JOURNÉE INTERNATIONALE DES FEMMES
JOURNÉE INTERNATIONALE
DES FEMMES
8 MARS
Célébrée chaque année le 8 Mars, le thème de la Journée internationale de la femme 2014 est: « L’égalité pour les femmes, c’est le progrès pour toutes et tous » .
mars 2014, journée internationale
de lutte des femmes pour leurs droits.
Le 8 mars, c'est toute l'année !
C’est au cours de la Journée internationale de la femme de 1975 que les Nations Unies ont commencé à commémorer la Journée internationale de la femme tous les 8 mars. Deux ans plus tard, en décembre 1977, l’Assemblée générale adoptait une résolution proclamant qu’une Journée des Nations Unies pour les droits de la femme et la paix internationale devait être célébrée par les États membres un jour quelconque de l’année, selon leurs traditions historiques et nationales.
La Journée internationale de la femme trouve son origine dans les mouvements ouvriers du tournant du XXème siècle en Amérique du Nord et dans toute l’Europe. Depuis lors, cette Journée a pris une nouvelle dimension mondiale pour les femmes des pays développés comme pour celles des pays en développement. Le mouvement international croissant en faveur des femmes, qui a été renforcé par les quatre conférences mondiales des Nations Unies sur les femmes, a contribué à faire de cette commémoration un point de ralliement pour mobiliser le soutien en faveur des droits des femmes et de la participation de ces dernières à la vie politique et économique.
La Journée internationale de la femme fournit de plus en plus l’occasion de dresser un bilan des progrès réalisés, d’appeler à des changements et de célébrer les actes de courage et de détermination accomplis par les femmes ordinaires qui ont joué un rôle extraordinaire dans l’histoire de leurs pays et de leurs communautés.
Voir notre couverture de la Journée internationale de la femme 2012
NB : De plus amples informations sur la célébration de la Journée internationale de la femme 2013 au Siège des Nations Unies, ainsi que le message adressé par la Directrice exécutive d’ONU Femmes à cette occasion et d’autres documents pertinents, seront fournis à mesure qu’ils deviennent disponibles.
Simone Veil, à la tribune en décembre 1974
Femme politique née en 1927
En 1944, après de brillantes études de droit à Paris, Simone Annie Jacob est déportée à Auschwitz avec sa famille. Simone et sa sœur survivent.
En 1946, elle épouse André Veil, inspecteur des finances. À 30 ans, elle est attachée au ministère de la Justice, dans l’administration pénitentiaire où elle se montre particulièrement attentive au sort des prisonniers. En 1969, elle est nommée conseiller technique du garde des Sceaux. Un an plus tard, elle est secrétaire général du Conseil Supérieur de la Magistrature, première femme à y entrer.
Simone Veil semble vouée aux plus hautes fonctions qu’aucune Française ait jamais exercées. À la fois maternelle et pleine d’assurance, féminine et sécurisante, cette grande femme brune au chignon strict et au regard vert d’une étonnante acuité sait s’imposer très naturellement dans le milieu éminemment masculin de la politique.
En 1974, Valery Giscard d’Estaing la fait entrer au gouvernement, sur le conseil de Jacques Chirac, au titre de ministre de la Santé où des dossiers délicats lui sont confiés. Sa plus éclatante victoire reste la loi sur la contraception et la légalisation de l’avortement (1975). Les débats qui ont précédé l’adoption de ces deux mesures ont été particulièrement houleux mais ont révélé la force paisible et l’intelligence de cette grande figure politique.
Simone Veil quitte son ministère en 1979 pour devenir présidente de l’Assemblée européenne. Elle poursuit son parcours atypique, indépendante et entièrement dévouée à ses idéaux de justice et de démocratie, obtenant le pouvoir sans jamais le rechercher, populaire sans aucune démagogie.
Pour en savoir plus :
Lire Les hommes aussi s’en souviennent, de Simone Veil, éditions Stock, 2004. Ce livre contient le discours du 26 novembre 1974 à propos de son projet de loi sur l’avortement.
Voir le film Les Hommes s’en souviendront de Valérie Müller, 2006, qui retrace les dernières minutes d’intimité qui ont précédé, le 26 novembre 1974, l’entrée de Simone Veil dans l’hémicycle de l’Assemblée Nationale pour y présenter son projet de loi pour l’avortement.
Il est temps d'agir pour mettre fin à la violence contre les femmes.
« Il y a une vérité universelle, applicable à tous les pays, cultures et communautés : la violence à l’égard des femmes n’est jamais acceptable, jamais excusable, jamais tolérable. »
M. Ban Ki-moon, Secrétaire général des Nations Unies
Olympe de Gouge
Journaliste révolutionnaire (1748-1793)
La femme a le droit de monter sur l’échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la Tribune.
Trop belle, trop courageuse, trop entière pour son siècle, Olympe de Gouges sera guillotinée le 3 novembre 1793. Son crime : avoir des convictions humanistes et féministes, et oser les revendiquer.
D’abord écrivain, elle fréquente assidûment les salons littéraires ; c’est à l’âge de quarante ans qu’elle se tourne vers la politique. Très impliquée, elle refuse que la révolution se fasse sans les femmes, pour lesquelles elle réclame l’égalité des droits. Ainsi, elle écrira en 1791, sa célèbre Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne.
Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne (1791) {JPEG}Mais ses engagements vont encore plus loin. Elle s’insurge contre l’esclavage, s’oppose à la peine de mort, prône la non-violence, défend les orphelins et les droits des mères célibataires. Elle est l’une des premières à faire des propositions concrètes en faveur de la démocratie.
Rejetée des sphères intellectuelles et du milieu politique, elle est portée à l’échafaud pendant les sombres heures de la Terreur. Ses derniers mots seront : "Enfants de la patrie, vous vengerez ma mort !".
Le 6 mars 2004 une place Olympe de Gouges était inaugurée à Paris : une reconnaissance, enfin !
Lire la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne
Bibliographie : Marie-Olympe de Gouges, une humaniste à la fin du XVIIIe siècle, par Olivier Blanc, Editions René Vienet, 2003.
BD : Olympe de Gouges, de Catel et Bocquet, 2012.
Inauguration de la Place Olympe de Gouge par les Verts, mars 2004.
Écouter le colloque Olympe de Gouges, Le Monde diplomatique, décembre 2008
Dans le monde, aujourd'hui :
Jusqu'à 50% des agressions sexuelles sont comises sur des filles de moins de 16 ans;
603 million de femmes au monde vivent dans des pays où la violence domestique n'est pas un crime;
Jusque 70% des femmes à travers le monde ont subi des violences physiques et/ou sexuelles au moins une fois au cours de leur vie...
Face à ces chiffres inacceptables, la communauté internationale s'est fermement engagée à changer le sort des femmes.
La Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDAW) exige que les pays parties à la Convention de prendre toutes les mesures appropriées pour mettre fin à la violence.
Il est temps d'agir
Le thème de cette année, « Une promesse est une promesse : Il est temps d'agir pour mettre fin à la violence contre les femmes », vise à renforcer l'engagement de la communauté internationale à mettre fin à la violence contre les femmes.
Dans le cadre de l'effort que l'ONU mène pour combattre la violence contre les femmes, la campagne du Secrétaire général Ban Ki-moon, TOUS UNiS appelle tous les gouvernements, la société civile, les organisations de femmes, d'hommes, de jeunes, le secteur privé, les médias et l'ensemble du système des Nations Unies d'unir leurs forces dans la lutte contre cette pandémie mondiale.
« One woman »
De la Chine au Costa Rica, du Mali à la Malaisie, des chanteurs et des musiciens connus, tant hommes que femmes, ont uni leurs efforts pour diffuser un message d’unité et de solidarité : Nous sommes « One Woman », une seule femme.
Que pouvons-nous faire?
« Il y a une vérité universelle, applicable à tous les pays, cultures et communautés : la violence à l’égard des femmes n’est jamais acceptable, jamais excusable, jamais tolérable. »
M. Ban Ki-moon, Secrétaire général des Nations Unies
Sites utiles
Ministère des droits des femmes
Le 8 mars, c'est toute l'année
Journée de la femme (site de l'ONU)
Ministère
Engagement de la DG Trésor pour renforcer la place des femmes dans l’encadrement supérieur
Modifié le 08/03/2013
Mobilisation du ministère
Pierre Moscovici et Jérôme Cahuzac confirment l’engagement des ministères économiques et financiers en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes en signant un partenariat avec Arborus.
Le 8 mars, le ministère a signé un partenariat avec l’association Arborus, représentée par sa présidente Cristina Lunghi, dans le cadre du dispositif « La courte échelle », dispositif qui met en relation une marraine, cadres de Bercy, et une filleule en classe de 3e dans un collège en zone d’éducation prioritaire.
Première administration d’Etat à avoir obtenu le label diversité en 2010 ainsi qu’à avoir signé pour ses agents un accord sur l’égalité professionnelle avec les partenaires sociaux en 2011, Bercy confirme une nouvelle fois son engagement en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes.
Nawal El Saadawi: Egypt's radical feminist
Nawal El Saadawi
|
Kavita Krishnan, AIPWA speaking at Jantar Manta
L'affaire de viol qui réveille le féminisme indien
Elles réclament la liberté. Celle de s'instruire, de tomber amoureuse, de mener leur vie sans être jugées, de vivre sans la peur d'être agressées. Le 19 décembre 2012, trois jours après qu'une étudiante a été victime d'un viol collectif dans un bus de New Delhi, et alors qu'elle luttait encore pour sa survie, Kavita Krishnan, responsable de l'Association indienne des femmes progressistes, prononce un discours qui devient un manifeste d'un mouvement féministe inédit en Inde.
