Willy RONIS

 

 

 

 

 

 

 

 

 LA PHOTOGRAPHIE de A à Z,  LES GRANDS PHOTOGRAPHES

Willy Ronis

« Je ne crois pas qu'une fée spécialement attachée à ma personne ait, tout au long de ma vie, semé des petits miracles sur mon chemin. Je pense plutôt qu'il en éclot tout le temps et partout, mais nous oublions de regarder.»



Neuf ans après le décès du photographe Willy Ronis (1910-2009), une exposition événement, gratuite, célèbre ce poète du quotidien, cet humaniste engagé. Au Pavillon Carré de Baudouin, au cœur de Ménilmontant qui avec Belleville fut son quartier de prédilection, cette grande rétrospective présente près de 200 tirages réalisés entre 1926 et 2002 issus d’une sélection réalisée par Ronis lui-même et accompagnés de ses commentaires soigneux.
En 1995, il a alors 85 ans, Willy Ronis plonge dans ses archives et compose à partir de son fond photographique une série de six albums, qu’il considère comme l’essentiel de son oeuvre, une sorte de testament photographique. Les 590 clichés révèlent le portrait intimiste de la société par le prisme d’une vision poétique, un regard empathique. Si l’ordinaire du quotidien vu par Willy Ronis est charmant, le photographe sait également saisir la dureté d’une époque et du monde du travail, les luttes ouvrières. Le regard qu’il porte sur l’instant, l’intimité, est au service d’un engagement social. L’accrochage en noir et blanc ne présente qu’une partie des six albums. La totalité de la sélection est en revanche consultable sur des tablettes qui permettent un affichage sur des grands tableaux numériques accrochés au mur tandis qu'une série de vidéos et de films ponctuent le parcours.

La grande rétrospective Willy Ronis par Willy Ronis au Pavillon Carré de Baudouin célèbre la clôture de la succession du photographe et l’entrée de son oeuvre dans les collections de la MAP établissement du Ministère de la Culture qui gère les grandes donations photographiques faites à l’Etat. Les tirages exposés ont fait l’objet d’un travail particulier au sein du laboratoire de l’Agence photographique de la Réunion des musées nationaux Grand Palais qui les diffuse en exclusivité. Conçue par deux proches de Willy Ronis - le commissariat d’exposition est assuré par Gérard Uféras, photographe, co-exécuteur testamentaire et garant du droit moral de Willy Ronis, et par Jean-Claude Gautrand, photographe, journaliste et historien de la photographie française - cet événement d’envergure retrace l’évolution d’un homme et de sa pratique sur plus de soixante-quinze années.

Fils d’un photographe de quartier et d’une professeure de piano, Willy Ronis devient photographe indépendant en 1932 au décès de son père, après avoir vendu le studio paternel. Il se consacre au reportage notamment pour la revue Regards, répond à un travail de commandes pour les journaux et magazines tandis qu’il poursuite ses recherches personnelles en observateur du monde. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, il se réfugie dans le Midi.

En 1946, revenu à Paris, Willy Ronis intègre l’agence Rapho et le Groupe des XV, association de photographes qui oeuvre à la promotion de la photographie en tant qu’art, et dont les membres sont Robert Doisneau, Eric Schwab, Sabine Weiss, Marel Bovis, Lucien Lorelle…
Rolleiflex à la main, Willy Ronis parcourt les rues des quartiers populaires en quête de l’instant magique.
En 1954, est publié son premier recueil, Belleville Ménilmontant agrémenté de textes signés Pierre Mac Orlan. Aujourd’hui iconique, cet ouvrage n’a à l’époque qu’un faible retentissement. Photographe pour Time Life, Plaisir France, Le Monde illustré, Vogue, il quitte Paris en 1972 et s’installe à Gordes dans le Vaucluse. La période est très calme pour le photographe.

Son travail semble susciter à nouveau l’intérêt du public lorsqu’il est invité d’honneur de la onzième édition des Rencontres d’Arles en 1980, un événement dédié à la photographie créé dix ans plus tôt. Une série d’ouvrages consacrée à son oeuvre paraît et Willy Ronis lègue ses collections à l’état. C’est ce lègue qui va permettre d’organiser de nombreuses expositions et rétrospectives, au Palais de Tokyo en 1985, au musée de l’Elysée à Lausanne en 1990, à l’Hôtel de Ville en 2005, aux Rencontres d’Arles en 2009, à la Monnaie de Paris en 2010, hommage posthume au photographe disparu en 2009.

Au Pavillon Carré de Baudouin, l’exposition se décompose en neuf thématiques. Les scènes du quotidien de Belleville et Ménilmontant, singulièrement champêtres, enchantent la pellicule de Willy Ronis dès 1947. Il fixe un Paris disparu lors des grands travaux des années 1970. Guidé par la curiosité, un sentiment fraternel, son regard saisit le mouvement de la vie au cœur de la ville. Ces fragments ordinaires, ces petits éclats de tous les jours, comme autant de scènes pittoresques, témoignent de son attention pour les détails sensibles.

Willy Ronis disait « Je ne crois pas qu'une fée spécialement attachée à ma personne ait, tout au long de ma vie, semé des petits miracles sur mon chemin. Je pense plutôt qu'il en éclot tout le temps et partout, mais nous oublions de regarder.» dans ses photographies, les enfants jouent dans la rue, les amoureux s’embrassent dans les bistrots. Paris la ville populaire, celle des gens simples, bruisse d’un doux froufrou, celui d'une vie intense.

Ses premières photographies en 1926 explorent la vallée de Chevreuse, les vacances et déjà Paris. Les portraits emblématiques et les autoportraits témoignent de son intérêt pour l’humain, au plus près de l’être. Les nus, pan moins connu de son travail, suivent cette veine intime. Et puis il y a le journaliste engage, le monde ouvrier, les grèves les mouvements sociaux, la lutte des classes, dès 1936 les manifestations du Front Populaire. Et puis les rues de Paris encore, Paris toujours, dont il capte l’essence. Et encore l’ailleurs, la province. Willy Ronis le sensible, l’humaniste, le tendre, l’engagé.

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