ERNST HAAS


LA PHOTOGRAPHIE de A à Z,  LES GRANDS PHOTOGRAPHES
ERNST HAAS
Haas est véritablement considéré aujourd’hui comme le « père de la photographie couleur ».
 
 
 est considéré comme l’un des photographes les plus importants de la seconde partie du XXème siècle.

 Aucun photographe n'avait travaillé avec autant de succès à exprimer la joie pure, physique, de voir", déclare John Szarkowski, conservateur du musée d'Art moderne de New York,
" Ce qui m'obsède, ce sont moins des questions proprement techniques que des questions de philosophie.Ou vas t-on? D'ou venons nous? Qui sommes nous? Les éternelles questions en somme! Je ne suis pas intéressé par l'actualité en tant que moment bref aussitôt né aussitôt mort"(Ernst Haas, propos recueillis par André Laude, Zoom, no 25 juin-juil, 1974, Paris)

Né à Vienne en 1921, il y fait ses études et entre à l’Institut des Arts Graphiques qu’il doit quitter à cause de ses origines juives. Pendant la guerre, il travaille pour un studio photographique et enseigne à la Croix Rouge. En 1946-1947, il travaille en Suisse pour le magazine DU avec Alfred Kubler. C’est là qu’il rencontre Werner Bischof qui deviendra un ami et qui le fait entrer chez Magnum en 1949. Il prend la présidence de Magnum en 1959. C’est en 1952 qu’est publié dans Life son premier projet photographique en couleur, Images of a magic city (New York).



photo ERNST HAAS











Il multiplie ensuite les reportages pour les plus grands magazines, publie des livres et travaille sur de nombreuses campagnes publicitaires. C’est avec ces photographies très colorées que son nom est le plus souvent associé.(...)
Parmi tous les sujets qu’il lui a été donné de photographier, il en est un qu’Ernst Haas affectionne tout particulièrement ; la ville de New-York. Pendant près de 40 ans il a photographié cette ville dont il rêvait alors qu’il n’était encore qu’un gamin en Autriche. Avec le soutien de ses amis de l’agence Magnum, Henri Cartier-Bresson et Robert Capa, il part s’installer définitivement à New York en 1951.
Pour ses premières séries de photographies en noir & blanc sur New York, c’est la complexité architecturale et les lignes abstraites des paysages qui ont inspiré Haas. Plus tard, c’est le mouvement et les couleurs vives de la ville qui lui ont donné envie de réaliser ses toutes premières séries de photographies couleur sur film Kodachrome.
Ses premiers travaux avec la couleur ont tellement été bouleversants et révolutionnaires à l’époque qu’en 1953 le magazine LIFE y consacra 24 pages, dans 2 numéros consécutifs. L’article original avait pour titre « Images d’une ville magique ».
Il a été le premier photographe à avoir un "one man show" en couleur au Moma à NY en 1962 avec Edward Steichen et John Szarkowski comme commissaires d’exposition.
Dans le domaine de la photographie couleur, on estime aujourd’hui qu’il y a un avant et un après cette exposition.
Aujourd’hui les photographies avant-gardistes de Haas sont devenues de véritables symboles. Le travail de nombreux photographes a été et continue d’être influencé par son œuvre.
Victoria Haas










 
Aucun photographe n'avait travaillé avec autant de succès à exprimer la joie pure, physique, de voir", déclare John Szarkowski, conservateur du musée d'Art moderne de New York,





Extraits du carnet de notes d’Ernst Haas (Page 62)
Villes (texte écrit en 1982 pour Bayashi Oumi)
Les villes exercent une attraction étrange sur les personnes qui y vivent. Certaines villes ont le pouvoir de modeler les gens qui deviennent alors pour toute leur vie New-yorkais, Parisiens, Tokyoïtes, Viennois. Je me suis toujours posé la question " à quel moment les gens font la ville et inversement à quel moment la ville crée ses propres gens ? " 

