IRVING PENN
LA PHOTOGRAPHIE de A à Z, LES GRANDS PHOTOGRAPHES
Irving Penn, des ombres aux lumières…
À quoi se mesure le talent ? À son évidence et à sa simplicité, aurait pu répondre feu Irving Penn, perfectionniste à la lumière magique,
"Une bonne photographie est celle qui communique un fait, touche le cœur du spectateur et le transforme. En un mot, c'est une photographie efficace".
« J'ai préféré me confronter uniquement à la personne elle-même, loin des accidents de la vie quotidienne, portant ses propres vêtements et bijoux, isolée dans mon studio. »
Eloigner les modèles de leur environnement naturel et les installer dans un studio face à l'objectif n'avait pas seulement pour but de les isoler, cela les transformait",
« J’étais un jeune homme sans connaissance du style, mais je savais quand une image avait des tripes. »
Irving Penn photographie ses modèles au Rolleiflex sur un fond neutre, en lumière naturelle. Il recadre ses images pour éliminer les éléments extérieurs et réalise des tirages gélatino-argentiques.
Considéré comme le plus grand, tant pour son travail dans la mode que pour ses portraits ou ses natures mortes, Irving Penn est un photographe américain né en 1917 et mort en octobre 2009. Ses études de design achevées, il travaille comme graphiste au Pennsylvania Museum School of Industrial Art, avant de s’installer en 1938, à son compte dans la ville de New-York. En 1943, le magazine Vogue lui offre sa première couverture. il en réalisera 160 en 5 ans. C’est aussi le magazine Vogue qui publiera les premiers clichés de sa série documentaliste « Les Petits Métiers », avant leur édition dans un livre. Pressentant la disparition imminente de l’artisanat, Irving Penn entame à Paris, parallèlement à sa mission modiste, un travail de recensement des codes visuels et représentatifs des différentes strates du prolétariat. Du pompier à la cantatrice, en passant par le boucher ou le ramoneur, il en immortalise l’outillage, les tenues, les postur
Autres vidéos pour irving penn »es. Il poursuivra cette recherche à Londres et New-York.
Irving Penn - YouTube
www.youtube.com/watch?v=-iJ03T7sza411 avr. 2011 - 2 min - Ajouté par anacperrifranco
What Makes a Great Picture?by NationalGeographic168,115 views; Tribute to Irving Penn 001 4:36. Watch ...Irving Penn - BEST PHOTOGRAPHY by elena dilascio - YouTube
www.youtube.com/watch?v=uH1w2THmlUE25 mai 2011 - 5 min - Ajouté par Giorgio27011
http://www.facebook.com/BEST.of.PHOTOGRAPHY.- Son style, très reconnaissable, se signale par l'usage systématique d'une toile de fond neutre, grise ou blanche, pour tout décor ; un éclairage fortement travaillé ; la recherche de compositions à la fois stylisées et architecturées ; le dépouillement et la pureté des formes ; le hiératisme et l'harmonie des poses ; un sens graphique poussé dans les contrastes de noir et de blanc ; des tirages particulièrement soignés et précis.
Richard Avedon, a été son rival, car ils étaient en compétition au sein de Vogue. Penn reste néanmoins un précurseur, avec son style, et la façon, dont il a mis au point l’éclairage de ses sujets.
Photographe perfectionniste, Irving Penn vise l’immortalité et méprise l’éphémère. Il travaille donc exclusivement en studio où il peut réaliser plusieurs prises de vue, mais aussi recommencer autant de fois que cela s’avère nécessaire la mise au point de techniques de sublimation de ses modèles (recherche sur les textures, les contrastes, les aplats, …). Il acquiert et perfectionne par exemple le procédé de tirage au platine qui, par opposition aux tirages gélatino-argentiques rugueux, lisse ses épreuves pour un résultat esthétisé et particulièrement expressif. La personnalité du modèle revêt à ses yeux une importance primordiale. Se concentrer sur le caractère du sujet pour l’amener à l’évidence visuelle lui permet d’ailleurs de transformer la simple photo de mode en portrait. Et, à nouveau, le travail en studio autorise cette recherche. « Eloigner les modèles de leur environnement naturel, et les installer dans un studio face à l’objectif n’avait pas seulement pour but de les isoler, cela les transformait. » De sa série « Les Petits Métiers », Irving Penn se plaisait à constater que selon les origines nationales, les comportements des mannequins différaient. L’artisan parisien, par opposition à la fierté du londonien, semblait poser avec méfiance tandis que les américains souvent endimanchés et fraîchement rasés, s’offraient généreusement avec une propension certaine pour la mise en scène holywoodienne.
Jeux de lumières, décors, accessoires ou postures, Irving Penn axe tout sur l’individu, l’humain, et ce qui sert l’expression de sa personne, pour le montrer au spectateur dans son essence la plus intime. En dehors de la beauté de ses clichés, la démarche artistique et intellectuelle d’Irving Penn mérite mémoire et honneurs. Surtout de nos jours, où le regard, professionnel ou publique, s’obsède pour les visuels aguicheurs, sériels, impropres et impersonnels.
Irving Penn est un des maîtres incontestés de la photographie moderne. D'abord connu pour ses photographies de mode, il devient vite incontournable dans l'art du portrait et de la nature morte. Il est reconnu pour son art de sublimer les objets les plus banals, comme les mégots de cigarettes qu'il récupère dans la rue et photographie comme des bâtons de rouge à lèvre. La complexité de ses images nous semble simple et limpide. Derrière se cache une construction des plus complexes. Les personnages qu'il photographie se livrent à son regard, et donc au notre, pour notre plus grand plaisir. C'est l'aboutissement de l'échange entre l'artiste et son modèle, de la tension qu'il réussi à créer dans chaque image entre l'objectif et le sujet photographié.
Durant sa fructueuse collaboration avec le magazine Vogue, Irving Penn se concentre sur l'amélioration des techniques d'impression, la page glacée étant pour lui l'aboutissement de ses créations. Des années plus tard, il change de point de vue et voit dans le tirage fine art, l'expression ultime de son œuvre. Il explorera la subtilité des tonalités de gris obtenues avec le tirage aux sels de platine, l'éclat des couleurs du tirage dye-transfer, les noirs mats ou brillants du tirage argentique. La variation inhérente au tirage manuel et la volonté d'accentuer ou d'estomper telle ou telle zone d'un tirage fait que chaque épreuve devient une oeuvre unique.
