RAED BAWAYAH


Raed Bawayah : Empreintes de passage    10 décembre 2014 → 25 janvier 20
Maison Européenne de la Photographie

5-7 rue de Fourcy
4e
Paris

Le Palestinien Raed Bawayah porte son regard sur l'exclusion et l'enfermement au sein des communautés tziganes en France et des sans-abri en Allemagne.A travers l'exposition " Empreintes de passage", il s'interroge sur la place de l'être humain.

 Raed Bawayah is a palestinian photographer born in Qatanna (Palestine) in 1971. He works in Paris an Palestine. His work has been shown in Arles

A TRAVERS LA PRESSE


A travers ses différentes séries en noir et blanc, Raed Bawayah se questionne sans cesse sur l’exclusion, l’enfermement, la normalité et par là même, sur la place de l’être humain.

Que ce soit auprès des enfants de son village qui s’aventurent très peu hors de son périmètre, des travailleurs palestiniens contraints de s’exiler et de vendre leur force en Israël, des malades de l’hôpital psychiatrique de Bethléem, ou encore des communautés tziganes en France et des SDF en Allemagne, Raed Bawayah opère toujours avec une démarche «de l’intérieur».

Il se fond dans ces différentes communautés, il entre en relation avec ses sujets, il instaure la confiance pour réaliser, dans un second temps seulement, un travail photographique réaliste et objectif, qui sait conserver pudeur, compassion et respect, dénué de tout misérabilisme.

C’est ainsi que Raed Bawayah considère son travail et sa mission en tant que photographe : il témoigne du monde et donne à ces personnes en marge, une place au coeur de la ville, au coeur de nos vies, dans les institutions culturelles et les salles d’exposition.

La Maison Européenne de la Photographie lui consacre une exposition, telle une retrospective de ses différentes séries photographiques.h organise un salon de la photo
Des chantiers de Jérusalem aux galeries parisiennes



" Sa vocation à lui est née un peu par hasard. A dix ans, le jeune garçon, qui vit avec sa mère et ses huit frères et sœurs en Cisjordanie, commence à travailler. Le vendredi et pendant les vacances, il cueille des fruits dans une exploitation israélienne, puis vend des raisins dans les rues de Jérusalem. C’est en observant les grappes de touristes mitraillant la Ville Sainte que débute sa passion pour la photographie. En 2000, alors ouvrier de chantier de 28 ans, il décide de faire, enfin, ce qui lui plaît. Il lâche tout et se présente à Naggar School, une école d’art israélienne. « Ma mère était très en colère. Elle ne comprenait pas que je quitte mon travail ». Plutôt que de suivre son conseil – « va prendre des photos de mariages ! »- il demande à rencontrer le directeur de l’école de photo.
 Sauf qu’au moment où il entre à l’école, la seconde Intifada éclate à Jérusalem. Pour un Palestinien, il est devenu impossible de se rendre en Israël. Aussi Raed n’a ni portfolio, ni appareil photo. Avi Sabag, le directeur de l’école, lui donne quand même sa chance :

« C’était un risque à prendre ensemble. Il n’avait aucune connaissance en photographie ou en histoire de l’art, mais il était très motivé et ambitieux. »

Il donne un appareil photo à celui qui n’en a jamais touché :

« Il était le premier Palestinien à étudier dans une école d’art israélienne. A l’époque, j’ai eu envie de le soutenir, dans une période très tendue entre juifs et arabes. »
 Pour rejoindre Jérusalem de Qatanna, son village natal de presque 8.000 habitants, Raed doit « traverser trois montagnes ». Chaque matin, il quitte la maison familiale à 5 heure, parcourt une dizaine de kilomètres et se cache dans l’aube pour traverser la frontière israélo-palestinienne. L’ex-ouvrier devenu étudiant d’art doit tout de même continuer à travailler pour vivre. Après les cours, il fait des ménages, puis rentre dans son village, louvoyant dans les rues de Jérusalem pour éviter les contrôles.

