d'une trentaine d'expositions tant en France qu'à l'étranger aussi bien dans des galeries privées que dans des musées.
Conseiller du Musée français fde la photographie
Sa sensibilité s’est principalement exprimée dans la photo de nu.
Ses œuvres
- Regard sur le corps 1977 Éditions Mise au point
- Le nu et ses techniques de prises de vues 1978, Éditions VM
- Initiation au portrait 1981, Éditions VM
- 3e ouvrage de la collection Monographies photographiques, dirigée par Gérard Bouhot
- Initiation à la photographie du nu (1080), Éditions VM — 7e ouvrage de la collection Monographies photographiques
- Nude Photography : The French Way 1981 New YorkWatson-Guptill Publications
- Miroir de Femme - Woman's Mirror 1984, Éditions VM — Photos de nus féminins et photos érotiques
Certains de ses ouvrages font encore référence aujourd'hui.
