RAYMOND DEPARDON
LA PHOTOGRAPHIE de A à Z, LES GRANDS PHOTOGRAPHES
Raymond DEPARDON
Photographe qui fait des films, cinéaste qui photographie, Depardon sait bien se tirer d’affaire quand on lui pose la question. Historiquement, la photo découverte à la ferme familiale, avec l’appareil "Lumière 6x6" emprunté au grand frère, apprise par correspondance fait la base de l’édifice. Depuis, Raymond Depardon a fait du chemin, il a vu du pays, des révolutions et couvert des guerres, connu deux agences et monté la sienne. Sa filmographie, régulièrement mise à jour par Arte Vidéo, compte une cinquantaine de titres entre les courts et les longs-métrage entre le documentaire et la fiction, et sa bibliographie annonce une bonne trentaine de livres. Vouloir parler de l’actualité de Raymond Depardon revient donc à prétendre décrire un mouvement de foule. Pourtant cette fin d’année semble marquer une pause avec un film, "La vie moderne", qui fait suite aux trois longs métrages "Profils paysans : l’approche", "Profils paysans : le quotidien", "Quoi de neuf au Garet ?". Il y a aussi un beau livre à couverture toilée dans lequel se retrouvent les personnages du film, images et paroles, pour donner une idée juste de la vie en moyenne montagne, assez éloignée du tourisme de campagne. Parlions-nous de pause ? Le film monté, livre imprimé, Depardon reste sur la brèche : pour bientôt chez Steidl un recueil des photos prises au grand angle en 1980 à New York et un petit livre aux éditions La Martinière "Le Tour du monde en 14 jours". Brève retrouvailles avec une planète bien connue, autrement interrogée avec l’urbaniste philosophe Paul Virilio dans "Terre natale", la prochaine exposition-monument de le Fondation Cartier. Et on parle déjà du grand projet "France", à la chambre 20x25 pour 2010. Si chez d’autres le retour fait redite, chez Depardon il fait sens, unique.
Hervé Le Goff
le film de
Claudine Nougaret et Raymond Depardon
“JOURNAL DE FRANCE”, DE RAYMOND DEPARDON ET CLAUDINE NOUGARET
Présenté en séance spéciale au sein de la sélection officielle, le documentaire retrace la carrière de documentariste et de photographe de Raymond Depardon à travers la France, à travers le monde.
"Journal de France" : Raymond Depardon dans le rétroviseur
www.lemonde.fr/.../journal-de-france-raymond-depar...12 juin 2012
Un autoportrait à quatre mains, qui mêle archives et carnets de voyage.Autres vidéos pour RAYMOND DEPARDON »
Raymond Depardon - Claudine Nougaret - 15-06-12 - Vidéo ...
www.dailymotion.com/.../xrjt9c_raymond-depardon-c...15 juin 2012 - 22 min
Christophe Bourseiller reçoit aujourd'hui, vendredi 15 juin 2012,Raymond Depardon et Claudine Nougaret à ...
présenté en Sélection officielle du festival de Cannes 2012
est dans les salles de cinéma en France en Belgique et en Suisse
Réalisateur, Acteur, Directeur de la photographie, Ingénieur du son, Scénariste, Script français. Né le 6 Juillet 1942. Raymond Depardon s'oriente tôt vers la photographie et en vit dès l'âge de 16 ans. Devenu reporter, il travaille pour l'agence Dalmas puis créée Gamma avec Gilles Caron. Après quelques reportages filmés au Vénézuela, au Biafra et au Tchad, il réalise son premier court métrage en 1969 lors des funérailles de Jan Pallach à Prague. Raymond Depardon prolonge.
C’est un journal, un voyage dans le temps, il photographie la France, elle retrouve des bouts de films inédits qu’il garde précieusement : ses débuts à la caméra, ses reportages autour du monde, des bribes de leur mémoire, de notre histoire.