Kavita Krishnan :
"La liberté sans peur est ce que nous devons protéger, sauvegarder et respecter"
"La liberté sans peur est ce que nous devons protéger, sauvegarder et respecter"
Suite à l'attaque sexuelle bestiale contre une étudiante paramédicale de 23 ans à Delhi, la capitale, ainsi que d'autres villes à travers le pays, a connu de nombreuses protestations réclamant justice non seulement pour la survivante, mais aussi de meilleures lois et des mesures sévères contre les délinquants sexuels. Lorsque le mercredi 19 décembre les étudiants et les protestataires ont marché vers la maison de la Première ministre de Delhi Sheila Dikshit, la police a tenté de les repousser avec des canons à eau. Kavita Krishnan, secrétaire de l' Association progressistes des femmes de l'Inde [All India Progressive Women’s Association (AIPWA)], a dit pourquoi Sheila Dikshit et l'establishment politique sont responsables de la situation sociale déplorable des femmes en Inde.-Rédaction Tehelka
C’est une journée de manifestations à travers le monde : l’occasion de faire un bilan sur la situation des femmes. Traditionnellement les groupes et associations de militantes préparent des manifestations, pour fêter les victoires et les acquis, faire entendre leurs revendications, afin d’améliorer la situation des femmes.
La Journée internationale des femmes reste aujourd’hui d’une brûlante actualité. Car tant que l’égalité entre les hommes et les femmes ne sera pas atteinte, nous aurons besoin de la célébrer.
- CELLES QUI ONT FAIT LE 8 MARS
- LES ACTRICES DECOUVREZ LES EN CLIQUANT SUR LEUR NOM
- Clara Zetkin
- Simone Veil
- Simone de Beauvoir
- Yvette Roudy
- Marthe Richard
- Rosa Luxemburg
- Madeleine Pelletier
- Florence Montreynaud
Et hop, une citation !
Vous aurez dans l’avenir l’auréole auguste de la femme qui a protégé la Femme. Votre admirable œuvre tout entière est un combat ; et ce qui est combat dans le présent est victoire dans l’avenir.
Victor Hugo - Extrait de Actes et paroles.
- Olympe de Gouge
- Michelle Bachelet
- Claudie André Deshays
- Margaret Sanger
- Cécile Brunschvicg
- Colette Besson
- Micheline Ostermeyer
- Louise Weiss
- Louise Michel
- Berthe Morisot
- Anne Zelensky-Tristan
- Hélène Boucher
- Régine Deforges
- Elsa Triolet
- Anaïs Nin
- Irène Joliot-Curie
- Benoîte Groult
- Irène Joliot-Curie
Mais aussi : Waris Dirie, Benoîte Groult, Emma Goldman, Hélène Brion, Shirin Ebadi, Lily Boulanger, Flora Tristan, Aung San Suu kyi, Niki de Saint Phalle, Irène Tunc, Andrée Butillard, Marie Marvingt, Marie Popelin, Sophie Scholl, Marguerite Durand, Madeleine Brès, Germaine Poinso-Chapuis, George Sand, Eve Ensler, Isabelle Eberhardt.
Mais aussi : Waris Dirie, Benoîte Groult, Emma Goldman, Hélène Brion, Shirin Ebadi, Lily Boulanger, Flora Tristan, Aung San Suu kyi, Niki de Saint Phalle, Irène Tunc, Andrée Butillard, Marie Marvingt,
- Marie Popelin, Sophie Scholl, Marguerite Durand, Madeleine Brès, Germaine Poinso-Chapuis, George Sand, Eve Ensler, Isabelle Eberhardt.
- 1910
C'est à Copenhague à la conférence internationale des femmes socialistes que l'idée d'une « Journée Internationale des Femmes » est décidée. - mars 1911
Un million de femmes manifestent en Europe. - 8 mars 1913
Des femmes russes organisent des rassemblements clandestins. - 8 mars 1914
Les femmes réclament le droit de vote en Allemagne. - 8 mars 1915
À Oslo des femmes défendent leurs droits et réclament la paix. - 8 mars 1917
À Saint Pétersbourg des ouvrières manifestent pour réclamer du pain et le retour de leurs maris partis au front. - 8 mars 1921
Lénine décrète le 8 mars journée des femmes. - 1946
La journée est célébrée dans les pays de l'Est.
Bibliographie
- ▪ La Journée internationale des femmes ou les vrais faits et les vraies dates des mystérieuses origines du 8 mars jusqu’ici embrouillées, truquées, oubliées : la clef des énigmes, la vérité historique, de Renée Côté, Éditions du Remue-ménage, Montréal, 1984. Plaisamment présentée, une quête de la vérité sur le 8 mars, à travers le labyrinthe des archives du mouvement socialiste. Aussi précis qu’un livre d’histoire, aussi passionnant qu’un roman policier.
- Le XXe Siècle des femmes, de Florence Montreynaud, Éditions Nathan, Paris, 1999.
- Les femmes ou les silences de l’histoire, Michelle Perrot, Éditions Flammarion, Paris, 1998.
- Un siècle de femmes, par Véronique Lesueur et Dominique Marny, Éditions France Loisirs, Paris, 1999.
- Les Françaises de la libération aux libérations, Sipa Press, Éditions Privat, Toulouse, 2002. Album de photographies aux légendes consensuelles, parfois agaçantes, mais néanmoins agréable à feuilleter.
- Droit de citer les femmes, recueil de citations choisies par Patricia Latour, Éditions le Temps des Cerises, Paris, 2002.
- Ainsi soit-elle, un petit essai, toujours d’actualité, qui se lit d’une traite, de Benoîte Groult, Éditions Grasset, Paris, 1975.
- Portail Les Femmes, concernant les femmes et le féminisme, de l’encylopédie Wikipédia
- CLIO, revue scientifique spécialisée dans l’étude de l’histoire des femmes
- Mnémosyne, association pour le développement de l’histoire des femmes et du genre
- Photothèque du mouvement social (rubrique « féminisme »), garde mémoire des luttes, par l’image
- Galerie photos sur le féminisme, images d’évènements féministes suivis par le photographe Fred Pieau
- Histoire du 8 mars
Comment le 8 mars est devenu la Journée Internationale des Femmes...
Au début du XXe siècle, des femmes de tous pays s’unissent pour défendre leurs droits.
La légende veut que l’origine du 8 mars remonte à une manifestation d’ouvrières américaines du textile en 1857 événement qui n’a en réalité jamais eu lieu ! En revanche, l’origine de cette journée s’ancre dans les luttes ouvrières et les nombreuses manifestations de femmes réclamant le droit de vote, de meilleures conditions de travail et l’égalité entre les hommes et les femmes, qui agitèrent l’Europe, au début du XXe siècle.
La création d’une “Journée internationale des femmes” est proposée pour la première fois en 1910, lors de la conférence internationale des femmes socialistes, par Clara Zetkin, et s’inscrit alors dans une perspective révolutionnaire.
La date n’est tout d’abord pas fixée, et ce n’est qu’à partir de 1917, avec la grève des ouvrières de Saint Pétersbourg, que la tradition du 8 mars se met en place. Après 1945, la Journée internationale des femmes devient une tradition dans le monde entier.
- 8 mars 1977
Les Nations Unies officialisent la Journée Internationale des Femmes. - 8 mars 1982
Statut officiel de la Journée en France. - Jusqu’à nos jours...
La date est réinvestie avec le regain féministe des années 70 et la “Journée internationale des femmes” est reconnue officiellement par les Nations Unies en 1977, puis en France en 1982. C’est une journée de manifestations à travers le monde, l’occasion de faire un bilan.
La Journée des femmes reste aujourd’hui d’une brûlante actualité. Car tant que l’égalité entre les hommes et les femmes ne sera pas atteinte, nous aurons besoin de la célébrer.
Pour en savoir plus : - Lire L’histoire de la Journée internationale des femmes, UNESCO
- Lire l’article de Clara Magazine : « Le jour où le 8 mars est devenu la Journée internationale des femmes » n°70 - mars 2002.
- Lire La Journée internationale des femmes ou les vrais faits et les vraies dates des mystérieuses origines du 8 mars jusqu’ici embrouillées, truquées, oubliées : la clef des énigmes, la vérité historique, de Renée Côté, Remue-ménage, Montréal, 1984. Plaisamment présentée, une quête de la vérité sur le 8 mars, à travers le labyrinthe des archives du mouvement socialiste.
- Les 8 mars se suivent, mais quelle signification ?, article d’Elisabeth Claude, 2002.
- Lire Le XXe Siècle des femmes, de Florence Montreynaud, Nathan, Paris, 1999.
Sites web sur l’histoire des femmes
« Le féminisme n’a jamais tué personne. Le machisme tue tous les jours. »
aurons besoin de la célébrer.
Jalel El Gharbi
|
Nawal El Saadawi: Egypt's radical feminist
Writer Nawal El Saadawi has braved prison, exile and death threats in her fight against female oppression. And she isn't about to give up now
Nawal El Saadawi. Photograph: Felix Clay
This year, at the age of 80, Nawal El Saadawi was back on the streets with her fellow Egyptians in the protests that brought about the end of President Mubarak's rule. The doctor, psychiatrist, feminist and university lecturer who has published almost 50 novels, plays and short stories first cut her teeth during the demonstrations against the British rule of Egypt
After undergoing female genital mutilation at the age of six, and seeing the damage it could do during her work as a village doctor, she campaigned against the practice – which led to her losing her job as director general of public health.
Her writing takes on controversial issues such as prostitution, domestic violence and religious fundamentalism. Most recently her criticism of patriarchal religion led to an unsuccessful legal attempt to strip her of her nationality and dissolve her marriage.
Nawal el Saadawi, figure majeure du féminisme égyptien et arabe, est né le 27 octobre 1930 à Kafr Talha, petit village dans le delta du Nil. Romancière, militante des droits de l’Homme, elle est aussi médecin psychiatre diplômée de l’université du Caire en 1954, puis de l’université de Columbia en 1966. Elle a très vite fait les frais de ses idées : en 1955, sur décision du ministre de la santé, elle est révoquée de ses fonctions de médecin à l’hôpital Qasr Al Ayni pour avoir écrit Les Femmes et le sexe , ouvrage traitant entre autres de ce qui, en Egypte, est le tabou par excellence, l’excision: «Je suis contre l’excision et conte la circoncision. Je le dis en tant que médecin. Je puis affirmer tout haut que les connaissances scientifiques indiquent que toute mutilation est extrêmement dangereuse. Historiquement, l’idée de la circoncision nous vient de l’esclavage et elle n’a aucun rapport avec l’islam. Je répète qu’il est dangereux de mutiler le corps d’une femme et des pays comme l’Arabie Saoudite, la Syrie, l’Irak, la Tunisie ne connaissent pas l’excision.»