Je suis né à Vienne, dans cette ville qui est la seule au monde à ne pas appartenir à un pays. L’empire a laissé place à un pays petit qui concentre tous ses pouvoirs dans une seule grande ville ; Vienne. Dans un sens, je suis sûr que Vienne m’a moi aussi modelé d’une certaine manière. Vienne comme Kyoto a toujours été - et est toujours je suppose - une ville culturelle très attractive, la Mecque de la musique classique. Je suis très heureux d’être né là-bas, bien que je sois ravi d’habiter désormais à New-York. Si j’étais resté là-bas, je n’aurais pas été aussi productif qu’à New York ; cette ville insuffle une véritable envie de travailler, elle vous extirpe une force incroyable. J’y vis actuellement et je suis toujours autant fasciné par ses vibrations et son agitation qui en émanent constamment. 

Vienne et New York sont quasiment les deux villes au monde les plus opposées l’une de l’autre. La première, historique berceau de l’aristocratie, dont les valeurs traditionnelles vont à l’encontre même de notre monde moderne ; et la seconde, New York, cette grande métropole, ce monde dans un monde, cette solution dans la solution, qui chaque jour grandit et décline à la fois. 

Lorsque l’on me demande pourquoi je préfère photographier des paysages urbains, je réponds à cela que les bâtiments survivent aux hommes et ils forment à eux seuls un ensemble que tout un chacun peut aisément interpréter. Un peu comme les vêtements que les gens portent dans la rue. Neufs ou déjà portés, élégants ou quelconques, voyants ou modestes. Tout un chacun peut puiser ses influences ici et là dans différentes cultures et y découvrir ses charmes.










Prenez l’exemple de New York ; rien n’est courbe, tout est carré, rectangulaire. Une île toute en roche dont le nom-même évoque la dureté de la ville.
Pour répondre à votre deuxième question, je dirais que le New York des années 50 était différent de celui de 1981. Dans les années 50, l’élégance était de mise et partout où j’allais on pouvait palper le glamour de la ville la plus connue au monde. J’ai aimé sentir ce rythme-là, j’ai aimé la manière directe qu’avaient les gens de parler, j’ai aimé la mixité entre les différentes cultures. 

Tout ceci a durablement changé. Le rythme est toujours là mais la qualité de vie a dramatiquement baissé. Maintenant les gens ont peur. Les rues sont sales, des crimes y sont commis : et il est trop tard maintenant, on ne pourra plus jamais revenir en arrière. Mais New York reste New York, cette ville toujours en avance sur tout, qui vous entraîne dans son grand tambour, qui vous force à toujours aller plus vite, regarder toujours plus haut en direction de ses buildings et de leurs vitres dans lesquelles tout renvoie à sa propre image. Une sorte d’effet d’optique en mouvement constant. 

Depuis 30 ans, les lignes que dessinent New York me fascinent toujours autant. Lorsque je sors dans les rues avec mon appareil, j’essaye de capter la magie que renvoie cette ville. Ces couleurs, ces bruits, ce ciel bleu azur même la nuit, avec ces lumières qui rendent la ville si légère. C’est bien la combinaison de différents styles d’architecture qui rend cette magie possible. Le beau et le laid sont tellement proches l’un de l’autre que cela a presque créé un style à part entière. 

A chacun de découvrir son visage de New-York, sa propre beauté. Rien n’est évident dans cette ville, mis à part sa mutation perpétuelle. Création, transformation, construction, destruction. 

Tout cela me garde en vie et me rend proche de cette ville, qui continue de me fait vibrer à la fois à l’intérieur et à l’extérieur.







Ernst Haas
Né en 1921 à Vienne. Décédé en 1986 à New York.