Raymond Depardon filme le monde depuis cinquante ans
" Enfant solitaire, Raymond Depardon prend ses premiers clichés dans la ferme familiale. A 16 ans, il monte à Paris, où il devient l'assistant du photographe Gilles Foucherand. Celui-ci est bientôt associé à l'agence Delmas, qui envoie Depardon en Afrique pour suivre l'expédition SOS-Sahara en 1960. Le jeune homme en revient avec un reportage très remarqué lors de sa publication dans Paris-Match, puis couvre les guerres d'Algérie et du Vietnam. En 1966, il co-fonde la mythique agence Gamma, pour laquelle il part en reportage au Tchad, au Biafra ou encore à Prague : le film consacré à l'immolation de l'étudiant Jan Palach deviendra d'ailleurs son premier court-métrage en 1969.
(...)
Photographe et cinéaste à la réputation mondiale, Depardon multiplie les projets les plus variés (films, expos, ouvrages, publicités...) tout en restant fidèle à certaines thématiques : affirmant au magazine Studio que "le vrai documentaire est finalement plus proche du théâtre", il tourne en 2004 10e chambre, instants d'audience, nouvel état des lieux de la justice en France, présenté avec succès au Festival de Cannes. Parallèlement à toutes ces activités, ce fils d'agriculteurs se lance à la fin des années 90 dans un travail de longue haleine, Profils paysans, panorama en trois volets de la France rurale, qui nécessite pas moins de dix années de tournage. " [ Propos receuillis sur http://www.allocine.fr ]
mercredi 13 juin 2012, 10:57
Entretien « Journal de France » parle autant de l'aventure professionnelle de Depardon que de la France profonde.
Raymond Depardon et Claudine Nougaret, à droite Et ci-dessus, une image prise lors des manifestations de Prague, lors de l’assaut soviétique de 1968 À noter que vous retrouverez Depardon dans les pages cultures cette semaine, à
C
ela fait un peu de cinquante ans que Raymond Depardon promène son appareil photo et sa caméra de documentariste sur le monde. Pour la première fois, un film, coréalisé avec sa compagne Claudine Nougaret, relate la saga de ce demi-siècle de reportages et de voyages incessants, dans le désert, à Prague, au Vietnam, en Afrique du Sud… et même en France. Journal de France résume quelques-unes de ces expéditions passionnantes, tout en suivant au présent Depardon sur les petites routes de la France profonde. Rencontre avec les deux réalisateurs.
Qu'est-ce qui vous fait courir, Raymond Depardon, depuis 50 ans ?
Depardon : Je ne sais pas. Une curiosité. Et aussi, forcément, cette passion que j'ai de la photo et du cinéma. L'idée, avec ce film-ci, c'était de revenir sur du matériel laissé depuis longtemps dans des boîtes et de le confronter à aujourd'hui. Ce sont des images et, à leur façon, 50 ans d'actualité. Je fais souvent ces allers-retours, pour mes photos, entre le présent et le passé.
Nougaret : Raymond voulait faire ce film, un peu comme avec une planche contact de photographe. On choisit telle photo, on laisse telle autre de côté. On la reprend dix ans après. C'est la même chose avec les bouts de films qu'on a choisis. Mais comme j'avais peur que tout cela fasse trop passéiste, on a voulu ancrer le film dans le présent, en faisant une reconstitution du travail photographique que Raymond a fait pendant quatre ans sur les routes de France, en camping-car. Un travail où l'on voit la trace de l'homme sur les édifices et les façades. On part en somme des archives de l'actualité d'hier pour aller vers les ronds-points et les cafés d'aujourd'hui. Raymond avait besoin de silence, pour filmer la France. Or, moi, les camping-cars, ce n'est pas mon truc. Je n'aime pas rester sur les bords de route. Alors je me suis mis à trier ses bouts de films. Raymond ne m'avait rien dit de ses exploits à Prague ou au Biaffra. Ni sur la Sûreté de l'Etat. Il ne m'avait jamais dit qu'il avait été emprisonné, quand il a montré au journal télévisé le film sur la séquestration au Tchad de Françoise Claustres. La police l'a appris, et l'a gardé au secret pendant trois jours pour non-assistance à personne en danger. Alors que c'était le contraire, en fait.
Qu'est-ce qui a changé, chez le réalisateur et photographe que vous êtes ?
