VAN GOGH


exposition

Van Goh et Artaud

Musée d'Orsay




1,rue de la Légion-d'Honneur, Paris 7e 
 jusqu'au 6 juil.,9h30-18h(sf lun.)

Il n'y a pas que la photo dans la vie...




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Le musée d'Orsay consacre une exposition à Van Gogh et Artaud


Le musée parisien présente 45 tableaux et sept dessins du peintre d'origine hollandaise, accompagnés des écrits de l'écrivain. 

 Le but essentiel de cette exposition est de faire ressortir des émotions et de montrer l’essentiel de ce que la peinture veut montrer. C'est-à-dire non pas une image du monde retraduite avec des tubes de couleur et des pinceaux, mais les forces essentielles de ce monde, les tourments aussi de la psyché, les pensées, les rêves, les mondes inaccessibles. C’est ça qui compose l’essentiel de la peinture de Van Gogh.

 
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Van Gogh-Artaud à Orsay: le peintre et son double


Le poids des mots. Le choc des peintures: le musée d'Orsay propose à partir de mardi une passionnante exposition d'oeuvres de Van Gogh, accompagnée des écrits enflammés d'Antonin Artaud sur le peintre.

"Non, Van Gogh n'était pas fou". C'est la société qui l'a poussé au désespoir et au suicide, clame en 1947 l'écrivain français, qui sort lui-même de neuf ans d'internement psychiatrique.

Intitulée "Van Gogh, le suicidé de la société", l'exposition présente 45 tableaux et sept dessins du peintre d'origine hollandaise. "Un exploit", déclare à l'AFP Guy Cogeval, le président d'Orsay, qui a obtenu de nombreux prêts.Pendant longtemps, la légende autour de Van Gogh (1853-1890) a pris le pas sur l'art, réduisant ses toiles à l'expression d'une folie en germe ou en crise

- "Ecrire sur un autre fou" -

Après la Seconde guerre mondiale, le galeriste parisien Pierre Loeb suggère à Artaud (1896-1948) d'écrire "sur un autre fou", Van Gogh, raconte Isabelle Cahn, commissaire de l'exposition. Pour le faire réagir, il lui envoie un extrait du livre "Du démon de Van Gogh", écrit par un psychiatre François-Joachim Beer, qui décortique les troubles mentaux du peintre.

L'écrivain, qui a subi 58 séances d'électrochocs entre 1943 et 1945 à l'hôpital de Rodez et dont un psychiatre aurait voulu "redresser la poésie", voit rouge. Il écrit d'un jet sur un cahier d'écolier le début de son livre "Van Gogh, le suicidé de la société".

"Non Van Gogh n'était pas fou, mais ses peintures étaient des feux grégeois, des bombes atomiques, dont l'angle de vision, à côté de toutes les autres peintures qui sévissaient à cette époque, eût été capable de déranger gravement le conformisme larvaire de la bourgeoisie" et des politiques d'alors, fustige le poète. Pour écrire son petit livre, il a visité l'exposition Van Gogh qui se tient à l'Orangerie début 1947 et s'est fait lire à voix haute les lettres du peintre à son frère Théo.

- En pleines convulsions -

Pour Artaud, Van Gogh était d'"une terrible sensibilité". Plusieurs autoportraits du peintre permettent au visiteur de se confronter à "sa figure ensorcelante de boucher". "C'est le regard d'une personne qui se scrute sans complaisance, avec une lucidité extrême", relève Mme Cahn, conservateur en chef à Orsay.

Paul Gauguin, qui a rejoint Van Gogh en octobre 1888 à Arles, est présent avec une toile puissante représentant son fauteuil, sur lequel est posé un bougeoir allumé. Par ce portrait métaphorique, Van Gogh fait de Gauguin le porte-flambeau de la nouvelle peinture. Mais il laisse aussi entrevoir la passion dont il brûle pour son ami.