Après de brefs mariages, le premier avec Ahmed Helmi, étudiant et militant de gauche, le deuxième avec un bourgeois qui s’oppose à ce qu’elle écrive, elle a épousé en 1964 le Dr Shérif Hetata, médecin, romancier, marxiste ayant connu la prison sous Naceur. Nawal el Saadawi connaîtra la prison sous le règne de Sadate en 1981 pour s’être opposée à la loi sur les partis uniques. Son livre Mémoires de la prison des femmes relate cette expérience. Elle sera par la suite condamnée à l’exil. Les islamistes intentèrent plusieurs procès contre elle tantôt pour mépris des religions, tantôt pour apostasie. Elle a longtemps figuré sur les listes noires des intégristes qui ont exigé qu’elle soit déchue de sa nationalité et surtout séparé de son mari, lors du procès intenté en 2001. On lui a surtout reproché ses écrits féministes, ses idées relatives à la religion. On ne lui a jamais pardonné, par exemple, d’avoir soutenu que le pèlerinage était une survivance de rites païens et que le voile était une tradition antéislamique, bien que ces deux idées soient couramment attestées dans la littérature religieuse. Voici comment elle s’en explique: «Je ne suis pas contre le pèlerinage, je suis contre qu’un mari fasse main basse sur le budget de sa famille et sur les économies de sa femme pour s’acheter un billet pour la Mecque et aller embrasser la Pierre Noire. Le travail est une forme de prière. Subvenir aux besoins de ses enfants est aussi une prière. Tous les rites du pèlerinage ont vu le jour avant les religions. C’est un fait historique. Le pèlerinage n’est pas seulement une pratique musulmane. L’islam est même venu interdire d’embrasser la Pierre noire. Quant au voile, je suis contre l’idée que le corps de la femme est une honte. La morale tient dans les moeurs et dans le travail de la femme et non pas dans le foulard qui ne fait que tricher avec l’éthique. Nous devons avant tout considérer la femme comme un être doué de raison.»
En 1982, elle crée l’Association Arabe pour la Solidarité avec les Femmes, association dissoute en 1991. Saadawi est également auteur d’une quarantaine d’ouvrages. En 2005, elle dit son intention de se présenter aux présidentielles. Au Caire, on trouve l’initiative scandaleuse ou ridicule ou audacieuse, mais on s’accorde à l’interpréter comme un défi. La provocation vise chez Nawal el Saadawi à confondre l’autre. Elle n’est pas l’expression d’une excentricité ; elle est un argument. Elle dût d’ailleurs s’expatrier juste après avoir exprimé son désir de se présenter aux élections. A ceux qui ont employé le mot «fuite» pour qualifier cet exil consenti, elle répond: «Le mot fuite ne s’applique pas à moi et je ne l’apprécie pas. Il y a des gens qui pêchent en eau trouble. Je suis intégrée dans la société égyptienne jusqu’à la moelle, beaucoup plus que le gouvernement égyptien même. Car mes livres ont été lues par quatre générations, depuis leur parution. Lorsque j’ai quitté l’Egypte, j’étais excédée par les élites égyptienne et arabe qui se sont vendues au capital et au pouvoir gouvernant ce pays. Il n’y a pas lieu de s’étonner de voir ces élites se taire lors de mon procès pour apostasie.»
En 2007, elle publie Dieu présente sa démission à la réunion au sommet , une pièce de théâtre jugée blasphématoire. Son éditeur, le libraire Madbouli qui tient la fameuse librairie de la place Tahrir, sans doute sous les pressions, procède à la destruction de 4000 exemplaires de deux titres de Saadawi.
Tous les procès qu’on lui a intentés sont des mesures de rétorsion visant à châtier les audaces de cette femme libre ayant osé défier le machisme. Un vaste mouvement de solidarité internationale a toujours soutenu cette femme dont les idées sont aujourd’hui encore d’actualité.
Chez Nawal el Saadawi, la vie nourrit l’oeuvre et l’épanchement autobiographique illustre la théorie. C’est ainsi qu’elle relate dans son livre L’Homme et sa sexualité , qu’enfant de dix ans, il lui arrivait chez ses parents de voir le voisin d’en face exhiber sa nudité, bien qu’il fût châtié à plusieurs reprises. Contrairement aux autres femmes qui s’empressaient de fermer les volets, la petite Nawal ne trouvait presque rien d’anormal à la scène. Pour elle, cet homme n’était qu’un parangon de tous les hommes. D’une manière ou d’une autre, tous sont plus ou moins portés sur l’exhibitionnisme. Les femmes ne le comprennent pas et cela peut expliquer le choc qu’elles ressentent à voir un homme marchant dans la rue fier d’une érection indécente. Un autre exemple illustrant cette proximité entre la vie et l’oeuvre : elle a rencontré à la prison de Kanater, fameuse prison réservée aux femmes, des prostituées. L’une d’elles lui a raconté qu’un de ses clients ne venait la voir qu’avec une cravache afin qu’elle le fouette généreusement, sans quoi il ne pouvait lui faire l’amour. D’autres demandaient à frapper les prostituées. Les uns et les autres préféraient s’adresser à des prostituées, qui parce que sa femme est d’un rang supérieur, qui par peur de se faire déconsidérer devant son épouse. Nawal el Saadawi conclue que la maturité de l’homme, son affranchissement des séquelles du sadisme et du masochisme, qui lui viennent des conditions dans lesquelles il a vécu, peuvent l’aider à accéder à une vie sexuelle pleinement consciente et exempte de maladies psychologiques. On le voit, mettant à nu l’hypocrisie sociale, Saadawi remet en question la représentation jusque là inviolée de l’homme dont la suprématie est ressentie comme un tabou.
Dans La Femme et la sexualité , Nawal el Saadawi s’attaque à d’autres tabous comme la virginité. Partant, comme elle le fait souvent, d’exemples vécus, elle raconte l’histoire d’un jeune couple venu la voir le lendemain de la nuit de noces. La jeune mariée semblait ne pas être vierge. Or, elle avait un hymne élastique qu’elle ne pouvait perdre que lors de l’accouchement. Nawal el Saadawi se demande : et si c’était la taille du sexe de l’homme qui ne permettait pas la défloration ? On mesurera combien est subversive cette remise en question la virilité de l’homme dans une société phallocrate.
Nawal el Saadawi procède à une véritable déconstruction du discours phallocrate dont elle relève les aberrantes contradictions. La plus flagrante de toutes ces contradictions concerne l’excision, cette pratique scandaleuse encore pratiquée en Egypte et frappée du sceau du tabou : la société machiste prive la femme de l’organe qui lui procure le plus de jouissance et exige qu’elle soit une partenaire qui lui donne pleine satisfaction. Nawal el Saadawi s’en prend à la théorie freudienne pour laquelle le clitoris serait un pénis tronqué ce qui expliquerait une prétendue envie féminine. Saadawi qualifie la théorie freudienne de « pathologique » et s’attelle à la réfuter en démontrant que la femme n’est en rien inférieure à l’homme et qu’elle le surpasse même sur le plan de l’intelligence.
Un autre tabou est traité dans ce livre, celui des mariages arrangés dont Saadawi montre qu’ils s’apparentent à une prostitution légale puisqu’il est régi par l’intérêt, les tractations et les rapports de force, c’est-à-dire tout ce qui annihile l’amour. Saadawi ne se contente pas de critiquer la condition féminine orientale. Le modèle capitaliste occidental n’est pas épargné parce qu’il exploite la femme, ou tout au moins son image, à des fins mercantiles.
L’oeuvre de Nawal el Saadawi a été primée à plusieurs fois : elle a remporté divers prix comme le prix du Conseil Supérieur de la Littérature (1974), le prix littéraire de l’Amitié Franco-arabe (1982) ou encore le prix Gibran (1988). Ces distinctions sont venues récompenser une?uvre commencée en 1950. Nous citerons surtout son ouvrage de facture autobiographique Mémoires d’une femme médecin . L’oeuvre vaut surtout par son caractère pionnier beaucoup plus que par ses qualités littéraires. En somme, nonobstant les nombreuses distinctions qu’elles ont reçues, les oeuvres de Nawal el Saadawi valent plus par leur caractère militant que par leur qualité littéraire. Chez elle la fiction n’est qu’un duplicata du réel – pour ne pas dire une contrefaçon. La visée didactique est par trop visible et les textes sont souvent redondants. A la lire, on a cette impression que sa phrase lui importe peu. On peut aimer la littérature qui s’assigne comme mission de témoigner. Mais nous sortons alors de la sphère de la littérature. Il est vrai que Nawal el Saadawi écrit dans l’urgence.
Pensant sans doute à la critique qu’ont fait ses détracteurs de ses oeuvres, elle n’hésite pas à soutenir que la critique est nulle, qu’elle vaut zéro. Voici l’angle sous lequel elle voudrait que ses romans soient lus: «On ne peut dissocier réalité et fiction, vérité et illusion, corps et âme. Ils sont toujours unis. Toutes ces dualités sont le produit de l’esclavagisme, d’un système hiérarchisé. Ce que j’essaie de faire, c’est d’associer fiction, rêve et réalité. »
Sur un autre plan, on peut relever que la lutte pour l’émancipation de la femme est indissociable de la lutte politique : « Je n’établis pas de distinguo entre l’émancipation de la femme et la libération de l’Egypte ou du monde arabe. Dans mes écrits, j’ai toujours rattaché la question de la colonisation – qu’il s’agisse de la colonisation britannique, ou de l’américaine- à la question de la femme. La presse laisse entendre que j’écris uniquement sur la femme, mais je vous assure que je tiens toujours à associer la question féminine aux problèmes politiques locaux et internationaux. » C’est toujours de la même lutte qu’il s’agit. L’émancipation est une bien qu’elle comporte divers volets. Un mot pourrait sans doute en dire toute la variété, la culture. Tout combat est culturel.