La rareté des ses photographies, leurs qualités esthétique et technique, la rigeur des processus de production sont caractéristiques de son empreinte et de son art. Ses tirages sont exposés dans les plus grands musées du monde (MoMA, MOCA, Whitney Museum of Art, J. Paul Getty Museum, etc...).
TOUTES PHOTOS IRVING PENN
La variation inhérente au tirage manuel et la volonté d'accentuer ou d'estomper telle ou telle zone d'un tirage fait que chaque épreuve devient une oeuvre unique.
Irving Penn photographie une série de natures mortes représentant des mégots de cigarettes, et des détritus, qui sous son œil, et devant les nôtres, laissent rêveurs.
Il est reconnu pour son art de sublimer les objets les plus banals, comme les mégots de cigarettes qu'il récupère dans la rue et photographie comme des bâtons de rouge à lèvre. La complexité de ses images nous semble simple et limpide. Derrière se cache une construction des plus complexes.
1949, il réalise des séries de photos de nus, durant son temps libre, pour son plaisir personnel.
MODE
C'est en 1950, lors de son premier voyage à Paris pour Vogue . Son style est déjà bien assuré. Le New-Yorkais ne travaille qu'en studio, en lumière naturelle de préférence. La journaliste et écrivain Edmonde Charles-Roux, qui représente Vogue en France, lui a débusqué un local au sixième étage de la rue de Vaugirard. A l'abandon, la pièce est dotée d'une verrière exposée au nord. Il ne reste à Penn qu'à tendre en arrière-fond une vieille toile peinte pour un décor de théâtre.
En dehors de la beauté de ses clichés, la démarche artistique et intellectuelle d’Irving Penn mérite mémoire et honneurs. Surtout de nos jours, où le regard, professionnel ou publique, s’obsède pour les visuels aguicheurs, sériels, impropres et impersonnels.
Jeux de lumières, décors, accessoires ou postures, Irving Penn axe tout sur l’individu, l’humain, et ce qui sert l’expression de sa personne, pour le montrer au spectateur dans son essence la plus intime.
Considéré comme le plus grand, tant pour son travail dans la mode que pour ses portraits ou ses natures mortes, Irving Penn est un photographe américain né en 1917 et mort en octobre 2009. Ses études de design achevées, il travaille comme graphiste au Pennsylvania Museum School of Industrial Art, avant de s’installer en 1938, à son compte dans la ville de New-York. En 1943, le magazine Vogue lui offre sa première couverture. il en réalisera 160 en 5 ans.
Artiste venu de la peinture à la photographie, c’est sans doute de là que lui vient cet attachement à la qualité de la lumière que l’on perçoit tant dans ses portraits que dans ses natures mortes.
Décembre 1948, après une série de photos de mode pour Vogue, entre deux avions, il découvre le studio de Martin Chambi, un célèbre photographe péruvien, qui réside à Cuzco, au Pérou. Il prend sa place, et offre de rémunérer ses sujets. Il signe ainsi quelques 200 portraits prodigieux en Noir et Blanc d’indigènes Quechua. L’une de ses photos qui représente deux enfants, intitulée « Frère et sœur » reste une des plus connues de son œuvre. Cette image emblématique a été adjugée pour la somme de $ 529,000 dans une vente aux enchères de 2008, établissant ainsi un nouveau record mondial.
Images ethnographiques
Irving Penn, maître des lumières
Le 9 octobre 2009 à 19h00
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Ses images stupéfiaient par leur simplicité. Pourtant, elles étaient toujours d’une folle inventivité : le photographe américain Irving Penn est mort, à New York, à l'âge de 92 ans.
Ont ainsi défilé devant son objectif une multitude de personnalités connues et de visages célèbres, surtout des écrivains, des peintres, des acteurs, des dramaturges, des danseurs (Balanchine, Balthus, Beaton, Burton, Cocteau, Colette, De Kooning, Duchamp, Ernst, Johns, Marin, Miró, Moore, Newman, Nin, Williams, Wolfe...)
Il reste surtout connu du grand public pour ses portraits commencés en 1948, avec l’acteur Spencer Tracy, qu’il fait poser dans un décor inventé par ses soins, constitué par deux panneaux qui forment un angle aigu. Il fait poser de nombreuses personnalités du monde artistique ou littéraire, tel Marcel Duchamp, Martha Graham, Georgia O'Keeffe, Igor Stravinsky, Louis Armstrong, et Marlene Dietrich.
Les personnages qu'il photographie se livrent à son regard, et donc au notre, pour notre plus grand plaisir. C'est l'aboutissement de l'échange entre l'artiste et son modèle, de la tension qu'il réussi à créer dans chaque image entre l'objectif et le sujet photographié.
Irving Penn a photographié de nombreuses personnalités du XXe siècle
LES PETITS METIERS - Les petits métiers selon l'Américain Irving Penn, qui transfigura en 1950 des travailleurs de l'ombre en icônes.
C'est en 1950, lors de son premier voyage à Paris pour Vogue qu'Irving Penn (1917-2009) entame une série magistrale sur « les petits métiers ». Son style est déjà bien assuré. Le New-Yorkais ne travaille qu'en studio, en lumière naturelle de préférence. La journaliste et écrivain Edmonde Charles-Roux, qui représente Vogue en France, lui a débusqué un local au sixième étage de la rue de Vaugirard. A l'abandon, la pièce est dotée d'une verrière exposée au nord. Il ne reste à Penn qu'à tendre en arrière-fond une vieille toile peinte pour un décor de théâtre.
. Pressentant la disparition imminente de l’artisanat, Irving Penn entame à Paris, parallèlement à sa mission modiste, un travail de recensement des codes visuels et représentatifs des différentes strates du prolétariat. Du pompier à la cantatrice, en passant par le boucher ou le ramoneur, il en immortalise l’outillage, les tenues, les postures. Il poursuivra cette recherche à Londres et New-York.
Rémouleurs, rempailleurs, bouchers, femmes de ménage… Ces gens-là fascinent Penn. Il s’empresse de les faire poser en studio, dans un décor neutre. Regard droit vers l’objectif, buste fier. Penn compose rigoureusement avec les instruments de chacun. À tel point qu’ils apparaissent comme un prolongement du corps.