Mais un jour, un check-point volant le surprend. Menotté, il est emmené en prison, où il restera deux semaines. Durant son incarcération, il côtoie des travailleurs palestiniens clandestins – lui seul est étudiant. A sa sortie, il réalise l’expo ID 925596611, référence au numéro de sa carte d’identité. La série est exposée à la Galerie Espace d’Art à Tel Aviv, ainsi que dans des centres culturels français en Israël et Palestine.
 Un an plus tard, Raed Bawayah réalise une série de photos sur l’hôpital psychiatrique de Bethlehem. Peu après, il postule, et gagne, une bourse de la Cité Internationale des Arts à Paris, où il est reçu en résidence. « Je suis têtu, si je veux quelque chose, je le fais ».

Les reconnaissances s’égrènent au fil des années : Des commandes de la mairie de Paris, des expositions diverses et nombreuses, et des prix. En 2007, son exposition « Vivre en Palestine » est montrée au festival de photojournalisme « Visa pour l’image » à Perpignan. Deux ans plus tard, c’est pour les « Rencontres d’Arles » que son travail est sélectionné par Agnès de Gouvion Saint Cyr et en 2012, il est lauréat du prix de la photographie de La Fondation des Treilles. Aujourd’hui il vit à Paris et organise son propre salon de la photo. Sa famille et ses chèvres lui manquent, mais il est à l’aise dans sa ville d’adoption.

Raed Bawayah

présenté par AGNÈS DE GOUVION SAINT-CYR

Née en 1945 en France. Vit et travaille à Paris.

Inspecteur Général pour la Photographie au Minsitère de la Culture et de la Communication, directrice artistique des Rencontres d’Arles en 1990.


À peine sorti de l’adolescence, Raed Bawayah qui fête ses 37 ans semble avoir acquis la maîtrise des plus grands. Né dans un village, celui de Qutanna, à quelques encablures de Ramallah, ce jeune homme a fait de ce village même l’objet de son étude en un manifeste autant politique que social. Il y décrit l’état d’enfermement physique des enfants qui n’osent dépasser la cour familiale où se retrouvent parfois la chèvre, le lapin blanc, et la mère de famille attentive et protectrice ; parfois, l’espace de quelques instants, ils s’aventurent au-delà et font de l’olivier ou des cyprès leur terrain de jeux, dans un espace très, voire trop, restreint. La même problématique est ainsi développée dans le sujet sur les travailleurs palestiniens que la dureté des conflits et la situation économique contraignent à s’exiler en Israël pour vendre leur force de travail ; ils se retrouvent ainsi dans leurs moments de repos ou de pseudo-solitude, assemblés dans des espaces exigus, souvent indignes, où leur seul choix est le repli sur eux-mêmes. Enfin le corpus le plus émouvant – on y retrouve sans doute le Depardon de San Clemente – concerne la description pudiquement intitulée Hôpital et qui s’intéresse aux internés de l’hôpital psychiatrique ; le geste à peine esquissé y est furtif, tendre, geste de la fraternité souvent et de la prière parfois. Nulle défaillance matérielle dans cet univers clos, mais la perception évidente d’une solitude et d’une misère psychologique qui reflètent l’enfermement moral de ce peuple en quelque sorte prisonnier sur sa propre terre. Le travail le plus récent, issu d’une commande du ministère de la Culture, interroge la diversité culturelle. Pour ce faire, Raed Bawayah s’est glissé dans la vie quotidienne des tziganes et des gitans, dans ces communautés très soudées entre elles et trop souvent ignorées voire rejetées dans des espaces incertains, repliées sur elles-mêmes et sur leur culture. La roulotte demeure encore trop souvent le symbole de leur propre enfermement, celui qui les protège toutefois, avant de reprendre le chemin du voyage. En quelques images rigoureusement construites, Raed souligne cette tendresse qui unit les membres du clan, la fierté devant leurs traditions, et la mélancolie du départ vers un autre ailleurs. Avec une grande délicatesse, une compassion et une pudeur évidentes, Raed Bawayah dépeint avec subtilité ce quotidien qui lui est si proche et la situation des communautés ou des peuples qui n’ont d’autre choix que de subir leur enfermement.


