ENKI BILAL


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invité : Enki Bilal - Extrait C ce soir en streaming | France tv

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Enki Bilal : « D'ici 4 ou 5 ans, l’imaginaire sera l’ennemi public numéro un »  
 

L'Homme est un accident — Adrien Rivierre

5 mai 2021 — Enki Bilal pense que l'Homme est l'accident le plus tragique qui ne soit jamais arrivé à notre planète Terre. La destruction écologique semble ..
 

mes albums de bande dessinée ppeuvent tomber des mains de certaines personnes. Le lecteur peut détester ce que je fais, ou au contraire adorer, mais en aucun cas dire c’est bien ou c’est mal. (…) Mon indépendance est tout ce que j’ai de plus cher, la chose à défendre coûte que coûte. L’indépendance c’est être capable de penser par soi-même, de s’arrêter sur un sujet et de se demander ce que l’on en pense, véritablement. Aujourd’hui, avec le flux ininterrompu d’informations qui ne cesse de circuler, la tâche est ardue. Il faut éviter de penser par procuration. (…) 


« Toujours viser la complexité : cette ambition doit être la boussole de l’humanité » 

« Modestement, je dirais qu’il faut combattre la pensée simpliste (…) et toujours viser la complexité. L’ambition peut être modeste mais elle doit être la boussole de l’humanité. C’est la raison pour laquelle mes œuvres font la part belle à l’hybridation, à la transformation et aux relations entre le passé, le présent et l’avenir. J’essaie de montrer les intrications et les enchevêtrements entre les choses. C’est une lutte permanente et non un état que l’on atteint à un moment donné. 

C’est d’ailleurs ainsi que je conçois mon rôle en tant qu’artiste, en prenant en compte cette complexité et en adoptant une vision globale sur le monde. Disons que je ne m’assigne pas cette tâche précisément mais je pense que l’artiste est le monde s’il parvient à faire cela. Il s’exprime en son nom bien sûr mais il le fait aussi au nom du grand mystère de la vie, des premières origines aux contrées lointaines du futur en passant par tous les événements que nous vivons, ici et maintenant. C’est une conscience que je garde toujours en moi. Et je me rends compte que l’os que j’ai envie de ronger c’est celui du monde, dans sa complexité et dans sa globalité. Difficile de dire pourquoi et d’où cela vient. Je me souviens que ma fascination pour H. P. Lovecraft est par exemple liée à la cosmogonie et à la cosmologie qu’il a su développer. (…) 

Toute ma démarche est un combat contre une pensée et une conception du monde qui seraient simplistes et binaires. D’ailleurs, je ne crois pas à l’atteinte de vérités uniques et immuables. Ainsi, dans mes œuvres, tout est une question de nuances, de fausses pistes, de faux-semblants, d’illusions. Je peins la complexité, seule façon d’essayer de comprendre le monde, ce qui nous arrive, et peut-être qui nous sommes vraiment. 


(…)

« L’éducation doit l’emporter sur tout. Une éducation universelle pour tous dès le plus jeune âge, non sectaire, non obscurantiste. Donc, exit les religions. Qu’elles restent dans les sphères privées. C’est la priorité des priorités, cela l’a toujours été mais je crois que nous l’avons un peu oublié aujourd’hui. En développant cette exigence de l’ouverture sur le monde, de l’humain, du respect de la nature, tout deviendrait ensuite beaucoup plus facile.

(…)

On a souvent considéré que la science-fiction n’était pas à la hauteur du monde culturel,  (…) Pour moi, cette littérature est une façon pertinente de regarder le monde, de penser ce qui nous arrive. J’ajoute même que je suis convaincu que la science-fiction permet de porter un regard acéré sur le monde, un regard politique, au sens où elle a les deux pieds ancrés dans le réel à tel point que parfois celui-ci nous revient à la figure ! »

 

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