Précisons que Nawal el Saadawi a une conception militante de la culture: «L’intellectuel est celui qui essaie de comprendre le monde autour de lui, de dialoguer avec lui et d’établir des liens entre les divers champs de la connaissance (médecine, religions, histoire).» L’intellectuel est perçu à travers l’action qu’il mène, à travers l’influence qu’il laisse sur la société. Dit autrement, à travers la praxis. Cette conception de l’écriture peut être illustrée par son livre Ferdaous, une voix en enfer . Ici, Ferdaous lance ce cri fait à la fois de fatalisme et de sagesse orientale «Je ne veux rien. Je n’espère rien. Je ne crains rien. C’est pour cela que je suis libre. Parce que, tout au long de notre vie, ce sont nos désirs, nos espoirs, nos craintes qui nous asservissent.»
Aujourd’hui, le printemps arabe ne semble pas avoir résolu tous les problèmes. D’autres raisons de s’inquiéter ont vu le jour. Nawal el Saadawi déplore que les femmes, qui ont fortement contribué à la révolution fassent aujourd’hui l’objet de tentatives d’exclusion puisqu’elles sont peu ou pas représentées dans les instances nées de la révolution égyptienne. Nawal el Saadawi incrimine les fanatiques religieux. Dans un entretien qu’elle a donné le 15-8-2011 au journal Al Qods Al Arabi, paraissant à Londres, Saadawi fait preuve d’un radicalisme politique qui ne peut laisser indifférent. Voici ce qu’elle dit des islamistes: « Les courants religieux sont financés par des parties étrangères. Ben Laden, Georges Bush, Sadate, les Frères musulmans, Moubarak, les courants islamistes et les salafistes sont des sosies. » Saadawi déclare ne pas avoir été la cible des seuls islamistes. Sa critique de la religion lui a valu les critiques des fanatiques de toutes les confessions. Sur un autre plan, sa critique du système politique va au-delà des frontières de l’Egypte. Dans le même entretien publié à Londres, Saadawi brosse un tableau de l’état du monde sans concessions: «Nous vivons dans une grande jungle. Lorsque de grandes armées comme l’armée américaine ou les armées européennes occupent l’Irak pour le pétrole, lorsqu’Israël occupe la Palestine, lorsque l’OTAN bombarde la Libye, cela signifie que nous vivons dans une jungle militaire qui persécute tous les peuples, surtout ceux qui ont des ressources naturelles.»
De nouveaux défis semblent se poser à la question féminine, à ce mouvement pour l’affranchissement des femmes et des hommes. Tout se passe comme si le printemps arabe avait multiplié les défis qui se posent à la liberté.
Jalel El Gharbi
(20/10/2011)
On lira de Nawal el Saadawi en français:
Mémoires de la prison des femmes , éditions Le Serpent à plumes
Ferdaous, une voix en enfer , éditions Des femmes. Antoinette Fouque
Isis (pièce de théâtre), éditions Lansman.
mots-clés:
|
Spearhead
Nawal el-Saadawi and the New Feminist Family
by Katherine Roth
Nawal el-Saadawi is perhaps the best loved, most hated and best known feminist in the Arab world.
Her determination to achieve sexual equality for Arab women, her uncompromisingly aggressive manner, and her demands for liberties such as sex before marriage have drawn the attention of Arabs and Westerners alike.
Nawal el-Saadawi
El-Saadawi stands out among feminists in Egypt and in the region because she is a woman as strong as she is controversial, in a class all her own.
“My role is to link politics and society, to bring the whole thing together in a fight for justice,” she says. “My role is to ask why. Why do I write? Because I’m not satisfied. So long as I’m not satisfied I will fight to change things in Egypt.”
But that fighting spirit has earned her many enemies.
“I’ve been attacked for over 40 years. Either I can look back and attack back or look forward and write more books. When they say I’m crazy, I see it as a compliment. I think they (critics) are crazy. They are miserable. They marry and cannot divorce. I have divorced twice. I want to change the system and I start with myself. Women are buried in the name of good manners, and I try to pull them out of that grave,” she says, and goes on, refusing to be interrupted.
“I’m ready to die if someone tries to stop me from expressing myself.”
Her words are strong because she is fighting to encourage strength among those around her. With shining eyes, a quick mind, and white hair flying in all directions, she’s become more outspoken and controversial all the time.
Criticized by liberals and conservatives alike, “Dr. Nawal,” as she is known, keeps on trucking. But although she is certainly wild, she’s not crazy.
Quietly, and despite the maddening crowds of increasingly conservative Egyptians, her strong talk of willingness to give up everything including her life for the cause of equality has substance. She lost her post as Egypt’s director of public health after the publication of her book Women and Sex, and was one of 1500 opinion leaders jailed by Sadat in September, 1981 for demanding democracy and opposing the peace treaty with Israel. She and the other detainees were freed by Mubarak three months later in one of his first acts as president.
Her conviction that sexual equality is in line with Islam and that a fair division of labor works in practice, as well as in theory, are proven in the most essential unit of society she hopes to change, her family.
Far from being the lone Amazonian warrior she sometimes seems, Nawal is the matriarch of a new kind of Egyptian family — a Muslim, feminist family.
El-Saadawi has been married for 27 years to Sherif Hetata, medical doctor and novelist. They have two children, Mona, el-Saadawi’s daughter by a previous marriage, and Atef.
“We’re still considered an odd family, but we’ve imposed ourselves by working. People can’t say we’re an unproductive family,” says Hetata, a progressive thinker who was jailed for 13 years under King Farouk and Nasser because of his views.
Nawal el-Saadawi today
Not only does her family work, but it works hard; father, mother and two children striving daily to make Egyptian society more equitable. Nawal, 59, says she has written 27 books in the last 35 years and is starting on her next novel, which she says is about “the innocence of the devil.” At the same time she works as a political activist and president of the Arab Women’s Solidarity Association.
Hetata, 66, an internal medicine specialist, has now given up his practice to write full time. He has published six novels in Arabic, two of which have been published in English: The Eye with an Iron Lid and The Net. He has also translated four of el-Saadawi’s books and is at work on the third volume of his memoirs. Her daughter Mona, 32, secretary general of the AWSA, is at work on her fourth book, and their 24-year-old son Atef just finished his second film, The Violin, a documentary about a young girl whose marriage gets in the way of artistic expression. It is also, according to el-Saadawi, “about the repression of young people in society in general.”
El-Saadawi’s is a family that has survived against all odds: imprisonment of husband and wife; years of separation; intense social pressure against their views; life in the public spotlight under the watchful eye of the government; and seemingly opposite personalities.
You name it, they’ve been through it.
They are remarkable largely because of their history, which begins with the matriarch herself.
Born to a family of little means in the Delta village of Kafr Tahla in 1931, el-Saadawi says she became a feminist at age seven. “It started unconsciously when I was a child. I felt the discrimination,” she wrote in Opening the Gates (Indiana University Press, 1991). “My parents and my family were relatively quite liberal. But I felt that my brother was privileged. And then when I grew up I became a physician, and I worked in rural areas, and so on, where I started to become aware of the fact that what I had felt years earlier was the truth.”
In 1955, el-Saadawi became Egypt’s director of public health. She began writing novels and short stories over 30 years ago and in 1972 published her first study on Arab women, Women and Sex. This cost the author her position in the Ministry of Health, her post as chief editor of the medical journal Health and her job as assistant secretary general of Egypt’s Medical Association.
She reacted by focusing her energies on the plight of Arab women. From 1973 to 1976, she researched neurosis and women at Ain Shams University and from 1979 to 1980 she served as the UN advisor for the Women’s Program in Africa and the Middle East.
Soon after her return to Egypt, her outspoken views led to a three-month prison term. Her imprisonment did not discourage her fight for increased democracy and justice in the region, and the very day she was released, consistent with the direct style for which she is known, she demanded greater democracy in Egypt under President Mubarak.
El-Saadawi demands democracy right down to the division of labor within her own family. She contends that this egalitarian family structure is in line with Islam, and that veiling and the unequal treatment of women under the law are the result of misinterpretation of the Quran.
But she is the first to admit that the attainment of her ideal marriage has not been easy. “I divorced two husbands before I met Sherif, so you see it is not really easy for an independent, free woman to have a successful marriage,” she says. “It is almost impossible.
“They wanted to dominate me and my life, like most husbands do, but I wouldn’t have it,” she says. “My relationship with Sherif is based on equality and justice. For almost 20 years we shared all the housework and the responsibilities of raising children. It was only four years ago that we started having a houseman — not a housemaid, incidentally.”
Now that the children are grown, the thread linking the family together and representing them to the outside world is the Arab Women’s Solidarity Association, a group fighting to remain alive because of fierce government opposition to their thinking.
With the motto “unveiling the mind,” the 2000-member international association was founded in 1982 by Nawal el-Saadawi and about 50 like-minded members representing different Arab countries. The Egyptian branch of the AWSA boasts 600 members, a surprising 30 percent of whom are men.
The plan was to form a pan-Arab organization with the primary goal of increasing awareness among Arab men and women to help create a more just society. The group is a think tank for men and women interested in working toward greater equality of the sexes.
“The main focus is intellectual, and we try to promote awareness of problems in Arab society and their possible solutions,” explains Mona. “But we’re also trying to work on a practical level.”
The AWSA helps publish work by progressive Egyptian women writers and envisions increased work on a more concrete level to help improve the status of women in rural communities.
Their latest project is setting up a legal committee to assist women who cannot afford court expenses for divorce and other cases. If the project is carried out, it will be the first such legal aid society in the country.
The AWSA’s quarterly review, Noon (named for an ancient Egyptian goddess) remains blocked by the government, which has refused to grant it a license to publish. It was produced as an in-house newsletter for members only until May, when the government stopped its publication altogether.
Although seemingly harmless politically, and not affiliated with any political party, the association is constantly running into obstacles.
“The Ministry of Social Affairs was against us from the start because we were very independent of the government. They are against any independent groups which speak their own minds,” says el-Saadawi.
“Here the rule is you either belong to the left or the right. We belong to ourselves and that makes us suspicious. The left accused us of being too Western, and the right accused us of being communist because we speak about class struggle.”
In 1985, the AWSA finally gained recognition as a non-governmental organization under the United Nations, a move which eased their struggle by allowing them to apply for UN funding. The next step was to seek more overseas funding from other international organizations such as UNESCO.