Depardon : Mon évolution comme homme d'image, c'est qu'au début au fond, je filmais mes pieds, quand je vivais dans la ferme de mes parents. Plus tard, je passe un entretien d'embauche et on me demande si je sais filmer en continu. C'était le début de plans séquences. Et ça m'a sauvé un peu la vie, parce que quand j'ai pris une caméra plus tard, j'ai fait des films de cinéma direct. Contrairement à d'autres confrères cinéastes, j'essaie d'avancer toujours. Il me faut à chaque fois des aventures différentes.
Vous dites dans le film qu'à l'arrivée, vous avez de petits regrets quand vous regardez en arrière. Lesquels ?
Depardon : Tous les gens qui travaillent sur le réel ont des regrets. Quelle image reste, de tout ce flot que l'on filme ? C'est une question qui se pose aujourd'hui en Syrie. Car on sera toujours en dessous de la réalité. Dans ce contexte, j'ai passé cinquante ans de ma vie à avoir des regrets. Comme photographe de presse, et comme cinéaste. Mais je me sens plus philosophe, aujourd'hui. Alors oui : j'ai fait ça, j'ai été là. Voilà.
Nougaret : Ce que fait Raymond, c'est le travail des photo-reporters, jusqu'au printemps arabe, qui mettent leur vie en danger. Ce film, ce n'est pas un film autobiographique sur Raymond. Il y a par contre une écriture cinématographique. Ce sont des bribes de notre mémoire, entrecoupés d'instants d'aujourd'hui.
Depardon : Dans les années 68, 70, on avait ce rêve : tout le monde est photographe, mais l'avenir ça va être la télévision. On était un peu naïfs. On croyait que le photo-journalisme allait basculer dans la télévision. On pensait vivre les dernières heures de la photo. Et on pensait qu'on allait tous faire de la télévision. Il fallait alors apprendre à filmer. Et travailler bientôt pour les chaînes. On en est revenu par après. On avait ouvert un département télévision, à l'agence Gamma. Eh bien, on a été obligé de le fermer. Alors que la photo a continué. Elle se vend tout le temps, la photo. Elle est universelle. Elle n'a pas de langue, contrairement à un reportage pour la télévision.
Nougaret : La grande contribution de Raymond et de l'agence Gamma, c'est que tout à coup derrière chaque image, il y a un auteur. Et il y a un point de vue. Ce ne sont pas des presse-bouton.
Depardon : Aujourd'hui, vous voyez des films de montage historique, on ne sait pas qui sont les cameramen. La chance que j'ai, elle n'est pas extraordinaire. Je suis un indépendant. Et on a gardé les chutes. Elles sont privées. Ma cinémathèque a plein de lacunes, mais elle m'est personnelle.
Quand et comment vous avez compris qu'il fallait poser un regard d'auteur ?
Depardon : Au début, je n'avais pas d'ambition particulière. J'étais un simple reporter et photographe, un petit, puis un reporter un peu plus grand. Puis on m'envoie au Biafra, en Israël. À l'époque, on n'était pas doublé par les agences. J'ai eu le pressentiment d'être un auteur, parce que les autres autour de moi avaient disparu. Je me suis retrouvé un peu en position du survivant. Et puis j'ai pris conscience de ma responsabilité par rapport au montage. Thierry Michel, en Belgique, a beaucoup filmé le Congo. D'abord pour la télévision belge. Mais il s'est peu à peu révélé et affirmé en vrai auteur, il est sorti du générique un peu anonyme qu'on peut voir à la télévision. Moi, aujourd'hui, je sais qui est Thierry Michel. J'ai un nom derrière les images du Congo. Et ces noms manquent !
La faute à qui ?
Depardon : La télévision a broyé tant d'auteurs. Tout comme les agences de photo, dans les années 60. Dès que je commençais à regarder mes planches contact, on me disait : « Oulala, tu commences à te prendre la tête. Tu n'es qu'un rien du tout. Tu n'es qu'un journaliste. Tu dois disparaître derrière ton sujet. » C'est complètement faux. Moi, j'ai l'impression de connaître Thierry Michel. C'est un être humain, et il me donne trois fois plus d'informations. Depuis Conrad, je n'avais jamais eu quelqu'un me donnant un vrai point de vue, au Congo. Voilà un auteur.
