LUMIERE ! LE CINEMA INVENTE
Grand Palais, Salon d'Honneur
Jusqu'au 14 Juin 2015
IL N Y A PAS QUE LA PHOTO DANS LA VIE...
www.grandpalais.fr
le 28 décembre 1895, au Salon indien du Grand Café, 14, boulevard des Capucines, à Paris, trente-trois personnes assistèrent à la projection de dix films des frères Lumière. A la sortie, Georges Méliès était subjugué : « A ce spectacle, nous restâmes tous bouche bée, frappés de stupeur, surpris au-delà de toute expression. A la fin de la représentation, c’était du délire, chacun se demandait comment on avait pu obtenir pareil résultat. »
À l’occasion du 120e anniversaire du Cinématographe, l’Institut Lumière organise une exposition inédite dédiée aux inventions phares des pionniers lyonnais du cinéma, Louis et Auguste Lumière, dont l’histoire est intimement liée à Paris : la première séance publique payante fut ainsi organisée au Salon Indien du Grand Café le 28 décembre 1895, et les frères Lumière présentèrent les premiers films en 75 mm lors de l’Exposition Universelle de 1900 non loin du Grand Palais…
Riche, créative et avant-gardiste, l’œuvre des frères Lumière fut motivée par une fascination pour les images fixes ou en mouvement.
les frères Lumière |
Du Cinématographe, appareil permettant tout à la fois de filmer, de tirer des copies et de les projeter, à l’Autochrome mettant la photographie couleur à la portée de tous, en passant par le Photorama, premier essai concluant de projection de vues à 360°, la première partie de l’exposition présente les multiples innovations de la famille Lumière qui marquèrent l’avènement d’une épopée technique, artistique et industrielle universelle en constante évolution : le cinéma. Une large place est ainsi consacrée à la diffusion, sous différentes formes, des 1 500 films Lumière, joyaux aux multiples interprétations : reflets de l’Histoire, des prémices de l’écriture cinématographique, de l’ouverture au monde mais aussi témoins de la vie familiale du début du XX e siècle.
D’un parti-pris visuel qui bénéficie des dernières techniques liées au numérique, le parcours et le dispositif scénographique contribuent à ré-enchanter les images et à retrouver leur magie originelle. Ils donnent aussi l’occasion de s’interroger sur leur devenir et sur les territoires du futur technologique que les héritiers des Lumière, d’Edison, de Marey, Demenÿ ou Muybridge explorent à l’aube du XXIe siècle. Ainsi, la seconde partie de l’exposition aborde au sens large la question de l’Héritage Lumière : l’évolution des techniques de filmage - le passage de l’argentique au numérique -, la trace de l’esthétique Lumière chez les cinéastes contemporains, la mythologie des salles de cinéma… Sont alors convoquées les œuvres de Bresson, Pialat, Klein, Crasneanscki, etc.
Cette exposition contribue à redonner sens et place à l’image de cinéma, qui au début du XXI e siècle, connait d’importantes mutations.
Commissaires : Thierry Frémaux et Jacques Gerber
Scénographe : Nathalie Crinière
Exposition produite par l'Institut Lumière.
Avec le soutien du CNC, du Ministère de la Culture et de la Communication, de la Ville de Lyon, de la Métropole de Lyon, de la Région Rhône-Alpes, de la Région Île-de-France, du Musée des Confluences, de BNP Paribas, de Corniche Pictures et de Chopard.
A TRAVERS LA PRESSE
Dix bonnes (très bonnes) raisons d’aller voir l’expo “Lumière” au Grand Palais
Jérémie Couston Publié le 07/04/2015. Mis à jour le 08/04/2015 à 09h34.
Télérama
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“Lumière ! Le cinéma inventé” vous attend au Grand Palais. Lieu, scénographie, technologie… tous les éléments sont réunis pour combler le visiteur ébahi, allez-y !
1/ Le lieu, d'abord, qui résonne avec l'histoire du cinématographe. Le Grand Palais a été inauguré pour l'Exposition Universelle de 1900, il est donc un peu plus jeune (de cinq ans) que l'invention des frères Lumière, qui fête cette année ses 120 ans. C'est lors de cette même Expo Universelle de 1900 qu'Auguste et Louis Lumière présentèrent les premiers films en 75 mm. Présenter une expo Lumière au Grand Palais, c'est donc historiquement cohérent et, par la même occasion, plutôt émouvant.