C'est en 1950, lors de son premier voyage à Paris pour Vogue qu'Irving Penn (1917-2009) entame une série magistrale sur « les petits métiers ». Son style est déjà bien assuré. Le New-Yorkais ne travaille qu'en studio, en lumière naturelle de préférence. La journaliste et écrivain Edmonde Charles-Roux, qui représente Vogue en France, lui a débusqué un local au sixième étage de la rue de Vaugirard. A l'abandon, la pièce est dotée d'une verrière exposée au nord. Il ne reste à Penn qu'à tendre en arrière-fond une vieille toile peinte pour un décor de théâtre
Le photographe ne parle pas français. Charles-Roux lui a trouvé en Robert Doisneau un sacré rabatteur qui doit convaincre le modèle nu d'un sculpteur, le vendeur ambulant de concombres, le garde champêtre de Montmartre, avec épée et bicorne, de se présenter devant cet étrange Américain. Et la plupart de ces petits métiers qui passent inaperçus dans ce Paris d'après guerre, Penn va les rendre remarquables. Il en fait des témoins. Payées, les séances, parfois de deux heures, peuvent être tumultueuses. Intransigeant, maniaque, Penn dirige la pose du regard, par des gestes précis. Si l'artisan change ses yeux de la direction indiquée, le photographe peut devenir « fou de rage », se rappelle Charles-Roux.
Cela pourrait être sinistre comme les alignements des pompes funèbres (regardez, ce monde est en train de disparaître !). Au contraire, c'est la vitalité même de l'homme de la rue, inventive et gaie. Le sérieux papal du majordome, qui ressemble, en France, au Nestor de Moulinsart. La carrure de brute du policier américain, qui ressemble aux héros Marvel. Les petits métiers jaillissent littéralement du cadre dans leur humilité, leur fantaisie, leur fierté et, bien sûr, leur courage. Chaque visage a sa logique. Chaque corps reflète le poids de sa fonction.
BIOGRAPHIE
Irving Penn
rving Penn est un des maîtres incontestés de la photographie moderne. D'abord connu pour ses photographies de mode, il devient vite incontournable dans l'art du portrait et de la nature morte. Il est reconnu pour son art de sublimer les objets les plus banals, comme les mégots de cigarettes qu'il récupère dans la rue et photographie comme des bâtons de rouge à lèvre. La complexité de ses images nous semble simple et limpide. Derrière se cache une construction des plus complexes. Les personnages qu'il photographie se livrent à son regard, et donc au notre, pour notre plus grand plaisir. C'est l'aboutissement de l'échange entre l'artiste et son modèle, de la tension qu'il réussi à créer dans chaque image entre l'objectif et le sujet photographié.
Durant sa fructueuse collaboration avec le magazine Vogue, Irving Penn se concentre sur l'amélioration des techniques d'impression, la page glacée étant pour lui l'aboutissement de ses créations. Des années plus tard, il change de point de vue et voit dans le tirage fine art, l'expression ultime de son œuvre. Il explorera la subtilité des tonalités de gris obtenues avec le tirage aux sels de platine, l'éclat des couleurs du tirage dye-transfer, les noirs mats ou brillants du tirage argentique. La variation inhérente au tirage manuel et la volonté d'accentuer ou d'estomper telle ou telle zone d'un tirage fait que chaque épreuve devient une oeuvre unique.
La rareté des ses photographies, leurs qualités esthétique et technique, la rigeur des processus de production sont caractéristiques de son empreinte et de son art. Ses tirages sont exposés dans les plus grands musées du monde (MoMA, MOCA, Whitney Museum of Art, J. Paul Getty Museum, etc...).
C'est en juin 1950, dans la capitale française, où il couvrait pour Vogue ses premières collections de haute-couture, qu'Irving Penn (1917-2009) a entrepris son projet. Il était inspiré par une tradition de représentation des petits metiers. Il admirait le photographe français Eugène Atget qui les avait immortalisés. Il s'inscrivait aussi dans l'approche documentaire d'August Sander, qui avait réalisé une typologie sociale des Allemands dans ses Hommes du XXe siècle.
A Paris, quand il ne photographie pas des stars ou des mannequins, Irving Penn fait entrer dans son studio les balayeurs, les ramoneurs, les marchands ambulants, les pompiers, les marchands de journaux ou les garçons bouchers, avec leur attirail. Il a de l'estime pour ces petits métiers menacés de disparaître.
Il poursuit ce travail sur les "petits métiers" (small trades) à Londres la même année, puis à New York en 1951.
Irving Penn photographie ses modèles au Rolleiflex sur un fond neutre, en lumière naturelle. Il recadre ses images pour éliminer les éléments extérieurs et réalise des tirages gélatino-argentiques. Plus tard, il reprendra ces photos, expérimentant le tirage au platine, qui offre un rendu des matières plus riche, grâce à une gamme de gris plus nuancée.
Ses tirages au platine sont plus grands, les cadrages y sont plus serrés, ce qui donne plus de monumentalité aux figures. On peut en voir plusieurs parmi la centaine d'images exposées à la Fondation Henri Cartier-Bresson. Celles-ci ont été prêtées par le J. Paul Getty Museum de Los Angeles, qui en possède une collection de 252.
Irving Penn demandait à ses modèles de se rendre au studio dans leur habit de travail, avec leurs outils. Ils étaient rétribués.
"Eloigner les modèles de leur environnement naturel et les installer dans un studio face à l'objectif n'avait pas seulement pour but de les isoler, cela les transformait", dira le photographe dans le livre Worlds in a Small Room. Il remarque des différences d'attitude entre les Parisiens, les Londoniens et les New Yorkais. Les premiers sont méfiants mais motivés par la rémunération, les seconds "se présentaient devant l'appareil photo avec un sérieux et une fierté qui étaient particulièrement touchants". Les Américains, les plus "imprévisibles", arrivent parfois en habit du dimanche, "convaincus de faire leur premier pas vers Hollywood".