Raymond Depardon - Biographie
Réalisateur, Acteur, Directeur de la photographie, Ingénieur du son, Scénariste, Script français. Né le 6 Juillet 1942.
Raymond Depardon s'oriente tôt vers la photographie et en vit dès l'âge de 16 ans. Devenu reporter, il travaille pour l'agence Dalmas puis créée Gamma avec Gilles Caron. Après quelques reportages filmés au Vénézuela, au Biafra et au Tchad, il réalise son premier court métrage en 1969 lors des funérailles de Jan Pallach à Prague.
Raymond Depardon prolonge son métier de photographe avec le documentaire, se faisant le spécialiste d'un cinéma direct inspiré des Etats-Unis, brut et sans commentaire. Il filme ainsi Valéry Giscard d'Estaing lors de sa campagne présidentielle en 1974 (1974, une partie de campagne avec Valéry Giscard d'Estaing) mais le documentaire ne sort qu'en 2002. A partir des années 70, il s'attelle à la réalisation de Tchad 1 : L'embuscade puis Tibesti Too en 1976 sur l'affaire Françoise Claustre.
S'intéressant aussi bien aux médias (Numeros zero, 1977 ; Reporters, 1981) qu'à l'univers psychiatrique et hospitalier (San Clemente, 1982 ; Urgences, 1988) ou encore au monde paysan (Profils paysans : l'approche, 2000). Humaniste, Raymond Depardon dénonce les injustices et la souffrance (Afriques : comment ca va avec la douleur ?, 1996).
Il se lance tardivement dans la fiction en 1985 avec Empty Quarter, une femme en Afrique puis La Captive du desert en 1990. Douze ans plus tard, il signe une oeuvre mêlant fiction et documentaire : Un homme sans l'Occident, adapté du roman homonyme de Diego Brosset sur un guide qui refuse la colonisation dans le Sahara du début du 20e siècle.
En 2004, dix ans après Délits flagrants, le cinéaste se penche à nouveau sur le système judiciaire français avec 10e chambre, instants d'audience qui retrace le quotidien de la 10e Chambre Correctionnelle de Paris à travers douze affaires survenues entre mai et juillet 2003. Le film est présenté au Festival de Cannes 2004 en sélection officielle hors-compétition
Images Politiques
" La photographie donne à voir des choses dures, des choses belles, une réalité adoucie ou plus violente. Son "instant décisif" est trompeur, il n'est qu'un moment. On s'apercevra tout de suite qu'aucune photo n'est politiquement neutre. "
Des chapitres, des tranches chronologiques, des noms (Wallonie 1960, Deleuze 1970, Politique française, La guerre d'Algérie…), des photos et des mots recueillis sur chacune : une sélection - difficile- d'une soixantaine de clichés, de ces " images politiques " amassées au fil des ans et des reportages, commandes ou libres déambulations. Des ouvriers du Nord aux combattants afghans, des orphelinats roumains aux asiles psychiatriques italiens, de Berlin à New York, de Genet à Mitterrand… Toutes les facettes du politique avec, pour lien ténu entre elles, le regard de l'artiste.
Derniers ouvrages de Raymond Depardon : Errance (2000), Détours (2000), Désert (2002) ; dernier long métrage : 10e chambre, instants
Quelques propos de Raymond Depardon cités dans Libération -
" Ma curiosité m'amène à vivre la marche du monde, les problèmes en Afrique. Il n'empêche que je connais mes origines et j'ai aussi le souci de dire qui je suis, d'où je viens. Ça m'oblige à revenir sur mon enfance, mon pays et ma famille et j'espère être aussi curieux et moderne que si j'allais à New York.Je crois qu'au départ je voulais être cinéaste. Mes parents étaient des agriculteurs de la vallée de la Saône, je n'avais pas fait d'études. La photo a été mon apprentissage. Sans doute l'expérience du photographe, m'a-t-elle nourri de choses à filmer et surtout à écouter. Mais je reste photographe et le désir de faire des films est toujours ponctuel, plutôt comme amateur, ça me permet de ne pas être un professionnel et de ne pas faire des films de commande. Il y a toujours du désir dans mes films"
Raymond Depardon – Thoughts
Posted on October 7, 2010 by Jan
Raymond Depardon – Review
When asked whose work inspired me or influenced me, I am frequently at a loss for an answer. My first couple of years in photography were mostly in Miami, surrounded by wannabe fashion photographers and models. There are of course excellent professionals there, but I was inclined more toward conceptual photography and Miami simply didn’t have much of what I was looking for. My search for my own style and work was mostly an autistic experience, with input limited by a very tight group of non-photographer friends.