The AWSA is currently underwritten by UNESCO and other international non-governmental organizations. The yearly budget varies from LE 15,000 to 20,000, depending on the group’s activities.
But the force behind the AWSA remains the outspoken and prolific el-Saadawi. She is no diplomat and, for better or for worse, she has a knack for riling people.
Among the accusations hurled against her are that she uses undereducated, victimized women to further her own reputation in the West and that her attitude towards these women is as patronizing as any man.
“Quite a lot of people, left and right, use my power in the West against me,” says el-Saadawi. “But I write in Arabic and I never write in English, so how can I be working for my image in the West? My name in the West came as a by-product of my work in the Arab region. That’s what people try to ignore.”
She looks to her husband, who continues in her defense.
“If she has been working and living in Egypt ever since 1954, and the translation of her first book into English was in 1980, that means that she has created her foundations mainly in the Arab countries. That’s why people abroad have become interested in her, because she represents something,” he says.
“Anyway, I am damaging my image in the West by being so radical and speaking about US intervention in the Gulf and the link between politics and sexuality,” el-Saadawi chimes in. “I link female circumcision and the veil to class and slavery and patriarchy, not to Islam or the Arab world or Africa. The West doesn’t like that.”
Above and beyond the predictable objections of conservatives that she is out of line in fighting for women’s legal and social equality and against traditional and widespread practices such as veiling and clitorectomies, even her strongest supporters say she fights too fiercely for the good of the cause. Many say she is way out of line when she condones sex before marriage.
Dr. Emad el-Din Ismail, a leading psychologist and author who has been called Egypt’s Dr. Spock, is one of her most enthusiastic yet critical supporters.
“Nawal is a good advocate for the woman’s cause and for equality,” he says. “But she is so free with her ideas she sometimes gets in trouble. It is not her ideas that are the problem, but her means. She is not tactful. She would get through to people better if she had a softer approach.”
He also says that although he supports the AWSA fully and has participated in their seminars, the association sometimes makes it difficult for other progressive groups.
“Her extremism can be inhibiting. When people see this person in front of them they don’t see a role model. Then they don’t want to join any progressive group,” he explains.
Mawaheb el-Mouelhy, a family planner and feminist who belongs to the AWSA and to Zonta the only other feminist group in Egypt, agrees.
“She is just too intense for Egypt. You have to be strong to survive, but not to that extent. We don’t gain fundamentalist support by giving this image of feminism,” she says, specifying that “things like talking about sex publicly is often misinterpreted by people.”
Sex, according to those most established in progressive circles, is el-Saadawi’s real problem and is what separates her from other Arab feminists and would-be supporters.
Ameena el-Said, the first professional woman journalist in Egypt, and an outspoken feminist in her time, was not imprisoned for her activism and fight for equality of the sexes. On the contrary, she was awarded the highest honors by Nasser, Sadat and Mubarak for her activism. Yet she and el-Saadawi were fighting for much the same thing.
Aside from their differing approaches to the problem of sexual inequality, the main difference is that el-Said never went as far as to support pre-marital sex. For the government and for many Arabs, that was taking things a bit too far.
“El-Saadawi has the right idea. But she is going too fast for Egypt,” says el-Said. “She wants a sexual revolution before most women are even literate. That’s no good. Women must be strong and free. But they must respect their bodies. I would never support free sex.”
The bottom line is that for many Egyptians, especially younger men and women, Nawal el-Saadawi’s organization remains the only alternative, the only forum in which to fight for social change.
All association meetings and seminars are held in Arabic, the association has a library of Arabic books on the role of women, and the defunct newsletter, Noon, was written in Arabic by and for Arabs, not Europeans.
It seems that at least several hundred Egyptians want to “unveil their minds” and seek Arab alternatives to social problems.
“Egalitarian thinking seems to be working for el-Saadawi and Hetata. Why can’t it work for others?” says one young AWSA member.
Despite el-Saadawi’s flaws, her domineering personality, and her many enemies, she and her family seem to be fighting the good fight harder than anyone else around.
“Dr. Nawal” meets an otherwise unfulfilled need in the Arab world and even if she is one step more radical than anyone else, her strength and determination earn her at least a few admirers even among the hesitant.
Perhaps it is her husband who put it most eloquently: “You need people who are wise and more compromising. But remember, all great thinkers were once considered radicals.”
Reprinted with permission from Cairo Today, “The Magazine of Egypt,” July 1991, 24 Syria Street, Mohandiseen, Cairo, or PO Box 186, Austin, TX, 78767.
Great Mother
Daughter of the Moon
Mother of the Earth
We were borne in your vessel
And emerged from your Sacred portal
In your image.
Merciful Mother of consciousness
Protectress of women in childbirth
Patroness of women in labour
Goddess of birth
And
Re-birth
Daughter of the Moon
Mother of the Earth
We were borne in your vessel
And emerged from your Sacred portal
In your image.
Merciful Mother of consciousness
Protectress of women in childbirth
Patroness of women in labour
Goddess of birth
And
Re-birth
Jamila Salimpour
Copyright © Habibi Publications 1992-2002, Shareen El Safy, Publisher.
All rights reserved. No part of this publication may be reproduced, distributed or transmitted in any form or by any means, or stored in a database or retrieval system, without the prior written permission of the publisher.
All rights reserved. No part of this publication may be reproduced, distributed or transmitted in any form or by any means, or stored in a database or retrieval system, without the prior written permission of the publisher.
Women's Intellectual Contributions to the Study of Mind and Society
Students, as part of an advanced seminar, examined and wrote about the lives of these women, their intellectual contributions, and the unique impact and special problems that being female had on their careers.
|
|
For information about referencing this paper - Click Here
|
Nawal Saadawi
by Jennifer McBride
Nawal El Saadawi is a leading Egyptian feminist, sociologist, medical doctor and militant writer on Arab women's problems. She is one of the most widely translated contemporary Egyptian writers, with her work available in twelve languages.
Nawal El Saadawi was born in 1931 in Kafr Tahla, a small village outside of Cairo. El Saadawi was raised in a large household with eight brothers and sisters. Her family was relatively traditional, El Saadawi was "circumcised" at the age of six, and yet somewhat progressive, El Saadawi's father insisted that all of his children be educated. El Saadawi describes her mother as "a potential revolutionary whose ambition was buried in her marriage." Her mother died when she was 25, and her father shortly thereafter, both unable to witness the incredible accomplishments their daughter went on to make.
Despite limitation imposed by both religious and colonial oppression on rural women, El Saadawi attended the University of Cairo and graduated in 1955 with a degree in psychiatry. After completing her education, El Saadawi practiced psychiatry and eventually rose to become Egypt's Director of Public Health. El Saadawi met her husband, Sherif Hetata, also a doctor, while working in the Ministry of Health, where the two shared an office together. Hetata shared El Saadawi's leftist views, himself having been imprisoned for 13 years for his participation in a left-wing opposition party.
Since she began to write over 25 years ago, El Saadawi's books (27 in all) have concentrated on women, particularly Arab women, their sexuality and legal status. From the start, her writings were considered controversial and dangerous for the society, and were banished in Egypt. As a result, El Saadawi was forced to publish her works in Beirut, Lebanon. In 1972, her first work of non-fiction, Women and Sex, which as the title suggests, dealt with the highly taboo subject of women and sexuality, and also the sensitive subjects of politics and religion. This publication evoked the anger of highly placed political and theological authorities, and the Ministry of Health was pressured into dismissing her. Under similar pressures she lost her post as Chief Editor of a health journal and as Assistant General Secretary in the Medical Association in Egypt.
From 1973 to 1976 she researched women and neurosis in the Ain Shams University's Faculty of Medicine. Her results were published in Women and Neurosis in Egypt in1976, which included 20 in-depth case studies of women in prisons and hospitals. This research also inspired her novel Woman at Point Zero, which was based on a female death row inmate convicted of murdering her husband that she met while conducting the research.
In 1977, she published her most famous work, The Hidden Face of Eve, which covered a host of topics relative to Arab women such as aggression against female children and female genital mutilation, prostitution, sexual relationships, marriage and divorce and Islamic fundamentalism.
From 1979-180 El Saadawi was the United Nations Advisor for the Women's Program in Africa (ECA) and the Middle East (ECWA).
Later in 1980, as a culmination of the long war she had fought for Egyptian women's social and intellectual freedom, an activity that had closed all avenues of official jobs to her, she was imprisoned under the Sadat regime, for alleged "crimes against the state." El Saadawi stated "I was arrested because I believed Sadat. He said there is democracy and we have a multi-party system and you can criticize. So I started criticizing his policy and I landed in jail." In spite of her imprisonment, El Saadawi continued to fight against oppression. El Saadawi formed the Arab Women's Solidarity Association in 1981. The AWSA was the first legal, independent feminist organization in Egypt. The organization has 500 members locally and more than 2,000 internationally. The Association holds international conferences and seminars, publishes a magazine and has started income-generating projects for women in rural areas. The AWSA was banned in 1991 after criticizing US involvement in the Gulf War, which El Saadawi felt should have been solved among the Arabs.
Although she was denied pen and paper, El Saadawi continued to write in prison, using a "stubby black eyebrow pencil" and "a small roll of old and tattered toilet paper." She was released in 1982, and in 1983 she published Memoirs from the Women's Prison, in which she continued her bold attacks on the repressive Egyptian government. In the afterword to her memoirs, she notes the corrupt nature of her country's government, the dangers of publishing under such authoritarian conditions and her determination to continue to write the truth:
When I came out of prison there were two routes I could have taken. I could have become one of those slaves to the ruling institution, thereby acquiring security, prosperity, the state prize, and the title of "great writer"; I could have seen my picture in the newspapers and on television. Or I could continue on the difficult path, the one that had led me to prison... Danger has been a part of my life ever since I picked up a pen and wrote. Nothing is more perilous than truth in a world that lies. Nothing is more perilous than knowledge in a world that has considered knowledge a sin since Adam and Eve... There is no power in the world that can strip my writings from me.
Even after her release from prison, El Saadawi's life was threatened by those who opposed her work, mainly Islamic fundamentalists, and armed guards were stationed outside her house in Giza
fInde: «Il faut défendre, sans crainte, le droit des femmes à la liberté!»
