ERIC VUILLARD -L 'ORDRE DU JOUR

PRIX GONCOURT 2017




Pourquoi il faut lire "L'ordre du jour" d'Eric Vuillard, prix Goncourt 2017





ROMAN
IL N Y A PAS QUE LA PHOTO DANS LA VIE...



 Résumé :
Ils étaient vingt-quatre, près des arbres morts de la rive, vingt-quatre pardessus noirs, marron ou cognac, vingt-quatre paires d'épaules rembourrées de laine, vingt-quatre costumes trois pièces, et le même nombre de pantalons à pinces avec un large ourlet. Les ombres pénétrèrent le grand vestibule du palais du président de l'Assemblée ; mais bientôt, il n'y aura plus d'Assemblée, il n'y aura plus de président, et, dans quelques années, il n'y aura même plus de Parlement, seulement un amas de décombres fumants.


A TRAVERS LA PRESSE

HISTOIRE - Dans son livre "L'ordre du jour", prix Goncourt 2017, Eric Vuillard revient sur les prémisses de l'horreur : le rôle des industriels allemands dans les agissements nazis. A l'arrivée, une évocation assez magistrale, grinçante par endroits, des coulisses de l'Anschluss.
06 nov. 2017 12:47 - Romain LE VERN

Comment cela a-t-il bien pu arriver ? Personne n'a donc rien vu venir ? Dans son roman L'ordre du jour, Eric Vuillard revient sur le rôle des industriels allemands dans les agissements nazis, en faisant partager les discussions de salon et certains ratés techniques de l'armée. En somme, ce qui préfigure le pire.
De quoi ça parle ?

L'Allemagne nazie a sa légende. On y voit une armée rapide, moderne, dont le triomphe parait inexorable. Mais si au fondement de ses premiers exploits se découvraient plutôt des marchandages, de vulgaires combinaisons d'intérêts ? Et si les glorieuses images de la Wehrmacht entrant triomphalement en Autriche dissimulaient un immense embouteillage de panzers ? Une simple panne !
"Messieurs, vous venez d'entendre le chancelier Hitler, nous voulons une victoire aux élections du 5 mars pour stabiliser l'économie de l'Allemagne, éradiquer les communistes et les opposants et supprimer les syndicats pour rétablir le pouvoir du chef d'entreprise. Je vous prie donc de cracher au bassinet". C'est à peu près en ces termes que le président du parlement Goering s'adresse aux 24 industriels et banquiers convoqués le 20 février 1933."L'ordre du jour", Eric VuillardCe qu'il faut savoir

Cherchant à dépeindre la colonisation, aussi bien au Pérou (Conquistadors) qu'en Afrique (Congo) et de la Grande Guerre (La Bataille d'Occident), Eric Vuillard aime à décrire les coulisses de l'Histoire, en faisant fi de tout vernis spectaculaire pour nous rappeler de quoi est capable l'être humain en tout temps.

Dans L'ordre du jour, il dévoile façon petite souris impuissante les coulisses de l'annexion autrichienne et revient avec la précision d'un Zola sur les prémisses de la Seconde Guerre mondiale. Ce fameux 20 février 1933, lorsque les "vingt-quatre grands prêtres de l'industrie allemande" sont conviés au salon du palais du président du Reichstag, Hermann Göring.


Au même moment, le Führer prépare ses sombres desseins, projetant d'occuper "une partie de l'Europe". Et l'on y voit bien la façon dont la prophétique catastrophe se profile, comment les petits accommodements de couloir ont généré l'horreur absolue. Face à ce bal tragique et grinçant, le lecteur est suffisamment intelligent pour faire le lien du passé au présent.

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