What I can answer is that I enjoy certain photographers’ work, but not in a way that I consider influences my work. It is usually an image that speaks to me on an individual and personal level and that I would like (or have) on my wall, but it is not an image that affects how I create my own images. Occasionally I identify with what it likely meant to see something and want to capture it in the same way as the photographer presented the image.
“If I had seen that I would have done the same,” is what I think, and this is very different from thinking: “I want to do that too, or I wish I had done that.” By saying this, I have no intent to put myself in the same class as the photographer in question famous, dead, alive or unknown. I mean it instead is an understated affirmation that the image is beautiful and perfect–that I think nothing could be done differently to make the picture better in a way that resonates with what I imagine I would have felt if confronted with that same scene.
This implies relating to a photographer in a way that only another photographer can. And so, ever so rarely, I find myself in consistent sentimental solidarity with the works of a particular photographer. Actually, the only one that happens to me with is Raymond Depardon.
I discovered Depardon‘s book Voyages in a pile of damaged books being sold at Casa Lamm in Mexico. The book cost two dollars and I thought it could be interesting. It stayed on my shelves for months before I really looked through it. I now keep it close to me, this tarnished paperback with powerful but discreet pictures. You choose and develop friendships when you meet people and hear their stories and discourse. There exists a baseline of affinities in friendships.
I’ve never met Depardon, but by what I know of his pictures I imagine I would enjoy him as a friend.
In an interview he says, ” Travel has led me to discover my own life, and quite simply to discover love. I have this eternal obsession with the idea of loving a woman and taking her with me on a journey. “
Raymond Depardon
French, b. 1942
The photographer is filled with doubt. Nothing will soothe him. ”
Biography
Raymond Depardon, born in France in 1942, began taking photographs on his family farm in Garet at the age of 12. Apprenticed to a photographer-optician in Villefranche-sur-Saône, he left for Paris in 1958.
He joined the Dalmas agency in Paris in 1960 as a reporter, and in 1966 he co-founded the Gamma agency, reporting from all over the world. From 1974 to 1977, as a photographer and film-maker, he covered the kidnap of a French ethnologist, François Claustre, in northern Chad. Alongside his photographic career, he began to make documentary films: 1974, Une Partie de Campagne and San Clemente.
In 1978 Depardon joined Magnum and continued his reportage work until the publication of Notes in 1979 and Correspondance New Yorkaise in 1981. In that same year, Reporters came out and stayed on the programme of a cinema in the Latin Quarter for seven months. In 1984 he took part in the DATAR project on the French countryside.
While still pursuing his film-making career, he received the Grand Prix National de la Photographie in 1991, but his films also won recognition: in 1995 his film Délits Flagrants, on the French justice system, received a César Award for best documentary, and in 1998 he undertook the first in a series of three films devoted to the French rural world. The Maison Européenne de la Photographie in Paris mounted an important exhibition of his work in 2000. The sequel to his work on French justice was shown as part of the official selection at the Cannes Film Festival in 2004.
As part of an initiative by the Fondation Cartier for contemporary art, Depardon made an installation of films on twelve large cities, shown in Paris, Tokyo and Berlin between 2004 and 2007. In 2006 he was invited to be artistic director of the Rencontres Internationales d'Arles. He is working on a photographic project on French territory which is due to be completed in 2010. He has made eighteen feature-length films and published forty-seven books.