Kavita Krishnan :
"La liberté sans peur est ce que nous devons protéger, sauvegarder et respecter"
"La liberté sans peur est ce que nous devons protéger, sauvegarder et respecter"
Suite à l'attaque sexuelle bestiale contre une étudiante paramédicale de 23 ans à Delhi, la capitale, ainsi que d'autres villes à travers le pays, a connu de nombreuses protestations réclamant justice non seulement pour la survivante, mais aussi de meilleures lois et des mesures sévères contre les délinquants sexuels. Lorsque le mercredi 19 décembre les étudiants et les protestataires ont marché vers la maison de la Première ministre de Delhi Sheila Dikshit, la police a tenté de les repousser avec des canons à eau. Kavita Krishnan, secrétaire de l' Association progressistes des femmes de l'Inde [All India Progressive Women’s Association (AIPWA)], a dit pourquoi Sheila Dikshit et l'establishment politique sont responsables de la situation sociale déplorable des femmes en Inde.-Rédaction Tehelka
fInde: «Il faut défendre, sans crainte, le droit des femmes à la liberté!»
Publié par Alencontre le 4 - janvier - 2013
Par Kavita Krishnan
Au milieu de l’indescriptible horreur du viol et de la tentative d’assassinat (consommés le 27 décembre 2012 lorsque la victime est décédée) à la Nouvelle Delhi, il existe une lueur d’espoir que nous voulons nourrir et tenir entre les mains pour qu’elle ne s’éteigne pas, pour qu’elle puisse devenir une forte flamme qui puisse s’étendre comme un feu de forêt.
Une jeune femme de 23 ans, étudiante en physiothérapie, est montée dans un autobus à la Nouvelle Delhi, avec un ami. Ils étaient seuls dans l’autobus, à l’exception d’un groupe d’hommes qui se sont mis à lui lancer des quolibets parce qu’elle se trouvait seule avec un homme à cette heure de la nuit. Ni elle ni son ami n’ont accepté ces railleries sans réagir. Finalement, le groupe d’hommes a décidé «de leur donner une leçon». Ils ont tabassé l’ami jusqu’à le laisser sans connaissance. Et ils ont violé la jeune femme en groupe, en la frappant avec sadisme et en la laissant avec les intestins déchirés.
L’espoir vient du grand nombre de personnes qui ont protesté publiquement suite à ce crime. Cela fait du bien de voir la colère spontanée et la détermination de placer les violeurs devant la justice. Mais c’était encore mieux de constater la volonté de diriger cette colère contre une société et une culture qui justifient l’outrage et le viol sexuels. La volonté populaire – celle de ces femmes et de ces hommes – d’exposer les racines de la violence sexuelle et d’y mettre un terme inspire plus d’espoir et de confiance que toute la rhétorique flamboyante des députés au Parlement.
Défier la culture du viol
Une des femmes qui a vu la vidéo de notre manifestation de protestation et des discours des militants devant la maison de la ministre en chef de Delhi, Sheila Dixit, m’a écrit pour me dire combien ces protestations l’avaient touchée: «Des femmes plus jeunes m’ont écrit, elles étaient complètement angoissées parce que leurs parents sont en train d’utiliser le cas de viol collectif de Delhi comme un exemple de ce qui peut se passer quand on sort « se promener ». Et on ne leur laisse déjà rien faire: ni avoir une conversation avec des amis hommes, ni aller à l’université de leur choix. Le fait de voir votre manifestation m’a rempli d’espoir et de solidarité».
La violence sexuelle est, de fait, une manière d’imposer la discipline patriarcale aux femmes. Les femmes qui la défient sont châtiées par le viol pour leur «témérité». La violence sexuelle fonctionne comme un censeur interne permanent des décisions des femmes. La «protection» contre la violence sexuelle adopte en général elle aussi la forme de restrictions qu’on impose aux femmes: le couvre-feu dans les maisons universitaires en est l’exemple le plus répandu, avec les codes vestimentaires, l’interdiction de téléphones mobiles, les restrictions de leur liberté de mouvement et de leurs amitiés (en particulier des amis hommes), les obstacles à leur immatriculation dans une université éloignée de chez elles et ainsi de suite. Aussi bien la violence sexuelle que les mesures censées les combattre puent le patriarcat, il n’est donc pas étonnant que les femmes se sentent asphyxiées.
Il y a quelques années, lorsque la journaliste Sowmya Visvanathan a été assassinée par balles, le ministre en chef de la Nouvelle Delhi a expliqué que Sowmya s’était montrée «effrontée» en se trouvant dans la rue à 3 heures du matin. Le récent commissaire en chef de la police de Delhi a déclaré lors d’une conférence de presse: «Si les femmes sortent seules à 2 heures du matin, elles n’ont pas à se plaindre de leur insécurité. Elles n’ont qu’à se faire accompagner par leur frère ou par un chauffeur». Ces déclarations ont évidemment été reçues par une salve de protestations. Beaucoup de gens ont rappelé que les femmes qui travaillent n’ont souvent d’autre solution que de sortir tard la nuit. Dans le cas présent, les leaders parlementaires du Bharatiya Janata Parti (BJP – Parti du peuple indien, nationaliste-hindouiste) ont dit que la victime n’avait rien fait de «bizarre», qu’elle n’était pas sortie très tard la nuit. Une chaîne de télévision nationale anglophone, en se référant au cas de viol à Delhi, répétait: «elle n’était pas vêtue de manière provocante… Il n’était pas tard la nuit…Elle n’était pas seule».
L’idée qui se dégage est claire: que les femmes ne doivent pas sortir la nuit sans avoir de bonnes raisons, elles doivent s’habiller de manière «non provocante». Qu’il est acceptable d’attendre qu’elles limitent leur liberté de mouvement et leur manière de s’habiller «pour leur sécurité». Qu’il est acceptable de mettre les femmes ayant subi des violences sexuelles sur le banc des accusées et d’exiger qu’elles «se justifient». Autrement dit, on accepte très facilement que les femmes doivent démontrer qu’elles n’ont pas «incité» à leur propre viol.
Mais, au cours des protestations, il a été réconfortant de voir et d’entendre beaucoup de femmes défier cette culture du viol: une culture qui justifie le viol et accuse les femmes «d’inciter» au viol ou de le «provoquer». Sur une pancarte, on pouvait lire:«Ne m’apprends pas comment je dois m’habiller, apprend plutôt à tes fils à ne pas violer». Sur une autre on pouvait lire: «Mon courage est plus long que ma jupe, ma voix plus éclatante que mes habits». Et sur une troisième, écrite à la main par une étudiante qui manifestait probablement pour la première fois, on lisait: «Il l’a violée parce que ses habits le provoquaient? Je lui casse la figure parce que sa bêtise me provoque!».
Lorsqu’on offre aux femmes une «protection» en termes patriarcaux (en leur imposant des restrictions et des règles), c’est le moment de dire: «Non. Merci. Nous n’avons pas besoin de mesures de sécurité patriarcales pour les femmes». Par contre, nous devons exiger que le gouvernement, la police, les juges et d’autres institutions, défendent le droit inconditionnel des femmes à être effrontées, à s’habiller, à se mouvoir et à se comporter librement n’importe quand, de jour comme de nuit, qu’elles aient besoin de le faire ou non, sans craindre de subir de violence sexuelle. Après tout, cette liberté de faire ce qu’ils veulent et d’être en sécurité dans l’espace public est quelque chose que les hommes considèrent comme étant tout à fait normal pour eux. L’audace des hommes est constamment vantée dans la culture populaire.
«Protection» patriarcale et «honneur»
Dans la récente campagne publicitaire de la police de Delhi contre la violence sexuelle on est interpellé par l’absence de femmes. On y voit l’acteur et directeur de cinéma Farhan Akhtar dire: «Fais de Delhi un lieu sûr pour les femmes. Es-tu suffisamment homme pour te joindre à moi?». Une autre annonce que la police de Delhi utilise depuis plusieurs années montre la photo d’une femme harcelée par un groupe d’hommes, alors que d’autres hommes et femmes se contentent de regarder. L’annonce proclame: «Il n’y a pas d’hommes dans cette photo… sinon ceci ne se passerait pas», et demande instamment aux «vrais hommes» de «la sauver de la honte et de la douleur». On suggère ainsi que les harceleurs ne sont pas de «vrais hommes», que les femmes qui subissent le harcèlement ressentent de la honte (plutôt que de la colère), et que seuls les «vrais hommes» peuvent protéger les femmes. Il n’y a pas la moindre tentative de la part de l’administration de l’Etat de défendre ou de propager une conception selon laquelle les femmes doivent être libres et avoir des droits.
Or, c’est une célébration du machisme qui est ainsi répandue dans ces messages, alors qu’en fait c’est précisément celui-ci qui est à l’origine du problème de la violence contre les femmes. Le viol n’est pas la seule forme de violence contre les femmes. Récemment il y a eu une série d’incidents dans différentes parties du pays, dans lesquels un père ou un frère ont coupé la tête à une femme parce qu’elle avait eu une aventure extra-maritale ou parce qu’elle s’était mariée en dehors de sa caste.
Un homme du district de Dharmapuri, dans le Tamil Nandu [Etat du sud de l’Inde] s’est suicidé lorsque sa fille a épousé un dalit (intouchable), déchaînant une vague de violence contre toute la communauté dalit. On exhorte les hommes à défendre «l’honneur» des femmes contre la «honte». Or, lorsqu’ils surveillent les relations de leurs sœurs ou filles – y compris au point de les assassiner si elles les défient – ne prétendent-ils pas agir pour défendre l’«honneur»?
Il y a aussi l’idée que le viol dépossède la femme son «honneur». On raconte que les reines de Rajpout préféraient être brûlées vives en masse plutôt que d’être violées par les armées conquérantes. Un des facteurs qui explique le grand nombre de suicides de femmes suite à un viol est sans doute le fait qu’on les persuade que leur vie est désormais «ruinée», et qu’il ne vaut pas la peine de continuer à vivre.