Le 23 décembre 1888, l'atmosphère étant devenue électrique entre les deux hommes, Van Gogh menace Gauguin d'un rasoir et se tranche le lobe de l'oreille.

Il est interné à l'hôpital d'Arles. Six mois plus tard, c'est lui qui demande à être soigné à l'hôpital psychiatrique de Saint-Rémy-de-Provence. Il en peint le jardin: terre rouge, arbres tourmentés.

Artaud apprécie que Van Gogh peigne "des choses de la nature inerte comme en pleines convulsions".

Il aime aussi sa "couleur roturière", ses jaunes, le rouge du vieil édredon dans sa chambre à Arles.

En 1890, Van Gogh s'installe à Auvers-sur-Oise où vit le docteur Paul Gachet, médecin et collectionneur. Son portrait par Van Gogh est imprégné du poids de la mélancolie.

Artaud est persuadé que Gachet est la "cause directe" de la mort de Van Gogh car, assure-t-il, "il le détestait comme peintre et par dessus tout comme génie".

En juillet 1890, Van Gogh se tire une balle dans le ventre et meurt deux jours plus tard à l'âge de 37 ans. En mars 1948, Artaud, atteint d'un cancer inopérable, décède dans sa chambre d'Ivry, probablement d'une overdose de sédatifs, à l'âge de 51 ans.

"Car ne sommes-nous pas tous comme le pauvre Van Gogh, des suicidés de la société!", s'exclamait-il quelques mois plus tôt dans son livre.

C'est un événement artistique. Le musée d'Orsay propose une exposition d'œuvres de Vincent Van Gogh, accompagnées des écrits enflammés d'Antonin Artaud sur le peintre, à partir du mardi 11 mars. Intitulée "Van Gogh, le suicidé de la société", l'exposition présente 45 tableaux et sept dessins du peintre d'origine hollandaise. "Un exploit", déclare à l'AFP Guy Cogeval, le président du musée, qui a obtenu de nombreux prêts.



Pendant longtemps, la légende autour de Van Gogh a pris le pas sur l'art, réduisant ses toiles à l'expression d'une folie. Le choix d'associer son nom à celui d'Antonin Artaud, donc, ne doit rien au hasard. L'écrivain a en effet subi 58 séances d'électrochocs entre 1943 et 1945 à l'hôpital de Rodez (Aveyron).
Quand Antonin Artaud écrit sur "un autre fou"

Après la guerre, un galeriste parisien propose à Antonin Artaud d'écrire sur "un autre fou" et l'écrivain débute alors son livre Van Gogh, le suicidé de la société : "Non Van Gogh n'était pas fou, mais ses peintures étaient des feux grégeois, des bombes atomiques, dont l'angle de vision (...) eût été capable de déranger gravement le conformisme larvaire de la bourgeoisie."

En juillet 1890, Van Gogh se tire une balle dans le ventre et meurt deux jours plus tard à l'âge de 37 ans. En mars 1948, Artaud, atteint d'un cancer inopérable, décède dans sa chambre d'Ivry, probablement d'une overdose de sédatifs, à l'âge de 51 ans. "Car ne sommes-nous pas tous comme le pauvre Van Gogh, des suicidés de la société !" s'exclamait-il quelques mois plus tôt dans son livre.



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Publié le 11-03-2014 Modifié le 11-03-2014 à 16:07
Van Gogh et Artaud, un coup de folie au Musée d’Orsay
par Siegfried Forster


Les deux géants de l’art - lumineux dans leur œuvre et ténébreux dans leur vie- se donnent un rendez-vous inédit au Musée d’Orsay à Paris. A partir de ce mardi 11 mars, Van Gogh / Artaud. Le suicidé de la société dresse un portrait plein de lucidité de Vincent van Gogh - à travers l’œil de l’acteur et poète Antonin Artaud. Dans les salles, une quarantaine de chefs d’œuvres sur toile et une vingtaine d’extraits de films de l’acteur convergent dans une même vision artistique. L’exposition nous dévoile deux génies à l’œuvre.