Encensé comme l’un des photographes les plus reconnus et importants de tous les temps, Ernst Haas étudie la médecine, mais son goût pour l’art l’entraîne vers l’image. En 1947, il présente une première exposition à Vienne. À peine deux ans plus tard, à la suite de la publication de ses photographies sur le retour des prisonniers de guerre autrichiens, il est invité à intégrer l’agence Magnum, la coopérative internationale de photographes.
Haas s’installe aux États-Unis en 1951. Durant les trente prochaines années, il voyagera énormément et photographiera pour un large éventail de publications, dont Life, Vogue, Der Stern ou Geo. En parallèle, il connaît un succès grandissant pour ses photographies de plateau cinéma ainsi que quatre ouvrages importants : La Création (1971), L’Amérique (1975), En Allemagne (1976) et Himalaya (1978).
Haas a présenté de nombreuses expositions de photographies durant sa vie, aux États-Unis et en Europe. Ses uvres ont été exposées notamment par les institutions suivantes : la photokina (Cologne) le Photomuseum (Munich), le musée du XXe siècle (Vienne), La Fotogalería (Madrid) et, à New York, l’Asia House, l’International Center of Photography, l’IBM Gallery et le Museum of Modern Art. Par ailleurs, son œuvre fait l’objet de la première exposition du MoMA consacrée à la photographie en couleurs d’un artiste individuel (Ernst Haas / Color Photography, 1962). En effet, Haas est considéré comme l’un des précurseurs de la photographie en couleurs.
Depuis sa mort en 1986, Haas fait toujours l’objet d’expositions dans les musées et de publications telles que Ernst Haas Color Photography (1989) ou Ernst Haas in Black and White (1992). L’Ernst Haas Studio (New York) continue de faire vivre l’héritage du photographe ainsi que sa contribution au monde de la photographie en supervisant tous les projets liés à son œuvre.











Ernst Haas brief biography and appreciation
Posted on September 14, 2007
About Haas no less a photographer than Cartier-Bresson said , “For me Erst was sensitivity itself….”


Haas was born March 2, 1921 in Vienna, Austria and died September 12, 1986 in New York City. Photographer and photojournalist who was influential for his innovations in colour photography. His wonderful photographs include scenes and people just after WWII through to his later experimentations in abstract light and form. He received the Hasselblad Award in 1986.
He said these beautiful, penetrating, things about photography;
“A picture is the expression of an impression. If the beautiful were not in us, how would we ever recognize it?”
“I am not interested in shooting new things – I am interested to see things new.”
“There is only you and your camera. The limitations in your photography are in yourself, for what we see is what we are.”

“With photography a new language has been created. Now for the first time it is possible to express reality by reality. We can look at an impression as long as we wish, we can delve into it and, so to speak, renew past experiences at will.”









Ernst Haas began his photographic career in the 1940s in Vienna, rising to fame following the publication of his photo essay on returning prisoners of war from Russia.
Haas chanced upon his subjects at Vienna's train station after a fashion shoot was cancelled. In 1951, Haas visited America and decided to make his home in New York, and it was at this point in his career that he began to photograph in color and establish himself as one of the early pioneers of color photography. Haas later became renowned for his work with motion photography of bullfights, nature and athletics. He also found success in the corporate advertising market with campaigns for companies such as Marlboro, Chrysler and Volkswagen.
MUNICH, 1948 -- Austrian-American photojournalist Ernst Haas. 







Ernst Haas (1921-1986)



Révélé par un reportage poignant sur le Vienne d'après-guerre et le retour des derniers prisonniers autrichiens, Ernst Haas (1921-1986) est l'un des premiers photographes cooptés par les fondateurs de l'agence Magnum en 1950.

ERNST HAAS






Эрнст Хаас (Ernst Haas)


Эрнст Хаас (Ernst Haas) родился 2 марта 1921 года в Вене в семье крупного правительственного чиновника. Его мать – ярая любительница искусства – с детства пыталась привить мальчику вкус к прекрасному. Даже после того как Хаас стал известным фотографом, он продолжал прислушиваться к советам матери – они переписывались в течение многих лет, при этом едва ли не главную часть их писем составляли вопросы эстетики, искусства и тому подобное.