Depardon et le Président de proximité
JEAN-FRANÇOIS BOURGEOT
09/06/2012, 14 h 29 | Mis à jour le 09/06/2012, 14 h 31
Lors de la présentation... "J’ai renoncé au trépied pour travailler appareil en mains". (AFP)
Le célèbre reporter, en promotion pour son nouveau film, revient sur cette séance avec Hollande.
Dans la vie de Raymond Depardon, il y eut bon nombre de “journées particulières”. Vous en serez convaincus en allant voir, dès la semaine prochaine, Journal de France, le film qu’il a réalisé avec Claudine Nougaret, merveilleuse ingénieur du son, qui est à la fois sa femme et ses oreilles.
Mais c’est à une “séance particulière” que ce grand artiste, joliment rescapé des anciens temps, a dû se livrer il y a peu. "Nous étions à Cannes pour présenter le film et François Hollande m’a appelé pour me demander si je voulais bien faire son portrait. J’ai dit oui. On s’est retrouvés une semaine après, un mardi matin, avec quelques contraintes et une demi-heure de temps. Il fallait que ce soit dehors et qu’on voit les drapeaux. Je savais qu’il allait faire beau et j’ai choisi une méthode de cinéma en utilisant une seule source de lumière. Avec un très bel adoucisseur devant."
"Je savais que je ne voulais pas utiliser la pose, qui fige trop, et j’ai donc renoncé au trépied pour travailler appareil en mains. J’ai d’abord essayé en numérique, avec un Leica et j’ai fini avec mon bon vieux Rolleiflex, il a une patine un peu à part, et c’est la douzième qui fut la bonne. Et le format carré est ce qui convient le mieux au plan américain. Je suis revenu lui montrer le lendemain, il a été d’accord".
Quelqu’un d’accessible
La photo, tout le monde ou presque croit la connaître. Car c’est sans doute dans sa forme encadrée, dans les petites mairies comme dans les orgueilleux hôtels de Ville, qu’elle prendra tout son sens.
Pour l’heure, elle est commentée tous azimuts, comme jamais, sans doute, ne le furent les portraits précédents de la Ve République. Le photographe y voit davantage un signe des temps (tout le monde commente tout et n’importe quoi en permanence) qu’un véritable intérêt pour l’exercice. Dont il reste fier cependant : "Oui, je suis content. Et, pour moi, c’est aussi une façon de rendre hommage à tous les photographes de presse qui s’ennuient dans la cour de l’Elysée à attendre la sortie des ministres. Je reste un des leurs, et ma famille, c’est toujours la presse et le cinéma".
Content aussi que ce soit lui, François Hollande, plutôt qu’un autre. "J’ai cherché à le montrer tel qu’il est, à l’aise, en mouvement vers les autres. C’est quelqu’un d’accessible et qui écoute bien. Il est jeune et facile, et a vécu une autre campagne électorale que les autres. J’ai fait Kennedy, Nixon, ce n’est pas comparable. Même Obama ne s’approche pas si facilement".
Le Président avait confiance. Encore plus, sans doute, depuis qu’il avait acheté le livre de Depardon décrivant la France profonde.
Raymond Depardon met Hollande «en boîte»
Finalement, normalement, un président « normal » a choisi un photographe qui apparaît aujourd’hui comme tout à fait normal lui aussi puisqu’il ne cesse de faire des allers et retours entre la photographie et le cinéma, entre l’image fixe et l’animée.
En 1974, Valéry Giscard d’Estaing avait, en choisissant Jacques-Henri Lartigue et une photo légèrement décadrée, innové. François Hollande reste dans le sillage en appelant un « grand artiste », celui que VGE a censuré.
La boucle est bouclée. Tout est normal.
Michel Puech
Le portrait officiel a été réalisé avec un appareil moyen format argentique 6 x 6. Au second plan, une équipe de télévision immortalise la séance photo.
Contrairement à ses prédécesseurs, Raymond Depardon, à la manière d'un reporteur, réalise ce portrait à main levée (sans pied).