En parlant devant le Parlement, le dirigeant du BJP, Sushma Swaraj, a déclaré que même si la victime du viol à Delhi survivait, elle ne serait plus qu’une zinda laash, c’est-à-dire un «cadavre vivant». En réponse à cette déclaration, une étudiante de l’université de Jawaharlaj Nehru qui participait à une veillée à Safdarjung, a riposté ainsi: «Nous sommes venues ici pour que la victime du viol sache que nous sommes avec elle. Nous sommes indignées par la déclaration de Sushma Swaraj selon laquelle une femme violée n’est plus qu’une zinda laash. Nous sommes ici pour dire que nous espérons qu’elle vivra pleinement sa vie, avec la tête haute, et que ce sont les violeurs et non la survivante qui devraient souffrir et se sentir humiliés».
Il faut mettre un terme aux viols sous garde, de «voisinage» et de caste
L’indignation et la colère suscitées par le viol et la tentative d’assassinat d’une jeune femme à Delhi sont les bienvenues. Mais l’indignation, la solidarité et la lutte pour la justice devraient également s’étendre aux victimes des viols sous garde, vicinaux et de caste.
• En 2004, Thanjam Manorama Chanu de l’Etat de Manipour (nord-est de l’Inde) a été violée et assassinée (par des tirs dans ses parties intimes) par des soldats de la force paramilitaire Assam rifles. Les auteurs de cet horrible viol et assassinat n’ont pas été punis: le gouvernement indien a protégé les auteurs en affirmant que d’après la Loi sur les pouvoirs spéciaux des forces armées, les membres de l’armée ne pouvaient pas être jugés.
• En 2009, deux jeunes femmes, Neelofer et Aasiya (celle dernière était collégienne), ont été violées et assassinées par les membres de l’armée à Shopian, au Cachemire. L’administration de l’Etat s’est rendue complice d’une énorme dissimulation. Les auteurs sont toujours en liberté.
• Récemment la jeune enseignante adivasi (indigène, «aborigène» de l’Inde), Soni Sori, a été violée par des agents de la police de Chattisgarh qui ont inséré des cailloux dans ses parties intimes. Mais au lieu d’être arrêté et puni, le sergent de police Ankit Garg a reçu le Prix présidentiel de la bravoure lors de la Journée de la République. Soni Sori reste détenue et humiliée dans une prison de Raipour, sous la garde de ses violeurs.
• D’innombrables femmes dalit ont été violées dans tout le pays par des hommes de castes supérieures et les milices du BJP. Des membres de la Rashtriya Swayamsevak Sangh (organisation de droite hindoue hyper-chauviniste) ont violé des femmes musulmanes au cours du génocide du Gujarat en 2002.
L’uniforme de police ou de l’armée et la supériorité de caste ou dans la communauté ne peuvent pas servir d’excuse pour le viol et le meurtre. Si le viol de Delhi a remué la conscience des gens face à la violence sexuelle, nous devrions nous assurer aussi que les voix de Manorama, de Neelofer, de Asiya, de Soni, de Priyanka Bhotmange (Khairlanji) et de Bilkis Bano (Goujarat) – et de beaucoup d’autres – qui demandent justice, soient elles aussi entendues.
Diaboliser les pauvres
Assaillis par l’indignation populaire, la police et la ministre en chef de Delhi, Sheila Dixit, sont en train d’utiliser le vieux truc de «l’ennemi extérieur»: les travailleurs immigrés. Et certains autres tentent également de canaliser la colère suscitée par la violence sexuelle vers la haine de classe contre les immigrés pauvres.
Dans un entretien télévisé, Dixit a affirmé que la situation à Delhi avait changé suite à l’afflux d’immigrés qui pouvaient «attaquer et fuir», rendant plus difficile la lutte contre ce genre de crime contre les femmes dans la ville. Le quotidien anglophone The Times of India a publié, le 20 décembre 2012, un récit sur la façon dont «les immigrés» sortent «à la chasse» la nuit à Delhi. L’article cite comme source un «haut responsable de la police de Delhi», en insinuant que les immigrés seraient plus enclins à la délinquance et au viol puisqu’ils se trouvent «loin de leurs familles pendant des années. Ils se sentent attirés par les plaisirs de la grande ville, mais ont peu de moyens d’en profiter.»
Un article d’opinion dans le The Times of India du même jour, signé par Tuhin A. Sinha, affirme: «Une grande partie de la population masculine doit vivre loin de leur épouse pour gagner sa vie. C’est ce groupe qui a démontré la plus grande tendance aux délits de genre. Dans cette situation, il serait sensé de légaliser la prostitution.»
Or, si on prend au pied de la lettre cet article où sont donc les femmes immigrées ou les épouses de migrants séparées de leurs maris qui violeraient les gens? N’est-ce pas une justification honteuse du viol que de suggérer qu’il est motivé par l’appétit sexuel des hommes? Si les hommes sont susceptibles de violer des femmes quand ils sont privés d’accès à leur épouse ou à une travailleuse du sexe, cela signifie-t-il que les destinataires habituels de la violence seraient leurs épouses ou une travailleuse du sexe? Pour combattre le viol suffirait-il de fournir un approvisionnement stable en sexe: des femmes comme marchandise à tous les hommes? Ou devons-nous reconnaître que le viol est un acte de violence patriarcal, affirmer la citoyenneté des femmes et remettre en question la notion de la femme en tant que «pourvoyeuse» de services sexuels ou domestiques?
Des idées fausses
The Times of India a lancé une campagne qui, entre autres, prône la castration chimique. Mais il serait beaucoup plus utile à la campagne contre la violence sexuelle que le journal cesse de justifier les viols en en imputant la faute à la «faim» sexuelle masculine. La défense de la castration chimique et les autres moyens mis en avant se fondent sur l’idée erronée que le viol serait motivé par le désir sexuel. En réalité, le viol est motivé non pas par le désir, mais par la haine des femmes. On suspecte d’ailleurs que les violeurs en série célèbres, tels que le Britannique Robert Napper ou Jack l’éventreur, étaient probablement impuissants.
Il est consternant que seuls 26% des violeurs sont punis. Il faut mettre un terme à l’impunité et faire en sorte que le 100% des violeurs soient punis.
Il est évident que ceux qui perpètrent des violences sexuelles jouissent d’un sentiment d’impunité, de la certitude qu’ils resteront impunis. Les faits parlent d’eux-mêmes: d’après le Bureau national de statistique criminelle (NCRB), les données montrent que les cas de viol dans le pays ont augmenté de 791% depuis 1971 (les assassinats de 240%, les vols de 178% et les enlèvements de 630%).
Par contre, les taux de condamnations pour viol ont baissé de 41% en 1971 à 27% en 2010. Le taux de condamnations pour d’autres délits contre les femmes – assassinats pour manque de dot, cruauté de l’époux ou des proches, trafics, abus sexuels, harcèlements sexuels et enlèvements – est également très bas. La raison en est que les forces de police, les hôpitaux et les tribunaux ne se montrent pas du tout équitables à l’égard des femmes et agissent avec un biais de genre évident.
Rappelons que ce taux très bas de condamnations (26%) concerne les cas où l’on a présenté une «première dénonciation d’information» (FIR). Le viol est le délit qui est le moins dénoncé: les enquêtes montrent que pour chaque cas de viol dénoncé il y a plus de 50 qui ne le sont pas. Dans des centaines de cas, la police a tout simplement refusé de rédiger un FIR ou a fait pression sur la dénonciatrice pour qu’elle retire sa dénonciation. S’il faut se battre pendant plusieurs jours pour obtenir un FIR, on peut imaginer que l’urgence n’est pas non plus de mise lorsqu’il s’agit de recueillir des preuvesmédico-légales.
L’examen médical pratiqué à l’hôpital est encore une épreuve pénible. Les médecins pratiquent le plus souvent la «preuve des deux doigts»: l’insertion de deux doigts dans le vagin de la femme pour établir si elle est ou non «habituée à l’activité sexuelle». Cette pratique a été condamnée par le Tribunal Suprême qui a souligné que l’activité sexuelle antérieure de la victime était hors de propos, mais cette «preuve» continue néanmoins à être admise devant les tribunaux ordinaires.
Les procédures judiciaires durent deux ans, ce qui permet aux personnes accusées de viol d’exercer toutes sortes de pressions sur la dénonciatrice et sur les témoins. Ce long calvaire épuise la demandeuse qui finit souvent par reconnaître sa défaite. Et dans les cas qui arrivent jusqu’au jugement, on soumet la dénonciatrice à toutes sortes de questions humiliantes, en public.
On sait que les tribunaux ont dicté soutes sortes de sentences biaisées et partiales dans des cas de viol. Même lorsque le juge a de la sympathie pour la victime et se montre sensible, la mauvaise qualité du travail d’investigation de la police et le laisser-aller du ministère public se combinent pour soustraire le violeur à une condamnation.
L’ennemi intime
Au milieu de l’indignation nationale contre le viol, il est très facile d’oublier que les violeurs ne constituent pas dans notre société une «espèce exotique» qui pourrait être exterminée. Les violeurs ne sont pas toujours des étrangers sans visage: dans la plupart des cas, en fait dans 90% des cas, il s’agit de pères, de frères, d’oncles et des voisins de la victime, autrement dit de gens connus, de confiance, que la victime est censée respecter et obéir.
Selon les statistiques de 2011 du NCRB portant sur tous les cas de viol dénoncés en Inde, «les violeurs étaient connus par les victimes en 22’549 cas (soit 94,2%)« , « les parents, proches étaient concernés dans 1’2% (soit 267 sur 22’549) de ces cas, les voisins dans 34% (7’835 sur 22’549) et de la famille éloignée dans 6,9% (1’560 sur 22’549) des cas».
En d’autres termes, les violeurs ne sont pas des êtres à part, ils font partie de la société. Ils ne sont pas nés violeurs, ils le sont devenus dans une société qui déprécie et subordonne les femmes.
Le mécanisme préventif le plus important contre la violence sexuelle et d’autres formes de violences contre les femmes – les crimes d’«honneur», les avortements sélectifs selon le sexe, la violence domestique, ou celle liée à la dot, le harcèlement sexuel – est celui que le mouvement des femmes est en train de mettre en pratique en combattant les attitudes patriarcales et la subordination des femmes; en affirmant la citoyenneté des femmes et leur droit à une pleine liberté, en exigeant la pleine égalité de la femme.
