ALIX CLEO ROUBAUD


Alix Cléo Roubaud 

« Quinze minutes la nuit au rythme de la respiration »
 du 28 octobre 2014 au 1 février 2015 François-Mitterrand / Galerie 1

 « Il me fallait une maladie mortelle,ou répertoriée telle,pour guérir de l’envie de mourir.De la manière la plus oblique,organique,lente,j’ai inventé,en quelque sorte,ma maladie. –et celle dont je guérirai. »

 
  Citation extraite du journal, reprise de ce blog dans le respect de la ponctuation utilisée par Alix Cléo Roubaud; une phrase lancée comme un hameçon; qu'il nous faut lire lentement, plusieurs fois, régulièrement, pour en comprendre la portée, la vérité.

Alix Cléo Roubaud (1952-1983) a produit, le temps de sa vie brève et fulgurante, une oeuvre dense mêlant littérature, philosophie et photographie. Proche du réalisateur Jean Eustache qui lui consacra un court-métrage, complice et épouse du poète Jacques Roubaud, elle est de ces figures mystérieuses et fascinantes dont on connaît le nom sans avoir pu voir l’oeuvre dans son intégralité. Les récentes donations de Jacques Roubaud à des collections nationales ont permis de découvrir l’ampleur, la puissance et la diversité jusqu’alors ignorées de sa production photographique. La BnF organise la première exposition monographique de son travail, réunissant plus de 200 photographies ainsi que des textes et documents inédits.Cette exposition rétrospective entend faire découvrir tous les aspects de sa création : des autoportraits, séquences et paysages aux photographies de pure recherche expérimentale. Elle dévoile une oeuvre autobiographique singulière qui s’attache tant à l’essence de l’imageet à sa théorie qu’à la matérialité du tirage. En se mettant en scène, en photographiant ses amants et son quotidien, en réinterprétant ses photographies de famille, Alix Cléo Roubaud écrit une partition sur le noir et la lumière, l’obscurité et l’éblouissement. L’aboutissement de sa démarche est certainement sa grande série Si quelque chose noir, exposée pour la première fois dans son intégralité.

Dans le cadre du Mois de la Photo, novembre 2014 et de Paris Photo 2014.
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SOURCE INFO TELERAMA SORTIR

La maladie, l'enfance... l'artiste surdouée, disparue précocement, fit de sa vie une aventure photographique sensible et exigeante.

Fantomatique, quasi abstraite, ratée au premier coup d'oeil, Quinze minutes la nuit au rythme de la respiration condense l'histoire fascinante d'Alix Cléo Roubaud (1952-1983), dont les photos, longtemps restées dans les archives de son mari, font aujourd'hui l'objet d'une rétrospective dense et complexe à la BNF. En cet été 1980, l'épouse du poète Jacques Roubaud, en proie à une violente crise d'asthme dans leur propriété de Saint-Félix, près de Carcassonne, se couche nue sur le sol face à une allée de cyprès, installe son appareil photo sur sa poitrine et prend ce cliché avec un temps de pose d'un quart d'heure. Sur le tirage, son souffle spasmodique rend les silhouettes des arbres si floues qu'elles évoquent une radio aux rayons X. Brûlant la vie par les deux bouts, d'une intelligence fulgurante, Alix Cléo Roubaud réalise là un autoportrait stupéfiant, prémonitoire — elle va mourir moins de trois étés plus tard d'une embolie pulmonaire, à l'âge de 31 ans. « Quand un homme sait qu'il va être pendu dans une heure... il concentre son esprit à l'extrême », note-t-elle dans son journal intime, qu'elle rédige en français ou en anglais selon son humeur.
Adolescente surdouée

Née au Mexique, Alix Cléo Blanchette a passé son enfance ballottée entre l'Egypte, la Grèce, le Portugal, au gré des affectations de son père, diplomate canadien. A 15 ans, l'adolescente surdouée s'inscrit à l'université d'Ottawa pour étudier psychologie, littérature et architecture avant de s'orienter vers la philosophie. Des études qu'elle poursuit à Aix-en-Provence, puis à Paris. Elle fume, boit beaucoup, se drogue, couche avec des femmes et des hommes. Amant, ami, frère en désespoir, Jean Eustache lui consacre un court métrage émouvant, Les Photos d'Alix (1979), primé aux césars de 1982, quelques mois après le suicide du cinéaste. Entre-temps, sa rencontre avec Jacques Roubaud, de vingt ans son aîné, a stabilisé Alix Cléo. Ils se marient à l'été 1980. Leur ami Georges Perec leur compose un poème d'une infinie justesse : « Alix Cléo s'est unie à Jacques/et Jacques s'est uni à Alix Cléo/C'est une heureuse coïncidence/et c'est ainsi qu'aujourd'hui/ils sont tous les deux solidaires et alliés/à l'instar de l'encre et du récit/[...] »
Travailleuse acharnée

La jeune femme se jette alors à corps perdu dans une photographie expérimentale, inspirée par la philosophie, l'expressionnisme abstrait de Jackson Pollock, la littérature de Gertrude Stein, qu'elle traduit avec son mari. Mais sa façon d'aborder le médium reste inclassable, unique, « sentimentale », dit-elle. Depuis le siège arrière d'une voiture, elle capte son père mains posées sur le volant, regard dans le rétroviseur — « C'est ainsi que je le voyais enfant, de dos, je lui faisais confiance, ce cliché est un souvenir d'enfance que l'on n'a pas dans les photographies d'enfance. » Autoportraits nue, seule ou avec son mari dans des chambres d'hôtel. Superpositions de clichés, grattés, dédoublés, coloriés parfois à la main... Alix Cléo se sert des négatifs comme un peintre de sa palette. Elle travaille dans son labo parfois jusqu'à dix heures sur une même épreuve. Elle plonge ses images dans un abîme de noir ou les anéantit dans un linceul de blanc. « Une photographie digne de ce nom ne vous donne pas une vue du monde mais vous le fait toucher », écrit-elle dans son journal. Et quand elle y parvient, c'est un éblouissement.

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