Эрнст серьезно занялся фотографией в начале 1940-х годов. Некоторое время он учился в Институте графических искусств, во время Второй мировой войны работал в фотостудии в Вене, в 1945 году преподавал фотографию в европейском отделении Американского Красного Креста. В это время ему попалась книга «Камера поэта» («The Poet’s Camera») в которой фотографии лучших американских фотографов сочетались с поэтическими строками. Книга произвела на молодого человека большое впечатление, в ней он познакомился с творчеством своих предшественников, увидел, что реальный объект на фотографии может превращаться в ирреальный поэтический образ, смог сравнить воздействие поэтических строк и зрительных знаков, почувствовать взаимодействие этих, на первый взгляд трудно совместимых способов художественного самовыражения.

В 1946 году Эрнст Хаас приобрел первый в своей жизни фотоаппарат – это был двухобъективный Роллейфлекс с размером кадра 6*6 квадрантных сантиметров. Он любил рассказывать, что обменял его на черном рынке на ... 10 килограммов маргарина, который в свою очередь получил в подарок на двадцатипятилетие! Вскоре он сменил его на Лейку, которая хотя и уступала среднеформатной камере в качестве, но была намного удобнее в использовании. Нужно сказать, что Хаас не относился к апологетам той или иной техники: «Не имеет не малейшего значения, какой фотоаппарат вы используете», – учил он своих студентов много лет спустя, – «Любой из них может зафиксировать то, что вы видите. Но вы должны ВИДЕТЬ».

В конце 1940-х годов он познакомился с журналисткой Инге Морат, которая показала его работы главному редактору известного журнала «Heute». Некоторое время они работали вместе: Морат писала статьи, а Хаас делал фотографии. Кстати сказать, позднее Инге тоже стала известным фотографом.

В 1949 году Эрнст Хаас сделал фоторепортаж о возвращающихся в Вену австрийских военнопленных. Фотографии были напечатаны в «Heute», а несколько позже в «Life» – самом популярном иллюстрированном издании того времени. Публикация сразу сделала его знаменитым. Это никак нельзя объяснить актуальностью темы, скорее наоборот – печатные издания были переполнены подобными репортажами: первые военнопленные были освобождены сразу после войны, последние вернулись домой десятилетия спустя, многие выглядели весьма колоритно на обложках журналов, могли поделиться интересными историями об ужасах плена и тому подобное. Но фотографии Хааса резко выделялись из общей массы, прежде всего благодаря своим художественным особенностям.

Сразу же после публикации ему предложили стать штатным фотокорреспондентом «Life», но молодой человек решил остаться свободным фотографом. Вместо этого, он принял предложение Роберта Капы и Анри Картье-Брессона и вступил в недавно открытое фотоагентство «Magnum Photos». В то время это было еще малоизвестное агентство, с неясными перспективами, состоящее только из учредителей – Эрнст Хаас стал его первым приглашенным членом. После гибели Капы он был включен в правление, а в 1959 году был избран президентом агентства.













В начале 1950-х годов Хаас переехал в Соединенные Штаты. Он поселился в Нью-Йорке, считая этот город раем для уличной фотографии: «Меня очаровал его ритм, открытость его жителей», – вспоминал он позднее, – «Мне нравилось, что в нем уживаются вместе люди разных рас – или, по крайней мере, стараются. ... Если в этом городе есть что-нибудь постоянное, то это постоянные изменения, образование нового, преобразование старого, строительство, разрушение». Фотографов в Нью-Йорке было в избытке, но Эрнст Хаас не затерялся в общей массе, многие из его фотографий стали иконами «Большого Яблока» середины XX столетия.

Первые эксперименты Хааса с цветной фотографией относятся к 1949 году. «Переход (от черно-белой фотографии к цветной – А.В.) был для меня вполне естественным. Я стремился к этому, нуждался в этом, был к этому готов, а тут и цветная пленка стала доступна», – писал фотограф. И продолжал: «Я не понимаю всех этих вздорных дискуссий "цвет против черно-белого". Я люблю и то и другое». Однако, несмотря на любовь к черно-белой фотографии, в первой половине 1950-х годов он практически полностью от нее отходит.