La présentation de le Fondation Cartier-Bresson confronte des représentants des mêmes métiers dans les trois villes: des marchands de journaux, des charbonniers et des ramoneurs, des pompiers avec leurs uniformes différents. On peut voir un gardien de parc new-yorkais à côté d'un garde-champêtre de Montmartre particulièrement exotique avec son chapeau à la Napoléon.
D'autres métiers sont plus particuliers, comme ce vendeur breton arborant un collier d'oignons, ou un vendeur de peaux de chamois londonien couvert de peaux. A Paris, Irving Penn a aussi photographié de petits artistes, contorsionniste, sculpteur, peintre.
Né en 1917 dans le New Jersey, Irving Penn a étudié le graphisme avec Alexey Brodovitch à Philadelphie avant de se mettre à la photo. Il réalise sa première couverture pour Vogue en 1943. Ses images se caractérisent par leur simplicité et leur rigueur, qu'il s'agisse de mode ou de portraits. Outre les mannequins, il photographie en effet des actrices, des écrivains, des artistes.
Il voyage à Cuzco, en Crète, en Estrémadure, au Bénin, au Cameroun, au Népal, en Nouvelle-Guinée et au Maroc, en quête de cultures menacées. "Il était probablement plus connu pour ses photos de mannequins de la mode parisienne et pour ses portraits de personnalités du monde de la culture, mais il était tout aussi à l'aise quand il photographiait des paysans péruviens", écrivait le New York Times quand il est mort en octobre dernier, à l'âge de 92 ans.
A Paris, quand il ne photographie pas des stars ou des mannequins, Irving Penn fait entrer dans son studio les balayeurs, les ramoneurs, les marchands ambulants, les pompiers, les marchands de journaux ou les garçons bouchers, avec leur attirail. Il a de l'estime pour ces petits métiers menacés de disparaître.
Il poursuit ce travail sur les "petits métiers" (small trades) à Londres la même année, puis à New York en 1951.
Irving Penn photographie ses modèles au Rolleiflex sur un fond neutre, en lumière naturelle. Il recadre ses images pour éliminer les éléments extérieurs et réalise des tirages gélatino-argentiques. Plus tard, il reprendra ces photos, expérimentant le tirage au platine, qui offre un rendu des matières plus riche, grâce à une gamme de gris plus nuancée.
Ses tirages au platine sont plus grands, les cadrages y sont plus serrés, ce qui donne plus de monumentalité aux figures. On peut en voir plusieurs parmi la centaine d'images exposées à la Fondation Henri Cartier-Bresson. Celles-ci ont été prêtées par le J. Paul Getty Museum de Los Angeles, qui en possède une collection de 252.
Irving Penn demandait à ses modèles de se rendre au studio dans leur habit de travail, avec leurs outils. Ils étaient rétribués.
"Eloigner les modèles de leur environnement naturel et les installer dans un studio face à l'objectif n'avait pas seulement pour but de les isoler, cela les transformait", dira le photographe dans le livre Worlds in a Small Room. Il remarque des différences d'attitude entre les Parisiens, les Londoniens et les New Yorkais. Les premiers sont méfiants mais motivés par la rémunération, les seconds "se présentaient devant l'appareil photo avec un sérieux et une fierté qui étaient particulièrement touchants". Les Américains, les plus "imprévisibles", arrivent parfois en habit du dimanche, "convaincus de faire leur premier pas vers Hollywood".
La présentation de le Fondation Cartier-Bresson confronte des représentants des mêmes métiers dans les trois villes: des marchands de journaux, des charbonniers et des ramoneurs, des pompiers avec leurs uniformes différents. On peut voir un gardien de parc new-yorkais à côté d'un garde-champêtre de Montmartre particulièrement exotique avec son chapeau à la Napoléon.
D'autres métiers sont plus particuliers, comme ce vendeur breton arborant un collier d'oignons, ou un vendeur de peaux de chamois londonien couvert de peaux. A Paris, Irving Penn a aussi photographié de petits artistes, contorsionniste, sculpteur, peintre.
Né en 1917 dans le New Jersey, Irving Penn a étudié le graphisme avec Alexey Brodovitch à Philadelphie avant de se mettre à la photo. Il réalise sa première couverture pour Vogue en 1943. Ses images se caractérisent par leur simplicité et leur rigueur, qu'il s'agisse de mode ou de portraits. Outre les mannequins, il photographie en effet des actrices, des écrivains, des artistes.
Il voyage à Cuzco, en Crète, en Estrémadure, au Bénin, au Cameroun, au Népal, en Nouvelle-Guinée et au Maroc, en quête de cultures menacées. "Il était probablement plus connu pour ses photos de mannequins de la mode parisienne et pour ses portraits de personnalités du monde de la culture, mais il était tout aussi à l'aise quand il photographiait des paysans péruviens", écrivait le New York Times quand il est mort en octobre dernier, à l'âge de 92 ans.
Les Petits Métiers
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PHOTO - Les petits métiers selon l'Américain Irving Penn, qui transfigura en 1950 des travailleurs de l'ombre en icônes.
C'est en 1950, lors de son premier voyage à Paris pour Vogue qu'Irving Penn (1917-2009) entame une série magistrale sur « les petits métiers ». Son style est déjà bien assuré. Le New-Yorkais ne travaille qu'en studio, en lumière naturelle de préférence. La journaliste et écrivain Edmonde Charles-Roux, qui représente Vogue en France, lui a débusqué un local au sixième étage de la rue de Vaugirard. A l'abandon, la pièce est dotée d'une verrière exposée au nord. Il ne reste à Penn qu'à tendre en arrière-fond une vieille toile peinte pour un décor de théâtre.
Le photographe ne parle pas français. Charles-Roux lui a trouvé en Robert Doisneau un sacré rabatteur qui doit convaincre le modèle nu d'un sculpteur, le vendeur ambulant de concombres, le garde champêtre de Montmartre, avec épée et bicorne, de se présenter devant cet étrange Américain. Et la plupart de ces petits métiers qui passent inaperçus dans ce Paris d'après guerre, Penn va les rendre remarquables. Il en fait des témoins. Payées, les séances, parfois de deux heures, peuvent être tumultueuses. Intransigeant, maniaque, Penn dirige la pose du regard, par des gestes précis. Si l'artisan change ses yeux de la direction indiquée, le photographe peut devenir « fou de rage », se rappelle Charles-Roux.
