LOUIS STETTNER



Louis Stettner

  • LA PHOTOGRAPHIE de A à Z,  LES GRANDS PHOTOGRAPHES
Né en 1922 à Brooklyn, New York, Louis Stettner est indéniablement un photographe citadin, trouvant dans le tissu urbain une inspiration à la fois graphique et humaine. New York et Paris sont les deux pôles de son œuvre et chacune de ces villes semble correspondre à un aspect de sa personnalité artistique. Dans toute son œuvre, le photographe fait preuve d'engagement, d'un intérêt marqué pour les minorités, les plus humbles, les laissés pour compte. Les travailleurs (série « Workers » en 1973), les femmes (série « Women » en 1975) et les déshérités (série « Bowery » en 1986) sont des motifs particulièrement présents tout au long de son parcours.L'œuvre prolifique de Louis Stettner - dont certaines photographies sont devenues très célèbres - a fait l'objet de publications dans des revues américaines (Life, Time) et françaises (Paris- Match, Réalités).

Louis Stettner, un Américain pas tranquille


Par Thierry Dussard | 14/12/2012 | 01:00 | mis à jour à 01:20

Malgré ses 90 ans, le plus francophile des photographes américains semble monté sur des ressorts. Seul moyen de le fixer, une exposition. Et même deux, afin de saluer ce maître du noir et blanc qui réalise tous ses tirages « comme on joue une partition ».
Si Edward Hopper avait été photographe, il aurait sans doute été jaloux de Louis Stettner. Les photos de ce « Brooklyn boy » racontent, comme lui, la solitude de la ville et le bras de fer silencieux qui s'y joue entre l'homme et la nature. Mais là où le peintre laisse le sentiment d'abandon déteindre sur ses toiles, Stettner, lui, substitue à la nostalgie une douce ironie qui sauve ses images de l'amertume. Penn Station et Times Square, de jour comme de nuit, sont à New York ses terrains de jeu favoris. Lieu de passage et de transit, cette gare où la lumière tombe comme dans une cave retient un moment les voyageurs telle une toile d'araignée. Businessmen à chapeau mou ou fillette en socquettes blanches, chacun est enfermé dans son monde, plongé derrière son journal ou parti dans une marelle imaginaire. Avant qu'ils disparaissent dans un train et s'éclipsent, happés par le quotidien, Louis Stettner les a pris en photo. Nous ne saurons d'eux rien de plus, mais cela laisse grande ouverte la porte à l'imagination. Les marbres de Penn Station et les néons de Times Square, éclairent ces scènes où les silhouettes se fondent dans un flou, riche de reflets lumineux de toutes sortes. Au tirage, Stettner sait « débloquer les ombres », d'où il fait surgir des éclats insoupçonnés. « Je tirais toutes mes photos moi-même sur du papier Agfa Portriga, assez chaud, mais sa fabrication a été arrêtée pour des raisons écologiques, et je suis passé ensuite à la couleur avec le Cibachrome, mais pas question de me convertir au numérique. » Cadrer, tirer, c'est l'alpha et l'oméga de la photo, mais où a-t-il appris tout cela ? « Je viens d'une époque où la photographie avait à peine franchi les marches des musées et où l'on ne trouvait à New York qu'une ou deux galeries. » Celle d'Alfred Stieglitz, qui expose Edward Steichen ou Paul Strand. Stettner rêve d'ajouter son nom à ces trois « S » mythiques et se forme aux côtés de la Photo League, puis d'Alexey Brodovitch, le directeur artistique de Harper's Bazaar. Armé de ce bagage technique, Louis Stettner débarque à Paris pour deux mois après la Seconde Guerre mondiale. Il y restera cinq ans, avant de revenir s'y installer définitivement. Il se lie avec Edouard Boubat et Brassaï, « mon maître, que j'allais voir chaque semaine », se souvient-il. Il est proche de Robert Doisneau, d'Izis ou de Willy Ronis, et de la photo humaniste. « Mais ne dites pas que je suis le dernier des humanistes, j'ai l'impression que l'on me met dans une boîte, avec une étiquette. » Paris-Match et Réalités, Time, Life et Fortune, Stettner saute d'un magazine à l'autre. Il se sert des flaques d'eau qui renvoient la lumière, mais au côté parfois mièvre de la photo humaniste il ajoute les lignes de fuite et des cadrages décalés qui témoignent d'une audace inattendue. « La forme ne peut pas exister sans le contenu », confie-t-il, les yeux mi-clos, à force d'avoir cligné du regard pour ne retenir que l'essentiel. Aujourd'hui, Paris offre une double vitrine à ce photographe sous-exposé, que les hasards de la vie ont maintenu dans la banlieue de la célébrité. À présent, la plupart des grands musées des deux côtés de l'Atlantique comptent déjà des photos de Louis Stettner dans leurs collections et cet hommage vient saluer le parcours d'un grand nom de la photo.

























































































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