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Photojournalisme : le Visa d’or News remis à un photographe anonyme birman
Après avoir sacré un reportage à Bergame, l’épicentre de la pandémie de Covid-19 en 2020, cette récompense salue un travail sur la « révolution du printemps » en Birmanie.
La répression en Birmanie a été mis sous les projecteurs du festival international de photojournalisme Visa pour l’image. Un photographe birman, resté anonyme pour des raisons de sécurité, s’est vu décerner, samedi 4 septembre, à Perpignan le Visa d’or News, récompensant son travail sur la « révolution du printemps » en Birmanie.
« Quand j’ai appris qu’un coup d’Etat venait d’avoir lieu en Birmanie le 1er février, c’était une évidence de faire appel à lui, c’est probablement le meilleur photographe dans le pays », a déclaré à l’Agence France-Fresse (AFP) Mikko Takkunen du New York Times, venu récupérer le prix à sa place.
« Garder l’anonymat d’un photographe n’est pas une décision que nous prenons à la légère, et elle est toujours liée à la sécurité de nos collaborateurs qui est notre priorité », insiste ce responsable photo pour l’Asie au New York Times qui collabore avec le photographe birman depuis des années.
Lors de la cérémonie, il a ajouté que le lauréat dédiait son prix à tous les photographes en Birmanie qui travaillent au risque de leur vie.
Les photographes ciblés par les militaires birmans
Les photos de l’exposition, puissantes, dépeignent des civils, parfois « armés » de lance-pierres, face à des militaires tirant à balles réelles. Le photographe s’attarde aussi sur les blessés ou les familles endeuillées dans un pays en proie au chaos depuis que la junte a renversé le gouvernement élu d’Aung San Suu Kyi. La répression sanglante contre les manifestants pro-démocratie a fait plus de 1 000 morts, dont plusieurs dizaines de mineurs ces derniers mois.
« Depuis le 1er février, je suis dans la rue tous les jours. J’ai rencontré de nombreuses difficultés, devant travailler au milieu des coups de feu, des gaz lacrymogènes et des grenades assourdissantes », explique dans un texte le photographe birman. « Sur le terrain, nous avons cessé de porter nos casques marqués “PRESS” quand nous nous sommes rendus compte que les militaires ciblaient les photographes », ajoute-t-il, disant être conscient de « risquer sa vie ».
Les trois autres nominés étaient le Grec Angelos Tzortzinis (AFP) pour son reportage sur les derniers jours du camp de réfugiés de Moria, à Lesbos, l’Américaine Erin Schaff (The New York Times) pour ses clichés sur l’invasion du Capitole à Washington en janvier, et enfin l’Indien Danish Siddiqui (Reuters) pour sa couverture de la crise sanitaire dans son pays. Ce dernier a été tué en juillet alors qu’il couvrait les combats entre talibans et forces afghanes.
En 2020, le festival avait remis le Visa d’or News, son prix le plus prestigieux, au photographe italien Fabio Bucciarelli pour un reportage à Bergame, ville italienne à l’épicentre de la pandémie de Covid-19. L’année d’avant, c’est le Mexicain Guillermo Arias (AFP) qui avait remporté ce prix pour son travail sur les caravanes de migrants d’Amérique centrale tentant de rejoindre les Etats-Unis. Il succédait à la Française Véronique de Viguerie pour sa couverture de la guerre au Yémen (2018), au Belge Laurent Van der Stockt (bataille de Mossoul en 2017) et à deux photographes de l’AFP, le Grec Aris Messinis (2016) et le Turc Bulent Kiliç (2015), pour leurs travaux sur la crise des migrants.