Avec le même procédé - distance, lumière naturelle et toile de fond qui isole chaque personne de tout contexte -, Penn poursuit sa série à New York et à Londres. Au final, ses clichés - l'exposition en présente une centaine sur deux cent cinquante-deux - sont à la fois des portraits révélant la personnalité du modèle et des photos de mode. Le tablier, la casquette, les chaussures de toile, chaque vêtement devient un objet à la fois marqué et intemporel grâce à sa science époustouflante des tirages. Avec des noirs profonds, des blancs purs et des gris subtils, Penn sculpte et peint littéralement les corps, les habits et les outils. Il nous apprend à regarder l'éclat d'un bouton, les flaques de lumière sur le cuir des chaussures, le hérisson du ramoneur qu'il transforme en soleil noir. Maîtrisées jusque dans leurs moindres détails, comme sur une toile, ses images éblouissent par ce mélange de sophistication et de naturel qui assure à chacun de ces hommes et de ces femmes une tranquille et immuable présence au monde. Ils sont là.
Luc Desbenoit
Telerama n° 3153 - 19 juin 2010
Irving Penn, des ombres aux lumières…
24 Mars, 2011
Considéré comme le plus grand, tant pour son travail dans la mode que pour ses portraits ou ses natures mortes, Irving Penn est un photographe américain né en 1917 et mort en octobre 2009. Ses études de design achevées, il travaille comme graphiste au Pennsylvania Museum School of Industrial Art, avant de s’installer en 1938, à son compte dans la ville de New-York. En 1943, le magazine Vogue lui offre sa première couverture. il en réalisera 160 en 5 ans. C’est aussi le magazine Vogue qui publiera les premiers clichés de sa série documentaliste « Les Petits Métiers », avant leur édition dans un livre. Pressentant la disparition imminente de l’artisanat, Irving Penn entame à Paris, parallèlement à sa mission modiste, un travail de recensement des codes visuels et représentatifs des différentes strates du prolétariat. Du pompier à la cantatrice, en passant par le boucher ou le ramoneur, il en immortalise l’outillage, les tenues, les postures. Il poursuivra cette recherche à Londres et New-York.
Photographe perfectionniste, Irving Penn vise l’immortalité et méprise l’éphémère. Il travaille donc exclusivement en studio où il peut réaliser plusieurs prises de vue, mais aussi recommencer autant de fois que cela s’avère nécessaire la mise au point de techniques de sublimation de ses modèles (recherche sur les textures, les contrastes, les aplats, …). Il acquiert et perfectionne par exemple le procédé de tirage au platine qui, par opposition aux tirages gélatino-argentiques rugueux, lisse ses épreuves pour un résultat esthétisé et particulièrement expressif. « J’étais un jeune homme sans connaissance du style, mais je savais quand une image avait des tripes. » La personnalité du modèle revêt à ses yeux une importance primordiale. Se concentrer sur le caractère du sujet pour l’amener à l’évidence visuelle lui permet d’ailleurs de transformer la simple photo de mode en portrait. Et, à nouveau, le travail en studio autorise cette recherche. « Eloigner les modèles de leur environnement naturel, et les installer dans un studio face à l’objectif n’avait pas seulement pour but de les isoler, cela les transformait. » De sa série « Les Petits Métiers », Irving Penn se plaisait à constater que selon les origines nationales, les comportements des mannequins différaient. L’artisan parisien, par opposition à la fierté du londonien, semblait poser avec méfiance tandis que les américains souvent endimanchés et fraîchement rasés, s’offraient généreusement avec une propension certaine pour la mise en scène holywoodienne.
Jeux de lumières, décors, accessoires ou postures, Irving Penn axe tout sur l’individu, l’humain, et ce qui sert l’expression de sa personne, pour le montrer au spectateur dans son essence la plus intime. En dehors de la beauté de ses clichés, la démarche artistique et intellectuelle d’Irving Penn mérite mémoire et honneurs. Surtout de nos jours, où le regard, professionnel ou publique, s’obsède pour les visuels aguicheurs, sériels, impropres et impersonnels.
L’exposition Les Petits Métiers est née d’un projet personnel d’Irving Penn. Photo : Benjamin Favier
Du métier à l’œuvre mettait en lumière une gravité insoupçonnée dans l’œuvre de Doisneau. La fondation Henri Cartier-Bresson se concentre cette fois sur le travail d’Irving Penn, décédé en octobre 2009 à l’âge de 92 ans. Le New York Times rend alors hommage au photographe américain : « Il était probablement plus connu pour ses photos de mannequins de la mode parisienne et ses portraits de personnalités du monde de la culture, mais il était tout aussi à l’aise quand il photographiait des paysans péruviens. » La preuve en images avec cette exposition, fruit d’un projet personnel de l’auteur, mené en parallèle à des commandes effectuées pour le magazine Vogue, en 1950, à Paris, Londres et New York. Rémouleurs, rempailleurs, bouchers, femmes de ménage… Ces gens-là fascinent Penn. Il s’empresse de les faire poser en studio, dans un décor neutre. Regard droit vers l’objectif, buste fier. Penn compose rigoureusement avec les instruments de chacun. À tel point qu’ils apparaissent comme un prolongement du corps. Au cours de ces séances, le photographe livre une analyse sociologique sur les sujets. Selon lui, les comportements diffèrent d’un métier, d’une ville, d’une nationalité à l’autre. À propos des Américains : « Des trois (Anglais, Américains et Français, NDLR), les Américains étaient le groupe le plus imprévisible. En dépit de nos recommandations, quelques-uns arrivèrent aux séances changés de pied en cap, rasés de frais et parfois même dans leurs costumes sombres du dimanche, convaincus de faire leur premier pas vers Hollywood. » Pourtant, l’élégance naturelle de ces individus éclabousse l’ensemble l’exposition. Même ce portrait de pompier d’aciérie, vêtu d’une imposante combinaison blanche de la tête aux pieds, apparaît tel un super-héros, armé de son extincteur.