Entretien avec la commissaire Isabelle Cahn.

Le suicidé de la société. Doit-on ce titre de l’exposition à notre époque ténébreuse ?

Le point de départ de l’exposition est un texte d’Antonin Artaud qui s’appelle Vincent Van Gogh, le suicidé de la société, écrit lors de la rétrospective Vincent van Gogh organisée au musée de l’Orangerie à Paris en 1947. Je me suis basé sur ce texte pour organiser cette exposition.

D’un côté, il y a Artaud (1896 -1948), acteur, créateur du théâtre de la cruauté et poète, de l'autre côté se trouve Van Gogh (1853-1890), maître absolu de la peinture. Leur face à face évoque les points communs de ces artistes qui ont tous les deux révolutionné leur art et subi des séjours en hôpital psychiatrique : la folie, la fureur, l’audace, le génie. Ce sont ces points communs qui ont guidé votre exposition ?

Au départ, c’est vraiment ce texte d’Artaud que je trouvais bouleversant. Il s’agit d’une des meilleures et plus émouvantes analyses sur la peinture de Van Gogh. Après, il y a beaucoup de points communs entre Van Gogh et Artaud : l’expérience de la folie, l’asile, l’expérience de l’art en tant que reconstruction de la personnalité, après de grands effondrements psychiques. Cette façon que l’art peut aider à se refaire, à s’auto-engendrer, puisque pour Artaud cette idée allait même jusqu’au fantasme de l’auto-engendrement. Pour Van Gogh, c’était l’idée de faire passer dans sa peinture les grandes questions fondamentales et métaphysiques qui nous touchent beaucoup encore aujourd’hui.

Et chez Van Gogh et chez Artaud, on a le sentiment que la personne de l’artiste est littéralement décomposée pour pouvoir fusionner totalement avec l’œuvre d’art en construction.

Il y a une assimilation entre la personnalité et le style de création. Chez Van Gogh on le voit à la manière de ses autoportraits, avec une barbe très hérissée, un regard très scrutateur. La légende qui s’est créée autour de cet artiste a beaucoup favorisé cette lecture à la fois de sa personnalité et de son œuvre. Avec le texte d’Artaud, précisément, on est amené à regarder ces tableaux d’une manière différente, débarrassé de toutes ces anecdotes pour retrouver les fondamentaux de sa peinture.

Les cinq époustouflants Autoportraits de Van Gogh, exposés au début du parcours, ont fait dire à Artaud : « Un fou Van Gogh ? Que celui qui a su un jour regarder une face humaine regarde le portrait de Van Gogh par lui-même […] Je ne connais pas un seul psychiatre qui saurait scruter un visage d’homme avec une force aussi écrasante ». Artaud est le premier à avoir détecté cette vérité-là ?

Oui. Dans les autoportraits de Van Gogh, Artaud va attirer notre attention sur le fait que, dans ses autoportraits, l’artiste ne regarde pas le spectateur en train de le regarder, mais se regarde lui-même, se regarde dans un miroir pour créer son portrait. Donc il attire notre attention sur ce regard de Van Gogh qui se scrute sans concession et qui possède un tel sérieux, une telle lucidité sur lui-même qu’il est encore plus sensible que n’importe quel psychiatre réputé. Mais, dans la société, c’est le psychiatre qui va désigner le fou et le bien-portant.

Antonin Artaud déclare dans son texte que la société voulait empêcher Van Gogh d’émettre « d’insupportables vérités ». De quelles vérités s’agit-il ?

