GUILLAUME HERBAUT
UKRAINE « Guillaume Herbaut Photography
Guillaume Herbaut, né en 1970, est membre fondateur de l'Oeil Public. Lauréat
de la Fondation de France en 1999, il se consacre depuis quelques
années aux lieux historiques, chargés de symboles et de mémoire. Son
ouvrage intitulé Tchernobylsty, remporte le prix de la critique Kodak
en 2001 et est publié au Petit Camarguais en octobre 2003. Herbaut
remporte également le prix du livre Fuji l'année suivante. Herbaut a été récipiendaire d'une bourse du Ministère de la Culture et de 3P. Visa pour l'Image expose son travail en septembre 2004. La même année, Herbaut est lauréat du Prix Lucien Hervé. En 2009, il remporte le deuxième prix « question contemporaine » au World Press Photo. Aujourd'hui,
il poursuit dans le but de révéler des tragédies inédites. Le travail
d'Herbaut a été exposé en solo ou dans le cadre d'expositions
collectives au Musée du Jeu de Paume à Paris, à « la maison Rouge », à Foto España et à la galerie silverstein à NY. Guillaume
Herbaut a produit des documentaires pour la Radio française et a été
enseignant et mentor dans des ateliers en Russie, en Espagne, en Suisse
et en France. Il est représenté parAGENCE VU
biographie
©Richard Dumas
Photographe français, membre de l'Agence VU' depuis 2021, basé à Paris.
Parallèlement à des commandes pour la presse, son travail documentaire le conduit dans des lieux chargés d'histoire dont il interroge les symboles et la mémoire afin d'en révéler les drames invisibles : Tchernobyl, Auschwitz, Nagasaki et plus récemment le conflit en Ukraine. Ses photographies ont été exposées au Jeu de Paume, à la Maison rouge, à la grande Arche du Photojournalisme ou encore dans de nombreux festivals. Il a reçu plusieurs récompenses, dont deux World Press, un Visa d'or, le prix Niépce 2011 et, en 2016, le prix Bayeux-Calvados des correspondants de guerre, catégorie web journalisme, pour son carnet de route en Ukraine produit par Arte Info.
« Guillaume Herbaut engage la photographie dans un processus à rebours de l'actualité. Au témoignage direct sur l'événement, il superpose l'élaboration de scènes dignes de récits légendaires. Pour construire cet ambitieux projet, il s'immerge dans les temps et les espaces de la grande comme de la petite Histoire où l'humanité fait face à son destin. Gloire technologique (le nucléaire), instruments du pouvoir (les armes), souffle démocratique (révolution en Ukraine) se heurtent au péril sanitaire, à la cupidité morbide et aux affres totalitaires. Herbaut photographie la chute de l'Empire contemporain.
Le pouvoir des images est au cœur de la transformation de l'actualité en légende. Chaque grand chapitre qui s'écrit au fil de l'œuvre de Guillaume Herbaut est une exploration des ressources esthétiques de la photographie et des références qu'elle offre après deux siècles d'existence – exploration aussi de sa capacité à imaginer le monde à partir des faits bruts.
La photographie est-elle encore capable de nous édifier ? semble interroger Herbaut. Oui, lorsque l'histoire singulière et les lieux particuliers se transforment en thèmes universels. La Zone est la figure du déclin, la Place est celle des espoirs, le sexe nu celle d'une origine du monde iconoclaste, une poitrine libre l'image d'une révolution à venir. Guillaume Herbaut ose photographe comme on écrit une tragédie. Mais la catharsis n'est pas affaire de morale, elle nous aide à visualiser nos peurs.
On lit tout au long de cette fresque photographique le récit du journal de Guillaume Herbaut. Il affirme ainsi son rôle de narrateur. Ce n'est plus alors à la tragédie que l'on pense mais au théâtre épique de Brecht, lorsque l'acteur vient nous parler en face : la parole crée cette distance qui fait observer les événements terribles qui se jouent sur la scène du monde . En accusant les travers, en pointant les impasses comme les espoirs, en exprimant la sensualité âpre et héroïque, c'est à la photographie qu'il revient aujourd'hui de représenter les événements avec le réalisme dont elle est la seule capable. Toutes les photographies de Guillaume Herbaut ressemblent à de mauvais rêves éveillés. Il y a quelque chose d'enfoui dans ses photographies qui tout d'un coup fait surface : c'est la semelle des images qui colle à vos yeux.
Peut-être est-ce cela, le stade ultime de ce que le photojournalisme a dessiné depuis le XX e siècle : un art séculier, le point de rencontre de l'imaginaire et du politique. »
Michel Poivert – Historien de la photographie