Rigueur technique
Au total, une centaine d’images sont exposées. Le premier étage rassemble des tirages gélatino-argentiques, tandis que le second abrite des impressions platines. On peut lire l’explication suivante, pour différencier les deux rendus sur un plan purement technique : « Pour le procédé au platine, la couche sensible à la lumière est absorbée dans les fibres du support papier laissant ainsi apparaître sa texture, alors que pour les tirages gélatino-argentiques, les particules sensibles à la lumière sont suspendues dans une émulsion de gélatine qui recouvre le support papier. » Le fait de pouvoir comparer les deux procédés à partir d’une même composition s’avère très intéressant. Toutes les photos ont été prises au Rolleiflex, avec une pellicule N/B Tri X. Penn recadrait ensuite ses films 6 x 6 pour éliminer les éléments gênants en arrière-plan. On peut en outre consulter le magnifique ouvrage (en anglais) Small Trades (Getty Publications, 45 €) dédié à l’exposition, conçue à l’origine par Virginia Heckert et Anne Lacoste, du J. Paul Getty Museum, à Los Angeles. Sous verre, un « arbre » mêle les noms des artistes qui l’ont influencés : Matisse, Cartier-Bresson, Van Gogh, Nadar, Rodchenko et bien d’autres… Son regard finement éduqué assène, parfois avec ironie (un photographe de rue est présent dans la série) qu’il n’y a vraiment pas de petits métiers.
Le maître américain de la photo transforme par son style épuré et puissant « Les petits métiers » en morceaux de bravoure. Époustouflant.
À quoi se mesure le talent ? À son évidence et à sa simplicité, aurait pu répondre feu Irving Penn, perfectionniste à la lumière magique, homme secret disparu à 92 ans, l'automne dernier, dans le calme de son refuge new-yorkais (nos éditions du 9 octobre 2009). Démonstration en une centaine de tirages argentiques et platine, jamais exposés à Paris, dans les salles de la Fondation Henri-Cartier-Bresson, cette connaisseuse un rien ascétique. Ne pas se fier aux livres et autres reproductions qui aplatissent l'image, ni au titre peu engageant, « Les petits métiers ». Il y a du répertoire (humain et artisanal) et du travail d'écrivain à la Flaubert dans cette série qui rend un hommage direct au Français Eugène Atget et à l'Allemand August Sander. L'énergie - proprement américaine - d'Irving Penn transforme la figure imposée en figure libre. Cela pourrait être sinistre comme les alignements des pompes funèbres (regardez, ce monde est en train de disparaître !). Au contraire, c'est la vitalité même de l'homme de la rue, inventive et gaie. Le sérieux papal du majordome, qui ressemble, en France, au Nestor de Moulinsart. La carrure de brute du policier américain, qui ressemble aux héros Marvel. Les petits métiers jaillissent littéralement du cadre dans leur humilité, leur fantaisie, leur fierté et, bien sûr, leur courage. Chaque visage a sa logique. Chaque corps reflète le poids de sa fonction. Irving Penn a l'art du portrait véridique et du détail significatif comme les maîtres anciens et les grands cinéastes. Pommettes celtes bien marquées, le Vendeur d'oignons breton, à Londres en 1950, porte le béret comme la France libre, les sandales de l'ouvrier agricole, a les bras nus comme un gars des latitudes océanes. Le couple de rempailleurs parisiens - une naine debout et l'homme à sa taille, parce que assis - renvoie aux dessins de Picasso et aux Ménines de Vélasquez. Le Porteur du marché de Covent Garden annonce le trottoir noir et luisant d'où naîtra My Fair Lady de George Cukor en 1964. Toute reproduction de ces tirages éclatants dans leur lumière veloutée donne une idée trompeuse, sorte de bémol un peu gris et banal, qui ne peut remplacer le face-à-face avec les œuvres.
Le studio de l'artiste en version originale
Comme il avait coincé Duchamp, Piaf, Schiaparelli et Capote dans un recoin de son studio new-yorkais (*), Irving Penn convoqua ses modèles dans le territoire neutre du studio, rue de Vaugirard à Paris, puis à Londres, puis à New York. « J'ai préféré me confronter uniquement à la personne elle-même, loin des accidents de la vie quotidienne, portant ses propres vêtements et bijoux, isolée dans mon studio. »
PENN IRVING
(1917-2009)
Photographe américain, Irving Penn est né à Plainfield dans le New Jersey en 1917. Formé par Alexey Brodovitch à la Museum School of Industrial Art de Philadelphie, il commença par étudier le dessin et la peinture et fut directeur artistique d'un grand magasin new-yorkais en 1940, collabora à la revue Harper's Bazaar en 1941, peignit au Mexique en 1942. Sa rencontre avec Alexander Liberman, le directeur artistique de Vogue, marqua le début de sa carrière de photographe en 1943. Il créa ainsi plus d'une centaine de couvertures pour Vogue et s'imposa comme photographe de mode. Son style, très reconnaissable, se signale par l'usage systématique d'une toile de fond neutre, grise ou blanche, pour tout décor ; un éclairage fortement travaillé ; la recherche de compositions à la fois stylisées et architecturées ; le dépouillement et la pureté des formes ; le hiératisme et l'harmonie des poses ; un sens graphique poussé dans les contrastes de noir et de blanc ; des tirages particulièrement soignés et précis. Ses photographies constituent aussi une véritable histoire sociale de la haute société bourgeoise occidentale, une projection d'elle-même à ses grandes époques (de 1947 à 1980), à travers ses grandes capitales (Paris, Rome, New York), ses grands couturiers et ses mannequins (Veruschka, Jean Patchett ou Lisa Fonssagrives qu'il épousa en 1947).
En même temps qu'à la photographie de mode, Irving Penn se consacrait en un rigoureux parallèle au portrait (1947-1979). Ont ainsi défilé devant son objectif une multitude de personnalités connues et de visages célèbres, surtout des écrivains, des peintres, des acteurs, des dramaturges, des danseurs (Balanchine, Balthus, Beaton, Burton, Cocteau, Colette, De Kooning, Duchamp, Ernst, Johns, Marin, Miró, Moore, Newman, Nin, Williams, Wolfe...). Si l'on retrouve dans ces portraits exactement les mêmes modalités plastiques et scéniques qui caractérisent les photographies de mode d'Irving Penn, une intensité supplémentaire vient, ici, directemen … ]
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Samedi, 01 Mai 2010 00:00
L’occasion est trop belle, pour ne pas saluer l’initiative d’Agnès Sire, la directrice artistique de la Fondation Henri Cartier-Bresson, qui programme du 5 Mai au 25 juillet prochain, les images d'Irving Penn. Avec ses tirages rares au sels de platines qui prennent comme sujet les petits métiers, dont Irving Penn pensait qu’ils allaient disparaître, voici l’occasion de vous présenter un personnage qui a beaucoup apporté à la photographie contemporaine.