Нельзя сказать, что Хаас стал первым работать с цветом – основные принципы получения цветного изображения описал в середине XIX века французский ученый Луи Дюко дю Орон; с начала XX века многие фотографы время от времени обращались к цвету, получая вполне приемлемые, а иногда – выдающиеся результаты. И все же Хааса вполне заслужено называют пионером цветной фотографии. Он – может быть первым в истории – стал использовать цвет не только как важный изобразительный элемент, но и как основной объект съемки, выражая средствами света и цвета суть увиденного. Он заставил краски жить самостоятельной жизнью, но они не теряют связи с действительностью – даже снимая динамические сцены с длинной выдержкой, фотограф умудрился сделать своих героев вполне узнаваемыми.


В 1950-х годах Эрнст Хаас опубликовал в различных журналах множество фоторепортажей, которые показали, что цветная фотография может соперничать со своей черно-белой сестрой, как в плане передачи информации, так и в плане художественности. Он быстро добился успеха: в 1958 году журнал «Popular Photography» провел опрос среди 243 известных художественных критиков, учителей, издателей, музейных работников, других представителей творческой интеллигенции. Они выбрали 10 лучших фотографов современности: Ансел Адамс, Ричард Аведон, Анри Картье-Брессон, Альфред Эйзенштедт, Эрнст Хаас, Филипп Халсман, Юсуф Карш, Гьен Мили, Ирвин Пенн, и Юджин Смит. Как видно, Эрнст Хаас – тогда еще совсем молодой фотограф – оказался в очень хорошей компании.











В 1962 году состоялась выставка цветных фотографий Хааса в Нью-йоркском Музее современного искусства. Выставку курировал один из самых знаменитых фотографов XX века Эдвард Стейхен, который назвал Хааса «свободным духом, неограниченным рамками традиций или теории, который вырвался на свободу и нашел красоту, не имеющую аналогов в истории фотографии». После Стейхена директором Музея современного искусства стал Джон Зарковский которому принадлежит следующее высказывание:

«Цвет в цветной фотографии зачастую представляет собой ничего не значащий декоративный экран между зрителем и изображенным на снимке элементом. Эрнст Хаас разрешил это противоречие, сделав само ощущение цвета объектом изображения. Никто до него не смог так выразить радость Видения».
Интересно отметить, что несколько лет спустя Зарковский открыл Уильяма Эгглстона, пришедшего к цветной фотографии лет на десять позднее Хааса. По не совсем понятным причинам Зарковский, который к тому времени стал непререкаемым авторитетом в мире фотографии, писал об Эгглстоне как о первооткрывателе цветной художественной фотографии, при этом использовал практически те же выражения, как в вышеприведенной цитате.

Эрнст Хаас много работал до самой смерти. Его фотографии печатались в самых престижных журналах, он постоянно участвовал в выставках, издавал книги – его знаменитый альбом «The Creation» вышел суммарным тиражом почти полмиллиона экземпляров. Он много сил и времени уделял общественной работе, преподавал, занимался теорией и философией фотографии, писал о связи фотографии с другими видами искусства, в частности с музыкой и поэзией. «Я композитор – только ноты у меня другие», – писал он. Или в другой раз: «Фотография – это язык, на котором я научился писать и прозу и поэзию».


Хаас умер 12 сентября 1986 года. «Для меня Эрнст был самой чуткостью, он обладал невероятным обаянием и глубоким умом, знанием мира – его цвета, его истории с самых древних пор, знанием различных культур; и это знание он живо выражал в своих фотографиях», – записал в своем дневнике Анри Картье-Брессон три дня спустя, – «Он исчез стремительно, подобно комете, оставив после себя длинный след человеческого понимания и изящества». И, словно устыдившись нахлынувших на него чувств, добавил: «Я так и слышу, как бы он смеялся и подтрунивал надо мной, если бы прочел эти строки».

