Entretien avec Sylvie Hugues
Picto & Guests : Entretien avec Sylvie Hugues, consultante et directrice artistique
Picto & Guests : Entretien avec Sylvie Hugues, consultante et directrice artistique
15 février 2021 Picto & Guests
Sylvie Hugues est consultante, journaliste et directrice artistique pour le festival du Regard à Cergy. Dans le cadre de notre programme Picto & Guests nous avons tenu à nous entretenir avec celle qui a été nommée conseillère artistique de la 26ème édition du Prix HSBC pour la photographie. Si la photographie et elle, c’est une histoire d’amour qui remonte à longtemps, elle a ressenti sa première émotion devant un tirage photographique lors de l’exposition de Jacques-Henri Lartigue au Grand Palais, les tirages avaient été réalisés par Yvon Le Marlec : »Je n’avais jamais vu de tels tirages, je me suis dit que cela ouvrait un champ des possibles inimaginable et ça a été une vraie prise de conscience ».
« Ce qui est important en photographie, c’est de savoir d’où l’on vient, connaître notre histoire et pour autant accueillir les nouvelles technologies et les innovations avec intérêt et curiosité. »
En 1992, Sylvie Hugues participe à la création du magazine Réponses
Photo, dont elle assurera la direction de la rédaction pendant plus de
20 ans. Une rédaction qui avait la particularité d’être composée
uniquement de « photographes qui savaient écrire plutôt que de
journalistes qui faisaient de la photo ». Un point important qu’elle
souhaite souligner qu’un tel magazine soit réalisé par des pratiquants. À
cette époque, elle a assisté et suivi l’arrivée d’une révolution
majeure en photographie, celle du numérique. Tant dans la production des
images avec l’arrivée des premiers appareils digitaux, que dans leur
restitution, avec le tirage. Une étape foisonnante qui ne s’est pas
passée sans difficulté ni crainte. La question de la conservation des
tirages numériques a été au centre de nombreuses inquiétudes et
questionnements. Pour Sylvie Hugues, le numérique a su commencer à
conquérir la profession au milieu des années 2000, à la maturité de la
chaîne numérique, de la prise de vue à l’impression. L’arrivée du
digital a ouvert l’utilisation hybride entre analogique et numérique,
des procédés venus enrichir la créativité des photographes. Cependant la
vraie révolution vient pour elle de l’impression, avec le choix très
étendu des supports et une déclinaison riche de papiers.
Parmi ses nombreuses activités, Sylvie Hugues collabore avec la galerie
Camera Obscura fondée par Didier Brousse, ancien tireur, elle regrette
l’effet pervers du marché, poussant les artistes à éditer leurs œuvres
en toute petite série : « je suis pour une démocratisation de la
photographie, je regrette un peu l’époque où on avait la liberté de ne
pas numéroter. La raréfaction a tendance à augmenter les prix, et moi
j’ai toujours plaisir à vendre un tirage de Bernard Plossu par exemple à
un prix plus abordable de 2000€. Je crains que le médium devienne de
plus en plus inaccessible et que ça éloigne la photographie de son
public« .