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Exposition La surface et la chair : madame d'Ora, Vienne-Paris, 1907-1957 au Pavillon populaire de Montpellier, jusqu’au 16 avril 2023

Qui est Madame d’Ora, première femme photographe à accéder au labo de chimie de l’Institut d’art de Vienne ?


Madame d'Ora : "La Danseuse autrichienne Helene Jamrich (portant un chapeau de la maison de couture viennoise Zwieback, dessiné par le peintre Rudolf Krieser)", 1909, collection privée - musée d'Hambourg
Avec
  • Hélène Orain Docteure en histoire de l'art, spécialisée en photographie

De Dora Kallmus devenue Madame d'Ora (1881-1963), on sait peu de choses : connaissez-vous d'ailleurs son nom, "Madame d'Ora" ? Peut-être pas. 
Mais vous avez peut-être déjà vu ses photos, déjà vu à travers ses yeux.
Mais vu quoi ? Qu'a voulu nous montrer Madame d'Ora, de ses portraits d'aristo jusqu'à ses clichés d'abattoirs ?

Exposition La surface et la chair : madame d'Ora, Vienne-Paris, 1907-1957 au Pavillon populaire de Montpellier, jusqu’au 16 avril 2023

 






 

 

Un style unique

"Madame d’Ora était une des photographes les plus connus de Paris avec Man Ray, notamment pour ses portraits. Ces derniers étaient très appréciés parce que les poses étaient très naturelles : c'était sa signature. C'est délicat de s'en rendre compte aujourd'hui mais à l'époque, il fallait tenir la pose plusieurs secondes, même si on maîtrisait déjà la photographie instantanée. Dans les studios, les poses étaient rigides et les cadrages étaient très stéréotypés. Au contraire, d'Ora sautait partout et instaurait une atmosphère de détente dans son studio. Il n'y avait pas de décors ou d'habits obligés. Certains modèles racontent qu'elle avait un coffre et qu'elle sortait continuellement des affaires qu'elle jetait sur les gens. Et donc les gens s'habillaient, se changeaient et oubliaient l'appareil." Hélène Orain

Madame d'Ora, témoin du passé

"Quand d'Ora revient en Autriche après la guerre, elle se met à photographier les gens qui étaient dans les camps, qui ont été 'déplacés' comme on le dit à l'époque. Elle se donne pour mission de les photographier dans un moment heureux pour montrer qu'ils sont aptes au travail. Les décors servent comme des vestiges d'une vie passée, d'une vie familiale complètement changée par l'expérience des camps. Et là, une bascule se fait : avant, elle représentait les gens pour eux, maintenant c'est elle-même qu'elle cherche chez eux. Elle cherche ce qu'elle a perdu, elle photographie des endroits qu'elle a connus, elle représente son atelier en ruine. " Hélène Orain

De la mode aux abattoirs, un mariage impossible ?

"La série de photographies dans les abattoirs est le projet le plus personnel de Madame d’Ora : elle destinait même ces images à l'illustration de son autobiographie. Ce ne sont pas de simples photos d’animaux évidés mais bien des images très composées. Ces compositions sont très similaires aux photos de mode d’Ora. On retrouve la même délicatesse de la texture, des formes. La même élégance perdure dans ces photos plus crues, voire cruelles." Hélène Orain

Sons diffusés :

  • Chanson de Pauline Carton, La photographie
  • Chanson de Joséphine Baker avec Jacques Pills et Georges Tabet, Ram Pam Pam, 1951
  • Archive de Joséphine Baker dans l’émission Observons l’étiquette, 10/10/1962
  • Archive de Roland Barthes dans l'émission Entretiens avec, France Culture, 23/02/1977
  • Chanson de fin : Madonna, Vogue

Les photos évoquées dans l'émission :

  • Autoportrait de d'Ora, 1929
  • La danseuse Elsie Altmann-Loos, 1922
  • La danseuse Joséphine Baker portant les bijoux de Jean Dunand, 1926
  • Les danseuses Anita Berber et Sébastien Droste dans “Suicide”, 1922
  • L’homme de théâtre Edward Gordon Greg, 1941
  • Deux photos de la série Dans un camp de personnes déplacées, 1948
  • Scène d'abattoir, 1956-1958

Bibliographie :

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