PAROLES & PHOTOS./ Bénédicte des Mazery & André Jouanjan


Paroles 

Texte BENEDICTE DES MAZERY -Photos ANDRÉ JOUANJAN



SÉRIE: 1-à 20 :

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photo André JOUANJAN




À la proue du navire immobile 

Le dormeur au long cours flotte tranquille, harnaché à l'autre monde 

Capitaine sur le pont qui sommeille, enrubanné de rêves. 

BenM




photo André JOUANJAN





Possédée, attachée, multitude affamée, je vous plains

Vos ponts ont des allures d’amoures mortes

Scellées aux rambardes du désir

Allez, délestez-vous, risquez-vous à mettre un sou

Dans la sébile d’osier posée à mes pieds.

Je joue envers et contre vous, pauvres de tout

Allons ! Défaites-vous !

Ainsi enrageait en lui-même l’homme au regard peu amène

Indifférent au sort des misérables enchaînés,

Lui et nous pareillement cadenassés

BenM







photo André JOUANJAN




C’était un soir de scène où les réverbères avaient mis leurs habits

Eiffel et Obélisque, de concorde pour briller toute la nuit.

On avait allumé les lumières, jeté dans les rues par tourbillons la neige

Et tout étincelait de tous ses feux, n’attendant qu'un pas de deux pour entamer une danse

Sur les pavés glacés où, silencieuses et assurées, luisaient de solitaires empreintes.

C’était un soir de scène où, pour cause d’intempérie, nul ne vit

L’homme à la balustrade, penché sur la Seine, renoncer à tomber dans la nuit.

C'était un soir de scène brûlant de lumière et de vie

Paris est une fête, qu’on se le tienne pour dit.

 BenM






photo André JOUANJAN




C’était un jour d’automne ou d’hiver qui lui plaisait

Un matin ou un après-midi, on ne saura jamais

Que Narcisse penché sur son image

Découvrit les profondeurs de son âme.

Depuis, aux rives des eaux,

Feuillues ou dénudées, les branches des arbres

Courbées et méditantes

Se mirent en rêvant.  

BenM



photo André JOUANJAN 




- Il était là.

- Où ?

- Ici et là.

- D’où venait-il ?

- De ci, de là.

- Où allait-il ?

- Par ci, par là.

Là. Puis plus là.

Toujours, il vole un oiseau dans la cervelle du moineau…

Ou bien alors, c’est l’espérance d’une miette de pain

Que guette tranquillement son petit bec mutin.

BenM







photo André Jouanjan



Tournez manège et envoyez au ciel

Se soulever les jupes de celle

À qui je plais aussi et qui me désire,

Elle vient de me le dire.

Allez manège ! C’est notre tournée au soleil !

Elle et moi tous les deux, ouvrant grandes nos ailes

Et riant et criant par-dessus la clameur :

« Que jamais ne meurt notre bonheur ! »

BenM




Textes BENEDICTE DES MAZERY -Photos ANDRE JOUANJAN




photo André Jouanjan


- Crois-tu qu’elles vont revenir?

- J’aimerais pouvoir le dire.

- Vont-elles rester longtemps dehors ?

- Qui peut le savoir ?  Je l’ignore.

Ainsi se parlaient à l’aube deux carafons

En leur temps acquis comme de pures merveilles

Guettant à la fenêtre le retour de celles

Dont les maîtres n’ont pas retrouvé le bouchon.

BenM





photo André Jouanjan

              

C’est l’instant d’avant, l’avant-scène

L’instant du souffle invisible, du battement de cœur silencieux

L’instant où tout dans l’air respire le Tout

L’instant en suspens

Quand la musique monte des profondeurs

Lumière !

BenM

photo André Jouanjan



Quand le béton fissuré aura pleuré toutes ses larmes

Quand le géant de pierre aura rendu les armes,

Alors peut-être, la ville défigurée et lucide

Prendra le visage des humains qu’en mère avide

Elle a broyé et dévoré durant des années

BenM







photo André Jouanjan


Elle est gentille, Clémentine

Belle comme un cœur, apte au bonheur

Seulement voilà elle m’aime Clémentine, et moi pas

Comment fait-on dans ces cas-là ?