Irving Penn
"Une bonne photographie est celle qui communique un fait, touche le cœur du spectateur et le transforme. En un mot, c'est une photographie efficace".
Extrait du livre, "What Makes a Good Picture? ("The Best of Popular Photography" by Harvey V. Fondiller, ISBN: 0871650371, page 274.)
Irving Penn est né le16 juin 1917 à Plainfield dans l’état du New-Jersey, aux USA. Son père Harry Penn tient une échoppe de réparation d’horlogerie, et sa mère Sonia (née Greenberg) est infirmière. D'origine juif, Il est de cinq années, le frère aîné, d’Arthur Penn, qui est un réalisateur de cinéma et à qui l’on doit notamment le célèbre film Bonnie and Clyde sorti en 1967, et Little Big Man, en 1970.
Il grandit à Philadelphie où il fait ses études dans un lycée public. Il commence à prendre des photos à la fin des années trente, et souhaite devenir peintre.
A 18 ans, après avoir obtenu son Bac, il débute un cursus artistique, avec comme base, le dessin au fusain, l’aquarelle, et la peinture à l’huile à la Pennsylvania Museum School of Industrial Art, devenue depuis, l’école d’art industriel du musée de Philadelphie.
1938, il choisit sans hésiter, Alexey Brodovitch, comme professeur principal, dont il dit : « il fut pour moi un maître et une figure légendaire ». Brodovitch, qui a exercé une grande influence auprès de nombreux photographes, notamment Robert Frank, lui apprend les ficelles de la mise en page et de la maquette. « Alors que j’étais élève, puis débutant dans la profession, Brodovitch encouragea ce qu’il trouvait digne d’intérêt dans mes travaux et il me demanda de l’aider et de collaborer avec lui. »
C’est ce dernier qui le prend comme stagiaire non rémunéré, au magazine Harper’s Bazaar durant ses deux mois de vacances d’été de 1937 et 1938, pour dessiner des croquis de chaussures. Son travail et talent lui permettent de s’acheter son premier appareil photo, un Rolleiflex, grâce la publication de ses dessins dès 1937 dans Harper’s Bazaar.
Après l’obtention de son diplôme, il devient graphiste pour cette même université, mais cela ne lui plaît pas, et il décide de partir s’installer à New-York où il rejoint le magazine Junior League en tant que directeur artistique.
1939, il travaille comme directeur artistique pour l’enseigne des magasins Saks Fifth Avenue au département publicité.
1941, après deux années passées, dont la première comme assistant, de son mentor, puis la deuxième, en solo, ayant économisé assez d’argent, il décide de quitter son emploi, pour se consacrer à la peinture. Il se cherche un remplaçant, et rencontre ainsi Alexander Liberman, par l’entremise de Brodovitch. Il part dans le sud des Etats-Unis, puis voyage à Mexico pendant une année, pour se consacrer à cette pratique.
Persuadé qu’il ne fera qu’un peintre médiocre, il détruit ses tableaux avant de revenir à New-York. Il montre alors les planches contact de ses photographies de voyages prises durant son périple à Alexander Liberman. Il raconte : « A peu près un an plus tard, c’est lui qui vint me proposer de devenir son assistant, et ce fut pour moi, le début d’une longue suite d’années heureuse et productives. »
Embauché, comme assistant, pour aider à la mise en page des couvertures, il n’est alors âgé que de 26 ans. Quelques mois plus tard, Liberman qui cherche un photographe lui dit : « Pourquoi ne la feriez vous pas ? », en parlant de la couverture du magazine. Penn emprunte alors un appareil, et compose une nature morte avec un sac à main, une paire de gants, une écharpe, et une énorme Topaze qui trône à côté de citrons. C’est avec cette première image en couleur qui fait la une de l’édition du Vogue de Novembre 1943, que commence une collaboration fructueuse qui perdure, pendant près de cinquante ans. Il signera 164 autres photos de couverture pour le prestigieux magazine, tout au long de sa carrière, avec notamment un portrait de Lisa Fonssagrives en noir et blanc, ou celui de l’actrice Nicole Kidman.
1944, il part à l’armée dans le service des ambulances, pour l’American Field Service en Italie, puis en Inde, avec l’armée Britannique, où il exerce comme photographe.
1946, de retour à New-York, il reprend sa place auprès du magazine, et se forge une réputation, au sommet de sa spécialité. Il excelle dans la photo de mode, de publicité, mais également pour des photos rédactionnelles et des reportages, et devient un expert dans le maniement des appareils grand format tels que la chambre Deardorff de format 4X5 ou 8X10 inch (20 cm x 25 cm). Il collaborera également à des publicités, pour la télévision.
Décembre 1948, après une série de photos de mode pour Vogue, entre deux avions, il découvre le studio de Martin Chambi, un célèbre photographe péruvien, qui réside à Cuzco, au Pérou. Il prend sa place, et offre de rémunérer ses sujets. Il signe ainsi quelques 200 portraits prodigieux en Noir et Blanc d’indigènes Quechua. L’une de ses photos qui représente deux enfants, intitulée « Frère et sœur » reste une des plus connues de son œuvre. Cette image emblématique a été adjugée pour la somme de $ 529,000 dans une vente aux enchères de 2008, établissant ainsi un nouveau record mondial.
Il reste surtout connu du grand public pour ses portraits commencés en 1948, avec l’acteur Spencer Tracy, qu’il fait poser dans un décor inventé par ses soins, constitué par deux panneaux qui forment un angle aigu. Il fait poser de nombreuses personnalités du monde artistique ou littéraire, tel Marcel Duchamp, Martha Graham, Georgia O'Keeffe, Igor Stravinsky, Louis Armstrong, et Marlene Dietrich.
1949, il réalise des séries de photos de nus, durant son temps libre, pour son plaisir personnel.
1950, il épouse Lisa Fonssagrives une modèle, d’origine suédoise, rencontré en 1947, qui embrasse ensuite la danse, la photographie, et la sculpture.