Il s’agit de la définition du fou par les psychiatres. C’est le psychiatre qui va montrer des frontières qu’il ne faut pas dépasser. Et tous ceux qui les dépassent sont considérés comme nuisibles à la cohérence du groupe. Donc il faut d’abord les écarter et après les soigner. C’est contre ces limites qu’Artaud va se révolter. Van Gogh a une attitude très différente par rapport à ses crises de folie qui l’atteigne assez tardivement, mais qui sont réelles et qui l’oblige à vivre aussi dans un milieu asilaire comme Artaud. Mais les deux ont une approche différente de la folie.

La commissaire Isabelle Cahn a consacré une salle à la projection du Champ de blé au corbeaux (1890) de Vincent van Gogh, un tableau qui avait fasciné Antonin Artaud.

En 1947, après avoir passé neuf ans en asile psychiatrique, Antonin Artaud écrit ce texte sur l’œuvre de Vincent Van Gogh. A quand peut-on dater sa première rencontre avec ces peintures ?

Quand il a commencé à écrire son texte, il n’est pas sûr qu’Artaud connaissait l’œuvre de Van Gogh. Il la connaissait comme tout le monde assez peu. Il a commencé à vraiment regarder ses tableaux en visitant l’exposition de 1947, c'est-à-dire au pas de charge, très peu. Mais il était tout de suite happé, parce que l’œuvre l’intéressait et les tableaux exposés constituent le corpus essentiel de ses commentaires sur la peinture de Van Gogh. Il s’est aussi appuyé sur un certain nombre de livres qu’il avait sous la main dans la galerie Pierre Loeb qui lui avait proposé de s’installer chez lui pour écrire ce texte. L’exposition au musée d’Orsay est également construite à partir de toutes ces références connues d’Artaud et qui lui permettaient de préciser son souvenir de tableaux vus à l’Orangerie.

L’exposition dévoile ce qu’Artaud a vu dans les œuvres de Van Gogh. Qu’est-ce qu’on découvre sur Artaud à travers des œuvres exposées ?

Il y a une petite salle qui est consacrée aux dessins d’Artaud. Des dessins qui sont extraordinaires et que je trouve tout à fait en résonances avec l’œuvre de Van Gogh, surtout dans ce style très fragmentaire qui est d’ailleurs également le style de l’écriture. Ces fragments, ces lignes diffractées, ces points, cette force vitale qui passe par le trait, un trait discontinu. Tout cela est un point commun avec Van Gogh qui m’a beaucoup frappé. Ce qui m’a aussi beaucoup frappé dans la ressemblance entre les deux artistes, c’est cette manière de contrôler son visage, ses expressions. Dans les extraits de films, la démonstration est assez probante. Entre 1924 et 1935, Artaud avait joué dans une vingtaine de films, des rôles secondaires, mais avec des grands réalisateurs [Abel Gance, Georg Wilhelm Papst, Fritz Lang, ndlr]. Dans ce jeu d’Artaud passe tout le travail sur l’expression qui avait été entamé par Van Gogh dans ses portraits.

Artaud parle de la lucidité supérieure de Van Gogh. L’exposition du musée d’Orsay parle-t-elle de la lucidité supérieure des artistes ?

Le but essentiel de cette exposition est de faire ressortir des émotions et de montrer l’essentiel de ce que la peinture veut montrer. C'est-à-dire non pas une image du monde retraduite avec des tubes de couleur et des pinceaux, mais les forces essentielles de ce monde, les tourments aussi de la psyché, les pensées, les rêves, les mondes inaccessibles. C’est ça qui compose l’essentiel de la peinture de Van Gogh.

Vincent Van Gogh (1853-1890) La Nuit étoilée, Arles, septembre 1888. Huile sur toile, 73 x 92 cm, Paris, Musée d'Orsay, don de M. et Mme Kahn-Scriber en souvenir de M. et Mme Fernand Moch. RMN-Grand Palais (Musée d'Orsay) / Hervé Lewandowski

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Van Gogh / Artaud. Le suicidé de la société, exposition au musée d’Orsay, du 11 mars au 6 juillet.

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