François Hollande: son portrait officiel
François Hollande: son portrait officiel
Par Freddy Mulongo, mardi 5 juin 2012
Décontracté et en mouvement dans les jardins de l'Elysée... Voilà le portrait officiel de François Hollande dévoilé lundi 4 juin... sur les réseaux sociaux. A l'origine, la photographie devait être présentée officiellement cet après-midi à la presse. Mais elle a rapidement fuité sur Twitter.
François Hollande, Président de la République. Réalisé par le photographe Raymond Depardon, ce cliché ornera bientôt toutes les mairies de France et les ambassades à travers le monde.
André Gunthert, enseignant-chercheur en histoire visuelle à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), décrypte ce portrait officiel sur Le Monde.
"C'est clairement un clin d'œil à la photographie amateur, notamment au niveau du format carré: on dirait un polaroïd ou une photo Instagram. On est loin des codes de la photo institutionnelle."
Il le compare ensuite à celui des anciens présidents de la Ve République:
"Sous la Ve République, tous les présidents ont cherché à être en opposition avec leur prédécesseur. François Mitterrand, pour rassurer son électorat, a innové en posant assis dans la bibliothèque de l'Elysée, en rupture avec Valéry Giscard d'Estaing, qui était debout devant le drapeau français. Jacques Chirac a été le premier à poser en extérieur et non sous les lambris de l'Elysée. Un portrait moderne et naturel. Nicolas Sarkozy est celui pour lequel la photo a le moins bien marché."
Plus proche de celui de Jacques Chirac, dont le portrait avait également été tiré dans les jardins de l'Elysée, celui de François Hollande se distingue clairement de celui de Nicolas Sarkozy, qui avait été photographié dans la bibliothèque de l'Elysée.
Et alors qu'en 2007, l'ancien président de la République s'affichait distinctement à côté du drapeau français et du drapeau européen, les couleurs de la France et de l'Union européenne n'apparaissent en 2012 que dans un lointain arrière-plan.
Autre singularité de la photo, son format carré. Du jamais vu encore à l'Elysée. Le cliché a par ailleurs était rajouté sur la page Facebook officielle de l'Elysée à 16h15 lundi.
LIVRES PARUTIONS
Il y a des images qui frappent, il y a des histoires qui marquent. Et l’on est d’autant plus touché que ces images et ces histoires semblent poser des questions qui interpellent chacun de nous — le photographe en premier. Dépassé le sempiternel “Qui suis-je?”, on en vient à la vraie question, “Que fais-je?”: que fais-je ici, que fais-je maintenant? Comme l’a écrit Olivier Verdun, commentant l’œuvre de Raymond Depardon:
L’errance n’est ni le voyage ni la promenade mais cette expérience du monde qui renvoie à une question essentielle : qu’est-ce que je fais là ? Pourquoi ici plutôt qu’ailleurs ? Comment vivre le plus longtemps possible dans le présent, c’est-à-dire être heureux ? Comment se regarder, s’accepter ? Qu’est-ce que je suis, qu’est-ce que je vaux, quel est mon regard ?
Dans la suite, un petit résumé pour vous donner envie de jeter un oeil à ce chef d’œuvre incontournable: Errance, de Raymond Depardon (Seuil, Points, 2004, 192 pages).
*
* *
* *
La première fois que l’on ouvre ce court livre de Raymond Depardon, on tombe sur une photographie verticale, pleine page. Elle est en noir et blanc, très simple, équilibrée et épurée. La ligne d’horizon est complètement au centre de l’image, comme sur toutes les autres. On est sur une longue route s’étendant à l’infini au milieu des États-Unis ou devant un passage piéton dans une mégapole japonaise. On est dans une rue en Allemagne, sur la plage en Espagne, devant un abri-bus à Paris, derrière un banc au milieu d’une chaîne de montagnes, ou on est planté face à un poteau électrique dans des champs balayés par le vent.
L’homme est rarement là, mais de toute façon l’errance est la quête d’un lieu, pas d’une altérité, puisque même quand il est là, ce n’est que pour mieux nous montrer le lieu dans lequel il évolue. Depardon est un grand solitaire, dans son errance. L’image, quand on la regarde attentivement, frappe par sa profondeur, sa grandeur, sa latitude, sa beauté. Mais aussi son authenticité. On s’y plonge, on y cherche le détail. Les lignes sont toujours la sève de l’image, elles lui donnent clairement une grande dynamique, elles guident la lecture, parfois la gênent, mais elles font l’image.
