EXPO GALERIE LUMIERE DES ROSES àMONTREUIL


 Galerie Lumière des Roses
12-14 rue Jean-Jacques Rousseau
93100 Montreuil - France
Plan

Ouvert du mercredi au samedi
de 14h à 19h
et sur rendez-vous
Fermé les jours fériés
tél : +33 (0) 1 48 70 02 02

contact@lumieredesroses.comwww.lumieredesroses.com


La Zone Anonyme Courtesy galerie lumière des roses

Expo gratuite : à Montreuil, des photos ressuscitent la Zone
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La galerie Lumière des Roses, à Montreuil (93), présente une belle exposition gratuite sur la Zone, vaste bidonville qui ceinturait Paris au début du XXe siècle.

Dans « Voyage au bout de la nuit », Céline en parlait comme d’une « espèce de village qui n’arrive jamais à se dégager tout à fait de la boue ». Quand on l’évoque, c’est pour désigner un lieu sinistre, mal famé. Le dernier endroit où l’on rêverait d’aller. Mais peu de gens savent réellement ce qu’était la Zone, à Paris. Cette bande de terre aux portes de la capitale, où furent construits les premiers bidonvilles à la fin du XIXe siècle, fait l’objet d’une jolie exposition photo à la galerie Lumière des Roses, à Montreuil (93).
Pendant dix ans, Philippe et Marion Jacquier, qui dirigent cette galerie spécialisée dans la photographie anonyme ont écumé les brocantes et fouillé les greniers pour retrouver des témoignages visuels. Un vrai parcours du combattant. « Il n’y a pas beaucoup de clichés de la zone, explique Philippe Jacquier. A l’époque, on se prenait peu en photo, et encore moins les gens, très pauvres, qui vivaient là-bas ».

Choisy (Seine)/Anonyme Courtesy galerie lumière des roses

Sur les murs blancs de ce joli loft, les clichés en noir et blanc font parler le passé. L’histoire de la zone émerge en 1844, avec la construction des fortifications qui encerclent Paris. Autour, une zone de 250 m de large est déclarée non-constructible. Même les arbres y sont rasés.
Comme un château fort, l’objectif est défensif : contrer l’assaillant potentiel. Sauf que le système de défense se révélera très vite obsolète. « Les obus pouvaient passer par-dessus », glisse le galeriste. En 1919, on démolit les « fortifs ». Et en pleine crise du logement, ce terrain vague ne reste pas vide longtemps.
Les premières roulottes s’installent et des baraques de fortunes sont construites à Saint-Ouen, Saint-Denis, Ivry, Gentilly, Pantin, Bagnolet… De la récup avant l’heure. Trois planches de bois, quelques carreaux de plâtre, le tout recouvert de papier goudronné et le tour est joué. Des familles s’installent, françaises en majorité mais aussi des immigrés italiens, arméniens, espagnols.
Très vite, les habitants, ouvriers, mais aussi chiffonniers, cordonniers, s’organisent. « Les rues portaient des noms, il y avait même des boîtes aux lettres », raconte Philippe Jacquier. Et exempté de payer l’octroi imposé aux Parisiens, buvettes, guinguettes et autres commerces s’y installent.


L. Chifflot Famille habitant la zone de Gentilly.L. Chifflot Courtesy galerie Lumière des roses

Les photos présentées montrent bien cette vie intense qui y régnait. On y croise des enfants, nombreux. Des familles au souper, des chiffonniers en plein travail.
En 1926, la population qui vit là, est estimée à 40 000 personnes. On les appelle, les zoniers, puis les zonards, plus péjoratif. Parmi eux, porte de Choisy, porte d’Italie, grandit Django Reinhardt.
Mais l’Etat veut mettre fin à ce bidonville géant. On commence à exproprier les habitants et y construire des HBM, Habitations bon marché, ces grands immeubles en briques rouges, ancêtres des HLM. Progressivement, la zone disparaît. C’est là sur cet immense espace, redevenu terrain vague qu’on aménagera les boulevards des Maréchaux, puis bientôt, le périphérique. Les habitants se dispersent.

Comme un écho, l’exposition se termine sur la Jungle de Calais et un film sur l’expulsion d’un campement de Roms, en 2017. « Aujourd’hui, il y a les mêmes mais avec une tente Quechua… », soupire une dame venue avec sa fille. « C’est fou de voir que le périphérique, encore aujourd’hui, concentre les mêmes problématiques », conclut Philippe Jacquier.
La Zone, 12-14 rue Jean-Jacques-Rousseau, à Montreuil (93). Jusqu’au 8 décembre 2018, du mercredi au samedi de 14 heures à 19 heures. www.lumieredesroses.com

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