2/ Corolaire du 1 : la hauteur sous plafond. Un peu de majesté ne fait pas de mal, parfois. On a trop l'habitude de voir des expos de ciné dans l'exigu septième étage de la Cinémathèque (quand ce n'est pas dans les couloirs sans âme des multiplexes) pour ne pas bouder notre plaisir d'en découvrir une sous le dôme du salon d'honneur du Grand Palais.
3/ Une scénographie élégante et pratique. L'exposition s'organise autour d'un îlot central autour duquel le public s'enroule, comme de la pellicule. Peu de cloisons dans cette immense salle où l'on circule librement et simplement, avec toujours la possibilité de revenir sur ses pas ou de « couper » pour atteindre la sortie plus rapidement. Les infos les plus longues à lire sont sur les murs, on ne dérange donc personne quand on s'y attarde.
4/ Un parti pris biographique bienvenu. Une bonne première partie de l'expo est consacrée à la vie privée d'Auguste et Louis, industriels lyonnais installés dans le quartier de Montplaisir. Leur famille, leur usine, leur père Antoine, qui les a toujours soutenus. Leur amour fraternel qui leur fit promettre, adolescents (et coincés par la marée dans une grotte bretonne) de toujours travailler ensemble, quoi qu'il arrive.
La reconstitution du salon indien.
5/ Le salon indien (reconstitué). Tout le monde sait ça, même Wikipédia : la première séance publique de cinéma a eu lieu le 28 décembre 1895 au salon indien du Grand café de l'hôtel Scribe, 14 boulevard des Capucines à Paris. Ce salon a été refait avec les mêmes tapisseries exotiques et les chaises en velours ; et on peut y voir, sur grand écran, les dix films de la séance originelle. L'émotion n'est sans doute pas la même que pour un spectateur de 1895 mais le cinéphile de 2015 aura des papillons dans le ventre.
6/ Les autochromes. Tout le monde ne le sait pas (même Wikipédia, qui se goure dans la date) mais Louis Lumière a aussi inventé la photographie couleur, en 1903. Les premiers autochromes (à base de fécule de pomme de terre) sortiront des usines Lumière en 1907 et raviront tous les photographes amateurs et professionnels jusqu'en 1930, ou le procédé sera enfin dépassé par l'apparition du Kodachrome. Dans l'expo, un appareil permet de projeter une centaine d'autochromes tous plus sublimes les uns que les autres. La scène de vendange dans les monts du lyonnais ressemble a un tableau de Manet.
7/ Le tulle gras. Les infirmiers l'ont sans doute appris à l'école : Auguste Lumière, le « médecin » de la fratrie, est aussi l'inventeur de ce pansement humide au baume du Pérou qui soigna les grands brûlés de la Première guerre mondiale et continuera à être utilisé jusqu'au XXIe siècle.
L'exposition Louis Lumière au Grand Palais.
8/ Les visionneuses high tech. Pour se balader dans le catalogue de films Lumière (1 500 vues tournées dans le monde entier par des dizaines d'opérateurs), le public peut s’installer face à l'une des sept visionneuses futuristes au centre de l'expo. Sur un écran tactile en verre de deux mètres de haut sur un mètre de large, on choisit un film (classé par catégories : événement historique, sport, vie quotidienne, humour…) et on se l'autoprojette sur cette plaque de verre géante. Film d'hier, technologie de demain.
9/ Le cinéma en relief. Encore une invention révolutionnaire de Louis Lumière. A la fin de l'expo, on peut voir un film en relief, sans lunettes. C'est un peu flou et fou à la fois.
10/ La file d'attente. Nettement moins longue que celle pour l'expo Jean-Paul Gaultier et infiniment moins longue que celle de Velasquez, où il faut avoir réservé par Internet six mois plus tôt. Les bustiers à bonnets pointus et les clairs-obscurs baroques, plus sexy que L'Arroseur arrosé ? Sans doute, mais visiter une expo dans le calme et sans regarder par-dessus l'épaule de son voisin est devenu un luxe et une exception. Profitons-en.