Agnès de Gouvion Saint-Cyr



HÔPITAL. Ce travail aborde la question de l’Autre dans la société en général, et sur la société palestinienne en particulier, à travers la vie de patients palestiniens à l’hôpital psychiatrique de Bethléem, en Cisjordanie. Ces photographies traitent d’un sujet social délicat : les préjugés qui entourent ces patients et le fait qu’on ne les accepte pas dans la société palestinienne, et par extension dans la société tout court. Ainsi je pose certaines questions: qu’est-ce qu’un être humain normal ? Qui possède la légitimité, pour décréter illégitime une personne ou un pan de la société, ou encore pour dire que telle ou telle personne est anormale ? Y a-t-il une place dans la société pour l’Autre, au vu des conflits relatifs à l’autorité, au pouvoir et au capital ? Les malades psychiatriques qui représentent le sujet de cette oeuvre constituent un groupe en marge de la société palestinienne, stigmatisés, illégitimes. Tous ceux qui entrent en contact avec eux souffrent aussi de ce traitement, que ce soit la famille ou le personnel de l’hôpital. En se penchant sur ce sujet, je voulais bâtir une nouvelle image de ces personnes, une image humaniste, loin des idées reçues, leur donner la parole sans les juger comme incapables de comprendre, de ressentir ; sans les voir seulement comme des gens bizarres. Mon intention est de mettre au jour leur situation délicate en leur donnant une légitimité et une crédibilité pour que le Palestinien lambda soit confronté à la réalité et assume une part de responsabilité. Ces photographies sont destinées à toutes les couches sociales. Leur but est de parler aux gens de l’humanitaire autant qu’aux Palestiniens puisqu’il s’agit aussi d’une affaire humanitaire, de par l’universalité du phénomène psychiatrique et les divers degrés d’acceptation qui varient d’une société à l’autre. Cela représente une préoccupation humaine dont tout citoyen de toute société, quelle que soit sa culture, peut faire l’expérience et comprendre. Apprécier ce travail ne demande pas un grand investissement intellectuel ; on peut être analphabète et comprendre la cause défendue, être touché par ces photos, en revivant l’expérience des patients, en se rendant compte de leurs différences mais aussi, sur d’autres plans, de leurs ressemblances.


Raed Bawayah

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Raed Bawayah

Né en 1971 à Ramallah, Palestine.

Il vit et travaille à Paris, France.

Raed Bawayah est né en Palestine, non loin de Ramallah, et son village Qatanna devient vite l’objet de sa première série de photographies Souvenirs d’enfance.

Exclusion, enfermement, vies et destins « en marge », sont des sujets récurrents dans le travail de Raed Bawayah, qui à travers ses différentes séries en noir et blanc, s’interroge sans cesse sur la place de l’être humain.

Que ce soit auprès des enfants de son village qui s’aventurent très peu hors de son périmètre, des travailleurs palestiniens contraints de s’exiler et de vendre leur force en Israël, des malades de l’hôpital psychiatrique de Bethléem, ou encore des communautés tziganes en France et des SDF en Allemagne, Raed Bawayah opère toujours avec une démarche « de l’intérieur ».

Il se fond dans ces différentes communautés, il entre en relation avec ses sujets, il instaure la confiance pour réaliser, dans un second temps seulement, un travail photographique réaliste et objectif, qui sait conserver pudeur, compassion et respect, dénué de tout misérabilisme.

C’est ainsi que Raed Bawayah considère son travail et sa mission en tant que photographe : il témoigne du monde et donne à ces personnes en marge, une place au cœur de la ville, au cœur de nos vies, dans les institutions culturelles et les salles d’exposition.

Une mission de passage de témoin, de ce qu’il a pu découvrir lors de ses voyages, au sein des communautés où il aura laisser ses empreintes.

La Maison Européenne de la Photographie lui consacre une exposition, telle une retrospective de ses différentes séries photographiques.



Site web :

www.mep-fr.org
Horaires :

Du mercredi au dimanche de 11h à 20h
Transports :

Métro : Saint-Paul ou Pont Marie
Prix :

De 4,50 à 8 euros. Gratuit pour tous le mercredi de 17h à 20h, pour les - de 8 ans, personnes handicapées, carte de presse, personnel de la ville de Paris

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