S’enticher d’un poirier, c’est très risqué

Je ne peux quand même pas me forcer.

Pis j’ai appris par le pommier

Qu’elle avait rencontré une mandarine

Une toute ronde, toute belle et fine

Et qu’elles se sont déjà mariées

Ma Clémentine, que j’aurais pu aimer…
BenM
 

photo André Jouanjan


Avec ma machine à faire des bulles et des ballons

Pour mes huit ans, j’ai soufflé huit rêves ronds.

Les grands me disent qu’ils s’enfuiront,

Ça m’est égal, je les rattraperai d’un bond.

Les grands médisent : ils se perdront, 

Pas grave, je les retrouverai, c’est bon.

Les grands prédisent qu’ils éclateront,

Qu’il n’en restera plus que du savon.

Ils ne savent pas, les grands, qu’un rêve

Ça ne s’enfuit pas, ça ne se perd pas,

Ça n’éclate pas…

Sauf de bonheur, au cœur des rêveurs.

BenM



photo André Jouanjan

C’est un p’tit coin de parapluie

Pour un amour d’aujourd’hui

Sur ce banc où il fait bon être assis.

Le ciel pleuvra quand il voudra

Je pleurerai quand tu partiras

Mais pour l’instant, sur ce banc-ci,

C’est l’amour sous un parapluie

BenM





photo André Jouanjan


Tous les clochers du monde n’auront jamais les ailes

Des amoureux qui rêvent

Ensemble les yeux au ciel.

Tous les autels du monde n’auront jamais un choeur

Aussi grand que le leur,

Ni aucune quête, un si beau Graal.

Et quand leurs corps vont à l’hôtel

C’est le dimanche, en lieu de messe,

Pour communier tout en caresses



BenM             





photo André Jouanjan


On la croirait en promenade, jolie petite ballade

Une part de chemin obscure et l’autre, claire

Elle vient de franchir la frontière.

Partie sans rien, sans vêtement ni bagage

Rien d’autre qu’elle et sans ambages

Le vélo de sa jeunesse, l’abandon de la tristesse,

Elle est partie sans rien

Rien qu’elle, et c’est très bien. 

BenM



photo André Jouanjan



La femme qui habite là est vieille de mille ans

On dit qu’elle a connu un grand nombre d’amants

Et mis au monde plus de cinq cents enfants.

On dit aussi que la maison murmure

Qu’au soir venu, sa voix traverse les murs.

Toi qui passes et prends peur

N’écoute pas la rumeur.

La porte n’est jamais fermée

Et dans la chevelure de lierre tressée,

Blanche l’hiver verte l’été,

On entend s’élever

Des petits rires de fées.

BenM




photo André Jouanjan

À quoi songe le chien pleureux ?
Qu’il en faut peu pour être heureux.

BenM



photo André Jouanjan

Deux petites filles sur une plage discutaient près du rivage

- Dis quand tu seras grande, tu iras où ?

- Partout où ça me plaira !

- Mais si papa il veut pas ?

- Tant pis. Et toi tu feras quoi ?

- Comme toi. Tout ce qui me plaira !

- Même si maman elle veut pas ?

- Tant mieux.

Deux petites filles sur une plage égrenaient le sable, orphelines et jumelles,

Attendant que la mer, bientôt, efface la silhouette en chef.

BenM





photo André Jouanjan




Les égaillés de leurs ailes font paquetage

Sans craindre l’orage ni les naufrages

Tandis que le poète fait son bagage

Avec dans les yeux cette image

De lignes jetées au ciel, en couple et qui s’emmêlent

Gracieuses au premier vol,

Muses du grand envol.

Les égaillés de leurs plumes écrivent leur voyage

Tandis, le poète sur la feuille forme son équipage.

BenM




photo André Jouanjan



“Mon Ophélie, épouse-moi !”
“Grand benêt, prends-moi dans tes bras. La rivière est si basse qu’on y a toujours pied et j’étais bien loin de m’y noyer. ”

BenM






photo André Jouanjan




À cloche-pied, sans nous retourner

Laissant nos ombres derrière,

Mais serons-nous toujours des frères

Quand s’éclaireront nos destinées ?

BenM


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