Le problème est que les gouvernements, les partis politiques dominants et la machinerie étatique restent hostiles à la lutte des mouvements de femmes, préférant chaque fois prendre le parti des forces patriarcales.
Ceux qui perpètrent des violences sexuelles ne doivent pas pouvoir continuer sans avoir à craindre d’être punis!
Il y a une série de mesures pour des changements à tous les niveaux du système que nous devons exiger immédiatement :
• Des lois en faveur des femmes, des punitions rapides et efficaces: il faut convoquer rapidement une session spéciale du Parlement pour promouvoir des lois complètes contre les agressions sexuelles (y compris des dispositions sur le viol marital et le viol par des forces de sécurité), le harcèlement sexuel et les crimes d’«honneur», en consultation avec le mouvement de femmes.
• Le pouvoir judiciaire: il faut que des jugements rapides soient instruits pour tous les cas de violence sexuelle (pas seulement pour le viol mais aussi pour le harcèlement), avec des sentences qui soient émises dans un délai de 3 mois. Tout juge qui aurait fait des commentaires ou émis des sentences justifiant la violence contre les femmes et contre l’égalité des genres doit être révoqué.
• La police: des cours de formation sur le genre doivent être donnés dans tous les commissariats de police, y compris des instructions de procédure et de formation pour gérer les plaintes de viol, une infrastructure adéquate et des équipes d’enquête pour viol qui soient disponibles dans tous les commissariats de police. Des mesures disciplinaires, y compris la révocation, doivent être prises en cas de non-acceptation de dénonciations de harcèlement sexuel ou de viol.
• Hôpitaux: des salles séparées doivent être disponibles pour la consultation médicale et psychologique des victimes de viol et une infrastructure adéquate pour le développement de recherches de médecine légale doit être créée dans les hôpitaux.
• Mettre un terme à la culture de justification de la violence de genre: une tolérance zéro pour toute justification de violence sexuelle, de crimes d’«honneur» et de violence domestique. Les fonctionnaires publics, y compris les représentants élus, les policiers ou les juges qui culpabiliseraient la victime doivent être révoqués.
• Soutien: un soutien social, une assistance médicale, juridique, psychologique et économique – financés par le gouvernement – pour les victimes de viol.
• Prévention et éducation: l’égalité de genre doit faire partie intégrante du plan d’études qui sera élaboré en consultation – cela à niveau national – avec les activistes du mouvement de femmes. L’objectif doit être la remise en question frontale des attitudes patriarcales, de la misogynie et de l’hostilité à l’égard de la liberté et des droits des femmes.
Lorsque le déni de la justice dans des cas de violence sexuelle est la norme et non l’exception, il ne faut pas s’étonner que quelques femmes courageuses aient été poussées à des actes désespérés pour échapper à la violence. Kiranjit Ahluwalia, une immigrée indienne en Grande-Bretagne, a brûlé son mari qui la maltraitait sans cesse. Il y a quelques années, un groupe de femmes des bidonvilles de Nagpur [ville dans le centre de l’Inde] a tué un violeur en série dans le tribunal même. Rupam Pathak, une enseignante au Bihar, a poignardé à mort un député du BJP parce que la police n’avait rien entrepris contre lui, alors qu’il avait été dénoncé pour viol.
Il est ironique que la dirigeante du BJP, Smiriti Irani, ait déclaré qu’elle tuerait à coups de fusils les violeurs sans se soucier de la loi, alors que dans le même temps les dirigeants de son propre parti accusaient Rupam d’immoralité et que, grâce au gouvernement de coalition au Bihar auquel ils participaient, Rupam ait été condamnée à perpétuité au cours d’un jugement rapide, alors que l’enquête suite à sa dénonciation de viol est encore en cours.
Dans un contexte où les violeurs n’ont pas à craindre d’être punis à cause du taux honteusement bas de condamnations, il est peu probable que la peine de mort pour viol ait le moindre pouvoir de dissuasion.
Le viol est une manière patriarcale de punir les femmes pour ce qu’elles sont, de les punir pour exiger l’égalité et la liberté, et une manière de réaffirmer la domination masculine. Les violeurs ne «désirent» pas les femmes, ils les haïssent et craignent leur liberté.
Lorsque les gens sortent dans la rue pour exiger justice pour les victimes de la violence sexuelle, nous devons crier nos mots d’ordre: «Défendons le droit des femmes à la liberté sans crainte! Une punition rapide et effective pour les violeurs! Luttons et gagnons l’égalité et la dignité pour les femmes!»
Post-scriptum
Je ne suis absolument pas d’accord avec Arundhati Roy lorsqu’elle pense que ces manifestations ont éclaté uniquement parce que la victime appartenait à la classe moyenne. Les femmes de la classe moyenne n’ont habituellement pas ce type de solidarité! Elles sont, plus que d’autres, accusées d’être victimes «illégitimes» parce qu’elles boivent, fument, s’habillent de façon sexy, etc.
Si dans la capitale du pays une femme de la classe moyenne peut être victime d’une violence aussi horrible, que doivent subir les femmes des castes opprimées, de la classe ouvrière, des minorités religieuses, des nationalités opprimées ou les adivasi, qui sont encore plus impuissantes face à la violence de genre? Si nous nous opposons à la hiérarchie de la violence cela ne signifie pas que nous acceptions une hiérarchie inverse: le viol n’est pas «moins» un viol lorsqu’il s’agit d’une femme de la classe moyenne.
Il n’y a aucune raison pour que cette solidarité qui a surgi ne s’étende pas aux dalits, aux minorités et aux femmes adivasi. Lorsque j’ai évoqué Soni Sori et Nilofer Aasiya dans les manifestations, des milliers de personnes qui ont crié «honte!».
Il est vrai qu’il existe une campagne (principalement du gouvernement de Delhi, de la police et du journal The Times of India) contre les travailleurs immigrés et les habitants des bidonvilles. Mais pourquoi supposer (comme Arundati semble le faire) que tous les manifestants dans la rue incriminent les pauvres? (Traduction A l’Encontre)
______
Kavita Krisnan est la secrétaire générale de l’Association progressiste Pan-indienne de femmes (AIPWA) On peut voir son intervention dans la manifestation à la Nouvelle Delhi sur YouTube.
Version Imprimanteor several years until she left the country to be a visiting professor at North American universities. El Saadawi was the writer in residence at Duke University's Asian and African Languages Department from 1993-1996. She also taught at Washington State University in Seattle.
El Saadawi continues to devote her time to being a writer, journalist and worldwide speaker on women's issues. Her current project is writing her autobiography, laboring over it for 10 hours a day.
|
FEBRUARY 28, 2013 8:14 PM0 COMMENTS
Kavita Krishnan
Kavita Krishnan is secretary of the All India Progressive Women’s Association.
She can be contacted at Kavitakrish73@gmail.com
Women’s Safety and Welfare Need Adequate Budgetary Allocations,
Not Hollow and Cynical Gestures
The Govt Takes Nirbhaya’s Name, Why Hasn’t It Provided Budgetary Backing for the Rehabilitation and Medical Care of All Rape and Acid Attack Survivors?
The Finance Minister’s Budget speech made several references to women. But since these have not been backed by sufficient allocations in the required areas, these references appear to be mere token and hollow gestures.
The ‘Nirbhaya fund’ is the most glaring instance of this. In the case of Nirbhaya (the Delhi gang-rape braveheart), the Government had responded to the public outcry by taking over all the medical costs of Nirbhaya. The Congress party leaders had even offered a flat to her family members. The Budget was the Government’s chance to show that these were not mere ‘charity’ gestures in one single case. In fact, the Government ought to show that it owns responsibility for the safety of all women, by providing every single survivor of rape or acid attacks with state-funded rehabilitation and medical care. The 1000 crore Nirbhaya fund, a mere corpus fund rather than a Budgetary allocation, is as of now far from adequate for covering the rehabilitation and medical costs of survivors of gender violence. In Haryana, dalit rape survivors have been forced to relocate away from their village, and the Government has ignored their demands for rehabilitation costs. Acid attack survivors and grievously injured rape survivors (as in Nirbhaya’s case) often have to travel for specialized medical care such as burns units, plastic surgery, and certain operations. Such travel costs ought to be covered by the Government also. For the Government to cynically use Nirbhaya’s name for a fund that fails to offer a guarantee of support for all survivors of gender violence, is shameful. The Rs 200 crore that has been allocated to the WCD Ministry is again, inadequate as well as vague as to its purpose.
Legislations against violence faced by women (such as the Domestic Violence Act and laws against sexual violence) need to be backed by budgetary allocations. The Budget should also have announced specific allocations for safe houses and shelters for women who face domestic violence, incest, and for homeless women. There are any number of instances where girls and women facing incest are forced to continue to stay in the same house as their molester, for want of a safe shelter. Homeless women remain ever-vulnerable to violence on the streets. And the few existing shelters are so harsh in their conditions that women commonly refer to many of them as ‘women’s jails.’
One can compare these amounts (1000 crore, 200 crore) with the Budget’s statement of revenues foregone. The Budget promises to forego revenues to the tune of 68007.6 crore on corporate taxpayers (defined by the Government as prioritised tax payers) for the year 2012-13; in 2011-12 this amount was 61765.3 crore. If the Government can write off taxes to the tune of between 60-70000 crore every year for super-rich corporations as ‘incentives’, why is it that women’s safety is not seen as a similar priority by the Government?
The Finance Minister’s announcement of a public sector women’s bank is rather mystifying. Why can’t existing public sector banks offer affordable institutional loans to women? By creating a women’s bank (whose purpose is as yet unclear), are existing banks being absolved of their responsibilities to women? Like the SHGs (which leave women debtors at the mercy of the micro-finance institutions), the women-only banks might end up being projected as the highly inadequate and misplaced ‘substitute’ for institutional bank-support for women.
The Government should, in addition, have announced allocations to ensure more judges and courts (to ensure speedier trials); forensic investigations facilities all over the country, and primary health care centres in every village, specially equipped to deal with diagnostics and care for women.
Kavita Krishnan,