WILLIAM EGGLESTON

Expo William Eggleston - From Black and White to Color
Fondation Henri Cartier-Bresson
2, impasse Lebouis
Paris 14e
jusqu’au  21 décembre 2014


du mardi au dimanche de 13 h à 18 h 30, le samedi de 11 h à 18 h 45 ; nocturne
 gratuite le mercredi de 18 h 30 à 20 h 30 - fermé le lundi


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William Eggleston, pionnier de la photographie couleur.





"Je devais me rendre à l’évidence  que ce que j’avais à faire, c’était de me confronter à des territoires inconnus.Ce qu’il y avait de nouveau à l’époque, c’étaient les centres commerciaux - et c’est ce que j’ai pris en photo."  William Eggleston

 La Fondation Henri Cartier-Bresson consacre une exposition au photographe américain William Eggleston. Une centaine d'épreuves, en noir et blanc et en couleur, sont à découvrir.
  William Eggleston (né en 1939) a le don de révéler l’étrange beauté des choses qu’on trouverait laides ou banales d'ordinaire.
L'évolution, les ruptures et la radicalité qui apparaît peu à peu dans son œuvre — alors qu'il aborde la photographie en couleur, à la fin des années soixante — sont ici mises en lumière.

L'exposition de la rentrée ! Une centaine de photographies permettent de découvrir, pour la première fois, les images en noir et blanc que le jeune Américain de Memphis (aujourd’hui âgé de 75 ans) prend alors dans les supermarchés, les stations-service et les bars… Plus tard, avec la couleur, Eggleston ne déroge pas à sa façon de faire. Photographier l'ordinaire comme un chasseur, en braquant son appareil au ras du sol, au plafond : un shoot, une image. Il composera, avec les aplats colorés, des images autonomes que l'on regarde pour elles-mêmes… et qui n'ont pris aucune ride.

From Los Alamos Folio 1, Memphis, 1965 [supermarket boy with carts]/ Courtesy ©   William Eggleston Wilson Centre for Photography

©   William Eggleston

©   William Eggleston

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 From Los Alamos Folio 5, Memphis, CA, 1971-1974

© William Eggleston / Courtesy Wilson Centre for Photography


Je devais me rendre à l’évidence  que ce que j’avais à faire, c’était de me confronter à des territoires inconnus. Ce qu’il y avait de nouveau à l’époque, c’étaient les centres commerciaux - et c’est ce que j’ai pris en photo.  William Eggleston
À la fin des années 1950, Eggleston a commencé à photographier autour de chez lui, dans le Sud des États-Unis, utilisant des pellicules 35 mm noir et blanc. Fasciné par le travail de Cartier-Bresson, il déclare à l’époque  Je ne pouvais pas imaginer faire mieux que de parfaits faux Cartier-Bresson. II a finalement développé un style photographique personnel, qui viendra quelques années plus tard façonner son travail en couleur. C’est une vision inédite de l'Amérique quotidienne, banale, avec ses typologies : les supermarchés, les bars, les stations-services, les voitures et des personnages fantomatiques perdus dans l’espace.



©   William Eggleston -sans titre 1960 1965

© William Eggleston - Courtesy Eggleston artistic Trust sans titre 1960-1965

 Untitled, 1965-1970 ©   William Eggleston

, collection de l'artiste

À travers une centaine d’épreuves en noir et blanc et en couleur, empruntées à différentes collections et au fonds de l’artiste, l’exposition et le livre proposent de montrer l’évolution, les ruptures et surtout la radicalité qui peu à peu apparaît dans l’œuvre du photographe américain, alors qu’il aborde la photographie en couleur à la fin des années soixante. On retrouve parfois les mêmes obsessions, ou thèmes récurrents, comme les plafonds, la nourriture, l’attente et les cadrages basculés et non conventionnels déjà là dans ses premiers travaux.
Proposer l’exposition « William Eggleston : From Black and White to Color », c’est partager la naissance et l’évolution du processus créatif du photographe, au tournant des années soixante, alors que l’artiste, conscient qu’il était temps de renverser nombre de conventions, s’applique à banaliser ses images, à cadrer comme s’il adoptait le point de vue d’une mouche, en passant peu à peu à la couleur. Nous assistons ainsi à l’émergence d’une poésie fugace émanant de cadrages inédits.


William Eggleston
A travers la presse

L’avis de Time Out

Publié le: Ven sep 12 2014

Des charriots entassés sur des parkings de supermarchés. Des Cadillac buvant jusqu’à plus soif à la station-service locale. Des briques de lait identiques, serrées les unes contre les autres dans des rayons interminables. Et surtout, des gens. Des gens qui achètent de quoi boire, de quoi manger, de quoi remplir leurs réservoirs d’essence, qui dépensent, qui consomment. Bref, des gens qui vivent le rêve américain.

Bienvenue dans le sud des Etats-Unis, quelques années à peine après la guerre. Quand William Eggleston se met à parcourir sa région natale à la fin des années 1950, il avance d’abord dans le sillage d’Henri Cartier-Bresson : des cadrages coupés au cordeau, un noir et blanc frappé, des scènes suburbaines à la composition mesurée. Mais la couleur le démange. Et très vite, elle s’immisce dans sa chambre noire, amenant avec elle un appétit féroce pour la vie ordinaire. « Je devais me rendre à l’évidence que ce que j’avais à faire, c’était de me confronter à des territoires inconnus. Ce qu’il y avait de nouveau à l’époque, c’étaient les centres commerciaux – et c’est ce que j’ai pris en photo ».

C’est dans le banal qu’Eggleston trouve sa vocation. Comme un Joel Erlenmeyer ou un Lewis Baltz, il fait bientôt partie de ces photographes qui, au cours des années 1960, font tomber le voile sacré du noir et blanc pour révéler un monde criard de vérités. Les siennes seront rouge ketchup et rose barbe-à-papa. Comme une mouche collée au plafond, il photographie l’ennui, l’attente, la solitude de ses compatriotes. Leur absence, aussi, quand il ne reste plus que des gobelets laissés sur un capot de Ford, des bigoudis oubliés sur des WC ou une ampoule allumée pour témoigner de la présence humaine dans un monde où les femmes se sapent comme Kim Novak pour aller siroter leur milkshake au diner du coin. L’ensemble, entre reportage et fresque sociale teintée d’ironie, compose une sorte de roman de l’ordinaire. Le roman de cette Amérique sudiste, décomplexée et consommatrice, dont l’âge d’or respire déjà la décadence et le vide spirituel. Ici, tout le monde possède une bagnole, un aspirateur et un grand congélateur. Mais le rêve dégage comme une odeur de plastique, brûlé par le soleil du Mississippi.

> Horaires : du mardi au dimanche de 13h à 18h30, nocturne le mercredi jusqu'à 20h30.

Auteur : Tania Brimson

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