On tourne les pages, et on se rend compte de la fantastique diversité des photos, malgré ce choix technique très strict d’un format vertical, d’une focale fixe, d’une pellicule noir et blanc peu sensible, d’un ouverture minimale donnant une grande profondeur de champ, d’un cadrage immuable où la ligne d’horizon est centrée. En dépit de tout cela, chaque photo intéresse, chaque photo surprend.
*
* *
* *
Puis nos yeux se posent sur le texte. Certes, le texte de Depardon peut sembler parfois maladroit car écrit dans un style très parlé. Mais justement, il nous parle, il nous raconte son expérience de photoreporter, et son expérience “d’errant”. Son manque de désir d’abord, son appréhension de l’errance ensuite, puis l’évolution de sa conception de l’errance au fur et à mesure qu’il s’y laisse glisser. Les questions techniques sont abordées mais immédiatement reliées à des choix du photographe: pourquoi ce format vertical? L’idée de couloir. Pourquoi cette focale et ces cadrages? La distance. Depardon pose aussi toutes les questions qui tiraillent les photographes: quel rapport au passé, quel rapport au présent, quel rapport à la solitude, quel rapport à la photo? C’est une sorte de “manuel philosophique de la photographie”, comme je l’ai lu sur Internet.
L’errance, et donc la photographie, lui a permis de vivre dans le présent, de sortir du souvenir nostalgique du passé. Je ne suis pas vraiment d’accord avec cette conception de la photographie, même si c’est probablement un idéal vers lequel il faut tendre. D’ailleurs Depardon semble quand même avoir toujours terriblement peur du présent, quand il affirme que “le réel est tellement éphémère, c’est quelque chose qui ne peut jamais nous rassurer”. L’errance lui a aussi permis de vivre pleinement sa solitude, une solitude malheureuse, certes, mais une solitude qu’il estime nécessaire, et d’ailleurs lui-même l’affirme: “il faut aimer la solitude pour être photographe”. Mais l’errance, c’est aussi ce qui lui permet d’échapper à ses deux principales ennemies, la mort et l’ennui.
Tout le récit est irrigué par une réflexion permanente sur l’errance, vue tantôt comme fuite en avant (car “il faut continuer, pour aller mieux. Parce que ces photos de l’errance ne sont pas très rassurantes, il n’y a personne, c’est vide”), comme une folie (selon lui, “le fou et le photographe sont assez proches”), comme une façon de définir une temporalité dans sa vie, en instaurant une “quotidienneté”, ou comme une sorte de projet, celui de “ne rien prendre à personne”. Toutefois, son errance n’est pas politique, ce n’est pas un reportage: il ne dénonce rien et n’a aucun parti-pris. Il montre, mais surtout, il improvise. Son errance est objective, il ne vient pas pour interagir, il vient pour observer. Pour autant, la photographie est-elle fiction ou est-elle documentaire? C’est une question importante: l’errance fut aussi l’occasion pour lui de réfléchir à sa conception de la photographie. On le sait, toute photographie est un mensonge — il parle même de “trahison” — et s’il voit un aspect documentaire à son projet, il définit tout de même le photographe comme le “metteur en scène du réel”.
*
* *
* *
On suit Depardon, on le voit affiner son projet en énumérant les différentes errances de son expérience: la fausse errance d’abord, dans des lieux que l’on connait déjà, puis l’errance rêvée, avec une femme, mais aussi l’errance commandée, un véritable déclic pour lui, ou l’errance nostalgique teintée de passéisme, l’errance forcée, l’errance occasionnelle…
Et l’on comprend finalement que l’errance, de “la quête du lieu acceptable” telle qu’il la définit au début, a fini par devenir, après des années de déambulation, “la quête du moi acceptable”.
Merci à M. pour ce cadeau à la fois magnifique et bouleversant.