Leur mariage dure 42 ans, jusqu’à la mort de celle-ci, en 1992, à l’âge de 80 ans.
De cette union, ils ont un fils nommé Tom, qui voit le jour en 1952.
1950, il est envoyé à Paris, pour couvrir les collections de haute couture, pour Vogue. Là, dans un studio en lumière du jour situé dans une ancienne école de photo, il réalise à souhait des images avec comme mannequin fétiche sa femme. Durant ce même été, toujours à l’initiative de Liberman, il commence une série d’images des petits métiers en voie de disparition à Paris. Vous pourrez découvrir la façon particulière qu’il avait de faire poser ses sujets devant un fond neutre, comme Georges et Paul, ces garçons boucher, ce Marchand de concombres, le bougnat, le rémouleur, ou ce vitrier présenté de dos avec l’outil propre à son artisanat, pour tenir les carreaux de verre.
1951 ses portraits de l’acteur Louis Jouvet, ou de l’écrivain Colette, âgée de 78 ans, et alors invalide sont remarqués.
Irving Penn photographie une série de natures mortes représentant des mégots de cigarettes, et des détritus, qui sous son œil, et devant les nôtres, laissent rêveurs.
Il s’est ainsi tourné vers le milieu de l’art contemporain, où il a trouvé une reconnaissance, au travers de la galerie Pace MacGill, qui l’a représenté.
C’est aussi l’année, où il découvre l’usage du flash électronique.
Il déclare : « Mes réticences sont restées. Je me rends compte que j’ai tendance à toujours préférer travailler en dehors du studio. Utiliser un équipement simple et la lumière du jour me procure une grande joie et un sentiment de plénitude. »
1953, à 36 ans, il ouvre son propre studio de photographie sur la cinquième Avenue, à New-York.
1954 et 1955 sont l’occasion de prises de vue publicitaires réalisées à Detroit, pour le compte de la firme automobile Plymouth. Penn évolue ensuite, dans sa pratique, en signant un portrait mythique de Pablo Picasso en 1957, à Cannes.
1960 il publie un livre intitulé Moments preserved.
Au début des années 1964, il se rend compte, qu’il est obsédé par la pratique du tirage photographique, il s’intéresse alors au tirage au platine, au palladium, et à l’iridium. Après de nombreuses années passées à faire des tirages la nuit, dans son laboratoire de Long Island, il réussit non seulement à maîtriser ce procédé inventé par Richard Willis en 1873, et utilisé par les Pictorialistes au début du siècle, mais aussi à le faire progresser, en utilisant une technique personnelle.
1965, à 48 ans, il obtient la consécration avec la réalisation de sa centième couverture de Vogue.
1967, il débute une série d’images de tulipes en couleur, qui seront publiés avec des pavots, des pivoines, des orchidées, des roses, des lilas, et des bégonias en 1980, sous le titre « Flowers ».
Cette même année, il portraitise des hippies, puis choisit les Hell’s Angels, des personnages beaucoup moins pacifistes, adeptes d’un club motocycliste, qu’il portraitise à San Francisco.
Le Dahomey, le Népal, le Cameroun, la Nouvelle Guinée, et le Maroc sont parmi les destinations dont il a ramené des images ethnographiques et que l’on peut découvrir dans son livre culte Worlds in a small room, publié en 1974. Ces photographies figurent dans les collections du Metropolitan Museum of Art, de l’Addison Gallery of American Art, du Baltimore Museum of Art, et du MOMA, et les épreuves ont étés réalisées par ses soins.
1976, il débute sa collaboration pour la firme de produits de beauté Clinique, qu’il mettra en scène d’une façon très originale.
Le portrait du peintre Willem De Kooning, en 1983, marque un tournant dans sa manière d’éclairer ses sujets.
1984, une rétrospective de 168 photographies est organisé par John Szarkowski au Museum of Modern Art (MoMA) à New York.
1985 il est récompensé par le Prix Hasselblad.
1986 il réalise la couverture de l’album Tutu de la légende du jazz Miles Davis.
1999 il publie un ouvrage qui présente les vêtements du couturier Issey Miyake, avec qui il a entretenu une longue amitié.
Beaucoup de photographes ont été influencés par Penn, et certains ont essayé de copier son style dépouillé, et sa façon de façonner la lumière naturelle, sans toutefois y parvenir avec un égal brio. Il suffit de consulter régulièrement les magazines de mode pour repérer l'utilisation régulière de son "coin".
« En général je trouve décevantes les photos qui représentent les gens dans leur milieu naturel. Du moins, je sais qu’atteindre des résultats convaincants dans ce genre d’images dépasse mes forces… aussi j’ai préféré une tâche plus limitée : m’occuper seulement de la personne, loin des incidents de sa vie quotidienne, portant simplement ses vêtements et ornements, isolée dans mon studio. C’est du sujet seul que je distille l’image que je veux, et la froide lumière du jour se dépose sur la pellicule » (extrait de son ouvrage « Worlds in a small room, 1974 »).
Artiste venu de la peinture à la photographie, c’est sans doute de là que lui vient cet attachement à la qualité de la lumière que l’on perçoit tant dans ses portraits que dans ses natures mortes. C’est avec cette subtile manière qu’il a de jouer avec la lumière du flash électronique ou de la lumière du jour qu’il crée une atmosphère définissant son style unique. On lui doit également deux ouvrages de dessin, passion originelle à laquelle il revient, sans toutefois interrompre ses recherches photographiques.
Il n'aura de cesse de continuer à travailler, jusqu'à la fin de sa vie. Il a définitivement fermé ses beaux yeux bleus, le 7 octobre 2009, à l’âge de 92 ans, chez lui, dans son appartement de Manhattan. Il avait fait don de ses archives au Museum d’Art de Chicago en 1996. Une collection de ses objets personnels est visible à la bibliothèque Ryeson & Burhnam à l’Art Institute of Chicago.
Richard Avedon, a été son rival, car ils étaient en compétition au sein de Vogue. Penn reste néanmoins un précurseur, avec son style, et la façon, dont il a mis au point l’éclairage de ses sujets.
Les citations sont tirées de l’ouvrage monographique sur Penn, En Passant, paru en France en 1991.