Статью разместила: Любовь Шелпакова













© Ernst Haas / Magnum Photos
Que font deux photographes quand ils se rencontrent ? ...Ils se photographient. Souvent, on perçoit de la malice dans ces regards inversés, ce qui n’empêche pas une vision documentaire, lorsqu’on dévoile un dispositif de prise de vue. L’exposition met en lumière une grande diversité de pratiques et d’attitudes des photographes envers l’image qu’ils donnent d’eux-mêmes ou de leurs collègues. Parmi les plus passionnantes, on trouvera des images nous montrant les rapports subtils entre un photographe et son modèle. 
À l’instar des peintres, les photographes pratiquent l’autoportrait. Mais à la différence des peintres qui interrogent leur visage en un regard introspectif, les photographes sont plus démonstratifs et se mettent en scène en tant que photographes. Leur univers technique est toujours présent dans ces autoportraits, comme un gage de leurs compétences techniques. Certains ne manquent pas d’en faire étalage, affichant ainsi ce péché mignon qu’on observe fréquemment chez les « amateurs-experts » [1]. 
Les photos de presse montrant une meute de photographes sont légion et l’exposition en présente bien sûr de beaux exemples. Souvent, la présence de confrères dans l’image est inévitable. Cela relativise un peu l’aura de la photo d’actualités en cassant le mythe du photojournaliste « aventurier-solitaire-témoin-sans-frontière ». Pour certaines de ces photos de presse, on nous fait voir le contexte, soit en contrechamp, soit en élargissant le champ pour montrer l’image avant recadrage. C’est le cas, par exemple, pour cette célèbre photo de Nick Ut dont je vous présentais le recadrage ici et qui figure aussi dans l’exposition. 
Ces nombreuses pratiques sont présentées dans le musée en plusieurs parties distinctes, dans lesquelles les repères historiques ne manquent pas. À côté de ce noyau, deux autres salles sont réservées, l’une à la photo de presse et l’autre à un fonds récemment acquis d’images de l’agence Magnum. L’exposition réussit, de façon originale, à nous convaincre encore une fois de l’immense richesse et de la grande multiplicité des regards possibles en photographie. Elle emmène le public dans les coulisses, lui permettant de regarder par dessus l’épaule du photographe, en lui donnant la délicieuse sensation d’assister à la fabrication des images.



 l’oeuvre de Haas va bien au-delà de son incontestable maîtrise de la composition, de ses cadrages rigoureux, de ses abstractions esthétiques et colorées, de son sens de la symbolique visuelle, puissante et dense : c’est notre perception même de la réalité qu’il questionne incessamment. Que ces photos soient figuratives ou abstraites, c’est aussi à mon avis le paysage intérieur de l’homme lu que le photographe dépeint. Et, c’est incontestablement là le signe des plus grands.Ernst Haas faisait aussi partie de ces photographes boulimiques, tel un Gary Winogrand, pour lesquels l’acte photographique étaient aussi important que la photographie elle-même. En témoignent ces 350.000 diapositives qu’il a laissé à sa mort, fruit de son inépuisable production. L’auteur du livre a pu en compulser 200.000 à Londres et celles qu’il a rassemblées dans cet ouvrage sont inédites dans leur immense majorité : elles montrent combien le talent de Haas était multi-facettes. Comme beaucoup de ses collègues, il poursuivait en parallèle de ses commandes et assignments un travail plus personnel. C’est plutôt celui-ci qui est mis en avant dans Color Correction et qui montrent des photos « beaucoup plus nerveuses, libres et ambiguës, en un mot (…) beaucoup plus radicales » selon William Ewing, commissaire de l’exposition et auteur de l’ouvrage, que celles qui lui valurent la célébrité. Ernst Haas a t-il pensé qu’on ne les comprendrait ou ne les apprécierait pas pour les garder par devers lui pendant si longtemps ? La question reste entière. Mais « il reste que ces œuvres sont d’une grande complexité et rivalisent avec tout ce qu’on a pu voir par la suite » toujours selon William Ewing.
































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